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Adrar 2ème partie:Le chemin de fer

Km 55’785, Nouadhibou, Mauritanie.

Après une semaine magnifique dans l’Adrar, région magnifique du Sahara mauritanien, nous avons quitté cette endroit particulier avec un chemin tout autant particulier: sur le toit d’un train. Un chemin de fer, transportant du fer, qui nous aura arraché aux griffes de l’Adrar pour nous ramener sur la côte. Bref, du fer à toutes les sauces.

sur le toit d'un train. Un chemin de fer, transportant du fer, qui nous aura arraché aux griffes de l'Adrar pour nous ramener sur la côte. Bref, du fer à toutes les sauces.

sur le toit d’un train. Un chemin de fer, transportant du fer, qui nous aura arraché aux griffes de l’Adrar pour nous ramener sur la côte. Bref, du fer à toutes les sauces.

Ville au milieu de nulle part

Un seul commun semble lier toute les villes du monde entre elles : l’eau. Forcément, l’eau c’est la vie. Toutes les grandes villes de notre monde se retrouvent toujours un point en commun: elles sont construites autour d’un point d’eau. Fleuve ou lac, mer ou océan, oasis… L’eau c’est la vie, et la vie se déplace à l’eau

Toutes ? Non, pas vraiment. En effet quelques exceptions viennent changer la donne. Quelques villes sans accès direct à de l’eau potable ou ports commerciaux. Mais ces villes ne se retrouvent pas loin des eaux par hasard, quelques choses a bien du pousser les Hommes à venir s’y installer. Quelque chose de bien plus précieux aux yeux de certains : les richesses du sol. Or ou diamant, gaz ou pétrole, fer, beauxite, coltan ou j’en passe. Ces richesses ont parfois poussé les Hommes à venir vivre dans des zones impensable, pour ne pas dire invivable, dans les zones comptant parmi les plus arides, froides ou chaude du monde où, sans ces richesses, un Homme ne ferait que passer. Il ne serait qu’un voyageur. Un nomade. Pas un sédentaire.

Johannesburg est, à ma connaissance, la plus grande ville de notre monde éloignée de tout point d’eau. Située à plusieurs centaines de kilomètres des côtes les plus proches sur un plateau aride (1’700 mètres d’altitude), Johannesburg ne doit son puissant développement qu’à une raison: la découverte d’or, en 1886. Avant cela, ce n’était qu’un petit village insignifiant. Un hameau. Aujourd’hui, par son agglomération, Johannesburg est la 3ème ville la plus peuplée d’Afrique. Sans accès, aucun, à de l’eau potable car traversée d’aucun cours d’eau, l’acheminement de son eau y est très complexe puisque l’eau consommée par les habitants vient même d’un pays voisin situé au cœur des montagnes: le Lesotho.

Le chemin de fer

Mais j’ai laissé l’Afrique du Sud derrière moi voici près de 2 ans. Retournons donc au Sahara. Plus précisément en Mauritanie, dans les profondeurs du Sahara. Là où les villes minières côtoient les oasis.

 

Nous sommes au bout de nos peines, pensons-nous, lorsque nous atteignons Atar, au cœur de l’Adrar mauritanien. 120 kilomètres, tous goudronné, nous séparent encore de Choum, un village isolé où s’arrête un train mythique, parfois cité comme le plus long du monde. Nous nous y rendons car ce train est notre seul porte de sortie envisageable pour rejoindre le Maroc. En nous enfonçant plus au nord, pas de frontière ouverte et un conflit vieux de 40 ans: celui du Sahara occidental, pays dont l’indépendance n’est reconnue que par une trentaine de pays, ancienne colonie espagnole aujourd’hui appartenant au Maroc. Une seule frontière est ouverte, le long de la côte. Aucune route praticable à vélo relie cette région à la côte, il nous faudrait revenir à Nouakchott pour remonter le pays par la côte. Un détour de quelques 500 kilomètres environs pour un trajet total de 1’000 kilomètres.

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Près de 700 kilomètres et prêt d’un jour de voyage sépare les deux villes par ce train long de presque 3 kilomètres qui transporte chaque jour d’énormes quantité de minerai de fer.

Pour éviter cet énorme détour pas de route, donc, mais un train. Plus que ça, un train qui relie Nouadhibou, capitale économique de la Mauritanie en plein « boum », à Zoueratt, ville minière au cœur du Sahara. Près de 700 kilomètres et prêt d’un jour de voyage sépare les deux villes par ce train long de presque 3 kilomètres qui transporte chaque jour d’énormes quantité de minerai de fer. Entre deux, un village où le train s’arrête, Choum, notre Terminus.

ce train long de presque 3 kilomètres qui transporte chaque jour d'énormes quantité de minerai de fer.

ce train long de presque 3 kilomètres qui transporte chaque jour d’énormes quantité de minerai de fer.

La route de Choum nous offre encore quelques beaux panoramas ainsi qu’un couché de soleil époustouflant. Mais pas grand chose à signaler, c’est donc sans grande difficulté que nous atteignons la gare ferroviaire de Choum où les adolescents, pénibles et insistants, se montrent désagréable, presque agressif. Mais, comme bien souvent, notre bonne étoile nous accompagne… « Le train pour Nouadhibou arrive en fin d’après-midi » nous indique Sheba du haut de son 4X4, « venez-vous reposez chez moi! ».

La route de Choum nous offre encore quelques beaux panoramas ainsi qu'un couché de soleil époustouflant.

La route de Choum nous offre encore quelques beaux panoramas ainsi qu’un couché de soleil époustouflant.

Chez Sheba, nous trouvons là un confort inespéré. Fraîcheur, électricité et nourritures, toujours accompagné de thés, l’après-midi se veut agréable et inespérée. À l’abri des regards insistants des adolescents, nous profitons d’un peu de calme avant le long voyage en train qui va nous arracher à ce monde spectaculaire que fût l’Adrar pour nous déposer, une quinzaine d’heures plus tard si tout va bien, sur les côtes de l’Atlantique. Dans un autre monde, à l’entame du Sahara occidental, loin des canyons et des oasis, où le vent n’est freiné par rien ni personne.

La route de Choum nous offre encore quelques beaux panoramas ainsi qu'un couché de soleil époustouflant.

La route de Choum nous offre encore quelques beaux panoramas ainsi qu’un couché de soleil époustouflant.

Finalement c’est bien après la tombée de la nuit, après 21 heures, que le train arrive. Interminable, le train relie chaque jour Nouadhibou à Zoueratt où il se charge de minerais de fer qu’il ramène le lendemain à Nouadhibou. Les deux trains fonctionnant quotidiennement permettent le passage d’un train par jour dans chaque direction. Au bout du train un wagon est destiné aux voyageurs qui, moyennant 2’500 ouguyas (6 euros), peuvent effectuer le voyage dans un confort très rustique. N’importe qui est également autoriser à voyager gratuitement en grimpant directement dans les wagons de minerai, vide en partant de Nouadhibou mais plein dans l’autre sens, soit le nôtre. Mais ces derniers se devront de s’adapter aux conditions du jour, à son chargement. Vide dans un sens. Conséquent dans l’autre. Fatigué, nous décidons de prendre la première option et d’éviter ainsi le froid de la nuit, la poussière dégagée par le fer, espérant dormir un peu. Du moins, nous le pensons.

