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Notre dernier Tango

Km 41’909, Lomé, Togo

-C’est un soldat sans peur
Mais un soldat sans arme
Qui aujourd’hui se meurt
Et pour lequel je verse(t) une larme-

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C’est un soldat sans peur Mais un soldat sans arme Qui aujourd’hui se meurt Et pour lequel je verse(t) une larme

Demain je vais laisser celui qui fut mon compagnon de route pour près de 50’000 km, dont 36’000 en Afrique. Celui qui fut presque un confident dans mes évasion alpine d’alors. Puis en Afrique peut-être plus un moyen de transport. Celui que j’appelais -et appellerai encore- Cargo.

Aujourd’hui c’est notre dernier jour ensemble et il est dans un sale état, cadre fracturé à nouveau. Indisponible pour tout déplacements. Je l’abandonne à Lomé, reprenant ma route pour le Ghana voisin.

Aussi en le laissant derrière moi je lui laisse ce mot, comme une dernière danse, un dernier Tango et, je pense, un dernier tableau. Comme une dernière aventure. Avec les mots. Comme pédaler une belle peinture.

Voici donc, juste avant de quitter Lomé, NOTRE DERNIER TANGO.

Après quoi il sera temps de reprendre la route et de baptiser mon nouveau compagnon…

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NOTRE DERNIER TANGO

Par un matin printemps
Une rencontre à deux communs
Un peu comme défier le temps
Faire de la route un beau dessin

Chevauchée fantastique
Evasion dans l’espace temps
C’est vivre le magique
C’est danser, oui danser avec le temps

Puis s’en aller défier la vie
Voir un peu ceux qui s’y cachent
De l’espoir qu’on nous dit
Apprendre aussi à être cash

Aimer le beau et écrire ce qu’on en fait
Vivre le présent et l’aujourd’hui
Et l’écrire à l’imparfait
Et écrire l’infini

Et jouer avec la vie
Tout en jouant avec les mots
Répondre à l’impossible par un oui
Et lui, ce sera Cargo…

Et moi je serai moi
Et lui et moi on sera nous
Ensemble on s’évadera
Sur la Lune, sous l’océan et puis partout

 

A lui qui fut temps go
Contre le temps qui va
A lui qui fut Cargo
Mais qui aussi passa

Qui fut col tout temps décolle
De lacets en lacets
Du pied jusqu’aux sommets
Tout ça pour une école…

Par notre amour qui fut de route
Par ses roues qui furent mon chant
Contre le cri de nos déroutes
Sur les chemins qui furent d’allant

A lui qui fut temps go
Ici partout jusqu’aujourd’hui
Mon cheval aussi mon mot
Même si hier il fut mon cri

Pour chanter contre nos peurs
Et écrire contre le temps
Pour lutter contre terreur
Par les mots qui sont vaillants

Par les mots qui sont des armes
Contre la haine et la mitraille
Pour ne pas céder malgré nos larmes
Oui la route, mon champ de bataille

A lui qui fut temps go
Ma maison c’est l’ailleurs
Toujours plein mais jamais trop
Pour le dire et le meilleur

C’est un soldat sans peur
Mais un soldat sans arme
Qui aujourd’hui se meurt
Et pour lequel je verse(t) une larme

De nos jours qui furent de vie
Plein de doutes mais pas d’ennui(s)
De nos nuits qui furent d’étoiles
Parfois noire mais jamais pâle

A lui qui fut temps go
Par les Alpes et par la pluie
Du Sahara jusqu’au Congo
Aux paysages qu’on envie

Par la boue enfin le beau
Et qui déjà affronte l’oubli
A Lomé par le Togo
Tu sais là-bas, lointain pays

Voici notre dernier cri, en quelques mots,
C’est comme peindre une aventure
Un poème un beau tableau
Comme pédaler une belle peinture

Ce soir notre dernier Tango
Notre dernière danse et sans entracte
C’est danser, je pense, avec les mots
Avec Cargo, un dernier acte

Dernier parfait dernier tableau
Dernier présent bien qu’imparfait
Pour un futur encore plus beau
Pour se dire un jour oui qu’on y était

Qu’il était machine et moi ben l’homme
Le cheval et le soldat
Une entente qui se forme
Pour aborder oui la vie qui va

A lui qui fut temps go
Qui fut mon cri puis mon écrit
Qui fut l’enfance et l’innocence
De l’Europe jusqu’en Afrique

Qui fut galope mais pas trop fric
A qui je dit adieu bonne nuit
A qui j’écrit ce simple mot contre l’oubli
Que j’espère, dames et sir, vous lirez pour lui

Que j’espère, des larmes au rires, vous vivrez pour vous

A Cargo
Olivier Rochat

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En de bonnes main au Togo. En l’occurrence celle de Raoul.

Olivier Rochat

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Hatay… Avion… Africa

Km 5909, Hatay Airport, Türkiye.

