Made in Swiss

Km 27’185, Pretoria, Afrique du Sud.

Après une semaine de route en Afrique du Sud, j’ai rejoins la province de Gauteng, la plus petite et plus peuplée de ce grand pays. En effet c’est là que se trouve Johannesburg, la plus grande ville d’Afrique du Sud et Pretoria, la capitale administrative. A propos d’administration c’est bien pour cela que je me suis dirigé sur Pretoria. En effet c’est d’un nouveau passeport que j’aurai besoin si je compte rentrer par l’Afrique de l’ouest. Dès mon arrivée à Pretoria j’ai donc rejoins l’ambassade de Suisse.

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Bref retour en Suisse

Chaque pays à ses bons et mauvais côtés mais dans le monde d’aujourd’hui voyager avec un passport suisse est probalement l’une des plus grandes aides possible. Wikipédia classe la Suisse en 5ème position des facilités d’obtention de visa et autres après les pays du nord de l’Europe.

Mais pays après pays, frontière après frontière, retournant dans certains pays à plusieurs reprises (3 fois au Botswana, 2 fois au Zimbabwe, Mozambique, Zambie, Namibie et Malawi- avec 3 extensions pour ce dernier pays-), les pages libres disparaissent les unes après les autres. Je me trouve maintenant avec 2 possibilités pour le chemin du retour:

1: Prendre le chemin le plus court en Afrique de l’ouest et manquer la plupart des pays

2: Faire un nouveau passeport de 40 pages et profiter un maximum avec des allers-retours ou des détours dans certains pays autant que je le peux ou veux.

Pretoria, capitale administrative de la bien développée Afdrique du Sud semblait le parfait endroit pour faire un nouveau passeport, surtout que j’avais la chance d’être invité ici. Donc oui! c’était le parfait moment pour cela.

Mercredi dernier4 février 2015 je me rends à l’ambassade de Suisse où on me répond: « vous devez faire votre nouveau passeport dans votre pays de résidence. » Vu que je ne travaille et n’habite pas en Afrique du Sud ils ne pouvaient m’en faire un nouveau.

Impossible… Je ne pouvais le croire car j’étais sûr de devoir retourner en avion en Suisse pour me faire un nouveau passeport. Imaginez payer plus de 1000 US dollars pour obtenir un nouveau passeport. Ridicule d’autant plus qu’ils ont ici tout le système nécessaire pour en faire un rapidement, empreintes et autre photo en 10 minutes à peine.

Finalement grâce à un ami en Suisse, je pouvais contacter l’office responsable des passports à Lausanne qui après véréifications des mes informations, que je suis réellement moi etc ils autorisent l’ambassade de Suisse à Pretoria de faire mes empreintes digitales et tout ce dont j’ai besoin pour obtenir un nouveau passeport. Après quoi ils enverront le tout en Suisse et feront le nouveau passeport en Suisse avant de le renvoyer à Pretoria ou où je le souhaite. Cela prendra 2-3 semaines mais c’est bien possible.

Aussi quand l’office responsable a reçu ma demande à Lausanne ils me répondaient moins de 5 minutes plus tard: « Merci pour votre demande nous vous contacterons la semaine prochaine pour un rendez-vous ».

Là je me disais la semaine prochaine se termine vendredi et j’étais sûr que je devrais les appeler plusieurs fois avant qu’ils me trouvent un rendez-vous pour faire ces empruntes. J’étais déjà prêt à les appeler Lundi matin à 9 heures dès l’ouverture de l’amabassade

Mais ce matin, Lundi premier jour de la semaine, j’ai allumé mon téléphone à 8 heures 12. Il y avait un message : « XXX numéro a essayé de vous appeler à 8 heures 00 et 43 secondes. »!!!

Instantanément j’ai reconnu le numéro de l’ambassade de Suisse. Là j’ai réalisé que j n’étais plus en Afrique mais bien en Suisse. Premièrement ils m’ont rappelé d’eux-même et ensuites ils l’ont fait … 43 secondes après le début de la journée de travail (soit 1 heure avant l’ouverture du guichet). Une grande blague!!! Mais une très bonne blague pour le coup!

Et ensuite je les rappelle: Vous pouvez venir quand vous le souhaitez dans la matineée mais veuillez m’excuser nous sommes chargé ce matin vous devrez peutêtre attendre 10 minutes.