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Difficilement mais heureux, je m’endors enfin. Le wagon de fer nous emporte à travers la nuit. Tout en les traversant, nous quittons peu à peu les profondeurs du Sahara. (photo by Pedro)

Un long crissement accompagne cette petite lumière qui marque l’entrée du train en gare.

« Derrière la gendarmerie, tout au fond du train, c’est là que se trouve le wagon des passagers. Mais il faut faire vite, l’arrêt du train est bref ! » nous indique Sheba. Nous nous exécutons, pédalant à contresens du train qui ralentit gentiment. Un homme en uniforme vert militaire nous arrête. Visiblement un douanier. Je lui indique vouloir monter dans le train. « Oui oui, c’est de l’autre côté ! » continue t’il. « Comment ça c’est de l’autre côté, on nous a dit derrière la gendarmerie ». « Oui c’est de l’autre côté insiste-t-il dans un français qu’il ne maîtrise pas bien (mais bien mieux que notre arabe respectif, on est d’accord). Bon, nous repartons dans l’autre sens, à toute vitesse cette fois. Le train s’arrête. Il faut faire vite. Un policier nous arrête à son tour. « Nous cherchons le wagon des passagers ». « Les passagers !??? Mais c’est de l’autre côté ! ». Soit à potentiellement plusieurs kilomètres de là. Le stress s’installe, nous repartons dans l’autre sens, longeant la voie de près. Des hommes chargent ici et là des marchandises en haut de ces wagons chargés de minerai. Mais où est-il ce foutu wagon ??? Vite vite!

Quelques injures volent.

Nous continuons vers le fond du train mais trop tard, nous n’avons plus le temps, le train va partir. « On monte sur les minerai! » me crie Pedro. Il a raison, c’est sûr!!! À la hâte, en panique plutôt, on enlève nos sacoches dans un désordre criant poussé par ce stress profond. Nos bagages tombent du vélos. L’une après l’autre, nous montons les sacoches, les derniers bagages, les bouteilles d’eau ! Il faut monter le tout en haut des wagons, à 3 mètres du sol, s’agrippant comme on peut ici et là, essayant d’aller vite sans se casser la figure. Puis redescendre. Attraper le maximum de choses, les monter en s’agrippant toujours comme on peut, jeter le tout dans le wagon, soit sur les minerais. Et redescendre encore. Vite vite ! Si le train part maintenant nos vélos resterons à quai ! VITE! Et dans un dernier effort, transpirant, nous posons -jetons- nos vélos sur les minerai de fer. Ouf tout y es!!! On vérifie, rien ne manque ! Il était temps…

Ouf tout y es!!! On vérifie, rien ne manque ! Il était temps...

Ouf tout y es!!! On vérifie, rien ne manque ! Il était temps…

Mais le train ne part pas.

Enfin, pas tout de suite. Une voiture passe même lentement le long du train, histoire de vérifier que tout est prêt pour le départ. « Hey là-haut! C’est bon ? » nous lance un homme. Une dizaine de minutes se sont passées. Nous aurions eu le temps. Imbécile ! Je suis un imbécile ! J’en rigole mais finit par répondre « Oui oui, c’est bon! » La voiture continue sa ronde, puis s’éloigne de la voie. Un instant plus tard, le train s’ébranle. Il part. Il quitte Choum, nous quittons l’Adrar. Assis sur quelques tonnes de fer extraites du Sahara. Une bâche est installée dans un coin du wagon, couvrant tant bien que mal une partie des minerais. Une fine couche de poussière de fer, grise, la recouvre ici et là. Quelques dizaines de cartons de dattes sont aussi du voyage. Provenance : Algérie. Et c’est ainsi, entre dattes algériennes et fer mauritanien, que nous nous enfonçons dans la nuit saharienne.

Malgré ce que j’ai souvent lu le train n’avance pas si mal, bien plus vite que les rares trains que j’ai aperçu jusqu’ici en Afrique. Certes, on est loin d’un train européen. Mais de manière régulière, toutes les 2 à 5 minutes peut-être, il lance une « violente » secousse, un gros BOUM qui vient ajouter un peu de rudesse au voyage. La poussière de fer est maintenant propulsée en l’air, plus encore que par l’air et le mouvement du train. Nos sacs, nos vélos, nos habits puis nous mêmes sommes gentiment -mais inévitablement- recouvert de cette fine poussière. Les oreilles, les cheveux, les yeux, tout y passe. On se protège mais ça ne suffit pas. Les dents, elles aussi, n’y échappent pas. Dès lors l’odeur du fer me gagne, le goût aussi. Et il me faudra plus d’une douche et plus d’un jour pour la perdre. Une odeur, un goût, que je ne suis pas sûr de pouvoir oublier un jour. Pas qu’il soit si désagréable en soit. Mais peut-être si particulier.

Ainsi sur le chemin de fer, entouré de fer, recouvert de fer, nous nous enfonçons dans le vaste infini saharien que nous n’apercevrons qu’au matin. La fraîcheur s’installe, devient piquante. Il va falloir s’y…faire! Enfoncé dans mon sac de couchage, capuche fermée après un dernier regards aux étoiles brillantes ce soir, à la demi-Lune qui les accompagnent, je plonge dans un sommeil qui ne sera jamais profond. Pas autant, c’est sûr, que peut l’être le Sahara. Le grand désert.

nous nous enfonçons dans le vaste infini saharien que nous n'apercevrons qu'au matin.

nous nous enfonçons dans le vaste infini saharien que nous n’apercevrons qu’au matin.

Bien conscient que ce soir-là j’ai bouffé du fer comme jamais. Suffisamment, peut-être, pour les 40 prochaines années. Mais les souvenirs de l’Adrar, ses paysages si photogénique, l’accueil reçu, puis cet arrachement brutal et « ferrique » de ce monde féerique, ne s’effaceront jamais. Un sourire intérieur contemple mon visage gribouillé de cette poussière grise. Et mes cheveux (très) sales n’y changeront rien. Gavroche, ce sourire là est simple et authentique. Celui d’une Afrique qui me mène aux larmes intérieures, égoïstement, rien qu’à cette pensée: la quitter.

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Difficilement mais heureux, je m’endors enfin. Le wagon de fer nous emporte à travers la nuit. Tout en les traversant, nous quittons peu à peu les profondeurs du Sahara.

Difficilement mais heureux, je m’endors enfin. Le wagon de fer nous emporte à travers la nuit. Tout en les traversant, nous quittons peu à peu les profondeurs du Sahara.

 Olivier Rochat

La nuit, le crépuscule et l’enfer

Km 55’311, Akjoujt, Mauritanie.

