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La nuit, le crépuscule et l’enfer

Km 55’311, Akjoujt, Mauritanie.

-Sur la route de l’Adrar-

Traverser le Sahara est une aventure différente , une expérience à part. Aussi mystérieuse que fantastique et difficile. Le Sahara nourrit mes fantasmes depuis longtemps. Il les nourrit toujours aujourd’hui. Et puis ici je ressens toute mon impuissance face aux éléments. Face au vent qui transforme 100 kilomètres en infini. 10 kilomètres en heures. 1 kilomètres en distance. Chaque distance, même la plus petite, en challenge. Mais traverser le Sahara est une chose, y vivre en est une autre. Au fond vivre ici, dans ce climat et cet isolement, c’est un « scandale! » Plus que ça une forme d’héroïsme. Quelle force, quelle folie faut-il avoir pour survivre, des siècles durant, dans ce climat là ? Nous quittons la côte, plate et venteuse, sans réel intérêt pour nous. Direction l’Adrar, une région d’Oasis et de montagnes, dans les profondeurs du Sahara. 400 kilomètres nous en sépare. Une seule ville, Akjoujt, au 2/3 de la route. Tout le monde s’y arrête car c’est le seul endroit où l’on y trouve nourriture, gîte et électricité. 4 jours nous ont été nécessaire pour la rejoindre. 4 jours difficile.

 Le Sahara nourrit mes fantasmes depuis longtemps. Il les nourrit toujours aujourd'hui.

Le Sahara nourrit mes fantasmes depuis longtemps. Il les nourrit toujours aujourd’hui.

Voici un récit écrit le long de cette route:

« Nous voici embarqué à travers le Sahara, le grand désert. Depuis Nouakchott nous avons retrouvé le plat, la répétition de paysages sans saveurs qui l’accompagnent, pour ne pas dire l’ennui, les distances et le vent.

Pour échapper au vent qui souffle plus fort en journée, nous partons dorénavant bien avant l’aube, alors que la nuit est encore noire et que le froid est piquant. Plus que ça, il me gèle. Comprenez, il doit faire… 8°C. Après 3 ans en Afrique, je le ressens comme un -30…

Je m’habille d’un training bien chaud, d’une paire de gants dégotée au marché de Nouakchott, d’un pull sous lequel j’ai double couche, et mon foulard me protège les oreilles. Seul mes pieds gardent un peu de leur liberté. Peut-être plus pour longtemps. Me reste encore à couvrir ma tête de la capuche de mon pull, et puis je m’en vais, réchauffé d’un café chauffé avec un réchaud à gaz péclotant -le froid bon Dieu- et nourri d’un bol de céréales. Nous débutons la journée les yeux encore mi-fermés mais le cœur déjà bien ouvert à l’inconnu des nuits sahariennes. Le ciel y est d’une beauté sans commune mesure. Les étoiles nous parlent. Et moi, je discute avec elles.

Nous laissons sans grand regret l’abri qui nous a servi de nuit, généralement une tente nomade, parfois de rencontre-s également. Les rencontres justement sont souvent rude, sans réel politesse. Au milieu de nulle part vivent quelques nomades qui font paîtres leurs bien courageux chameaux à une bosse. Leurs dromadaires. Parfois ces derniers sont accompagnés de chèvres ou de moutons alors que quelques chiens rôdent. Bien souvent sans être allé à l’école, enfermé dans un vaste infini, le Sahara, les nomades qui les accompagnent ne parlent pas le français et nos quelques mots de langues locales, ils ont l’air de ne pas les comprendre. Entrer en communication avec eux demeure un challenge certain à l’issue incertaine. Mais en ont-t-ils réellement envie ? Difficile à dire. Ils ont d’autres choses à faire, certainement. Ou plutôt non justement, que font-ils, ici, assis au milieu de nulle part? Que sommes nous pour eux, si ce n’est ce mot, « l’argent », que nous lancent celui-ci, d’un sourire trahissant ses dents jaunies par le sucre du thé qu’on boit tant par ici? De l’argent !!!? Ici !!?? Mais pour quoi faire !??? Le néant ne s’achète pas! Ne se vend pas. Enfin, je crois. Ils seraient riche, bien plus même que Donald Trump, si c’était le cas.

Nous laissons sans grand regret l'abri qui nous a servi de nuit, généralement une tente nomade, parfois de rencontre-s également.

Nous laissons sans grand regret l’abri qui nous a servi de nuit, généralement une tente nomade, parfois de rencontre-s également.

Leur réalité me dépasse autant qu’elle me fascine. Je les respecte pour leur mode de vie, car il demeure au milieu d’un climat qui compte parmi les plus rude de la planète. Ce respect est profond, sincère et teinté de fascination, plus encore d’administration. Comme oubliés du reste du monde, ils sont ce que je ne serai jamais. Tout en étant bien plus que ce que je suis et n’ai jamais été. Pourtant je ne les aimes pas tant. Enfin, un peu quand même. Et si ce n’est par leurs manières, c’est par leur force, leur authenticité, que je les aime. Nous essayons, pourtant, de communiquer avec eux. Sans jamais y parvenir. Ou si peu là encore. Ils nous parlent dans leur langue, visiblement le Hassani, sans avoir l’air de comprendre que nous ne comprenons rien de ce qu’ils disent. Ils insistent, persistent et signent. Mais c’est un peu réciproque. Même notre nom, ils n’ont l’air de le comprendre. La distance qui nous sépare me semble grande comme l’est le Sahara et Dieu que l’Afrique noire me semble loin, avec ses sourires et toute sa vie, dans ce vaste infini.