Hahaha: Désolé, peut-être vous devrez attendre…10 minutes… Un autre monde
Je me rendais à l’ambassade dans la matinée et en moins de 10 minutes les empreintes et photos étaient faites. A noter que j’ai au moins du attendre 230 secondes avant de commencer

Ici je me souvenais que chaque pays à des bons et des mauvais côtés et qu’en Suisse bien que compliquée l’adminstration marche. Alors je me rappelais les transports public en Suisse. En Afrique ils arrivent « dans la matinée » ou « dans l’après-midi ». Dans la plupart des pays à 8h00 du matin, 4h30 de l’après-midi ou 7h45 du soir. Mais pas en SUisse. En Suisse ils arrivent à 8h01, 4h33 ou 7h47. Et lorsqu’ils sont en retards il est écrit en rouge « retard de 9 minutes » et tout le monde se plaint car 9 minutes c’est beaucoup lorsque l’on court toute la journée. Alors là généralement tu peux entender: Oh merde un imbécile s’est suicidé en se jettant sous un train. Mais pourquoi a-t’il choisi le mien? »

Mais la vie continue, par chance le soleil est présent aujourd’hui et on arrête de se plaindre parce que le soleil ess suffisant puissant pour rendre les suisses (où certains d’entre nous) souriant malgré qu’ils ont perdu 9 minutes de leur temps parce qu’un pauvre bougre s’est jeté sous leur train (ou autre inconvénient).

Malhereusement il y a beaucoup de journée nuageuse en Suisse…

Bref… ii me restait maintenant une dernière étape é franchir avant de quitter l’amabassade, et pas la plus facile: la facture.

2’310 rands!!! Quoi! 140 CHF pour un nouveau passeport!!! Ah oui, c’est vrai, chaque pays à des bons et mauvais côté… Aussi après une petite discussion avec mon compte bancaire (un compte suisse par chance) je payais mon nouveau passeport et ce dernier sera bientôt fait en Suisse. Ils le renverront même au consulat du Cap, ainsi je peux continuer ma route avec mon ancien passeport jusqu’au Cap que je rejoindrai dans quelques semaines /mois.

Là je sortais dans la rue, le soleil était à la fois clair et brillant. J’étais de retour en Suisse. Je pouvais arrêter de me plaindre, bientôt sur la route encore.

Plus pauvre mais plus heureux km après km.

Voortekkers Monument

L’autre bonne nouvelle c’est que finalement Fujifilm Pretoria a reçu mon appareil photo envoyé depuis Windhoek et qu’ils ont accepté de le réparer gratuitement grâce à la garantie international de 2 ans qu’assure Fujifilm pour cet appareil photo. Une chance car la réparstion coûtait plus 300 US Dollars et qu’ayant déjà eu recours à une première réparation en Tanzanie et Kenya, elle n’était officiellement plus valable.

Cela dit j’aurai passé une semaine complète à Pretoria dans une ferme à l’ouest de la ville avec Maryna et son époux Dennis que j’avais rencontré précedemment au Malawi sur lîle de Likoma. C’est également eux qui m’avait envoyé dans la mission de Matandani où j’avais rencontré John et Lorie et finalement passé 5 semaines lors de mon retour au Malawi en novembre 2015.

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Dennis, Michael, Maryna, James, Heidi et Anna

Comme souvent depuis mon arrivée en Afrique du Sud j’ai pu profiter de leur grand sens de l’entraide et du partage. James, le fils de Maryna, vit avec son épouse et ses deux fils dans la maison voisine et ainsi j’aurai passé un peu de l’attente à cuisiner des gâteaux pour la première fois depuis 18 mois.

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j’aurai passé un peu de l’attente à cuisiner des gâteaux pour la première fois depuis 18 mois.

Mais malgré toute cette gentillesse j’aurai aussi découvert un fort nationalisme blanc auquel un national noir fait front. Oui car aujourd’hui l’Afrique du Sud ne va pas bien économiquement et l’actuel président, Zuma, y est pour beaucoup avec sa politique désastreuse. Le gouvernement acteul étant totalement noir les blancs qui ont grandi dans un pays plus riche qui aujourd’hui s’appauvri ne goûtent guèrent à sa politique qui soit dit en passant est désastreuse pour tout le monde, noir ou blanc. Mais j’ai parfois eu droit au « rentre chez toi » adressé d’un blanc à un noir dans les rues de Pretoria…

 

Ainis rendre visite au monument de  Voortrekker  fut finalement une bonne chose car il raconte bien l’histoire de l’Afrique du Sud au courant du 19ème siècle.

Le Voortrekker Monument (monument aux Voortrekkers), situé à Pretoria, rend hommage aux pionniers boers qui partirent en 1835-1838 de la colonie du Cap pour s’installer à l’intérieur des terres d’Afrique du Sud. Cette grande migration fut appelée « Grand Trek ». Elle est à l’origine de la création des républiques boers du Transvaal et de l’État libre d’Orange.

