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Première neige

Km 57’742, Taliouine, Maroc.

Je rêvais de retrouver montagnes, je suis servi.

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Je rêvais de retrouver montagnes, je suis servi.

En effet depuis 650 kilomètres que je pédale dans l’Atlas je cumule les cols les uns après les autres. Au fond de gorges étroites où se cachent oasis d’où l’on sort par une route serpentant falaises, au haut de plateau rocailleux où le vent souffle tout, côtoyant quelques proches sommets où la route serpente comme elle le peut où elle le peut et l’air y est glacial, accompagné par les amandiers en fleurs puis par les palmeraies, paysages et flores varient inlassablement, m’offrant tour à tour quelques uns des 1’000 villages du Maroc.

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accompagné par les amandiers en fleurs puis par les palmeraies, paysages et flores varient inlassablement

Pourtant depuis hier une situation retient mon attention plus que d’accoutumée: la neige.

Cette neige que j’aperçois, de loin certes, avec un amusement non dissimulé. Après celle du Kilimandjaro (Tanzanie) puis les quelques flocons du Malhasela pass (Lesotho), c’est la troisième fois que j’en aperçois en Afrique lorsque se dresse en face de moi, à une centaine de kilomètres, le Djebel Toubkal, plus haut sommet marocain. Mais si la beauté des sommets enneigés m’attire vers elle, c’est aussi le froid qu’il me faut affronter.

c'est la troisième fois que j'en aperçois en Afrique lorsque se dresse en face de moi, à une centaine de kilomètres, le Djebel Toubkal, plus haut sommet marocain.

c’est la troisième fois que j’en aperçois en Afrique lorsque se dresse en face de moi, à une centaine de kilomètres, le Djebel Toubkal, plus haut sommet marocain.

Pourtant bien loin des extrêmes, les températures restant constamment positives, me voici vêtu de gants, bonnets, chaussettes, écharpes et vestes chaudes pour affronter ce climat qui, bien que plus doux que celui d’où je viens et avait l’habitude de pédaler (les alpes), ne m’est plus du tout familier. Mais alors plus du tout.

Durant la majorité de mes 40 mois passés en Afrique climats et paysages furent répétitif mais marqué par une variante principale : saison sèche et saisons des pluies. Seules quelques exceptions sont venues casser la routine alors que j’ai eu droit, en tout et pour tout, à une dizaine de nuits de gels, toutes durant l’hiver australe lors de mes excursions de différents plateaux ou massifs montagneux en Tanzanie, Malawi, Lesotho, Afrique du sud ou Namibie (record-7°C à Windhoek, Namibie, juillet 2016).

Si les Afrique de l’est et australes sont composées de nombreux plateaux d’altitude où les nuits sont parfois très fraîches, cette sensation de répétition fût bien plus réel lors des 18 derniers mois, partagés entre Afrique de l’ouest et Afrique centrale, régions quasiment dépourvues de montages et de plateaux d’altitude où les températures ne varient que peu de saisons en saisons. Il m’a fallu plus de 9 mois en Afrique de l’ouest pour utiliser pour la 1ère fois mon sac de couchage..

Dans certains pays tropicaux l’amplitude thermique est quasi nulle, de quelques degré à peine. Du mois le plus chaud au mois le plus froid, la différence moyenne n’excède pas 5°C, parfois moins, alors que la nuit la plus froide de l’année sera d’à peine 20 degré de moins que la journée la plus chaude.

Si les régions désertiques, tels le Sahara que je viens de traverser, peuvent subir d’importantes amplitudes thermiques, ce ne fût pas comparable à cette traversée de l’Atlas où je ne sais jamais comment m’habiller entre la fraîcheur des sommets et la canicule des vallées les plus basses. Sur une journée il m’arrive de passer du tout au tout à plusieurs reprises.

Il me faut quelques jours, là encore, pour me familiariser avec cette nouvelle réalité.

Pour accélérer mon adaptation je décide de rester quelques jours à Igherm, petite ville de l’anti-atlas qui culmine à plus de 1’700 mètres d’altitude.