Pourtant, toujours, ils finiront par nous offrir le thé, par séries de trois tasses, et même souvent à manger. Du riz, du couscous ou un mélange de pain écrasé avec une sauce accompagnée de viande de dromadaires. Les légumes n’existent pas ici. Eux non plus ne survivent à ce monde là. Cette nourriture nourrit le corps, c’est vrai, mais Dieu qu’elle est rude.

Toujours, ils finiront par nous offrir le thé, par séries de trois tasses, et même souvent à manger.

Toujours, ils finiront par nous offrir le thé, par séries de trois tasses, et même souvent à manger.

Pourtant c’est sans conteste le climat qui est le plus rude. Il est encore bien plus rude que le plus rude des nomades.
Seul les matins -et les soirées parfois- nous sont plus doux, sauf par le froid qui nous glace. Oui car le vent y dort, lui. Il est grand temps de partir. Débuter la route.

La nuit nous offre tout son infini, elle aussi. Aveugle des yeux, l’imagination n’en est que plus renforcée. Les lumières rouge des antennes téléphoniques scintillent au loin. Pendant plusieurs dizaines de minutes, nous les apercevons, petits points rouge au fond de la nuit. Parfois c’est un phare qui brille au loin, comme une étoile. Celui d’un véhicule. Il brille au fond de cette ligne droite. Il est si lointain qu’il nous faut bien dix minutes, parfois plus, pour comprendre qu’il bouge, qu’il s’approche. Puis finalement devient deux, s’accompagne d’un bruit de moteur, cligne deux fois pour nous saluer avant de nous passer lentement. C’est un gros camion. Puis le noir, l’inconnu et l’imagination reprennent leurs droits, parfois accompagné d’une lumière rouge, celle de la prochaine antennes téléphonique qui nous accompagne pour la prochaine demi-heure. La nuit est encore longue mais finalement, au bout de quelques dizaines de minutes ou quelques heures, suivant notre heure de départ (entre 2 heures et 6 heures du matin), nous apercevons l’horizon qui, d’une légère teinte orangée dominant le fond du ciel, change peu à peu. Le soleil s’approche. Les étoiles se taisent. C’est à leur tour de dormir. Dommage. Elles me racontaient des histoires. Des poèmes.

Le ciel se couvre de couleurs et si le néant nous entoure, le paradis semble quant à lui nous surplomber.

Le ciel se couvre de couleurs et si le néant nous entoure, le paradis semble quant à lui nous surplomber.

Déjà nous distinguons les premiers buissons, au son d’une voiture qui passe. Nous avançons vite et, bientôt, j’aperçois les chiffres de mon compteur: 23 kilomètres ce matin. Un rien. Nous sommes parti tard et le Sahara est si grand. Le soleil s’approche encore. L’orange du soleil qui arrive prend de plus en plus de place à l’horizon. Le noir du ciel passe au bleu marine d’un fond de mer. Le ciel se couvre de couleurs et si le néant nous entoure, le paradis semble quant à lui nous surplomber.

Il fait déjà jour depuis un bon moment lorsqu’enfin le soleil se décide à surgir de l’horizon, boule brillante, à droite -l’est- de notre route. Paradoxalement les températures baissent encore, pour atteindre peu de temps après leurs paroxysme en négatif. Il fait froid. Une trentaine de minutes plus tard, la courbe s’inverse enfin. Le soleil brille au ciel, nous éblouit. Nous apercevons maintenant ce vaste infini. L’horizon est partout et seuls quelques buissons lui résiste un peu, survivant ici et là, nous rappelant à quel point la nature est fantastique. Miraculeuse. Les antennes téléphonique, souvent distantes d’une quinzaine de kilomètres l’une de l’autre, rythmes toujours notre avancée.

Lorsque nous les apercevons, nous avons l’impression d’être tout proche. De pouvoir y arriver rapidement. Ce n’est pas tant le réseau qu’elles sont sensées offrir qui nous intéresse. Ce dernier, de toute manière, est souvent misérable. Sinon inexistant. C’est plutôt l’abri qu’elles nous offrent que nous recherchons, tel un phare en pleine tempête océanique. Un gardien y vit, parfois accompagné de sa famille. Vivant dans une tente, accompagné de chèvres, moutons et/ou chameaux, parfois d’un chien ou d’un chat respirant la solitude à plein nez, tous passent leur journée à attendre. Attendre. Et attendre encore. Ici attendre est une activité à part entière.

Mais parfois c’est jusqu’à quinze kilomètres qui nous en sépare. Le terrain est si plat, si vide, que mettre une distance sur quelque chose en face de nous est un réel challenge. Nous sommes en mer, en fait. L’eau y est de sable comme les vagues y sont de dunes. Ces antennes se dressent en face de nous tel le phare du marin, nous pensons y arriver bientôt, mais pendant plusieurs kilomètres elles semblent garder la même taille, la même insignifiance teintée d’espoir, comme si elles aussi bougeaient avec nous. Comme si l’horizon bougeait lui aussi.

