km 1577, Budapest , Hongrie.
Budapest depuis 3 jours, Budapest depuis 3 jours et pour encore…3 jours.
18 jours que je suis loin, 18 jours c’est rien mais un joli chemin et non, non je ne réalise pas… Il y avait Papa et puis Maman, un dernier regard et la route en face de moi. C’était il y a 18 jours. 18 jours déjà. 18 jours à peine. A peine pourtant tout ça.
Toute cette route maintenant derrière moi.
Il y avait ce premier km, ce premier col et puis le Lac de Thoune, le glacier du Rhône… cette crevaison au col de l’Albula et puis ce torrent, enfin cette pluie pour dire adieu à mon pays. Enfin cette éclaircie, incroyable, pour dire bonjour à l’Italie.
L’italie justement ensoleillée et péniblement grimpante. Mais belle. Et très route parce que moi j’aime ça. La route. Puis ce dernier bivouac et ce dernier col, c’était quoi ce col déjà? Ah oui la Sella Carnizza. Anonyme. Anonyme oui mais non parce que quoi 4 km à 12% minimum je pense… quelle belle merde mais bon de l’autre côté c’était la Slovénie.
Après les Alpes
La Slovénie… Tellement belle pour y entrer tellement belle ouais et puis après… Moi j’aime pas la Slovénie sauf pour y entrer, à l’Ouest parce que là bas c’est très joli…Après j’ai un peu craqué. Jusqu’en Croatie…
La Croatie pour un soir et un après-midi, un bivouac dans un infecte champs de maïs en me cachant péniblement par peur de retomber sur ces roms que j’ avaient croisé juste avant. Ils étaient trois et pi y m’avaient encerclé. Mais bon il y avait aussi le sourire des gens en Croatie puis la brume au p’tit matin et enfin, la Hongrie!!!
230 km sur la « M7 ». Ma route 66 à moi je dirais. Tout droit jusqu à Buda. Et puis ce panneau qui se répète tous les kms: interdit au vélo!
230km donc, à vélo, sur une route interdite au vélo. Et la police qui s’en fout royalement et ces roms tout du long… cette impression de liberté mais de permanente vulnérabilité.
Budapest
Ce premier soir hongrois aussi, le long de la M7 qui mène à Budapest. Entre les grands champs et les petite forêts, le soleil se couchait la route montaient un peu. Et puis elle était là. Je sais pas ce qu’elle foutait là. Enfin si bien sûr elle vendait s… enfin elle se prostituait quoi mais pourquoi là? les biches elles payent pas pour ça enfin je sais pas tout cet inconnu qui te viens dans la gueule et cette improvisation qui dure quoi? 24 heures par jour je crois…
Et puis Budapest qui se fait pressante, le Danube, les grandes rues, trouver un toit. Et puis un premier soir puis un deuxième. Un peu de Vodka enfin même beaucoup trop. Et puis cette gueule de bois et ce jour qui pour moi n’a pas commencé mais qui en fait est déjà terminé.
Cette tristesse, mélancolie, que je pédale pour m’évader puis enfin que j’écris pour exister. Et puis ton regard qui m’appartient même si l’amour moi j’trouve pas qu’il s’appartient. Cette pauvreté. La tienne. Celle d’un « ghetto » au fond de Budapest. Moi j’dis Gypsy et pour moi c’est un sentiment de liberté et c’est aussi ma tristesse que t’es en train de m’avaler. Tu vois j’ai même plus besoin de pédaler juste te regarder pt’être que pour savoir aimer il faut souffrir avant?
Enfin toutes ces questions que l’on se pose lorsque l’on es trop seul…
Enfin ce matin il y a ce kebab, Istanbul-Kebab, en face de moi. Ces taxis aussi. 280 HUF (Forint) par km. C’est le prix ici pour « voyager » en taxi. Comme tu vois le vélo, ben parfois je voyage sans!
En taxi à Buda, en métro aussi et puis à vélo quelques fois…
Ce matin je suis posé, enfin, et Budapest je m’apprête à l’affronter!
Ici on dit « Szia ».
Szia Buda donc…
Moi je termine gentiment mon noir café. Je termine et m’apprête à publier.
Dans ma poche y a mon visa. Mon visa y dit aux gens d’où je viens mais pas où je vais et jamais, surtout pas, qui je suis.
Dans ton regard y a ton visa.
Ton visa y dit au monde entier où je vais et puis avec lui je n’ai plus d’où je viens. Et puis je me sens moi à travers lui. Donc à travers toi. Même sans toi parce que je sais que tu es là. Je le sens.
Et puis 18 jours. Enfin le 18ème qui vient à peine de commencer. 18 jours. Presque rien. Mais ce sentiment de ne plus avoir de passé et aucun avenir.
Juste un présent.
Ici, à Budapest pour l’instant…
Olivier Rochat