Là-haut les températures y sont bien plus fraîches qu’au fond des vallées et, si elles ne sont pas glaciales, elles restent constamment fraîches et la sensation de froid est d’autant plus renforcée par le vent qui balaie ces montagnes et par le fait qu’il n’y a pas de chauffage. Si j’ai froid dehors, j’ai aussi froid dedans. Les douches avec de l’eau glacée peuvent s’avérer bien pénible et, paresseux devant ce froid, j’écourte ma lessive les mains complètement glacée avant de partir me réchauffer avec un café sur la place principale de cette petite ville bien tranquille, toujours vêtu d’une veste que je n’oterai pas, même pour dormir.

Peu à peu je m’acclimate à ce nouveau mode de vie qui me pousse, à m’adapter en permanence au climat changeant des montagnes. D’un climat répétitif je passe à celui très changeant des montagnes et redécouvre à la fois la beauté si prenante à mes yeux des montagnes et la réalité qui l’accompagne : cette beauté se mérite.

 

Mais c’est une réalité qui me convient bien, me tient vivant, me pousse à avancer tout en trouvant un équilibre, même précaire, entre l’effort des montées et le réconfort des descentes tout en profitant du liant qui accompagne ces deux états : la beauté des paysages.

Les montagnes paraissent éternels et pourtant elles changent en permanence. Chaque état semble éphémère.

Si je ne retrouve pas là la rudesse des climats alpins, j’y retrouve beauté et plaisir qui me portent à cette sensation, la plus belle, que le plus beau col qui existe, c’est celui que je suis en train de grimper.

Tout simplement.

Puisque aujourd’hui est le plus beau jour de ma vie. Et que demain le sera aussi.

Ni drogues ni médicament, pédaler dans les montagnes est avant tout un état de fait et je l’aime ainsi. L’Afrique m’a appris à apprécier d’autres modes de vies sans pour autant m’oter le plaisir des montagnes.

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c’est la troisième fois que j’en aperçois en Afrique lorsque se dresse en face de moi, à une centaine de kilomètres, le Djebel Toubkal, plus haut sommet marocain.

Olivier Rochat

Maroc: retour dans les montagnes

Km 57’545, Tata, Maroc.

Après la traversée aussi rapide qu’inattendue du Sahara occidental, dernière partie du Sahara où le vent nous aura poussé sans cesse, nous abordons un monde tout à fait différent de ceux traversés ces derniers mois et l’un des plus attendus de tout mon voyage : l’Atlas.

nous abordons un monde tout à fait différent de ceux traversés ces derniers mois et l'un des plus attendus de tout mon voyage : l'Atlas.

nous abordons un monde tout à fait différent de ceux traversés ces derniers mois et l’un des plus attendus de tout mon voyage : l’Atlas.

En quelques mots

L’Atlas est un massif montagneux de l’Afrique du nord. Cette chaîne de montagnes s’étend sur près de 2’500 kilomètres traversant trois pays du Maghreb : le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Culminant à 4 167 mètres d’altitude par son sommet le plus haut, le Djebel Toubkal, situé au Maroc, il reste l’une des régions habitées les plus froides d’Afrique ( avec le Lesotho ???) où la neige y es saisonnière durant des hivers parfois glaciaux où cette dernière peut venir recouvrir certains oasis en bordure du Sahara. Il sépare la méditerranée du Sahara et, pour retrouver « mon » Europe et terminer ce voyage, j’ai décidé de le traverser de longs en large, cumulant les cols aux quotidiens pour quelques 3’000 kilomètres de montagnes prévu.

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pour retrouver « mon » Europe et terminer ce voyage, j’ai décidé de le traverser de longs en large, cumulant les cols aux quotidiens pour quelques 3’000 kilomètres de montagnes prévu.

Nous changeons de monde

Forcément, je change de monde et d’atmosphère, retrouvant très vite mes « bonnes » vieilles habitudes laissées par chez moi dans les Alpes.