L’infini est rude. Il n’est jamais fini. C’est là toute sa rudesse. Il est si libre qu’il en devient prison. Nous, nous sommes prisonniers de notre liberté. Et suffisamment libre pour comprendre notre impuissance face à cette nature là. Pour la vivre aussi. Une impuissance teintée de solitude. La patience comme seul vertu. Ici, nous ne sommes qu’un grain de sable. Nous sommes redevenu poussière. La bonne nouvelle, c’est que nous l’avons toujours été, poussière. Nous en reprenons simplement conscience.

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L’infini est rude. Il n’est jamais fini.

Et lorsque le vent se lève il est 8 heures, parfois 9 heures ou à peine plus. Et il a faim. Comme toujours. Ce matin il a même deux proies. Vite, il attaque! De plus en plus fort. Avec certitude et violence. Nous nous sentons chassés, humiliés, par ce vent qui balaie le désert et seul une folie philosophique me rappelle que ce n’est point lui qui va contre moi. C’est moi qui vais contre lui. Dans les faits il n’a qu’une direction depuis plusieurs jours. Elle est l’inverse à la nôtre (nord-est pour nous), mais parfois, lorsque la route esquisse un léger changement de direction, il nous frappe de côté, nous violentant, comme s’il essayait de nous pousser au milieu de la route. Nous voici coquille de noix au milieu de l’océan, ou bien grain de sable au milieu du Sahara, c’est selon. Nous luttons maintenant contre le vent pour avancer, mais aussi pour garder notre ligne. Éviter, aussi, de se prendre un camion. Bien vite nous diminuons notre rythme tout en augmentant nos efforts. Le sable est maintenant propulsé en pleine route. Il dessine des vagues ici et là, parfois nous bouffe jusqu’à la gueule. Seul un mur semble pouvoir l’arrêter. Il pénètre partout. Chaque orifice, quel qu’il soit, est transpercé par le sable. Ainsi l’enfer débute. Ainsi l’enfer nous ouvre sa porte. Nous ouvre sa gueule. Pour nous, il est temps de se reposer.

Ainsi l'enfer débute. Ainsi l'enfer nous ouvre sa porte. Nous ouvre sa gueule.

Ainsi l’enfer débute. Ainsi l’enfer nous ouvre sa porte. Nous ouvre sa gueule.

Alors nous visons la prochaine antenne qui se dresse en face de nous, tout en refusant de savoir qu’il nous faudra 45 minutes, peut-être 1 heure, pour l’atteindre. Pour mourir enfin. Ou vivre c’est selon. Et mieux renaître une fois le vent tombé, ce soir ou demain. On ne sait pas. Il nous faut attendre. Car il n’y a qu’en patience, comme me le rappelle sagement Pedro, que nous pourrons dompter le vent avant qu’il nous dompte lui. Si nous ne voulons pas finir en squelettes séchés, fou ou suicidaire, il va nous falloir gérer. Attendre l’accalmie. Et s’y lancer. Repartir au bon moment. Comme le phénix renaît de ces cendres.

Une heure en enfer plus tard, l’antenne a bien grossi. Nous l’atteignons. Il est temps de se protéger, respirer.

La tente qui borde l'antenne est vide. Devons nous y entrer ?

La tente qui borde l’antenne est vide. Devons nous y entrer ?

La tente qui borde l’antenne est vide. Devons nous y entrer ? Nous entrons. Nous verrons bien. Je suis sûr que le gardien comprendra, après tout c’est encore l’Afrique ici. Les gens sont plus compréhensibles que par chez moi. Ils n’ont pas peur de l’étranger. Et puis dans ce vide là les rencontres sont si rares qu’il ne faut pas les perdres. Elles comptent double. Oui c’est décidé, nous entrons!

À l’intérieur, le vent ne passe plus. Nous l’entendons juste crier, taper à la porte, puis repartir. Nous trouvons là un abri, un véritable oasis. Et l’enfer n’y entre pas. Il reste dehors.

Nous trouvons là un abri, un véritable oasis. Et l'enfer n'y entre pas. Il reste dehors.

Nous trouvons là un abri, un véritable oasis. Et l’enfer n’y entre pas. Il reste dehors.

Il est temps de s’asseoir. D’attendre. Et mourir enfin. Mourir en écoutant le vent qui nous chante son opéra. Son Beethoven. C’est qu’il est en forme aujourd’hui. Il se prend pour Eminem mais a la justesse d’un Mozart. La folie aussi. Les notes partent et reviennent, teintée de sable et d’inspiration. C’est qu’il chante fort, le vent. Mais il chante juste. Et ne semble vouloir se calmer. Je l’entends qui chante un Requiem, comme pour nous ordonner « d’arrêter ou mourir ». Ce n’est pas une question. Dorénavant l’arrêt n’est plus une option, c’est une nécessité. Le vent ne pose pas de question. Il impose des réponses.thomas wiesel thomas

Le temps, quant à lui, s’arrête enfin. Nous attendons. Des heures durant. Sans savoir, ni espérer, quand nous repartirons.