Symbole du nationalisme afrikaner, le monument se dresse depuis 1949 sur une colline à l’entrée sud de la capitale sud-africaine. Il est au début du xxie siècle le monument de ce type le plus visité de la province du Gauteng et l’un des 10 sites culturels et historiques majeurs du pays.

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Symbole du nationalisme afrikaner, le monument se dresse depuis 1949 sur une colline à l’entrée sud de la capitale sud-africaine.

Il est inscrit au patrimoine national sud-africain (national heritage site) depuis le 16 mars 2012. (source wikipédia).

Un cercle de 64 chars à bœufs protège symboliquement le monument. C’est aussi un rappel du laager (chariots rangés en cercle) formé par les boers lors de la bataille de Blood River.

Les quatre statues figurant aux quatre coins du monument représentent Piet Retief, Andries Pretorius, Hendrik Potgieter et le Voortrekker inconnu, formant une garde d’honneur symbolique.

La statue de la femme et de l’enfant symbolisent le christianisme et la culture que les femmes maintinrent durant tout leGrand Trek tandis que les Gnous figurent les guerriers du roi zoulou Dingane.

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Tous les 16 décembre (jour de la victoire à Blood River), l’inscription « Ons vir you Suid-Afrika » (« Nous pour toi Afrique du Sud »), qui figure sur le cénotaphe en granit situé au centre du monument, symbolisant le tombeau de Piet Retief et de tous les Voortrekkers morts pendant le grand trek, est éclairé par la lumière naturelle du soleil qui parvint par un orifice au sommet de la coupole. Ce rayon de soleil symbolise la grâce que Dieu répandit sur le travail et les espoirs des Voortrekkers. » (source wikipédia).

En plus, il offre de belles vues sur Pretoria.

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de belles vues sur Pretoria.

Après ce repos forcé mais nécessaire, me voici enfin prêt à en découdre sereinement avec le reste de l’Afrique du Sud.

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Olivier Rochat

Afrique du Sud

Km 27’026, Koster, Pretoria, Afrique du Sud.

Me voici maintenant en Afrique du Sud, le Kalahari déjà loin derrière moi. J’ai donc retrouvé des collines, de la verdure et même des nuages. Après un rapide passage à Gaborone, la capitale du Botswana, j’ai traversé la frontière sud-africaine pour entamer mes derniers kms  en direction du sud et de la ville du Cap. Mais dans un premier temps c’est en direction de Pretoria, la capitale administrative de l’Afrique du Sud que je me dirige.

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A Gaborone, fin du Kalahari mais premier pas dans le journaé

Après la plus longue semaine de ce voyage (852 km), je rejoins Gaborone, la capitale du Botswana.

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Après la plus longue semaine de ce voyage (852 km), je rejoins Gaborone, la capitale du Botswana.

L’Afrique du Sud n’est plus qu’à une encablure de roue. L’ambiance a changé.

Hier une colline s’est présentée en face de moi. La première depuis 900 km. Au bout de cette dernière une deuxième puis une troisième collines ont suivis.

C’était vallonné. Un peu. Une forêt, une vue sur une immense plaine. Rien d’exceptionnel. Quelques montagnes au (très) loin. Le kalahari était fini.

Déjà…

Puis les voitures se sont succédées et se succèdent de plus en plus. Le traffic me rappelle qu en fait le kalahari n’était pas si mal que ça…

Alors je m’engouffre, petit détour sur le nord, à Gaborone où je suis invité pour passer quelques jours (le temps que je souhaite en fait). Profiter un peu de ce Botswana qui s’il n’est pas le plus intéressant des pays à pédaler (peut être mieux pour faire des safaris), n’en reste pas moins sympathique et tranquille. Et aussi accueillant. Souvent en tête de liste des pays africains les plus sûrs, moins corrompus et autres statistiques.

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ne colline s’est présentée en face de moi. La première depuis 900 km.

Il y a presque 6 mois j’entrais au Mozambique, grand voisin de l’Afrique du Sud. Dès lors je n’ai cessé de me rapprocher puis m’éloigner de ce grand pays et qui semble agir comme un aimant pour tous les pays voisins.

Venant du Zimbabwe, Malawi, Mozambique, Kenya, Éthiopie et d’ailleurs encore, ils sont plusieurs millions à venir tenter leur chance au sud. La tension entre les intérêts de chacun est forte et n’a rien de rassurant.

Mais le vélo qui m’accompagne agit souvent comme plus grande aide pour casser les barrières. Peut être qu’il est plus tentant de voler un 4×4 qu’un cycliste?