Pourtant, et malgré l’excitation qui me gagne à mesure que s’approche l’Atlas, il me faudra plusieurs jours pour réellement « atterrir » dans un pays extrêmement différents de tout ceux que j’ai traversé en Afrique.

ce sont maintenant d'énormes dunes qui suivent la route sur plusieurs dizaines de kilomètres

La traversée du Sahara fut fabuleuse dans un premier temps, en Mauritanie

La traversée du Sahara fût fabuleuse dans un premier temps, en Mauritanie, puis, avec 1’300 kilomètres parcourus en dix jours dans l’une des régions les plus ennuyantes que je n’ai jamais traversée, très rapide et lente à la fois, tant le vent nous poussait, les distances étaient longues entre chaque village et rencontre et les paysages n’évoluaient pas. Mais très vite le Maroc nous invite à le découvrir. Nous retrouvons là un pays bien plus développé où l’électricité y es constante, les marchés sont bondés de fruits, de légumes, d’épices et de tout produits aussi goûteux que bon marché. Très vite le Maroc m’apparaît comme un pays qui se « modernise » à toute vitesse, où les industries en tout genre, textiles, alimentaires et j’en passe, semblent fleurir à travers tout le pays. Un pays qui avance à toute vitesse dans un continent qui parfois semblent presque reculer, ou du moins avancer bien lentement. Rien ou presque ne ressemble aux récits de mon père qui le visitait voici plusieurs années, si ce n’est ces paysages fantastiques, l’importance de la religion ou ces djellabas que l’on porte, tel celle qu’il nous ramenait en souvenir.

Au fond, suis-je toujours en Afrique ???

La question prend même plus de sens lorsque, souvent, devant mon voyage accomplis, les marocains viennent à me demander : « Alors l’Afrique, c’est comment? »

« L’Afrique? Mais c’est ici l’Afrique mon ami! »

 

Oui, l’Afrique est un continent dont les frontières géographiques restent indiscutable, contrairement à d’autre, et le Maroc, tout comme le reste du Maghreb dans lequel j’entre pour la première fois, en fait aussi partie.

son climat à saisons chaudes puis froides où les hivers sont formés de nuits plus longues que celles des étés qui suivent

son climat à saisons chaudes puis froides où les hivers sont formés de nuits plus longues que celles des étés qui suivent

Mais sa culture, son développement, son climat à saisons chaudes puis froides où les hivers sont formés de nuits plus longues que celles des étés qui suivent, son mode de vie qui, comme me le rappelle parfois Pedro, est très proche de celui pratiqué le long des côtes méditerranéenne, son architecture ou encore ses nombreux oliviers me rappellent plus à l’Europe qu’au reste de l’Afrique. Sans parler de ces innombrables camping-cars qui viennent peupler le Maroc, lui même leur facilitant bien la tâche ( aux touristes) il est vrai. Les caravanes de chameaux que nous apercevions hier en Mauritanie, les yeux bien écarquillés, sont maintenant remplacées par celles de touristes venus profiter de la douceur climatiques et l’énorme offre touristique qu’offre le Maroc. Son climat, son organisation, son « coût de la vie », sa proximité à l’Europe, ses milles visages aussi fascinant les uns que les autres, justifie cela. Et si je m’avoue sans peine avoir un certains mal avec ces rassemblement de masses, je les respectes et les comprends. Mais qu’on se le dise, et si le terme me sied à merveille depuis plus de 3 ans car je n’en suis qu’un moi aussi, je suis toujours le même touriste. Mais d’une certaine manière, de voyageur je deviens vacancier. Ou du moins, c’est tel que je le ressens.