Seul quelques mots traînent.

Ils me disent comme tu es belle. Comme je t’aime. Toujours plus. Pi que tu me manque. Toujours plus. Et ce bien au-delà d’un quelconque infini.

Oui. Que je t’aime.

Et le vent n’y peut rien… »

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Olivier Rochat

Sahel

Km 44’497, Kaya, Burkina Faso.

Tout au long de ma route au Burkina Faso de nombreuses personnes m’auront touché de par leur simple et authentique bienveillance à mon égard, transformant cette région magnifique du Burkina Faso en véritable coup de coeur tant les jours que j’y ai passé ont été agréable et magnifique.

Après le tropical Togo, j’ai rejoins le désertique Sahel, pour le meilleur et en sourires.

Olivier Rochat, Dori, le 11 juin 2017.

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Le soleil se lève au Sahel

De plus en plus aride

Dès mon entrée dans ce pays d’Afrique de l’ouest -mon 5ème- j’ai continué à monter au nord est du pays et chaque jour se voyait plus sec, plus aride que le précédent. Les arbres se faisaient de plus en plus rare laissant apparaître de nombreux arbustes épineux entourant mes pistes poussiéreuse où parfois les impressionnants baobabs, fleuri en cette saison, m’offraient des paysages agréable et surprenant.

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des paysages agréable et surprenant

À ce moment l’herbe n’était plus seulement jaunie, elle avait déjà disparu. J’étais au Sahel dans une région qui aura été un véritable coup de coeur : celle où vit le peuple Peul.

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Les paysages sont de plus en plus arides et poussiéreux à mesure que je monte au nord.

Ici pas de goudron et très peu d’occidentalisation. Si ce n’est par quelques motos qui me passent,me demandant bien souvent d’où je viens, où je vais. Et parfois, lorsque les pistes le permettent, un bus surchargé d’affaires et d’Hommes dans un désordre éblouissant.

Mais la majeure partie du trafic que je croise ici c’est les vélos. Innombrables à l’approche de chaque régions peuplées, j’y croise femmes et hommes, jeunes et vieux, chrétiens et musulmans. Et puis c’est également le retour des ânes qui transportent parfois d’impressionnantes charges tirant de petites charrettes souvent guidées par de jeunes enfants.

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J’y croise femmes et hommes, jeunes et vieux, chrétiens et musulmans

Une étouffante chaleur

Ici on vit tranquillement. Et j’essaie d’en faire de même et lors de mes premières journées au Burkina le climat, de toute manière, ne m’a pas vraiment laissé le choix. De plus de 30 degré au plus « froid » de la nuit à bien au delà de 40 en pleine après-midi, il faut apprendre à se gérer, à s’écouter et parfois se protéger pour ne pas prendre de risque inutile. Ainsi bien souvent mes après-midi se passent dans l’ombre que je trouve le long de ma route, au marché d’un village, dans une petite épicerie où alors au pied d’un arbre où dans un lac où j’en profite pour y faire lessive et me dépoussiérer un peu.

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Parfois je me repose au pied d’un arbre où dans un lac où j’en profite pour y faire lessive et me dépoussiérer un peu.

Dans cette région isolée où rares sont les blancs à s’y aventurer j’aurai partagé de nombreux instants sympathiques avec les locaux souvent amusé et surpris de ma présence. Curieux, on m’aborde régulièrement, soit directement sur la route, soit dans les villages que je traverse où il m’est difficile de pouvoir communiquer en français, de nombreux villageois ne le parlant simplement pas.

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Un village isolé du Sahel

Des rencontres touchantes, simples et amusantes

Dans un marché Peul, où l’on échange chèvre et achète tissus coloré dans un désordre amusant, je profite d’un coca pour me rafraîchir un peu. Je m’arrête. Salue le commerçant qui ne parle peu le français. Je m’assieds et lorsque je me retourne j’aperçois des dizaines d’enfants et ados , peut-être 100, entourant mon vélo. Le tout dans un calme tranchant avec la curiosité naturelle et compréhensible des jeunes enfants. Ici le vélo est LE moyen de transport par excellence mais rassurez-vous, ce n’est pas par choix de vie ou soucis d’écologie et la situation me rappelle parfois celle vécue au Malawi, seule pays africain pouvant « concurrencer  » le Burkina dans ce domaine. Pour beaucoup il est le seul moyen de transport accessible aussi on l’utilise non seulement pour se déplacer mais également pour transporter d’importante charge -le vélo est alors poussé, parfois sur plusieurs km, car beaucoup trop lourd – où parfois comme taxi. Aussi beaucoup de jeunes me regardent avec envie mais toujours en me respectant Et ce genre de scène sera monnaie courante au Burkina Faso.

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Ici, comme dans le reste des régions rurales d’Afrique, l’anonymat n’existe pas.