5909 kilomètres, 9 pays, 79 jours… 11 langues, nationales, 30 cols, deux continents (…), 3 crevaisons, deux associations : une école. Mais surtout une seule humanité ! Entre la découverte de soi et celle d’un monde, entre solitude et solution, l’accueil des gens, effort et réconfort, le pour et le contre, entre le rêve et la guerre, en plein dans l’attente: l’aéroport. Celui d’Hatay. La tente est pliée dans un carton en attendant d’arriver à bon port. Avec tout le reste…

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Adieu Turquie, Cargo dans un carton

Cargo est lui aussi rangé dans un carton. Guidon dévissé et ranger le long du cadre, pédale enlevée, pneus dégonflés et enlevés également. La frontière syrienne la plus proche est à 30 kilomètre à peine, suffisant peu pour le souligner. La méditerranée version tourisme est à moins de 100 kilomètres… Mais à Hatay, à la fois proche de l’enfer et du paradis, les extrêmes ne se voient pas vraiment. Il y a bien quelques gamins syriens qui mandient. En bordure de la ville j’ai pu voir quelques petit camps de réfugiés mais mis à part ça Hatay reste paisible et bizarrement, peut-être l’une des villes les plus accueillantes de mon voyage. Chaque sourire débouche sur un fou rire… et comme ceux-ci sont omniprésents… Pas d’occidentaux à l’horizon si ce n’est cette québécoise, travaillant pour une ONG venant en aide aux réfugiés syriens, avec qui je partage mon repas chez soeur Barbara. Venue d’Allemagne, soeur Barbara, elle, accueille pèlerins et touristes dans sa maison, appelé « maison de la paix ». Lieu de rencontre et de partage entre croyant de toute religions. C’est donc chez soeur Barbara que j’ai passé, hier soir, ma dernière nuit en Turquie. La 34ème ! Dans la vieille ville d’Hatay. Lire la suite

Adieu Europe!

Km 3’928, Istanbul, Türkiye.

Me voici donc au coeur d’Istanbul. Je me trouve le long du Bosphore, à Besiktas. Il y a cet énorme pont que j’aperçois au loin. Il traverse le Bosphore et de l’autre côté, c’est l’Asie… Je veux dire par là qu’à gauche c’est l’Europe et qu’à droite c’est l’Asie. Demain, en quittant Istanbul, ou même avant, en traversant le Bosphore, ce sera donc l’Asie!

 Moi je rêvais de liberté. Mais ce soir là j’ai mis quelques instants avant de comprendre.

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Elle tenait à peine debout, du haut de sa vieillesse. Les cheveux blancs, les yeux perçants, la sagesse dans l’âme. Elle était fébrile, maigre. Et tellement pauvre.
Elle tenait dans la main gauche un sac en plastique qui contenait quelques nourritures. A peine de quoi survivre quelques jours. Sa main droite elle la tenait bien haute, l’index en pointe. Comme pour signifier le « un ». Le « un » de solitude. Le mien. La mienne…     

Elle versait une petite larme et, en me regardant droit dans les yeux, elle me parlait dans un bulgare juste et fort, mais à mes oreilles totalement incompréhensibles. Ce soir là, dans ce immeuble branlant de Zvezdet, à la sortie des Balkans, elle me pris pour son fils… Ou son petit fils. Moi je mis quelques instant à comprendre que dans son cri ce n’était pas sa pauvreté qu’elle pleurait, mais la mienne. Car qu’y a t’il de plus pauvre que l’homme seul ? Lire la suite

Bulgaria and the Black sea

 Km 3366, Shabla, Bulgarie.

BULGARIA!!! Vent de face mais d’une allure planétaire j’y suis quand même arrivé en Bulgarie!

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Me voici donc à Shabla dans la campagne bulgare. La mer Noire est là en contre bas sur ma gauche…

Entre deux chiens errants la douane. Enfin! Faim de nouveauté pour retrouver la flamme à défaut de flemme. Ils étaient trois à me courir après côté roumain. Trois chiens errants et rien d’autre pour dire adieu sans autre à ce périple roumain. Tout un symbole. Il y avait deux petits morveux guère dangereux malgré eux et le troisième était plus gras et souffrait de son poids. Excité par mes roues ils se battaient contre son coeur mais avec bon coeur pour tenir la cadence. Enfin la mienne. Pourtant je n’allais pas vite… Lire la suite

Moldova

Km 2998, Cahul, Moldova!!!

Vasilii Tabac (c’est son nom) m’a payé un café à la station service « Lukoil » où je recharge mon portable. Il est pompiste (Vasilii donc) et moi (donc lui aussi) je suis a Cahul, en Moldavie! Le silence est d’or même si personne ne dors et y a cette monstrueuse Limousine incohérente qui essaie de se déplacer et pas de bol ça monte! La route monte. Bizarre la Moldavie!

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Cahul, Moldova (au loin)!

Cargo, lui,  se fait petit donc moi aussi heureusement Vasilii (encore lui) à l’air perdu mais bien gentil d’où cet écrit souris d’ici, en Moldavie! Depuis une station service « Lukoil » au milieu de Cahul, en Moldavie donc. Vasilii, lui, n’a pas finis sa bière. Le client attend… il attendra m’a fois! » Lire la suite