 

Et si les facilités qu’offre cette modernité, que ce soit par son électricité, ses routes goudronnés même pour les moins que secondaire, ou ses marchés où manger varié devient enfin plus facile que son contraire -surtout devant les prix affichés-, que cette  » modernité  » à quelque chose d’excitant dans un premier temps, elle vient vite m’ôter sens à mon voyage. Le confort et la facilité, je le trouve, ont quelque chose de bien lassant. Celle de transformer l’extraordinaire en banal alors que l’Afrique noire et justement, avec toute sa rudesse et sa misère couplée aux sourires et l’espoir de la majorité, est venu m’offrir son contraire. Faire d’un banal un événement. Une chose à première vue facile se transforme parfois en véritable expédition (j’exagère mais à peine) alors qu’une tâche à priori compliquée peut elle devenir la plus facile de toute. Imprévu va de paire avec Afrique, mais au Maroc c’est un peu différent. Là où je me rend compte avoir changé c’est qu’il yca 4 ans encore, alors que je n’avais jamais quitté l’Europe, mettre les pieds au Maroc me serait apparu comme quelque chose de très exotique. Mais après ce voyage, j’ai l’impression d’être tout proche de moi. Ce qui est une réalité vous en conviendrez.

Dans les faits c’est d’une nostalgie certaine que je passe mes premiers jours au Maroc.

Et puis, après quelques temps, je finis par atterrir. Par rentrer dans ce Maroc, par le vivre. C’est Abdeladhi qui, le premier, m’invite chez lui.

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C’est Abdeladhi qui, le premier, m’invite chez lui.

Abdeladhi me suit sur facebook et c’est par ce réseau social là qu’il nous propose de nous arrêter chez lui, à Guelmim, ville présentée comme porte du Sahara, droit sur notre route. La rencontre tombe à pic car Pedro a cassé sa pédale et c’est à l’arrière d’un 4X4 que nous pénétrons Guelmim attendu, déjà, par Abdeladhi et un de ces amis.

Je découvre un jeune homme qui, 2 jours durant, va nous choyer sans que nous le demandions. Nourritures, eaux chaudes et réparations matériels, tout est bienvenu mais plus que tout encore c’est sa personnalité qui me touche puisqu’il me plonge dans un monde que je côtoie moi aussi, forcément, mais que je ne m’attendais pas à découvrir ici: le voyage à vélo. Abdeladhi prépare lui aussi un tour d’Afrique à vélo et avec lui je découvre avec surprise -et plaisir- un peu de là communauté cycliste marocaine grandissante. Du haut de ses 20 ans – qu’il ne fait pas du tout – il me bombarde de questions et me renvoie à quelques années en arrière lorsqu’encore l’Afrique à vélo n’était qu’un projet lointain que j’abordai avec crainte, espoir, appréhension et fascination.

Je découvre un jeune homme qui, 2 jours durant, va nous choyer sans que nous le demandions

Je découvre un jeune homme qui, 2 jours durant, va nous choyer sans que nous le demandions

En quittant Abdeladhi, nous quittons également le Sahara et, pour la première fois depuis début février, nous apercevons des arbres: des oliviers côtoient notre route alors que se dresse ici et là plantations de tomates et autres légumes. Au nord du Sahara nous débutons cette longue, difficile et merveilleuse traversée de l’Atlas que je vais diviser en trois partie: le moyen atlas au nord, le haut atlas au centre où les sommets sont les plus hauts, et l’anti-atlas au sud, plus chaud et abordables en cette saison car le printemps y a déjà débuté. Logiquement, c’est celui-ci que nous abordons en premier.

L'anti-atlas au sud, plus chaud et abordables en cette saison car le printemps y a déjà débuté. Logiquement, c'est celui-ci que nous abordons en premier.

L’anti-atlas au sud, plus chaud et abordables en cette saison car le printemps y a déjà débuté. Logiquement, c’est celui-ci que nous abordons en premier.

Dès les premières vallées je me sens happé par ces montages qui nous entourent, sèches et rocailleuses. Et si les journées sont agréables, bien vite les nuits se rafraîchissent et les bivouacs se font dans une fraîcheur piquante au matin.

Dès les premières vallées je me sens happé par ces montages qui nous entourent, sèches et rocailleuse

Dès les premières vallées je me sens happé par ces montagnes qui nous entourent, sèches et rocailleuses

Les premières rencontres sont difficile. On nous refuse de planter nos tentes aux pieds des maisons et des mosquées, les rares auberges sont toutes fermées et c’est d’un air distant, très distant même, qu’on nous observe. On nous invite clairement à dormir hors des villages puis notre route s’enfonce dans un canyon étroit où se cachent des oasis en flanc de falaises.