Vous l’aurez compris ici, comme dans le reste des régions rurales d’Afrique, l’anonymat n’existe pas. On vous salue, on vous aborde et parfois on vous demande de l’argent, un cadeau et jamais on ne se retrouve seul. Ou si rarement. Mais au Burkina plus qu’ailleurs j’ai été surpris par la bienveillance des gens à mon égard, Comme c’est souvent le cas dans les régions musulmane, beaucoup plus accueillantes en mon expérience, mais également dans les régions qui n’ont qu’un contact limité avec les étrangers, qu’ils soient touristes, travailleurs humanitaires ou venu par simple souhait de rentabilité. Dans ces cas là la curiosité des locaux à votre égard est bien souvent plus authentique et beaucoup moins guidées par l’intérêt économique -éventuelles – apportée par le fait d’avoir un ami blanc.

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Je peux traverser cette rivière seul, mais instantanément on vent le proposer de l’aide. Certains marchents plusieurs centaines de mètres.

Parfois de jeunes enfants viennent me serrer la main puis repartent timidement. Une autre fois je profite d’un lac en pleine après-midi pour me rafraîchir et bien sûr je ne passe inaperçu. Dès qu’ils m’aperçoivent venir en direction du lac les jeunes hommes qui s’y baignent se figent et me fixent quelques instants, intrigués par ce blanc qui vient se baigner la, tout comme eux. Arrivé au bord du lac je les salue simplement et ils me répondent, commencent à sourire et peu à peu se font moins timide. Mais lorsque je m’avance j’ai maintenant une trentaine de regard figé sur moi, qui m’épient avec curiosité. Il faut quelques instants pour que l’atmosphère se détende un peu et pour que la spontanéité reprenne le dessus et que s’installe entre nous une sorte de jeu, les plus jeunes plongeant sous l’eau brune pour essayer de me toucher sans que je les attrape. Un jeu qui me rappelle celui qui nous jouions à l’école et dont le nom a du être interdit je crois : qui a peur de l’homme noir. Ici c’est qui a peur du blanc. Le tout finira dans les rires et amusements de ces rencontres particulière de deux qui cultures qui se croisent sans pouvoir communiquer plus que quelques mots, instaurant une communication gestuelle, parfois simple jeu de regard entre des Hommes curieux les uns pour les autres et dont la spontanéité prend le pas sur toute forme d’organisation possibles.

 Ici c'est qui a peur du blanc. Le tout finira dans les rires et amusements de ces rencontres particulière de deux qui cultures qui se croisent sans pouvoir communiquer plus que quelques mots

Ici c’est qui a peur du blanc. Le tout finira dans les rires et amusements de ces rencontres particulière de deux qui cultures qui se croisent sans pouvoir communiquer plus que quelques mots.

De retour sur la route je m’arrête au puits histoire de me ravitailler et c’est peut-être le lieu le plus fréquenté, celui dont la vie de ces communauté dépends. L’eau c’est la vie et elle n’est pas courante. Non c’est en marchant qu’on la porte. Plusieurs litres sur la tête et ce sont les enfants ou adolescents, lorsque ce n’est pas les femmes, qui sont le plus souvent chargé de pousser la pompe pour en sortir l’eau que les femmes porteront au village. Ici le confort est illusion pour beaucoup, un rêve pour certains, un souvenir pour moi.

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ce sont les enfants ou adolescents, lorsque Ce n’est pas les femmes, qui sont le plus souvent chargé de pousser la pompe pour en sortir l’eau

On vit finalement avec le strict mininum mais sans manquer de rien. On dort sur une natte, parfois sur un banc, on mange pour se nourrir et non pas par plaisir du goût et puis il n’y a pas de système social mais la famille le remplace et faute d’électricité -hormis dans les plus gros village- même les TV se font rare. Aussi rare peut-être que les SDF et plus que jamais les habitants mélangent ce paradoxe, celui de vouloir partir tout en sachant, inconsciemment, se contenter de ce qu’ils ont.

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Plusieurs litres d’eau sur la tête

Une région proches de zones dangereuses

Presque l’entier de la population se retrouve au chômage c’est à dire sans salaire n’y aide du gouvernement aussi chacun survit comme il peut, en vendant du riz au marché, improvisant une cafétéria où le nescafé en poudre demeure le roi, en faisant frire des beignets dans la rue ou troquant ses biens contre d’autres. J’ai sous les yeux n’ont pas un autre monde qui défile mais peut-être bien une autre époque.

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J’ai sous les yeux n’ont pas un autre monde qui défile mais peut-être bien une autre époque.

Pourtant tout au long de ma route au Burkina Faso de nombreuses personnes m’auront touché de par leur simple et authentique bienveillance à mon égard, transformant cette région magnifique du Burkina Faso en véritable coup de coeur tant les jours que j’y ai passé ont été agréable et magnifique.

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Véritable coup de coeur tant les jours que j’y ai passé ont été agréable et magnifique.

 

D’une douceur inattendue à cet instant du voyage, comme pour me rappeler peut-être que l’Afrique ce n’est pas encore terminé pour moi et qu’il va me falloir garder l’esprit ouvert si je ne veux pas passer ces derniers mois en simple traversée. Une douceur paradoxale elle aussi avec de nombreuses parties du Sahel qui aujourd’hui compte parmi les plus dangereuse qu’un voyageur puisse traverser. Mais comment l’attitude des gens que je croisent peut-elle trancher autant avec celle de ceux qui les terrorisent, un peu plus au nord ?