Comme hier où après avoir passé un après midi pénible et harcelé de toute part pour une bière ou quelques dollars dans la ville de Kang, j’ai été accueilli comme un roi dans le village voisin de Mashupa.

L’alcool ici est presque une religion et c’est bien là le principal danger. Les gens ont souvent bon coeur mais l’alcool pas toujours et repousse les limites et le bon sens de certains. Je m’engouffre alors dans la circulation de Gab’s, avant, c’est sûr, de goûter au festin final de cette descente africaine: l’Afrique du Sud.

Avec une attente certaine: que l’été australe se termine enfin.

C’est donc par une chaleur étouffante (38°C)  que j’ai terminé mon aventure au Botswana. Mais également dans le journal puisque j’ai eu droit à un véritable interview pour au final un article m’offrant une plus grande photo que son texte. Peu importe…

Voici donc le premier article à propos de Bike for Africa publié sur le sol africain, pour le journal Mmegi au Botswana:

 

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dans le journal puisque j’ai eu droit à un véritable interview pour au final un article m’offrant une plus grande photo que son texte.

 

 

Les frontières (Afrique du Sud)

Traverser une frontière c’est un moment que j’aime bien. Pas pour ce qu’elle représente ou la « bonne humeur » des douaniers. Non plutôt car c’est souvent un changement de culture et/ou géographique.

Malgré les murs qu’elles représentent, les frontières ne sont rarement que politique. La plus marquante ce fut celle de SoudanEthiopie. D’un côté j’avais du mal a payé mes repas et ne pas me laisser inviter, de l’autre 50 gamins m’entourent en criant des « farenji » ou « money money money ». Parfois ces derniers s’accrochent aux sacoches et souvent un ou deux cailloux te sont lancés dessus. Après le Soudan plat et désertique, l’Éthiopie débute avec… 1500 mètres d’ascension pour rejoindre les hauts plateaux. Une frontière. Pas que politique.

Une vraie frontière pour le coup…

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Soudan…

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Ethiopie

Puis la sortie de cette même Éthiopie avec le bien plus éduqué Kenya. La Tanzanie où tu te prends une circulation infernale entre bus et camions et le Malawi, presque un autre temps: des vélos. Deux voitures sur la première heure et des dizaines de vélo rarement occupé d’un seul individus. Ou alors de quelques mètres de bois.

Ou quand tu entres dans le pays le plus pauvre au monde.

Ce même Malawi surpeuplé au sud puis tu entres au Mozambique avec des distances de 100 km entre 2 bleds, une nourriture goûteuse et travaillée dont le prix à quadrupler de même que toutes accommodation. Et puis on parle Portugais maintenant.

Le Zimbabwe avec ces dollars puis la Namibie et ses distances imbattables…

Le Botswana sans anicroche mais sans rien d’autre à signaler.

Mais ce matin j’entre en Afrique du Sud. C’est différent. Pas seulement parce que je ne pourrai plus continuer plus au sud, mais j’ai parfois l’impression que ce pays là tout le monde le veut en Afrique. C’est 10 millions de migrants pour une population de 50. Et moi j’entre comme ça. Comme jentrais alors en Roumanie ou Hongrie. Sans visa, juste un tampon gratuit m’offrant un séjour  de 3 mois en Afrique du Sud.

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En Afrique du Sud

Un passeport qui vaut de l’or…

Merci Nelson Mandela

Dès mon entrée en Afrique du Sud je découvre un autre monde, une autre Afrique, Plus développée, plus riche. Plus rasciste avec une grosse barrière entre noirs et blancs… Cependant lors des premiers jours j’avance de rencontre en rencontre, on m’invite à gauche, à droite. Les rencontres se succèdent à mesure que je me rapproche de Pretoria où là aussi je suis invité.

 

« J’ai changé de monde. Ou presque.

Retour en Europe? Parfois presque.

Et pourtant…

Voici 3 jours à peine que je suis entré en Afrique du Sud. Avec une certaine envie, un peu d’inquiétude et beaucoup de questions.

Des mélanges, européens, africains, Inde, Bangladesh, Chine et j’en passe et cette barrière: le noir, le blanc. Plus qu’une couleur de peau un mode vie. Nous vivons différemment, nous sommes différents. Comme je l’ai constaté à maintes reprises durant mon voyage, le mode de vie occidental, qu’il soit politique, économique ou autres n’est pas adapté au mode de vie africain. Et en Afrique du Sud c’est beaucoup en un dans mon esprit. Mais aussi 364 ans de colonies, une histoire de plusieurs tommes et un homme, un Grand Homme, qui reste dans les esprits: NELSON MANDELA.