On nous invite clairement à dormir hors des villages

On nous invite clairement à dormir hors des villages

 

Pour nous mener au haut de ces derniers, la route s’y tortille comme rarement, esquissant des virages en épingles impressionnant, longeant des falaises où la chute serait mortelles, sur des pentes qui, bien souvent, dépassent allègrement les 10%. Mais, pas à pas, sûrement, nous montons.

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la route s’y tortille comme rarement, esquissant des virages en épingles impressionnant, longeant des falaises où la chute serait mortelles, sur des pentes qui, bien souvent, dépassent allègrement les 10%.

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Nous voici maintenant sur un plateau ou le vent nous balaie et le froid est de mises. Des oasis nous passons à la montagne, et l’opération se répète encore et encore. Les villages se font rares et semblent dormir lorsque nous les traversons. Dorénavant, chaque virage nous réserve son lot de surprise. En 5 kilomètres nous changeons plusieurs fois de paysages, des oasis aux champs d’amandiers en fleurs.

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Des oasis nous passons à la montagne, et l’opération se répète encore et encore.

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Nous campons dans une froideur nouvelle puis sommes invité par Hassan avec qui nous découvrons accueil et simplicité. Nous comprenons vite que la distance des premiers jours n’étaient que passagère, presque accidentel. Les sourires et la vie reprennent gentiment le dessus, puis nous atteignons la « haute montagne » et la fraîcheur qui la caractérise bien souvent.

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nous atteignons la « haute montagne » et la fraîcheur qui la caractérise bien souvent.

L’air y est frais et vif, beau et cruel à la fois. En montagne, la beauté se mérite mais s’apprécie encore plus. Le temps n’est jamais au fixe et une matinée ensoleillé peut facilement
se transformer sous une grisaille et la pluie, voir la neige, en un instant. Le climat éphémère se mélange avec l’immortel immensité de ces montagnes. Les montagnes changeant constamment, de saisons en saisons, parfois de jours en heure, elles se vêtissent de tout habit, passant d’une robe blanche aux étendues de fleurs.

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d’une robe blanche aux étendues de fleurs.

 

Très vite je me retrouve dans mes habitudes alpines d’alors, mélangeant les genres constamment. Les kilomètres ne rythment plus notre avancée, ce sont les ascensions qui le font. À moins de 10 kilomètres à l’heure pour parfois plusieurs heures, nous atteignons les cols. Puis les redescendons au-delà des 50. Enfin nous recommençons l’opération dans des paysages qui passent du tout au tout en permanence. L’effort des montées, où le corps travaille sans discontinuer, ne fait que précéder le réconfort des descentes, où seul les mains travaillent un tant soit peu, activant les poignées de freins pour ne pas sombrer dans les virages.

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dans des paysages qui passent du tout au tout en permanence.

Les yeux, finalement, sont les seuls à être actif de long en large de ces journées fascinantes de beauté.

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Les yeux, finalement, sont les seuls à être actif de long en large de ces journées fascinantes de beauté.

Finalement, au sommet d’un énième col, en émerveillement, une lointaine chaîne de montagne se dresse en face de moi. Plus de cent kilomètres à vol d’oiseau nous en sépare mais la claireté de l’air nous offre un peu de sa beauté. De ses sommets enneigé qui me font vite comprendre qu’il s’agit là du djébel Toubkal, le toit du Maroc. Et si ses neiges n’y sont éternels, la fraîcheur de la saison leur permet de résister au printemps qui s’amène jour après jour. De fait l’hiver, là haut, n’est pas tout à fait terminé. Et, après 4 ans sans printemps, ces neiges là ont tout, absolument tout, de l’éternel. À commencer par les températures et le froid qui nous glace, nous poussant à changer de direction. C’est simple, une fois au carrefour et plutôt que de remonter vers le nord, nous descendons vers le sud. Déjà nous filons à vive allure, poussé par ce vent qui nous freinait hier encore. Les températures montent à nouveau, la vallée s’élargit, d’un orange brunâtre les falaises qui nous côtoient passe aux roses violacés alors qu’au milieu de rien un arbre survit. Solitaire. Il faut plusieurs kilomètres pour en apercevoir d’autre.