-Sur la route de l’Adrar-

Traverser le Sahara est une aventure différente , une expérience à part. Aussi mystérieuse que fantastique et difficile. Le Sahara nourrit mes fantasmes depuis longtemps. Il les nourrit toujours aujourd’hui. Et puis ici je ressens toute mon impuissance face aux éléments. Face au vent qui transforme 100 kilomètres en infini. 10 kilomètres en heures. 1 kilomètres en distance. Chaque distance, même la plus petite, en challenge. Mais traverser le Sahara est une chose, y vivre en est une autre. Au fond vivre ici, dans ce climat et cet isolement, c’est un « scandale! » Plus que ça une forme d’héroïsme. Quelle force, quelle folie faut-il avoir pour survivre, des siècles durant, dans ce climat là ? Nous quittons la côte, plate et venteuse, sans réel intérêt pour nous. Direction l’Adrar, une région d’Oasis et de montagnes, dans les profondeurs du Sahara. 400 kilomètres nous en sépare. Une seule ville, Akjoujt, au 2/3 de la route. Tout le monde s’y arrête car c’est le seul endroit où l’on y trouve nourriture, gîte et électricité. 4 jours nous ont été nécessaire pour la rejoindre. 4 jours difficile.

 Le Sahara nourrit mes fantasmes depuis longtemps. Il les nourrit toujours aujourd'hui.

Le Sahara nourrit mes fantasmes depuis longtemps. Il les nourrit toujours aujourd’hui.

Voici un récit écrit le long de cette route:

« Nous voici embarqué à travers le Sahara, le grand désert. Depuis Nouakchott nous avons retrouvé le plat, la répétition de paysages sans saveurs qui l’accompagnent, pour ne pas dire l’ennui, les distances et le vent.

Pour échapper au vent qui souffle plus fort en journée, nous partons dorénavant bien avant l’aube, alors que la nuit est encore noire et que le froid est piquant. Plus que ça, il me gèle. Comprenez, il doit faire… 8°C. Après 3 ans en Afrique, je le ressens comme un -30…

Je m’habille d’un training bien chaud, d’une paire de gants dégotée au marché de Nouakchott, d’un pull sous lequel j’ai double couche, et mon foulard me protège les oreilles. Seul mes pieds gardent un peu de leur liberté. Peut-être plus pour longtemps. Me reste encore à couvrir ma tête de la capuche de mon pull, et puis je m’en vais, réchauffé d’un café chauffé avec un réchaud à gaz péclotant -le froid bon Dieu- et nourri d’un bol de céréales. Nous débutons la journée les yeux encore mi-fermés mais le cœur déjà bien ouvert à l’inconnu des nuits sahariennes. Le ciel y est d’une beauté sans commune mesure. Les étoiles nous parlent. Et moi, je discute avec elles.

Nous laissons sans grand regret l’abri qui nous a servi de nuit, généralement une tente nomade, parfois de rencontre-s également. Les rencontres justement sont souvent rude, sans réel politesse. Au milieu de nulle part vivent quelques nomades qui font paîtres leurs bien courageux chameaux à une bosse. Leurs dromadaires. Parfois ces derniers sont accompagnés de chèvres ou de moutons alors que quelques chiens rôdent. Bien souvent sans être allé à l’école, enfermé dans un vaste infini, le Sahara, les nomades qui les accompagnent ne parlent pas le français et nos quelques mots de langues locales, ils ont l’air de ne pas les comprendre. Entrer en communication avec eux demeure un challenge certain à l’issue incertaine. Mais en ont-t-ils réellement envie ? Difficile à dire. Ils ont d’autres choses à faire, certainement. Ou plutôt non justement, que font-ils, ici, assis au milieu de nulle part? Que sommes nous pour eux, si ce n’est ce mot, « l’argent », que nous lancent celui-ci, d’un sourire trahissant ses dents jaunies par le sucre du thé qu’on boit tant par ici? De l’argent !!!? Ici !!?? Mais pour quoi faire !??? Le néant ne s’achète pas! Ne se vend pas. Enfin, je crois. Ils seraient riche, bien plus même que Donald Trump, si c’était le cas.

Nous laissons sans grand regret l'abri qui nous a servi de nuit, généralement une tente nomade, parfois de rencontre-s également.

Nous laissons sans grand regret l’abri qui nous a servi de nuit, généralement une tente nomade, parfois de rencontre-s également.

Leur réalité me dépasse autant qu’elle me fascine. Je les respecte pour leur mode de vie, car il demeure au milieu d’un climat qui compte parmi les plus rude de la planète. Ce respect est profond, sincère et teinté de fascination, plus encore d’administration. Comme oubliés du reste du monde, ils sont ce que je ne serai jamais. Tout en étant bien plus que ce que je suis et n’ai jamais été. Pourtant je ne les aimes pas tant. Enfin, un peu quand même. Et si ce n’est par leurs manières, c’est par leur force, leur authenticité, que je les aime. Nous essayons, pourtant, de communiquer avec eux. Sans jamais y parvenir. Ou si peu là encore. Ils nous parlent dans leur langue, visiblement le Hassani, sans avoir l’air de comprendre que nous ne comprenons rien de ce qu’ils disent. Ils insistent, persistent et signent. Mais c’est un peu réciproque. Même notre nom, ils n’ont l’air de le comprendre. La distance qui nous sépare me semble grande comme l’est le Sahara et Dieu que l’Afrique noire me semble loin, avec ses sourires et toute sa vie, dans ce vaste infini.

Pourtant, toujours, ils finiront par nous offrir le thé, par séries de trois tasses, et même souvent à manger. Du riz, du couscous ou un mélange de pain écrasé avec une sauce accompagnée de viande de dromadaires. Les légumes n’existent pas ici. Eux non plus ne survivent à ce monde là. Cette nourriture nourrit le corps, c’est vrai, mais Dieu qu’elle est rude.

Toujours, ils finiront par nous offrir le thé, par séries de trois tasses, et même souvent à manger.

Toujours, ils finiront par nous offrir le thé, par séries de trois tasses, et même souvent à manger.

Pourtant c’est sans conteste le climat qui est le plus rude. Il est encore bien plus rude que le plus rude des nomades.
Seul les matins -et les soirées parfois- nous sont plus doux, sauf par le froid qui nous glace. Oui car le vent y dort, lui. Il est grand temps de partir. Débuter la route.

La nuit nous offre tout son infini, elle aussi. Aveugle des yeux, l’imagination n’en est que plus renforcée. Les lumières rouge des antennes téléphoniques scintillent au loin. Pendant plusieurs dizaines de minutes, nous les apercevons, petits points rouge au fond de la nuit. Parfois c’est un phare qui brille au loin, comme une étoile. Celui d’un véhicule. Il brille au fond de cette ligne droite. Il est si lointain qu’il nous faut bien dix minutes, parfois plus, pour comprendre qu’il bouge, qu’il s’approche. Puis finalement devient deux, s’accompagne d’un bruit de moteur, cligne deux fois pour nous saluer avant de nous passer lentement. C’est un gros camion. Puis le noir, l’inconnu et l’imagination reprennent leurs droits, parfois accompagné d’une lumière rouge, celle de la prochaine antennes téléphonique qui nous accompagne pour la prochaine demi-heure. La nuit est encore longue mais finalement, au bout de quelques dizaines de minutes ou quelques heures, suivant notre heure de départ (entre 2 heures et 6 heures du matin), nous apercevons l’horizon qui, d’une légère teinte orangée dominant le fond du ciel, change peu à peu. Le soleil s’approche. Les étoiles se taisent. C’est à leur tour de dormir. Dommage. Elles me racontaient des histoires. Des poèmes.

