Km 31’616, Fish River Canyon, Namibie.
-La Namibie dans tous ces états ce matin…-
Un peu plus de 3 mois avoir quitté la Namibie, me voici de retour dans ce beau et vaste pays d’Afrique australe, le 2ème pays le moins dense au monde après la Mongolie.
De retour dans le désert
Cette entrée en Namibie, la troisième, fut vécue comme une grosse bouffée d’oxygène.
En sortant du bus parti du Cap voici 3 jours déjà, peu avant minuit, je pouvais penser que trouver un lieu où dormir aurait pu être compliqué. Il n’en fut rien, plantant simplement ma tente derrière cette grosse station service où le bus m’avait laissé. C’est même accompagné d’un backpackers israélien, partageant nos histoires personnelles, que la nuit débuta.
Impensable en Afrique du Sud voisine où tant de fois on m’aura dit que je risquais ma vie sur la route, alors de là à planter sa tente derrière une station service ouverte toute la nuit. La petite dizaine de bivouac que j’y aurai fait auront tous été planqué quelque part entre deux grillages. A une exception près, certes magnifique. Ici en Namibie c’est plus calme.
J’en ai presque l’impression de sortir de prison.
Dès le premier jour, sans transition, les distances refont leur apparition, les pistes également.
C’est bientôt un petit groupe d’Oryx qui côtoie mes roues, puis enfin des Springbok ce matin qui me coupent la route, une cinquantaine de mètres en face de moi.
La nature est bien là, tout autour de moi mais elle est contrôlée par le tourisme. Ainsi presque tous mes points d’eau sont des lodges ou ce qui les entourent. La majorité des gens que je croisent sont des touristes ou ceux qui s’en occupe.
Ça coupe la solitude, c’est vrai, mais en « m’aventurant » pour aller voir le fish river canyon, 2eme plus grand canyon du monde, on me demande 80 rands (5 $). Certes j’ai vu pire… mais c’est juste une vue bordel.
Vue magnifique certes.
Alors j’en viens a plaisanter avec la dame qui me donne le billet en m’expliquant qu’il est valable 24h: « super je dormirai dans le canyon! »
« Tu peux mais l’amende te coûtera 3000 rands » (200 $) continue t’elle, plus vraiment souriante. « Et ce sera pareil autour. »
200 $ dollars pour dormir dans le désert…
Au bonhomme qui m’explique qu’il y a des lodges et que le désert est trop dangereux je sors ma carte et lui montre mes bivouac lors de mon premier passage, au nord de la Namibie.
Avant de terminer: « le plus grand danger sur Terre c’est l’homme. Autant s’isoler », un brin provocateur sachant que piqué par un Scorpion je ne survivrai pas longtemps
Visiblement il n’a pas aimé. Business is business. Le temps c’est de l’argent.
Je le rassurerai en lui expliquant que je dormirai au prochain campsite, 65 km plus loin.
Impossible, il fera nuit dans 1h30… j’avance a moins de 20 km/h.
Je dormirai dans le désert mais je suis le seul à le savoir. L’argent c’est du temps. Et jai plus de temps que d’argent en ce moment.
Sans importance ma route sors de la réserve et je retrouve mes droits, quelques part ma liberté.
Les paysages sont toujours là. J’avance maintenant de colline en colline sur cette route tantôt bonne tantôt templi de ces petites bosses horribles.
A la manière ou l’on franchit des vagues je fonce dedans, lentement. Petits choc interminable.
Mais lorsque la route s’améliore j’avance vite, et lorsque le vent m’accompagne, je vole à moitié.
Je survol maintenant cette plaine magnifique, je s… « Braaam »…
Quel merde putain ces ondulations. Me voici par terre. Le nez dans la poussière. Vite vite mon vélo, mon appareil photo!
Ouf tout fonctionne, plus de poussière que de mal. Je messuie le front avec la main droite.
Une main qui a du rouge..rouge comme le SANG!!!
C’est le genou qui a pris. Heureusement pas grand chose. je m’arrête, pense à moi, panse le genou.
De toute façon je n’ai rien d’autre à faire. Un bisou au genou. Le pauvre en a vu d’autre.
Déjà ça ne coule plus. Ici ca sèche a une vitesse. J’ai fait ma lessive hier soir en pleine nuit (!), ce matin tout était sec.
Je plaisante. Ensuite je désinfecte.
Une voiture s’arrête. Tout va bien. Bravo pour votre voyage. All the best.
Et gentiment je reprend mon chemin
Je suis le monde, je suis le roi.
Je suis en Namibie.
Ça tombe bien puisque j’aime ça…
Olivier Rochat