 

Lorsque je rejoins Dori, petite ville du Sahel, je sais bien que ma remontée Sur le nord, ce détour là, s’arrête ici. La situation ne me permet pas de continuer sereinement et de toute manière la police ne me laisserait jamais passer. Comme prévu je redescend au sud, direction Ouagadougou la capitale. Je laisse déjà le Sahel, magnifique et prenant, derrière moi.

Et avec lui c’est beaucoup de sourire que je laisse derrière moi également.

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Je laisse déjà le Sahel, magnifique et prenant, derrière moi. Et avec lui c’est beaucoup de sourire que je laisse derrière moi également.

Olivier Rochat

De retour en Namibie

Km 31’616, Fish River Canyon, Namibie.

-La Namibie dans tous ces états ce matin…-

Un peu plus de 3 mois avoir quitté la Namibie, me voici de retour dans ce beau et vaste pays d’Afrique australe, le 2ème pays le moins dense au monde après la Mongolie.

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Un peu plus de 3 mois avoir quitté la Namibie, me voici de retour dans ce beau et vaste pays d’Afrique australe, le 2ème pays le moins dense au monde après la Mongolie.

De retour dans le désert

Cette entrée en Namibie, la troisième, fut vécue comme une grosse bouffée d’oxygène.

En sortant du bus parti du Cap voici 3 jours déjà, peu avant minuit, je pouvais penser que trouver un lieu où dormir aurait pu être compliqué. Il n’en fut rien, plantant simplement ma tente derrière cette grosse station service où le bus m’avait laissé. C’est même accompagné d’un backpackers israélien, partageant nos histoires personnelles, que la nuit débuta.

Impensable en Afrique du Sud voisine où tant de fois on m’aura dit que je risquais ma vie sur la route, alors de là à planter sa tente derrière une station service ouverte toute la nuit. La petite dizaine de bivouac que j’y aurai fait auront tous été planqué quelque part entre deux grillages. A une exception près, certes magnifique. Ici en Namibie c’est plus calme.

J’en ai presque l’impression de sortir de prison.

Dès le premier jour, sans transition, les distances refont leur apparition, les pistes également.

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Dès le premier jour, sans transition, les distances refont leur apparition, les pistes également.

C’est bientôt un petit groupe d’Oryx qui côtoie mes roues, puis enfin des Springbok ce matin qui me coupent la route, une cinquantaine de mètres en face de moi.

La nature est bien là, tout autour de moi mais elle est contrôlée par le tourisme. Ainsi presque tous mes points d’eau sont des lodges ou ce qui les entourent. La majorité des gens que je croisent sont des touristes ou ceux qui s’en occupe.

Ça coupe la solitude, c’est vrai, mais en « m’aventurant » pour aller voir le fish river canyon, 2eme plus grand canyon du monde, on me demande 80 rands (5 $). Certes j’ai vu pire… mais c’est juste une vue bordel.

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e fish river canyon, 2eme plus grand canyon du monde

Vue magnifique certes.

Alors j’en viens a plaisanter avec la dame qui me donne le billet en m’expliquant qu’il est valable 24h: « super je dormirai dans le canyon! »

« Tu peux mais l’amende te coûtera 3000 rands » (200 $) continue t’elle, plus vraiment souriante. « Et ce sera pareil autour. »

200 $ dollars pour dormir dans le désert…
Au bonhomme qui m’explique qu’il y a des lodges et que le désert est trop dangereux je sors ma carte et lui montre mes bivouac lors de mon premier passage, au nord de la Namibie.

Avant de terminer: « le plus grand danger sur Terre c’est l’homme. Autant s’isoler », un brin provocateur sachant que piqué par un Scorpion je ne survivrai pas longtemps

Visiblement il n’a pas aimé. Business is business. Le temps c’est de l’argent.

Je le rassurerai en lui expliquant que je dormirai au prochain campsite, 65 km plus loin.

Impossible, il fera nuit dans 1h30… j’avance a moins de 20 km/h.

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Je dormirai dans le désert mais je suis le seul à le savoir

Je dormirai dans le désert mais je suis le seul à le savoir. L’argent c’est du temps. Et jai plus de temps que d’argent en ce moment.

Sans importance ma route sors de la réserve et je retrouve mes droits, quelques part ma liberté.

Les paysages sont toujours là. J’avance maintenant de colline en colline sur cette route tantôt bonne tantôt templi de ces petites bosses horribles.

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Les paysages sont toujours là. J’avance maintenant de colline en colline

A la manière ou l’on franchit des vagues je fonce dedans, lentement. Petits choc interminable.

Mais lorsque la route s’améliore j’avance vite, et lorsque le vent m’accompagne, je vole à moitié.

Je survol maintenant cette plaine magnifique, je s… « Braaam »…

Quel merde putain ces ondulations. Me voici par terre. Le nez dans la poussière. Vite vite mon vélo, mon appareil photo!

Ouf tout fonctionne, plus de poussière que de mal. Je messuie le front avec la main droite.
Une main qui a du rouge..rouge comme le SANG!!!

C’est le genou qui a pris. Heureusement pas grand chose. je m’arrête, pense à moi, panse le genou.

De toute façon je n’ai rien d’autre à faire. Un bisou au genou. Le pauvre en a vu d’autre.