Le ciel se couvre de couleurs et si le néant nous entoure, le paradis semble quant à lui nous surplomber.

Le ciel se couvre de couleurs et si le néant nous entoure, le paradis semble quant à lui nous surplomber.

Déjà nous distinguons les premiers buissons, au son d’une voiture qui passe. Nous avançons vite et, bientôt, j’aperçois les chiffres de mon compteur: 23 kilomètres ce matin. Un rien. Nous sommes parti tard et le Sahara est si grand. Le soleil s’approche encore. L’orange du soleil qui arrive prend de plus en plus de place à l’horizon. Le noir du ciel passe au bleu marine d’un fond de mer. Le ciel se couvre de couleurs et si le néant nous entoure, le paradis semble quant à lui nous surplomber.

Il fait déjà jour depuis un bon moment lorsqu’enfin le soleil se décide à surgir de l’horizon, boule brillante, à droite -l’est- de notre route. Paradoxalement les températures baissent encore, pour atteindre peu de temps après leurs paroxysme en négatif. Il fait froid. Une trentaine de minutes plus tard, la courbe s’inverse enfin. Le soleil brille au ciel, nous éblouit. Nous apercevons maintenant ce vaste infini. L’horizon est partout et seuls quelques buissons lui résiste un peu, survivant ici et là, nous rappelant à quel point la nature est fantastique. Miraculeuse. Les antennes téléphonique, souvent distantes d’une quinzaine de kilomètres l’une de l’autre, rythmes toujours notre avancée.

Lorsque nous les apercevons, nous avons l’impression d’être tout proche. De pouvoir y arriver rapidement. Ce n’est pas tant le réseau qu’elles sont sensées offrir qui nous intéresse. Ce dernier, de toute manière, est souvent misérable. Sinon inexistant. C’est plutôt l’abri qu’elles nous offrent que nous recherchons, tel un phare en pleine tempête océanique. Un gardien y vit, parfois accompagné de sa famille. Vivant dans une tente, accompagné de chèvres, moutons et/ou chameaux, parfois d’un chien ou d’un chat respirant la solitude à plein nez, tous passent leur journée à attendre. Attendre. Et attendre encore. Ici attendre est une activité à part entière.

Mais parfois c’est jusqu’à quinze kilomètres qui nous en sépare. Le terrain est si plat, si vide, que mettre une distance sur quelque chose en face de nous est un réel challenge. Nous sommes en mer, en fait. L’eau y est de sable comme les vagues y sont de dunes. Ces antennes se dressent en face de nous tel le phare du marin, nous pensons y arriver bientôt, mais pendant plusieurs kilomètres elles semblent garder la même taille, la même insignifiance teintée d’espoir, comme si elles aussi bougeaient avec nous. Comme si l’horizon bougeait lui aussi.

L’infini est rude. Il n’est jamais fini. C’est là toute sa rudesse. Il est si libre qu’il en devient prison. Nous, nous sommes prisonniers de notre liberté. Et suffisamment libre pour comprendre notre impuissance face à cette nature là. Pour la vivre aussi. Une impuissance teintée de solitude. La patience comme seul vertu. Ici, nous ne sommes qu’un grain de sable. Nous sommes redevenu poussière. La bonne nouvelle, c’est que nous l’avons toujours été, poussière. Nous en reprenons simplement conscience.

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L’infini est rude. Il n’est jamais fini.

Et lorsque le vent se lève il est 8 heures, parfois 9 heures ou à peine plus. Et il a faim. Comme toujours. Ce matin il a même deux proies. Vite, il attaque! De plus en plus fort. Avec certitude et violence. Nous nous sentons chassés, humiliés, par ce vent qui balaie le désert et seul une folie philosophique me rappelle que ce n’est point lui qui va contre moi. C’est moi qui vais contre lui. Dans les faits il n’a qu’une direction depuis plusieurs jours. Elle est l’inverse à la nôtre (nord-est pour nous), mais parfois, lorsque la route esquisse un léger changement de direction, il nous frappe de côté, nous violentant, comme s’il essayait de nous pousser au milieu de la route. Nous voici coquille de noix au milieu de l’océan, ou bien grain de sable au milieu du Sahara, c’est selon. Nous luttons maintenant contre le vent pour avancer, mais aussi pour garder notre ligne. Éviter, aussi, de se prendre un camion. Bien vite nous diminuons notre rythme tout en augmentant nos efforts. Le sable est maintenant propulsé en pleine route. Il dessine des vagues ici et là, parfois nous bouffe jusqu’à la gueule. Seul un mur semble pouvoir l’arrêter. Il pénètre partout. Chaque orifice, quel qu’il soit, est transpercé par le sable. Ainsi l’enfer débute. Ainsi l’enfer nous ouvre sa porte. Nous ouvre sa gueule. Pour nous, il est temps de se reposer.

Ainsi l'enfer débute. Ainsi l'enfer nous ouvre sa porte. Nous ouvre sa gueule.

Ainsi l’enfer débute. Ainsi l’enfer nous ouvre sa porte. Nous ouvre sa gueule.

Alors nous visons la prochaine antenne qui se dresse en face de nous, tout en refusant de savoir qu’il nous faudra 45 minutes, peut-être 1 heure, pour l’atteindre. Pour mourir enfin. Ou vivre c’est selon. Et mieux renaître une fois le vent tombé, ce soir ou demain. On ne sait pas. Il nous faut attendre. Car il n’y a qu’en patience, comme me le rappelle sagement Pedro, que nous pourrons dompter le vent avant qu’il nous dompte lui. Si nous ne voulons pas finir en squelettes séchés, fou ou suicidaire, il va nous falloir gérer. Attendre l’accalmie. Et s’y lancer. Repartir au bon moment. Comme le phénix renaît de ces cendres.

Une heure en enfer plus tard, l’antenne a bien grossi. Nous l’atteignons. Il est temps de se protéger, respirer.

La tente qui borde l'antenne est vide. Devons nous y entrer ?

La tente qui borde l’antenne est vide. Devons nous y entrer ?

La tente qui borde l’antenne est vide. Devons nous y entrer ? Nous entrons. Nous verrons bien. Je suis sûr que le gardien comprendra, après tout c’est encore l’Afrique ici. Les gens sont plus compréhensibles que par chez moi. Ils n’ont pas peur de l’étranger. Et puis dans ce vide là les rencontres sont si rares qu’il ne faut pas les perdres. Elles comptent double. Oui c’est décidé, nous entrons!

À l’intérieur, le vent ne passe plus. Nous l’entendons juste crier, taper à la porte, puis repartir. Nous trouvons là un abri, un véritable oasis. Et l’enfer n’y entre pas. Il reste dehors.

Nous trouvons là un abri, un véritable oasis. Et l'enfer n'y entre pas. Il reste dehors.

Nous trouvons là un abri, un véritable oasis. Et l’enfer n’y entre pas. Il reste dehors.

