Km 2’502, Lacul Vidraru, Romania
30 jours. 30 jours à vélo. De Lausanne au Fagaras Montain. C’est à dire de Lausanne jusqu’en Transylvanie. 2’502 km ou 143 heures exactement sur ma byciclette. Enfin tu l’as compris sur mon Cargo. 18 cols, 6 pays, des rencontres d’un jour, des rencontres que tu oublies, des rencontres de toujours, de celle qui changent ta vie. Et puis une crevaison une seule, du soleil, de la pluie un peu et aussi beaucoup de chiens errants, ici en Roumanie. Oui beaucoup.
30 jours ou plutôt 1 mois. Un mois déjà que j’ai pris la route… L’Europe en bonne partie déjà derrière moi.
Les Alpes, La Suisse, les Grisons…
Le 15 septembre 2014 je suis parti de mon domicile lausannois en direction des Alpes. C’est ainsi qu’a débuté mon voyage. Dans les Alpes, lieu de mon image inée. Celle que j’ai en moi depuis que je suis né. Mon imaginaire ou mon image inée, celle des Grisons, celle que j’ai en moi depuis que je suis né. Enfin, c’est de la poésie, mais dans les faits c’est les col du Jaun, puis du Grimsel et de la Furka, qui m’ont mené tout droit aux Grisons, via l’Oberalppass, source du Rhin. Vaste vallée qu’est le Val Surselva qui suivit, en pays romanche. Puis vint le col de l’Albula, dur, pluvieux et surtout, aux portes de l’Engadine. L’Engadine… Engadine un jour, Engadine toujours moi j’y reviendrai mais c’est par le Parc National que je l’ai quittée avant de grimper l’Umbrail, plus haut col de Suisse. Terrible, pluvieux, l’Umbrail pour un dernier adieu. Dernier adieu à mon pays.
Puis ce fût l’Italie...
L’Italie et tout de suite une éclaircie, au sommet de mon plus beau, le Passo dello Stelvio. Là, entouré de glaciers, il y avait la mer. La mer de brouillard… Inécrivable. Mais de là-haut, au Passo dello Stelvio, plus haute route d’Italie, la botte était à mes pieds. Alors l’Italie vint, l’Italie fût. Oui l’Italie fût soleil de la Haute-Adige jusqu’au Dolomites. Oui les Dolomites! Par les Sella Gruppe: Passo Sella, Pordoi, Falzarego, Valparola… tous à plus de 2’000m d’altitude, en pics, forêts, sommets et rochers… les Dolomiti dans toutes leurs splendeur! Et puis le Frioul et enfin : la Slovénie, après un dernier col au matin du 10ème jour, la Sella Carnizza.
Slovénie, Croatie, poésie…
Et puis j’ai craqué en Slovénie. Il faisait brouillard, inconnu et c’était plat. Il faisait marre, indigeste et j’avais froid. L’horizon? Je n’en avais pas. C’était la nuit. Mais le jour! Tu comprends? Et puis ce ciel gris qui n’en finit pas, si ce n’est en pluie. Puis mes os qui deviennent eau…et mon coeur qui devient triste. oui c était la Slovénie... Alors j’ai rapatrié vite fait la Croatie, tout au Nord et puis j’ai foncé sur Budapest. Enfin d’abord j’ai quitté la Croatie sous la brume et là c’était le soleil en Hongrie. Grand soleil, grande plaine. La M7 en direction de Budapest… Alors j’ai foncé. Et puis tu sais… tu sais Princess je reviendrai…
Dans les adieu y a trop de haine et trop d’adieu dans les « je t’aime »… Toi tu dis fuis, moi je dis suis, toi t’en souris moi je n’en ris, mais comment te dire que nos amours moi je suis pour ? En secret mon amoureux… y a pas d’adieu juste un « je t’aime! » si cet écrit s’arrête ici c’est qu’ici mon coeur en a trop dit ! Budapest me voici!!!
Au fond peut-être qu’on se reverra mais tu sais Princess aimer et rêver c’est pas pareil et moi j’te l’ai dit 1’000 fois. Moi je fais partie de ces hommes qui rêvent seul. Mais je fais aussi partie de ceux qui aiment à deux. Alors après 6 jours à Budapest j’ai repris la route.
« Cette tristesse, mélancolie, que je pédale pour m’évader puis enfin que j’écris pour exister. Et puis ton regard qui m’appartient même si l’amour moi j’trouve pas qu’il s’appartient. Cette pauvreté. La tienne. Celle d’un « ghetto » au fond de Budapest. Moi j’dis Gypsy et pour moi c’est un sentiment de liberté et c’est aussi ma tristesse que t’es en train de m’avaler. Tu vois j’ai même plus besoin de pédaler juste te regarder pt’être que pour savoir aimer il faut souffrir avant?
Enfin toutes ces questions que l’on se pose lorsque l’on es trop seul… »
Et donc la plaine à nouveau et enfin : la Roumanie…et ça c’est plus de la poésie. C’est la Roumanie !
Roumanie, mon ami Tavi, Transylvanie
Non à défaut de poésie c’est plutôt un autre monde, la Roumanie. Mais aussi de belles rencontres. On m’a dit le roumain vole. Peut être mais pour l’instant c’est moi qui prend mon envole et le roumain m’invite chez lui. Me paie une pizza et puis lorsque je veux le remercier il me fait la lessive et lorsque je veux m’en aller il m’offre le lit. Et puis sur mes gardes, je lui dit merci mon ami et là, il me donne ses clefs et s’en va travailler…
Oui le roumain vole… mais pas toujours. A Timisoara, ville de 330’000 habitants située à l’ouest de ce beau pays, pour commencer. Oui mon ami Tavi, tu m’as montré ce qu’est la générosité et du plus profond de moi j’espère que ta sensibilité te ménera là où tu mérites d’être. Et que tu trouves la force de vivre ta sensibilité pour toi-même car ce que tu m’as offert je ne l’oublierai pas. Et bien sûr j’espère que l’on se reverra ! Mais c’est la vie, la route, la tienne, la mienne, la notre, celles des autres, qui décidera.