Déjà ça ne coule plus. Ici ca sèche a une vitesse. J’ai fait ma lessive hier soir en pleine nuit (!), ce matin tout était sec.

Je plaisante. Ensuite je désinfecte.

Une voiture s’arrête. Tout va bien. Bravo pour votre voyage. All the best.

Et gentiment je reprend mon chemin

Je suis le monde, je suis le roi.

Je suis en Namibie.

Ça tombe bien puisque j’aime ça…

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Je suis en Namibie.

 

Olivier Rochat

 

#jesuissurlaroute… Du désert au hauts plateaux!

Km 25’503, Windhoek, Namibie.

Me voici de retour sur la route, enfin!!! En effet après plus de 11 semaines de pause  j’ai enfin repris la route, et pas n’importe où puisque c’est le Namib qui m’attendait en quittant Walvis Bay. Pour rejoindre Windhoek, la capitale namibienne, c’est pas moins de 350 km de pistes qui m’ont mené à travers le désert du Namib puis, retrouvant peu à peu la végétation, jusqu’au haut plateau à plus de 2’000 mètres d’altitude au sommet du dernier col, le Kupfergberg. Une route belle et changeante mais difficile puisque pas un seul village ne se trouvais sur ma route. C’est donc bien chargé que j’ai effectué cette difficile route, presque une expédition en somme.

Malheureusement depuis mon retour à Walvis Bay mon appareil photo ne fonctionne plus. Je me trouve actullement à Windhoek dans l’espoir de le réparer depuis plusieurs jours déjà. Les photos de cet article ont donc été prises avec mon téléphone portable.

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Me voici de retour sur la route, enfin!!!

 

On prend les mêmes et on recommence (24 janvier 2016)

Ce matin je reprends la route après plus de 11 semaines de pause. Le sentiment est bizarre, renforcé par la géographie de ce lieu, de cette route, la C26, qui me mène sur la capitale Windhoek.

En effet je commence fort avec la traversée du Namib puis dans un second temps 3 cols dont le dernier est le plus haut de Namibie (Kupferberg pass 2’050m). Le tout sur les pistes, bien sûr, et sans possibilité de ravitaillement à priori. Tout du moins pas plus de village que de magasins sur les 350 prochain kms. Quelques fermes se trouvent le long de la 2ème partie, ce qui devrait m’offrir quelques ravitaillement. Du moins je l’espère car la vingtaine de litres d’eau que j’emporte avec moi ne suffiront absolument pas pour effectuer l’entier de la route.

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Le sentiment est bizarre, renforcé par la géographie de ce lieu, de cette route, la C26, qui me mène sur la capitale Windhoek.

Au loin se dresse une rangée de dunes impressionnante qui me rappelle que l’atlantique est déjà loin, bien qu’il ne soit qu’une dizaine de kms derrière moi… Sans transitions, aucune, me voici sur la route. La température va grimper, le goudron s’arrête tout bientôt… l’aventure quant à elle continue. Ou reprend c’est selon…

A travers le Namib (26 janvier 2016)

 

Beaux, chaud et sec, les deux derniers journées jours ont été difficiles. Traverser le Namib n’est pas facile, mais km après km la végétationr refait peu à peu son apparition.

En deux jours (et une nuit) j’ai déjà utilisé 25 litres d’eau et malgré l’utilisation de crème solaire mes bras et jambes sont plus rouges que bruns. Au moins le vent souffle avec moi. Je croise bon nombre de 4X4 et certains d’entre eux s’arrêtent, me proposant de l’eau ou de la nourriture, parfois même une boisson fraîche oh combien bienvenue.

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Beaux, chaud et sec, les deux derniers journées jours ont été difficiles.

Hier après-midi j’en terminais avec le premier col, le Kuisebpass. Un col qui marque la fin du Namib, se faufilant entre des collines caillouteuses dans une chaleur étouffante. Mais c’est déjà le col du Gamsberg qui se présente en face de moi, probablement le plus dur de cette route.

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le Kuisebpass. Un col qui marque la fin du Namib, se faufilant entre des collines caillouteuses dans une chaleur étouffante.

Ce matin je suis entouré d’herbes et buissons et mêmes de petits arbre. Quelques fermes se trouvent sur ma route. C’est dans l’une d’elle que je m’arrête. L’occasion rêvée pour un peu de repos, profiter d’une boisson et d’un peu de nourriture vendue sur place et parler un peu.

La plupart des gens que je croisent sont très amicaux et chaque jour je croise des touristes. Hier c’est deux voitures de touristes brésiliens qui se sont arrêtées pour me prendre en photos, des finlandais m’ont offert un peu de nourriture alors qu’un gros camion de… Suisse m’a permis un petit mais bienvenue ravitaillement en eau et ce matin je croise un groupe d’allemand dans la ferme-guesthouse où je me ravitaille.

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km après km la végétationr refait peu à peu son apparition.

Sinon j’ai la chance d’appercevoir bon nombre de zèbres dans le coin. La nuit dernière, bivouaquant je pouvais les entendre marcher autour de ma tente durant une bonne partie de la nuit. La nature est belle, simple et sauvage, peu dérangée au final.Mais Windhoek est encore loin…

 

Sur les hauts plateaux (28 janvier 2016)

En Namibie, je n’ai pas beaucoup à dire. Mais j’ai beaucoup à voir.