Il est temps de s’asseoir. D’attendre. Et mourir enfin. Mourir en écoutant le vent qui nous chante son opéra. Son Beethoven. C’est qu’il est en forme aujourd’hui. Il se prend pour Eminem mais a la justesse d’un Mozart. La folie aussi. Les notes partent et reviennent, teintée de sable et d’inspiration. C’est qu’il chante fort, le vent. Mais il chante juste. Et ne semble vouloir se calmer. Je l’entends qui chante un Requiem, comme pour nous ordonner « d’arrêter ou mourir ». Ce n’est pas une question. Dorénavant l’arrêt n’est plus une option, c’est une nécessité. Le vent ne pose pas de question. Il impose des réponses.thomas wiesel thomas

Le temps, quant à lui, s’arrête enfin. Nous attendons. Des heures durant. Sans savoir, ni espérer, quand nous repartirons.

Seul quelques mots traînent.

Ils me disent comme tu es belle. Comme je t’aime. Toujours plus. Pi que tu me manque. Toujours plus. Et ce bien au-delà d’un quelconque infini.

Oui. Que je t’aime.

Et le vent n’y peut rien… »

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Olivier Rochat

3 ans sur la route

Km 48’592, Kankan, Guinée.

-15.09.2014-15.09.2017                                                                                                            3 YEARS ON THE ROAD-

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Hier a débuté ma 4ème année sur la route.

Et le moins que je puisse dire c’est que les derniers jours de ma 3ème année sur la route auront été pour le moins pénible, malgré la beauté et l’accueil des locaux.

Et c’est sur une piste défoncée -mais vraiment défoncée- avec parfois des flaques d’eaux énormes de plusieurs dizaines de mètres, des passages boueux allant jusqu’à 50 km quasiment ininterrompu, des ennuis mécaniques toujours ennuyant -un rayon qui pète dans un champ de boue juste après que la pédale a rendu l’âme, eh ben c’est pas drôle- que j’ai terminé cette année un peu à la manière dont elle s’est déroulée, entre pluie et soleil, accueil et « discussions » avec la police. Et pour couronner le tout, avec le paludisme.

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C’est sur une piste défoncée -mais vraiment défoncée- avec parfois des flaques d’eaux énormes de plusieurs dizaines de mètres

Ce bon vieux paludisme, comme bien souvent accompagné de sa petite soeur la fièvre typoïde. Il était temps que cette année se termine tant elle fut difficile.

Il était temps que cette année se termine tant elle fut difficile.

Il était temps que cette année se termine tant elle fut difficile.

Pour tout dire je m’y attendais un peu mais quand même. Pour bien comprendre, cette année c’est autant de pistes que sur les deux précédentes. C’est 3 crises de paludisme contre 0 sur les deux précédentes. C’est 2 fièvres typhoïdes contre 0 sur les deux précédentes. C’est 10 pays contre 25 sur les deux précédentes mais le doubles en prix de visa: on est passé d’une moyenne de 35 dollars US par pays à 110…et puis c’est la police.

 

Auparavant, c’est à dire en Afrique de l’est et australe, je « subissait » en moyenne 1 contrôle policier (identité en général) par mois. Depuis que j’ai rejoint l’Afrique centrale/ouest au début de cette 3ème année de route, en moyenne c’est 1 par jour, allant jusqu’à 20 durant mes pires journées au Nigeria à très peu au Ghana/Togo. Sans compter les passages frontières souvent long et pas toujours bienveillant.

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Depuis que j’ai rejoint l’Afrique centrale/ouest au début de cette 3ème année de route, en moyenne c’est 1 par jour

Elle fut néanmoins une année très riche en émotion que ce soit pour mon retour en francophonie, les régions isolées de l’impressionnante et étouffante forêt tropicale, les gorilles rencontrés dans ces mêmes forêts, la fracture de mon cher Cargo, l’inauguration tant attendue de notre seconde école au Togo ou encore la visite d’amis et proches au Togo puis au Burkina Faso.

Le tout toujours entouré d’innombrables peuples mélangés, vivant et colorés dans un désordre très africain.

Mais finalement je pourrais terminer cette année en me disant qu’elle fut la plus difficile. C’est clairement le cas.

Toujours en direction de l’Europe

Aujourd’hui c’est donc au repos forcé, comme bien souvent ces derniers mois, que je débute une nouvelle année de route qui sera selon toute vraisemblance la dernière.
Car si la motivation est toujours là, c’est aussi celle de rentrer chez moi.

En faisant mes comptes je réalise que durant les 365 derniers jours j’ai pédalé, sans le prévoir, 15’012 km. Juste pas suffisant pour la dépasser, mais me voici maintenant tout proche de la barre symbolique des 50’000 km que je compte passer très prochainement. En texte et en image bien sûr, au Sierra-Leone selon mes prévisions.

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Me voici maintenant tout proche de la barre symbolique des 50’000 km que je compte passer très prochainement.

En attendant, je remercie encore les nombreuses personnes qui m’ont soutenu et me soutienne en annonçant l’arrivée prochaine, dès 2018, d’un nouveau projet.

Ce sera une nouvelle page dans ma vie
Vers de nouveaux horizons
Mais si je lui ai déjà trouvé un oui
Il me faut encore lui trouver un nom.

Tu auras droit au POISSON
À l’HIRONDELLE
ICI BAS notre horizon
Ou au soleil, car je l’ai peint avec du miel

Puis JE TE PRENDRAI LA MAIN
On mangera des glaces
Tu verras comme c’est bien
CHOCOLAT ET PI PISTACHE

Ensuite tn ira dans le jardin
LE JARDIN DES GENS AIME
Toujours je te tiendrai la main
Enfin je la ressusciterait

Je parle de Madame
MA DAME LITTERATURE
Ainsi passera un an, tout flamme
Ce sera là notre Aventure…

Un voyage révolution
Celle qui se fait en rime
Ou en réfléchissant
A vélo du pied aux cimes

Car voyager c’est vivre et une vie sans mots n’est-ce pas triste un peu? Et un mot sans vie, ce n’est pas du jeu!

Ou comment te dire sans en faire trop
Que ce voyage ne sera fait que de mots

Olivier Rochat

 

Notre dernier Tango

Km 41’909, Lomé, Togo

-C’est un soldat sans peur
Mais un soldat sans arme
Qui aujourd’hui se meurt
Et pour lequel je verse(t) une larme-

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C’est un soldat sans peur Mais un soldat sans arme Qui aujourd’hui se meurt Et pour lequel je verse(t) une larme

Demain je vais laisser celui qui fut mon compagnon de route pour près de 50’000 km, dont 36’000 en Afrique. Celui qui fut presque un confident dans mes évasion alpine d’alors. Puis en Afrique peut-être plus un moyen de transport. Celui que j’appelais -et appellerai encore- Cargo.

Aujourd’hui c’est notre dernier jour ensemble et il est dans un sale état, cadre fracturé à nouveau. Indisponible pour tout déplacements. Je l’abandonne à Lomé, reprenant ma route pour le Ghana voisin.

Aussi en le laissant derrière moi je lui laisse ce mot, comme une dernière danse, un dernier Tango et, je pense, un dernier tableau. Comme une dernière aventure. Avec les mots. Comme pédaler une belle peinture.

Voici donc, juste avant de quitter Lomé, NOTRE DERNIER TANGO.