Hier Niko me disait lorsque que je lui demandais « Mandela c’est quoi pour les blancs d’Afrique du Sud? »:
« même le plus raciste des conservateurs blancs de ce pays a pleuré lorsque Nelson Mandela est mort. Lorsqu’il est devenu président nous avions tous peur. Nous savions que chaque soir quelqu’un pouvait entrer chez nous, nous tuer ou nous chasser de chez nous. En ’93 j’ai acheté une arme. Nous (les blancs) avions tous faute. Beaucoup de blancs sont rentrés chez eux. Mais je suis resté. j’ai ramené cette arme à la police en ’99. »

Puis il ajoute: « lors d’un interview quelques temps plus tard, Nelson Mandela a répondu à un journaliste qui lui demandait pourquoi il n’a pas chassé les colons qu’une partie de lui y a pensé. Mais il a réfléchi. Puis il ne l’a pas fait. Il a pardonné. De cette manière il a sauvé l’Afrique du Sud. »

Il a pardonné. Malgré tout, malgré toutes les inégalités que subirent les noirs durant des siècles, exploité, interdit de plages et d’universités. Malgré ses 23 ans de prison. Il a pardonné.

Niko je l’ai rencontré hier matin alors que je rechargeais mon portable dans un café de la petit ville chique de Lichtenburg. C’était l’anniversaire de sa femme. Ce fut plutôt la mienne. Machine à laver, douche, wifi, et pour finir un resto! La totale. Comme un roi.

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Niko et sa famille

Après 2 semaines de bivouac sableux ou chez l’habitant dans un pauvre quartier de Gaborone, ce fut pour le moins royal. Et je suis reparti avec de la nourriture, de la boîte de thon aux pêches goûteuse. Et quelques bouteilles d’eau fraîche pour affronter l’été et cette sécheresse qui s’étire de plus en plus dangereusement menaçant l’entier de l’Afrique australe. Il paraît que les animaux du parc de Kruger doivent être hydratés par les hommes car il n’y a plus d’eau alors qu’on est sensé être en saison des pluies. Ça craint.

Ah oui et je suis déjà invité en 3 endroits. A ce rythme là et vu la taille du pays, ca risque de durer 3 mois l’Afrique du Sud. Et tant mieux au final. Je me dirige maintenant vers Pretoria la capitale. La aussi j’ai deux adresses…

En effet il y a quelques choses d’assez extraverti dans ces rencontres et dans ma première ville sud africaine la patronne d’un super marché m’a payé mes provisions puis celle d’un restaurant ma offert le petit déjeuner… pour me remercier d’avoir accepté un interview pour un journal. Une vraie star…

Malgré cette grosse tête retrouvée j’essaie de garder la tête sur les épaules -et les pieds sur les pédales- pour découvrir cette Afrique du Sud qu’on m’a aussi prédit très criminel en certains endroits. Les commerces sont souvent bien barricadés et chaque commerçant a plusieurs histoires dramatique à me raconter. Pas très rassurant.

La barrière blanc noir semble encore énorme, de même que les moyens de chacun. Les deux villes que j’ai traversé n’avait rien a voir avec l’Afrique découverte depuis 14 mois et l’invitation de Niko, bien que sympathique a l’extrême, non plus. Comme en Europe. Restaurants, wifi, voiture personnelle et j’en passe.

Pourtant sur ma route je traverse Bakersville. Un petit village pauvre qui ressemble à l’imaginaire que j’ai d’un township sud africain. En moins tassé. Des maisons de taules uniquement. Un énorme bric a brac et des installations électriques douteuses et pas le moindre magasins. Même pas un bar. Un village isolé dans la campagne. Pas un seul blanc. Et des gens qui te regardent un peu bizarrement. Les gosses, les femmes répondent à mon salut. Les ados me suivent à distance. Je reste souriant. Le contact se fait difficilement. Pas vraiment. Sur des routes en terre.

Il y a le noir. Il y a le blanc. Une humanité. Deux couleur de peau.

Le noir le blanc. Afrique. Occident

Nous sommes différents. Nous venons d’univers différents, de cultures et de réalité différentes.

Mais nous parlons d’un monde global, de droit humains. « Plus de génocide » a t’on signer après l’holocauste. Mais allez demander aux peuple rwandais qui était là au printemps ’94…

Économie?