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Dès sommets enneigés aux oasis ensoleillés, l’Atlas marocain mélange les genres comme rarement

Enfin des campings refont surfaces à l’approche des premiers oasis. Le Sahara pointe à nouveau le bout de son né. Dès sommets enneigés aux oasis ensoleillés, l’Atlas marocain mélange les genres comme rarement et c’est dans ces conditions que je passe mes derniers jours en compagnie de Pedro.

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je passe mes derniers jours en compagnie de Pedro.

Après plus de deux mois ensemble, une page se tourne encore. Une autre s’ouvre. Et c’est en grimpant que je compte bien l’écrire…

Habité ce matin d’un léger pincement au cœur, je retrouve ma solitude.

Olivier Rochat

Guinée, je recommencerai!

Km 50’776, Kindia, Guinée.

De retour en Guinée, je remonte le pays en direction des montagnes du Fouta Djalon. Je tombe amoureux.

je remonte le pays en direction des montagnes du Fouta Djalon

je remonte le pays en direction des montagnes du Fouta Djalon

Après plusieurs mois de saisons des pluies à différentes intensité, la saison sèche prend jour après jour de l’ampleur, les nuages se font de moins en moins menaçant, le soleil de plus en plus présent et la pluie de plus en plus rare. Et ce malgré le fait qu’ici la saison pluvieuse fût plus longue que la moyenne, comme me disent certains.

Et pour moi c’est quand même un petit soulagement bien que j’avoue avoir passé des moments inoubliables durant ces derniers mois humides aux pistes bien souvent boueuses et aux nuits sans grand espoir de joli bivouac sauvage. La dernière fois que j’ai fait un camping sauvage ? Il y a près de 3 mois. Pourtant si ce soir je dors dans une auberge, il s’agit d’une exception tant j’ai passé de nuits chez l’habitant. D’ailleurs c’est plus pour la tranquillité que pour le confort en soit que je m’y rend ce soir, bien que les quelques heures nocturnes d’électricité me permettent de me rafraîchir au ventilateur et de recharger mes batteries. Le cadre reste simple. Une petite chambre. Un lit propre. Un seau, de l’eau. Quoi demander de plus ?

Me voici privilégié. Presque égoïste tant il est vrai que la Guinée telle que je la découvre, le long de la route, et que je découvrais à l’est du pays en septembre dernier, est bel et bien le pays du partage.

la Guinée telle que je la découvre, le long de la route, et que je découvrais à l'est du pays en septembre dernier, est bel et bien le pays du partage.

Le luxe y est dans sa population, son climat

Non pas de la solitude. Et certainement pas du luxe. Un pays que j’aime. Le luxe y est dans sa population, son climat. Simple opinion personnel. Ici s’y mélange peuple et paysages comme rarement. Le désordre y est extrême et à tous les « étages » de la société, du trafic au policier, du système éducatif à l’administration la plus basique.

Le désordre y est extrême

Le désordre y est extrême

Manquer de se faire rentrer dedans par un deux ou quatres roues (certes généralement deux roues) roulant à contre sens dans un rond-point (!) ou à reculons après avoir cette éternelle « barrière du blanc » passée et mis à part quelques policiers dont j’ai parfois bien du mal à savoir s’ils sont sérieux ou en pleine phase humoristique lorsqu’ils m’arrêtent. J’ai notamment eu droit à la « carte touristique s’il vous plaît » (elle n’existe pas soyons clair, le visa suffit) ou à l’indétrônable « papier du véhicule ! »

Hein!!!? Mais je suis à vélo monsieur.

Et alors? Papier du véhicule !