En encore suffisamment d’énergie pour écrire.

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En Namibie, je n’ai pas beaucoup à dire. Mais j’ai beaucoup à voir.

Hier soir, après une journée sans fin de 9 heures à pédaler (sans les pauses) à travers les hauts plateaux verdoyants j’ai rejoins Windhoek. Enfin! Il est maintenant temps de se reposer car après plus de 350 km de pistes avec plus de 3’000 mètres de dénivellation positive, je peux sentir mes jambes lourdes. Très lourdes. Les bras bronzé à l’extrême et le menton… brûlé. Une grande première et résultat de pédaler avec le vent de face-

Le Gamsbergpass fut une ascension superbe, l’une des toutes belles de ce voyage mais aussi l’une des plus dure. Virage après virage je montais en altitude, lentement, sur cette route caillouteuse, parfois bosselée, avec un soleil aussi fort que prévu. Chaque virage m’offrait plus de vues, plus de plaisir mais aussi…. plus de difficultés.

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Virage après virage je montais en altitude, lentement, sur cette route caillouteuse, parfois bosselée

Lorsque j’ai enfin rejoins le col, un peu de 1’800 mètres au-dessus du niveau de la mer que j’avais quitté quelques jours auparavant à Walvis Bay, il était déjà 5 heures du soir et au moins il ne faisait plus trop chaud (mais suffisamment chaud). Le vent changeait et maintenant je l’avais en pleine face, réalisant que je l’aurais de face probablement jusqu’à Windhoek, quelques 130 km plus loin.

« Oh Yeah! », je pensais,pensant être un mélange de stupidité et de folies,a vant de me souvenir ce qui m’étais venu à l’esprit il y a déjà très longtemps: la destination n’a aucune raison d’être si tu n’as pas de chemin pour l’atteindre. C’était mon chemin pour ce jour. Demain sera un autre jour, une autre destination, un autre chemin. J’ai choisi de pédaler pour un moment parce que ça me rend heureux et plein de vie(s). Trop lent pour tricher mais suffisamment rapide pour atteindre, pour rêver et plus que ça: les sentir, mes rêves, avec toutes les imperfections que mes rêves ont.

D’un autre côté solitude n’est pas bonheur…

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la destination n’a aucune raison d’être si tu n’as pas de chemin pour l’atteindre. C’était mon chemin pour ce jour.

Je n’avais pas vu une seule voiture de  toute l’après-midi et des 8 litres d’eau que j’emportait avec moi à midi, il ne m’en restait plus qu’un seul. Insuffisant pour passer la nuit. Ma route descendait derrière le col sur quelques centaines de mètres puis grimpait une petite colline. Quand j’ai eu rejoins cette dernière je pouvais voir que ma route ne serait pas plate du tout sur les kms à venir. Colline après colline, j’appercevais ma route, fine bande de terre, se faufiler à travers ce vert panorama. Me rappelant un peu la Tanzanie…

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Colline après colline, j’appercevais ma route, fine bande de terre, se faufiler à travers ce vert panorama. Me rappelant un peu la Tanzanie…

Quelques fermes isolée, des vaches entourées de… babouins, tel était dorénavant mon univers en direction de Windhoek. Le désert du Namib que j’avais quitté… hier matin semblait déjà loin. Presque comme un autre continent.

Pourtant j’étais toujours en Afrique, toujours en Namibie. Une fois de plus découvrant de grosses différences dans ce continent que trop souvent les gens qui n’y sont jamais allé mettent dans une petite boîte et oublient que l’Afrique c’est 54 états indépendants, des milliers de langues, combien de religion (?) et beaucoup de choses je n’apperçois pas moi-même.

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j’étais toujours en Afrique, toujours en Namibie.

Le fermier m’avait dit à propos de la Namibie: « la perle cachée de l’Afrique ». Il me donna de l’eau. Assez pour rejoindre Windhoek et après une journée à grimper les collines les unes après les autres jâi trouvé un autre chemin pour ce soir: une bière fraîche. Et une autre destinations: un bon lit. 

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une journée à grimper les collines les unes après les autres

Avant de très bientôt rechercher de nouvelles destinations en empruntant de nouveaux chemins. Sur la route à nouveau…

Olivier Rochat

Meroé

Km 8929, Meroe Pyramids Royal City, Soudan.

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Le site des pyramides de Méroé

Moins majestueuses que celles d’Egypte, moins touristiques également, plus petites et au fond plus charmantes, les pyramides de Meroé m’ont ravi l’espace d’une matinée, le long de ma chaude route en direction de Khartoum. Cette impression de redéfinir le temps, me dire qu’il y a si peu de cela je me débattais en Moldavie ou je ne sais trop où. Que hier j’étais loin et que le pire c’est que demain je serai loin, à nouveau. Les pyramides de Meroé, cet air de nouveauté, pourtant si vieille, les pyramides de Méroé… Oui c’est le Soudan souvent si chaud mais parfois si beau… Au fond qui aurait cru qu’au Soudan j’aurai vu ce que je vois ? Lire la suite