Aujourd’hui pour imager je vois le monde, notre Terre, comme une petite ville où tout le monde connaît tout le monde, lui sourit par devant. Au final personne ne connaît personne. On peut prendre son petit déjeuner à Melbourne, dîner à Paris et souper à New York. Et faire un tour du monde sans mettre les pieds en Afrique. La magie a disparu. Nous voulons du concret. Plus de magie. 1+1=2. Point barre.

Avec Internet on nous offre des rêves. On nous solde des produits arguant « 40% moins cher ». Mais ce que les pubs de disent pas c’est qu’on en a pas besoin de ces produits. Ey que sans solde on aurait rien acheté. 40% de gagner? Ou 60% de perdu…

On nous crée des besoins. Des addictions.

Aujourd’hui en Afrique plus de personnes ont accès à un téléphone portable qu’à de l’eau courante. Dans certains village on trouve une bonne connection 3G alors que les habitants ne mangent pas toujours 2 fois par jour et que 25% d’entre eux ont le sida. Par souci d’économie on modifie le besoin de ces gens, rendant ces pays dépendant de notre capitalisme aigri et égoïste dont les leaders n’ont pas plus de charisme et d’humanité que ces leaders africains marionnettiste et mis en place par nos gouvernements. S’il ne nous plaît pas? On l’élimine.

Regardez khadafi. Des années a lui le « lécher le cul », lui « sucer son pétrole. Puis on découvre que c’est un monstre, on le crée ainsi…puis on le tue Et on va « sucer » ailleurs.

Après on nous parle d’ethnie en permanence. De religions. Comme par hasard les fou religieux on toujours le cul posé sur des puits de pétrole…

C’est nous, notre capitalisme qui crée ce besoin qu’on les africains à venir en Europe. Leur eldorado. Ce qu’on leur montre de nous. C’est vrai que directement ce n’est pas de notre faute s’il n’ont d’avenir chez eux. Mais indirectement ça l’est. Car notre système est trop dépensier, consommateur, pour s’appliquer à tous. Et qu’il faut se nourrir ailleurs et que l’Afrique est remplie de « nourriture ». Et puis aujourd’hui 3x plus de personnes meurent d’obésité que de famines. Mais si les solutions existent, les excusent sont plus facile.

Oui aujourd’hui je vois le monde, notre Terre, comme une petite ville bien développée. Tout le monde connaît tout le monde. Se souri par devant. Et au final plus personne ne connais plus personne.

Et comme toute petite ville bien développée on trouve des égouts. Là où coule le surplus. Les poubelles où le surplus, car c’est souvent ça, est jeté. Et l’Afrique c’est un peu là qu’elle se trouve.

Des égouts magnifique. Mais des égouts quand même.

Ce n’est qu’une image mais... BIBIP! BIBIP! Ah j’ai reçu un message. C’est Niko. « J’ai trouvé une place à Koster, le pasteur va t’héberger!!!! » Ce type est incroyable. Non content de m’avoir offert l’hospitalité et plus encore, il a passé l’après midi à trouver quelqu’un qui m’hébergerait dans la prochaine ville. En l’occurrence le pasteur de Koster.

De nuit je rejoins Koster. Et là encore, l’hospitalité est tenace. Je reçois meme un peu d’argent.

Payer pour rouler.

Et ce matin je repars avec un cadeau, le maillot des springboks, l’équipe nationale de rugby d’Afrique du Sud qui appartient au top 3 mondial. Un beau souvenirs Et des nouvelles adresses. Maintenant j’en ai 6. L’Afrique du sud s’annonce bien.

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je repars avec un cadeau, le maillot des springboks, l’équipe nationale de rugby d’Afrique du Sud

Alord je continue sur cette route secondaire mais goudronnée. Tient ça me rappelle la Suisse. Y a pas que les routes principales qui sont goudronnés. Il y a toujours plusieurs routes à choix pour rejoindre une ville.

Et je m’enfonce petit à petit dans cette Afrique du Sud intrigueante mais passionnante, parfois blessante. On me parle des migrants zimbabwéens qui travaillent pour moitié moins que le salaire minimum d’ici. Parce que c’est plus élevés que chez eux. En plus ils sont nourris logés par les fermiers tout content d’employer des hommes motivés qui travaillent dur et bien pour pas grand chose. Mais ce n’est pas légal. Les noirs d’Afrique du Sud voient ainsi beaucoup de postes s’envoler. Et c’est ainsi que les tueries de migrants ont commencé.

Là aussi on a parlé de problème d’ethnies.

Économie…(?)

Mais je m’enfonce, disais je, dans cette Afrique du Sud. Persuadé qu’avec toutes ces adresses les detours vont se cumuler, les cols et les bords de mer aussi. Et le monde que je vois aujourd’hui je le verrai différemment demain.