Après quoi il sera temps de reprendre la route et de baptiser mon nouveau compagnon…

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NOTRE DERNIER TANGO

Par un matin printemps
Une rencontre à deux communs
Un peu comme défier le temps
Faire de la route un beau dessin

Chevauchée fantastique
Evasion dans l’espace temps
C’est vivre le magique
C’est danser, oui danser avec le temps

Puis s’en aller défier la vie
Voir un peu ceux qui s’y cachent
De l’espoir qu’on nous dit
Apprendre aussi à être cash

Aimer le beau et écrire ce qu’on en fait
Vivre le présent et l’aujourd’hui
Et l’écrire à l’imparfait
Et écrire l’infini

Et jouer avec la vie
Tout en jouant avec les mots
Répondre à l’impossible par un oui
Et lui, ce sera Cargo…

Et moi je serai moi
Et lui et moi on sera nous
Ensemble on s’évadera
Sur la Lune, sous l’océan et puis partout

 

A lui qui fut temps go
Contre le temps qui va
A lui qui fut Cargo
Mais qui aussi passa

Qui fut col tout temps décolle
De lacets en lacets
Du pied jusqu’aux sommets
Tout ça pour une école…

Par notre amour qui fut de route
Par ses roues qui furent mon chant
Contre le cri de nos déroutes
Sur les chemins qui furent d’allant

A lui qui fut temps go
Ici partout jusqu’aujourd’hui
Mon cheval aussi mon mot
Même si hier il fut mon cri

Pour chanter contre nos peurs
Et écrire contre le temps
Pour lutter contre terreur
Par les mots qui sont vaillants

Par les mots qui sont des armes
Contre la haine et la mitraille
Pour ne pas céder malgré nos larmes
Oui la route, mon champ de bataille

A lui qui fut temps go
Ma maison c’est l’ailleurs
Toujours plein mais jamais trop
Pour le dire et le meilleur

C’est un soldat sans peur
Mais un soldat sans arme
Qui aujourd’hui se meurt
Et pour lequel je verse(t) une larme

De nos jours qui furent de vie
Plein de doutes mais pas d’ennui(s)
De nos nuits qui furent d’étoiles
Parfois noire mais jamais pâle

A lui qui fut temps go
Par les Alpes et par la pluie
Du Sahara jusqu’au Congo
Aux paysages qu’on envie

Par la boue enfin le beau
Et qui déjà affronte l’oubli
A Lomé par le Togo
Tu sais là-bas, lointain pays

Voici notre dernier cri, en quelques mots,
C’est comme peindre une aventure
Un poème un beau tableau
Comme pédaler une belle peinture

Ce soir notre dernier Tango
Notre dernière danse et sans entracte
C’est danser, je pense, avec les mots
Avec Cargo, un dernier acte

Dernier parfait dernier tableau
Dernier présent bien qu’imparfait
Pour un futur encore plus beau
Pour se dire un jour oui qu’on y était

Qu’il était machine et moi ben l’homme
Le cheval et le soldat
Une entente qui se forme
Pour aborder oui la vie qui va

A lui qui fut temps go
Qui fut mon cri puis mon écrit
Qui fut l’enfance et l’innocence
De l’Europe jusqu’en Afrique

Qui fut galope mais pas trop fric
A qui je dit adieu bonne nuit
A qui j’écrit ce simple mot contre l’oubli
Que j’espère, dames et sir, vous lirez pour lui

Que j’espère, des larmes au rires, vous vivrez pour vous

A Cargo
Olivier Rochat

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En de bonnes main au Togo. En l’occurrence celle de Raoul.

Olivier Rochat

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Pas de Gabon, mais un nouveau compagnon

Km 34’348, Mossendjo, Congo-Brazzaville.

Toujours à la découverte du Congo-Brazzaville, j’ai passé 10 jours avec Pedro, un cycliste espagnol qui, comme moi, fait un tour d’Afrique à vélo et dans le sens des aiguilles d’une montre. Nous nous étions précedemment rencontré à Windhoek, en Namibie, mais cette fois c’est à Mbinda, un gros village à 7 km du Gabon, que nous nous sommes retrouvé, près de 3  mois après notre première rencontre. La frontière étant toujours fermée depuis les élections de fin août, nous avons décidé de revenir sur nos pas. En direction de Brazzaville pour y faire nos visas pour le Cameroun.

Voici quelques photos et mes impressions, écrites sur la route et mises en page aujourd’hui, sur le fait de retrouver un compagnon de route pour plusieurs jours après plus de 15 mois  d’itinérance solitaire.

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J’ai passé 10 jours avec Pedro, un cycliste espagnol qui, comme moi, fait un tour d’Afrique à vélo

* « Nous nous sommes disparus
Comme un marin qui prend les nues
Pour l’océan …
Et qui s’enfonce au fond de l’eau
L’amour emporté par les flots
Les flots du temps…
Nous aurions pu nous unir mieux
Comme on dit « s’unir devant Dieu « 
La mascarade …
Non moi ne m’a jamais tenté
Oui que la sincère amitié
Des camarades » 

Sauvage, souriante et authentique, l’aventure continue au Congo-Brazzaville.

En effet en rejoignant la frontière gabonaise entre Mbinda (Congo-Brazzaville) et Moanda (Gabon), je me retrouve face à l’impossibilité de rentrer au Gabon. Suites aux élections de fin août les frontières ont été fermée. Pourtant à l’ambassade du Gabon à Brazzaville, où j’ai obtenu mon visa, on m’avait dit -et certifié- qu’elles étaient déjà ouvertes, alors que ce n’était visiblement toujours pas le cas 5 semaines après les élections.

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En jouant avec les enfants durant l’attente à Mbinda

Après 3 journées d’attente et de repos, nous reprenons la route en sens inverse. Nous revenons donc sur nos pas.

Oui je dis « nous » puisqu’à défaut de Gabon, j’ai gagné un nouveau compagnon. C’est dorénavant avec Pedro que je continue ma route en Afrique.

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C’est dorénavant avec Pedro que je continue ma route en Afrique.

Pedro c’est un voyageur espagnol qui est parti de Madrid 3 mois avant mois avec une idée sensiblement similaire à la mienne : un Tour d’Afrique à vélo et dans le sens des aiguilles d’une montre. Et sans date de retour. Il était donc normal que nous nous rencontrions et cela aurait pu se faire bien plus tôt, même s’îl en fut autrement.

Pour comprendre notre histoire commune, remontons donc un peu le temps :

Novembre 2014 : Pedro entre en Afrique quelques jours avant moi. Nous n’avons alors aucune connaissance l’un envers l’autre.   

                                                                                 

Janvier 2015 : Lorsque j’entre au Soudan, le 21 janvier 2015, je ne sais pas encore que Pedro y es entré 5 jours auparavant. Un mois plus tard, j’entre en Ethiopie. Sur la route, le jour précédent mon entrée en Ethiopie, je dors dans le village de Doka, quelques dizaines de kilomètres avant la frontière. Il s’agit là de ma dernière nuit au Soudan. Dans le village on me dit que deux cyclistes me précèdent d’un jour. L’un deux est Pedro. Mais sans moyen de se contacter, nos chemins s’éloignent. Pedro pédale avec Niguel, un voyageur néo-zélandais que j’avais rencontré brièvement à Aswan. Les deux cyclistent décident de partir au nord de l’Ethiopie, ou peu de cyclistes se rendent. Je décide de passer par le centre du pays, pensant les rattraper à Addis Abeba. Je rejoindrai Addis Abeba bien avant eux.