Et soudain le chef qui arrive et vient me questionner avec plein d’enthousiasme, cassant net le « coup » du non gradé. Auquel je réponds: je suis Suisse!.

Ah tu es suédois.

Non non, pas la Suède, la Suisse!

Ah tu es suissien.

Voilà, suissien. C’est ça. Je m’y suis fait. 3 mois que ça dure. Et je n’insiste pas sur des termes qui ici n’ont pour l’instant pas grand raison d’être. Je suis donc suissien. Parfois suédois aussi. Et peut-être un jour je serai lunien.

Oui peut-être bien car ici tout est possible, les limites semblent être fixée par l’imagination. Et cette dernière n’en ayant pas vraiment…

Bienvenue en Guinée!

Et ce n’est ni péjoratif ni moqueur. Bien au contraire. C’est bien avec une petite étincelle dans les yeux que j’écris ces quelques lettres qui essaient de se faire une place au milieu du vaste univers guinéen.

ces quelques lettres qui essaient de se faire une place au milieu du vaste univers guinéen.

ces quelques lettres qui essaient de se faire une place au milieu du vaste univers guinéen.

Une étincelle allumée à tout moment par ces innombrables moments passé, partagé, avec les guinéens « du long de ma route ». Discussion tantôt sérieuse puis rocambolesque, touchante souvent.

On parle politique mais ça nous énerve tous. Ici la politique est aussi efficace qu’il y tombe de la neige en Guinée. Dirait-on. Et ça irrite. Alors on parle foot ou religion. Il y a plus de Foi la derrière. Enfin d’où je viens. Puis on s’essaie à l’humour sans toujours y arriver. Mais on rit quand même.

lorsque je me lance dans les montagnes du Fouta-Djalon, j'y ajoute les paysages.

lorsque je me lance dans les montagnes du Fouta-Djalon, j’y ajoute les paysages.

Et lorsque je me lance dans les montagnes du Fouta-Djalon, j’y ajoute les paysages. Montagnes douces à l’herbe verte déjà légèrement entamée par la saison sèche. Je tombe amoureux.

Montagnes douces à l'herbe verte déjà légèrement entamée par la saison sèche

Montagnes douces à l’herbe verte déjà légèrement entamée par la saison sèche

À moins que je sois fou. Ou les deux puisqu’il faut être fou pour aimer. Pour y croire.

Tant pis, moi j’y crois. J’y cours même!

Et demain je recommencerai.

moi j'y crois. J'y cours même!

moi j’y crois. J’y cours même!

Je recommencerai…

 

Olivier Rochat

Le long de la Ring Road

Km 39’671, Abong, Cameroun.

C’est dans la région du nord-ouest que j’ai passé mes derniers jours au Cameroun.

Une région particulière puisqu’avec sa voisine du sud-ouest ce sont les deux seules régions anglophones du Cameroun, les 8 autres  étant essentiellement francophones.

Mais plus que ça c’est aussi une région montagneuse que j’ai traversé en découvrant notamment la spectaculaire et relativement isolée Ring Road. Une route dont le nom vient de sa forme puisque cette dernière effectue une boucle à l’intérieur de la région du nord-ouest.

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c’est aussi une région montagneuse que j’ai traversé

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Un mot Juste…

Km 29’221, Mokhoabongpass, Lesotho.

Voici un petit mot, un mot juste, juste un mot, sans prétention ni politesse, aucune, que j’écrivais voici quelques nuits lors d’un bivouac solitaire, montagnes oblige.

Solitude pourtant belle, les yeux perdus, rêveurs et porté vers le ciel, là où se trouve Milkyway, La Voie lactée.