Car bien que l’histoire soit lourde, les sourires sont bien léger. Et qu’en tant que voyageur la seule chose que je peux changer c’est moi même. Tout le monde a droit à une opinion. Mais là jai le pouvoir de liberté. Autant en profiter.

Et puis l’histoire c’est hier. Ce sera demain. Mais les sourires ce sont le présent.

Pas à pas me voici presqu’à Pretoria. Je suis déjà 2 fois invité…

Merci qui?

Merci Nelson Mandela

Olivier Rochat

Kalahari: de jour mais d’ennui

 

 

Km 26’400, Sekoma, Botswana.

« Bientôt, déjà, le Kalahari sera derrière moi. Il fera partie d’un passé que je me crée à mesure que j’avance dans une Afrique où je n’ai ni passé ni futur. Je ne fais que passer »

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Un passé que je me crée à mesure que j’avance dans une Afrique où je n’ai ni passé ni futur. Je ne fais que passer

Le 27 janvier 2016, je rejoins WIndhoek après la longue traversée du Namib aux hauts plateaux depuis Walvis Bay. Mais alors que je venais à Windhoek avec une seule idée: réparer mon appareil photo et continuer ma route rapidement, je serai parti quelques 9 jours et 10 nuits plas tard et cela tandis que mon apparareil n’ai pas été réparé et, dans les faits, envoyé à Johannesbourg.

En fait j’ai rencontré du monde, ce qui change pas mal des derniers kilomètres désertiques. Le dernier cycliste que j’avais rencontré c’était au Malawi au mois… d’août. Mais alors que je venais d’apprendre que mon appareil photo n’était pas réparable c’est  Thomas, du Danemark, qui arrivais. Deux jours plus tard, après avoir partagé bon nombres d’histoires c’est Javier « Colorado » Soriano, lui aussi en plein tour du monde, qui arrivait. Me voilà maintenant avec un danois et un espagnol autour de moi,en bonne compagnie. Finalement c’est Martin, du Danemark lui aussi, qui venait passé ses vacances sur les routes de Namibie, qui rejoignit l’équipe et au bout de 9 jours je reprenais enfin la route après avoir attenteint le total inédit de 4 jours sur la route pour les 3 derniers mois!

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De belles rencontres a Windhoek

Tous les trois ayant découvert le monde de manières plus poussées que moi, je me sentais un peu comme un bébé entre eux. Mais pourtant l’un des seules endroits qu’ils n’avaient tous les trois encore jamais découverts était l’un des seuls que j’avais découverts moi-même et découvre toujours en ce jour: l’Afrique! Moi aussi j’avais donc quelques histoires a raconter.

Mais finalement le temps de reprendre la route est venu. Je repars.

Mais je n’ai pas pédalé 5 km que je croise un autre cycliste. Un ukrainien. 4 mois sur la route et l’Afrique déjà derrière lui. 150 km par jour. Impressionnant. J’ai moi-même débuté en Namibie le 29 septembre 2015 alors qu’il n’a quitté l’Ukraine que deux semaines plus tard… Le même transport mais pas le même chemin…

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Le temps de reprendre la route est venu

Adieu Namibie

« La Namibie se termine. Un gros, un beau morceau derrière moi. Le pays dans lequel j’ai le plus pédalé avec 3’242 km de routes. Me voici maintenant à la frontière avec le Botswana. Chaud. Ennuyant. Kalahari ça rime avec ennui.

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Adieu Namibie

Pourtant les alentours de Windhoek étaient plutôt plaisant . verdoyant et montagneux. C’est même sous la pluie que j’ai terminé mon premier jour de retour sur la route. Entre deux orages la savane était bien belle. La nuit tendrement boueuse et entouré… de vaches.

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Les alentours de Windhoek sont plaisant, verdoyant et montagneux

Mais hier s’est fait plus ennuyant. A peine quelques babouins, phacochère ou tortue écrasée pour changer d’une route longiligne et inchangeante contrairement au vent qui semble venir de là où je vais.