Cimetières au bord des routes
Et puis ces routes défoncées, de pire en pire, et enfin la Transylvanie. Ou plutôt les Carpates. Carensebes, Hunedoara, Sebes… au pays de Dracula moi la route je la trouve belle. Oui la Roumanie est belle mais ici, il y a sur le bord des routes comme une odeur de cimetière. Cimetière de chiens errants. Mort… Façon Dracula mais pas vraiment.
Oui Roumanie un km un seul sans croiser un animal mort est-ce que c’est trop te demander ? Et puis je vois ce cheval mais ne vois-tu pas que c’est un squelette ? Et puis ce chien aussi ? Et ce chat encore ? Je sais pas je comprends pas. Je veux pas juger mais moi je crois ton dieu il aime pas les animaux. Ça doit être quelque chose comme ça. Enfin bon… merci quand même de me laisser passer Roumanie…Merci de me laisser continuer et s’il te plaît: épagne-moi!
Et puis à Sebes j’ai commencé à grimper, à nouveau. C’était la Transalpina. La plus haute route de Roumanie. J’ai grimpé, enfin entre plat et faux-plats, j’ai grimpé jusqu’à m’enfoncer dans l’épaisse forêt de la Transalpina. La 67C comme elle s’écrit. Le soleil était déjà couché, j’avais déjà parcouru la bonne moitié du premier col. Je grimpais sérieusement cette route. Parallèlement, je cherchais un endroit calme pour y passer la nuit. Enfin je devais faire vite car la nuit était déjà là. Et pus cette voiture qui me dépasse. Puis qui s’arrête:
-Besoin d’aide ?
– Non non c’est bon merci !
-Mais où dors-tu ? Tu as une pension quelque chose ?
– Ben je dors dans ma tente, enfin dès que je trouve un endroit calme. Pourquoi c’est interdit ?
– Non c’est pas interdit. Simplement ici c’est rempli d’Ours!
Oui la Transalpina est une belle route. Mais sauvage aussi. Toute cette région est bien sauvage. Ce soir là je n’ai pas dormi dans ma tente. Et puis le lendemain, au Pasul Urdele à 2’145 m d’altitude, plus haut col de Roumanie, il y avait la mer. La mer de brouillard qui me cachait le versant sud, la Valachie. La mer de brouillard, blanche, avec ce ciel bleu éclatant. Et toujours, oui toujours, ces chiens errants. En ville je veux bien mais ici, au Pasul Urdele… franchement là je comprend pas Roumanie! Mais enfin c’était beau. Presque irréel. Inoubliable.
Mikhaïl, et puis un mois déjà…
Après la Transalpina vint cet énième bivouac au pieds des montagnes. Et puis ces chiens errants. Toujours. Toujours là à m’aboyer. A me crier une bonne partie de la nuit durant. J’ai cru qu’ils allaient m’attaquer cette fois. Mais j’ai repris la route au petit matin. Personne ne m’avait attaqué. Donc j’ai repris la route mais sous le brouillard cette fois. Je ne voyais pas bien loin. Route défoncée. Matinalement. Et puis Mikhail… Mikhail m’a accueilli chez lui, m’a montré son beau chalet. Il m’a offert l’hospitalité, j’ai rencontré quelques uns de ses amis, son épouse et puis ces rencontres.
Oui ces rencontres qui ne sont pas écrites sur les cartes, qu’on ne trouvent pas dans les Atlas, mais qui pourtant forment nos vies. Forment la carte de notre vie… Et puis ce soir, ça fait un mois. Un mois que je suis parti. Parfois il y a ces idées qui reviennent en moi. Cette solitude qu’il faut apprendre à combler. Il faut en faire mon amie et non pas mon ennemie, cette solitude quotidienne de ma vie que j’apprends chaque jour ou presque à apprivoiser. A maîtriser et parfois même j’en viens jusqu’à t’aimer même si souvent oui je te hais. Je te hais solitude mais je t’ai choisie pour cette partie de ma vie alors jour après jour on apprendra à se connaître pour un jour arriver à mieux se séparer... Alors me voici au bord du Lacul Vidraru, dans les Fagaras Mountain. Il y avait ces gamins un peu plus bas. Je leur ai payé un coca et un sknickers, j’ai crû qu’ils allaient me baiser les pieds… Enfin ils étaient sympa. Et bien mâlins! Et puis une photo plus tard et je grimpais les Fagaras. Vaste forêt aux somptueuses couleurs d’automne. Le barrage, le Lacul Vidraru. Cette pension pour y passer la nuit. Et me voici donc ici en Roumanie. En Roumanie depuis 8 jours et pour encore un certain temps avant, enfin, de descendre vers le sud.
Olivier Rochat
Les chiffres de ce 1er mois:
Km: 2’502 Heures de vélo: 143 Pays: 6 (Suisse 463 km, Italie 442 km, Slovénie 376 km, Croatie 49 km, Hongrie 503 km, Roumanie 669 km) Cols: 17
Les articles de ce 1er mois:
Départ pour l’Afrique
Sur mon Cargo au sommet de mon plus Beau, le Passo dello Stelvio, la Botte est à mes pieds!
A l’aube du 11ème jour
Je suis un étranger (avec un grand I)
I Love Croatia!
2 semaines déjà!
Budapest me voici!
Lettre de Budapest
Romania
Timisoara
D’amour et de sang frais…