Mars 2015: 5 semaines après y être entré, je quitte l’Ethiopie, partagé entre le pire et le meilleur, alors que Pedro y restera 5 semaines de plus.

Avril 2016: Notre histoire aurait bien pu s’arrêter là mais 13 mois plus tard, alors que je suis accueilli par Grant à Lady Grey (Afrique du Sud) de la communauté Warmshowers, je revient sur les traces de Pedro que Grant à également accueilli 1 mois plus tôt. Il me dit que Pedro effectue lui aussi un Tour d’Afrique (je l’ignorais à l’époque) et ne compte pas s’arrêter au Cap comme la plupart des voyageurs cyclistes le font. Il est, à ce moment du voyage comme aujourd’hui encore, le seul voyageur que je connais étant en train de remonter du Cap au Maroc à vélo, dans les mêmes dates (environs), que moi. Il y en a peut-être d’autres, mais c’est là la meilleure occasion – et peut-être bien la seul?- d’avoir un compagnon de route ces prochains mois.

Juin 2016: Mon visa sud-africain terminé, je quitte le pays en bus, du Cap jusqu’à la frontière namibienne, rattrapant un peu de mon retard sur Pedro. Après quelques hasards, finalement c’est à Windhoek, capitale de la Namibie, que je rencontre enfin Pedro. Cette fois nous comptons bien continuer ensemble, en direction de l’Afrique centrale. Mais la bien mystérieuse administration angolaise en décidera autrement. Sans visa, je suis obligé de contourner l’Angola alors que Pedro a, lui, eu son visa. Mais le rythme de route de l’un et les tentatives répétitives et avortées de l’autre -pour obtenir le visa angolais- finiront par nous permettre de nous retrouver au Congo-Brazzaville, à 7 km de la frontière gabonaise qui ne nous laissera pas passer.

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C’est à 7 km de la frontière gabonaise que nous effectuons nos premiers km ensemble

Nous revenons sur nos pas

Me voici maintenant avec un nouveau compagnon de route, pour la première fois depuis plus de 15 mois et la venue de mon frère pour m’accompagner durant 3 semaines en Tanzanie. Tous les cyclistes voyageurs ne recherchent pas la même chose et pour ma part, entrer en Afrique seul m’a permis, ou obligé, de devoir faire des efforts d’intégration. De devoir aller vers les autres, sans avoir personne sur qui compter, ou pour faire le travail à ma place. Si je veux parler à quelqu’un, ce sera avec les locaux. En étant accompagné, comme je l’avais été avec Stephan ou mon frère en 2015, j’ai trouvé que le rapport avec les pays traversé était très différent.  Sans s’en rendre compte, on peut rester plus distant des populations locales (ce ne sera bien sûr pas toujours le cas) en passant l’entier de nos discussions avec no(tre)s partenaire(s). Voyager à plusieurs à ses avantages et désavantages, de même que voyager seul.

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Les collines incessantes dans la forêt tropicale

Mais en choisissant de partir seul, bien conscient que je ne rencontrerais pas des milliers de voyageurs -et si tel était le cas rien n’indiquait que nous nous entendrions suffisamment bien pour passer plus de quelques jours ensemble- je savais que je passerai beaucoup de temps avec moi-même. Durant ce voyage et bien qu’en Afrique nous ne sommes finalement jamais seul, les nuits tombent relativement tôt durant toute l’année (entre 17h et 19h pour ma part), obligeant à trouver un endroit pour dormir. Lorsque je dors dans le bush, il m’arrive d’avoir fini ma toilette, ma cuisine, vers les 19 heures, peut-être même avant. Sans électricité, dans la nuit, il me reste plus de 10 heures a passé, à attendre. Réfléchir. Dormir.

Pédaler seul c’est aussi une manière d’avancer à laquelle je suis habitué depuis longtemps, et à laquelle j’ai du, petit à petit, me réhabituer dans ce voyage.  Pédaler sur son temps libre n’a pas grand chose en commun avec voyager pour plusieurs années à vélo. Si l’un sera plus une évasion, un changement au quotidien souvent blasant de notre existence, l’autre devient, au fil du temps, un nouveau  mode vie. Au contraire de l’évasion, ou encore de l’oubli de mes problèmes le temps d’une sortie à vélo, ce voyage est pour moi l’occasion de me retrouver. De me découvrir d’une manière beaucoup plus forte et honnête que je ne l’ai jamais faite auparavant, et que peut-être je ne ferai plus. Mes problèmes n’ont pas été fui, ils ont été affronté. J’ai du les comprendre, comprendre leur source si besoin, puis petit à petit ils ont disparu, laissant place à une réalité bien plus simple. Celle du quotidien du voyageur cycliste qui me permet de revenir à l’essentiel. M’alimenter. Dormir. Me laver. Sourire, aimer. Se distraire. Vivre.

Un problème? Ah bon…

Et si certains peuvent naturellement penser que voyager c’est un peu une manière de se déresponsabiliser -de mes « devoirs sociaux » par exemple-, il en fut tout le contraire. Car avant de vouloir créer une famille ou changer le monde et se responsabiliser vis à vis de ces tâches, il est bien de se responsabiliser vis à vis de soi-même.  De s’aimer soi-même avant de chercher à en aimer un/e autre. L’amour nous appartient. Pas notre partenaire.

* « Pauvres de leur cupidité
sont ceux qui s’échinent à garder
L’autre pour soi ..
Au diable les rêveurs qui
Ne tenant pas debout se lient
Les coeurs en croix
Au diable leur stupidité
Car même à deux nous ne sommes faits
Ouais que de soi…
Sûr que de soi … »

J’aime parfois dire qu’en effectuant un seul Tour d’Afrique, des « tours de moi-même » j’en ai fait des dizaines. En fait en moins de 6 mois, sans même chercher à le faire, le travail « thérapeutique » qui s’est opéré régulièrement dès le premier jour de mon voyage – et même dès que j’ai mis une date sur mon jour de départ, 6 mois avant ce dernier- a été bien plus grand que n’aurait même pu l’espérer un psy sur 6 ans de thérapie. Au fil du temps  j’ai trouvé réponse à mes questions, à mes soi-disant problèmes, pour la plupart imaginaires comme le sont la plupart des vôtres,  et ces derniers mois j’ai souvent eu l’impression d’avoir trouvé une nouvelle vision du monde, et surtout de moi-même, de mon existence. Une vision plus simple et légère. En simplifiant le matériel qui m’entoure,  j’ai aussi enrichi le spirituel qui m’habite. Qui nous habite tous. La plupart de mes journées sont simples. Mais elles comblent bien plus que mes besoins. Ces derniers ont diminué. Au final une certaine tristesse, mélancolie avec laquelle je suis né, j’ai grandi, s’en est comme allée. Remplacée par autre chose, comme un bonheur qui est juste là. Partout, toujours. Le bonheur d’être et d’exister. Peut-être aidé par la confiance en soit.