Juste un Mot

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Solitude pourtant belle, les yeux perdus, rêveurs et porté vers le ciel

Qu’on se le dise

J’ai pas besoin d’ami, j’ai un vélo                                                                                                               J’ai pas besoin d’une maison, j’ai une tente                                                                                             J’ai pas besoin d’un toit, j’ai le ciel,                                                                                                            J’ai pas besoin de lumières, j’ai les étoiles,                                                                                              J’ai pas besoin d’une patrie, j’ai le monde…

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J’ai pas besoin d’une maison, j’ai une tente

Qu’on se le dise

J’ai pas besoin de juger, j’ai pédaler                                                                                                         J’ai pas besoin que tu m’aimes, je te pardonne                                                                                      J’ai pas besoin de toi, et toi, tu me pardonnes?                                                                                       Et puis j’ai pas besoin d’y croire ni d’espérer, j’ai solitude.                                                                       Et en confiance, j’te le confie

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J’ai pas besoin de toi

 

Oui qu’on se le dise

J’ai pas besoin qu’on me le dise, je le fais                                                                                                J’ai pas besoin d’un futur, j’ai un présent,                                                                                                   J’ai pas besoin d’être poli, regarde, je t’emmerde!                                                                             Petit con.                                                                                                                                                    Mais j’ai pas besoin d’être vulgaire, mon ami.

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j’ai pas besoin d’être vulgaire, mon ami.

Oui mon Ami, qu’on se le dise

J’ai pas besoin de savoir, j’ai de l’imagination,                                                                                        J’ai pas besoin d’avoir peur, j’ai un chemin, une route,                                                                           J’ai pas besoin d’être généreux, je suis égoïste                                                                                         Mais j’ai pas besoin d’être égoïste, ce monde l’est déjà tant                                                                   Aussi si je m’aime à grimper, tu sais, c’est un fantasme, peut-être une évasion

Mais pas un besoin.

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J’ai pas besoin d’avoir peur, j’ai un chemin, une route,

C’est sûr, j’ai pas besoin…

J’ai pas besoin d’un prof, j’ai un gouvernement,                                                                                         J’ai pas besoin de comprendre, j’ai dés-illusions                                                                                       J’ai pas besoin d’être riche, j’y ai jamais cru,                                                                                           J’ai pas besoin d’être pauvre, je ne le suis pas,                                                                               Misérable? Je ne l’espère pas.

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Mais moi j’ai pas besoin d’y croire, ni d’espérer, j’ai une vie

J’ai pas besoin de travailler, on me le fait croire!

Mais moi j’ai pas besoin d’y croire, ni d’espérer, j’ai une vie,                                                                 Et une mort au bout.                                                                                                               Probablement des cendres et un troupeau de vers.

C’est sûr que vu d’ici, j’ai pas besoin de courir, j’ai le temps.                                                               Lui il s’en va, moi je reste.                                                                                                                         Entre nous c’est un con promis,                                                                                                                                                  

                                           Le temps!

Et pi tu vois j’ai même pas besoin d’écrire, c’est une envie…

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C’est sûr que vu d’ici, j’ai pas besoin de courir, j’ai le temps.

Mais une question, une seule: comment terminer cette poésie?

En ai-je le besoin?

Certainement pas!                                                                                                                                       Ce n’est pas un besoin.                                                                                                                           Juste un devoir. Une conviction.                                                                                                           Juste un mot. Un mot juste.                                                                                                                       Un alphabète recomposé.

On aimerait tout recommencer…

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On aimerait tout recommencer…

« Il paraît qu’écrire c’est exister.                                                                                           Moi je sais que pédaler, c’est liberté »

Oui mon Ami, crois -moi, qu’on se le dise

J’ai pas besoin d’ami, j’ai un vélo,                                                                                                              J’ai pas besoin d’une patrie, j’ai le monde,                                                                                               J’ai pas besoin d’être poli, je ne l’ai jamais été                                                                                       Mais si j’ai pas besoin d’haïr, c’est parce que j’ai toujours eu besoin d’aimer.

Plus que jamais.

Et parce-que eux, lui pi toi aussi…

Est-ce que tu sais que Lesotho sait t’admirer

Mais pas autant qu’Essentiel est d’aimer?

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tu sais que Lesotho sait t’admirer

Voilà

C’était juste

Juste un mot

Un mot juste:

Aimer

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Voilà c’était juste un Mot

Olivier Rochat