Beaucoup d’amis cyclistes, lorsqu’ils me font part de leur expérience de voyageur, m’expliquent avoir traversé une phase de haut, au début de leur voyage, puis des phases plus basses, enfin plus hautes.  Ce ne fut pas le cas pour moi. J’ai traversé ce voyage, que je traverse encore d’ailleurs, comme si j’étais parti du fond de l’océan, coincé dans les profondeurs avec un boulet accroché au pied. Gentiment mais sûrement, sans vraiment m’en rendre compte, j’ai trouvé le moyen de me délester du boulet qui me coinçait dans les profondeurs. Alors j’ai commencé à remonter, petit à petit, jusqu’à retrouver la surface de l’eau. Emporté par le vent, l’élan, à un moment donné j’aurai pu m’envoler, mais sachant que ne sachant pas voler je retomberait durement à la surface de l’eau, comme souvent par le passé, je suis resté à la surface, me laissant emporté par le courant de l’eau. Parfois fort, parfois doux. Rencontrant de temps à autres d’autres courants, parfois tumultueux, parfois franchement ennuyant, et acceptant un certain ennui à d’autres instants. Laissant passer les tempêtes. Apprenant, dans les faits, à m’adapter au courant de l’eau. Sans chercher ni à m’envoler, ni à faire de la plongée sous-marine.

Comme une montée timide mais incessante, qui se stabilise, enfin, dans un environnement qui est le sien. Sans addiction ni émotion exagérée.

Aujourd’hui mes problèmes d’hier, ceux qui peuplaient mon quotidien au début de mon voyage, ont disparu. Comme happé par le temps que j’ai su apprécier. Que chaque jour j’apprends à aimer. Le temps n’est pas mon ennemi, malgré ce qu’on nous apprend dans nos écoles. Mais à ce stade de mon existence physique, c’est à travers lui que je vis, que je vois. Que je ressens et que j’évolue. Le temps occupe chaque particule de mon existence et je dois faire avec. Physiquement je n’ai de solution.  Spirituellement je m’aime ainsi. Ne pas l’aimer équivaudrai à ne pas m’aimer. Etre son ennemi équivaudrai à être mon propre ennemi. Aujourd’hui, le temps, je le prend par la main.

J’apprend à apprecier le courant de l’eau. Car l’eau, c’est la vie.

 

J’ai parfois eu le sentiment d’avoir touché le bonheur

Un bonheur léger comme celui des enfants, mais qui se doit de rester vigilant car loin des parents. Un bonheur sans stress ni attente particulière. Le bonheur de revenir à l’essentiel et de prendre le surplus comme un cadeau, un petit plus. Celui d’avoir de l’électricité de 18 h à 22 heures lorsque nous passons la nuit -avec Pedro- dans une mission. Celui de regarder les match de foot le dimanche après-midi au cinéma du village et pleins d’autres encore qui font qu’être heureux, au fond, c’est très simple. C’est peut-être là qu’il se cache le bonheur. Dans la simplicité. Dans l’authenticité. Peut-être ne faut-il pas le chercher, plutôt le laisser s’exprimer, exister.

Et  surtout ne pas le rechercher. Il ne se cache pas.

Mais en découvrant le Congo-Brazzaville, je me suis aussi aperçu qu’une certaine fatigue s’était installée dans mon quotidien. Pas celle des jambes mais celle d’être, sans arrêt, un blanc parmi les noirs. Un différent qui ne laisse personne indifférent. Avec les avantages et les inconvénients que ça comporte. Car voyager en Afrique, opinion personnel, demande une certaine énergie, majoritairement dans les rapports humains. Une énergie journalière, répétitive. En voyageant comme je le fais j’ai la chance de découvrir une Afrique que tout le monde n’a pas l’occasion de connaître, au rythme de mon vélo. Et la simplicité que ce dernier m’apporte, autant spirituellement que matériellement. Mais bien qu’aujourd’hui je me rende compte que l’Afrique va terriblement me manquer le jour où je vais la quitter, je me dois d’admettre que l’égalité y est utopique. Je suis toujours un blanc. Un blanc à vélo, un blanc comme çi ou comme ça, que l’on aime ou que l’on n’aime pas. Mais un blanc avant tout. Un Mundélé, un Mzungu, un Farenji. Et si un jour j’ai besoin de parler, je n’ai personne.

En tant que blanc, ici je représente l’argent à tel point que certains africains, bien mieux lotis financièrement que moi, vont me voir comme une chance d’accéder à la richesse. J’ai parfois l’impression que l’un des plus gros problèmes de l’Afrique c’est qu’aujourd’hui elle ne croit pas en elle. Son potentiel, pourtant, est gigantesque. Bien sûr, personne n’a jamais vraiment joué le jeu avec l’Afrique. Mais aujourd’hui le complexe d’infériorité -par rapport aux blancs-, inconscient, qui habite bon nombre d’africain, est effrayant. J’ai rencontré beaucoup d’africain qui n’étaient pas pauvres (matériellement parlant) mais qui croyaient l’être. Un congolais (de RDC) m’avait dit en Zambie:

« Dieu nous a donné la richesse les terres les plus riches-, mais l’intelligencel’exploitation de cette richesse-, il l’a donnée aux blancs ». 

Avant d’ajouter que l’indépendance du pays, acquise en 1960, était venue beaucoup trop tôt. Alors que cette dernière est venue après plus de 4 siècles de l’un des génocides les plus inhumains -l’escalavage- qui a littérallement sucé l’Afrique de tout dévelopement positif –.naturel et culturel-  et 1 siècles de colonie prônant la haine et le classement des races, mettant les « races d’Afrique » entre l’animal et la « simple » infériorité, dans le meilleur des cas.  Soit beaucoup trop tard.

Alors que ce « classement » a perduré jusque dans les années ’90 (oui j’étais déjà né) en Afrique du Sud avec l’apartheid que certains (j’en ai rencontré) défendent encore.

Un « classement » qui perdure encore dans bon nombre de conscience (médiatique, politique…), lorsqu’il ne s’agit pas d’inconscience (le noir est un migrant, le blanc un expatrié).

En retrouvant Pedro je retrouve donc un blanc comme moi, voyageur qui plus est. Plus âgé aussi, et donc certainement plus expérimenté. Mais je retrouve surtout une épaule sur laquelle me reposer, et cette impression de facilité, celle où tout va bien se passer. Et quelqu’un à qui parler, avec qui partager. Car si le bonheur est d’exister, autant le partager.

* « Mon amour j’ai pas su tenir
Les promesses du devenir
Un avec toi
J’ai plus que moi-même à qui dire
Qu’il est triste mon triste empire
Qu’il est triste sans toi
Quel océan vers quel abîme
Dis-moi où mène ce chemin
Où tu n’es pas ?
Car si l’on ne meurt pas d’amour
Je peux te dire qu’il est certain
Qu’on meurt de toi

Qu’on meurt de toi … »
*= parole de la chanson « On meurt de toi », de Damien Saez
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Olivier Rochat