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Au pays des phacocheres

Aujourd’hui rien de mieux…si ce n’est une crevaison à la frontière. La première depuis le Zimbabwe, 4000 km derrière moi. Si j’ai fini de pousser dans le sable, et semble til pour un moment, j’ai pas fini de rouler droit. Un seul virage pour les 800 prochains km. 5 ou 6 points de ravitaillement.
En quittant la Namibie je quitte le deuxième pays le moins dense au monde (après la Mongolie). En entrant au Botswana j’entre dans le…3eme moins dense au monde . C’est bien les espaces sont là. Pour les étoiles, les girafes et les dunes ont repassera. En Namibie on reviendra.
Me voici au Botswana. Sur la « Trans-Kalahari ». Peut être la route la moins excitante de mon voyage. Rien à signaler. Des champs, des buissons, des vaches…Heureusement il doit faire « à peine » plus de 35ºC cet après midi. On va brancher les écouteurs et se laisser rouler, rouler, rouler…. ben oui c’est tout droit. « 

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Kang c’est le prochain village sur ma route en direction de l’Afrique du sud.

Très vite je rejoins Tsootsha, 90 km après la frontière. Et très vite l’ambiance est donnée: Kang 280 km. Kang c’est  le prochain village sur ma route en direction de l’Afrique du sud. C’est donc dans une ambiance solitaire que je pédale mon 20’000ème km sur sol africain.

Les kms ont passé, défilé. Voici que vient le 20’000 eme sur le continent africain. Peut être bien le plus ennuyant de tous, celui du Kalahari. Sans collines mais cent camions. En rejoignant Tsootsha j’ai eu droit à un après midi à l’ombre dans ce qui semble être le seul restaurant à la ronde. C’est le moins qu’on puisse dire car mon prochain ravitaillement est situé 285 km après Tsootsha…

Riz et boeuf au menu, bière fraîche pour la sieste… on fête comme on peut. Rien à signaler sur les routes du Botswana.

Pour la folie on repassera

De jour et d’ennui… le Kalahari

De jour mais d’ennui, je traverse le Botswana. Me voici à mi chemin de cette traversée du Kalahari, plate, chaude et comment dire… repetitive? Oui, repetitive c’est cela.

Les jours se ressemblent passablement et les distances aussi, bien qu’elles semblent diminuer à force que je m’approche de l’Afrique du Sud.

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De jour mais d’ennui, je traverse le Botswana.

Ainsi ce matin en m’arretant a Sekoma histoire de m’abreuver -et me desabler- je termine 155 kms en solitaire. Certes il y avait 3 petits villages isolés même pas cartographier, mais bon…

Pourtant bien loin des 285 km qui sépare Tsootsha de Kang, à l’ouest du Namib. 285 sans rien de rien d’autres que des buissons, quelques arbres ainsi que vaches, chèvres et papillons dont certains finissent sous -ou sur- un de ces nombreux camions qui traversent le Botswana en direction de la Namibie et parfois continue au nord jusqu’en Angola, voire même plus haut, le Congo.

Certains d’entre eux s’arrêtent en me voyant et j’ai droit à une bouteille d’eau fraîche, voir littéralement congelée (!), parfois un coca ou autre soda. Souvent c’est là pour ainsi dire mes seules discussions de la journée.

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Pafrois j’ai droit a une bouteille d’eau fraiche, voire litteralement congelee

Discussion de voyageur comme hier avec ce camionneur sud africain qui revenait de Brazzaville en direction de Johannesbourg. Ancien avocat devenu camionneur indépendant car « le bureau c’est ennuyant », j’ai eu droit moi aussi à de beaux récits. La traversée de l’Angola, « pays le plus chère du monde », « 14 jours sur des routes pourries » etc… au final les rencontres sont rares mais souriantes. Sur la selle ou sur un siège, la solitude est plus qu’une coutume une réalité au Botswana.

 

Bivouaquer dans ces conditions n’en est que plus facile, encore plus facile qu’en Namibie où parfois les interminables grillages ou barbelés qui longeaient les routes m’empêchaient de m’enfiler quelque part, derrière un buisson, un arbre, à l’abri des regards.

 

Cependant les bords de routes bien que verdoyant en cette saison n’en reste pas moins sableux. Impossible de s’égarer, du moins de pédaler, hors de cette route bien goudronnée qui me mène droit sur Pretoria. Les quelques sentiers qui s’en vont ici et là n’en reste même pas en rêve. Peut être cauchemar… le sable est bien trop profond.

Mais le Kalahari vit l’été. Et l’été amène la pluie par ici. Ainsi les après midi sont chargés d’électricité et dans cette énorme plaine qu’est le Kalahari les orages sont visible loin, très loin à la ronde. Pédalant sous un soleil de plomb j’ai parfois en vue 4 ou 5 orages de toutes tailles qui m’entourent. Spectacle impressionnant qui peut lui aussi devenir cauchemardesque si ma route s’enfile au dessous de l’un d’eux. Au centre de la bête, vent violent, tout deviens plus compliqué.

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Les orages sont visibles loin a la ronde

Bien que ce destin ne m’a été jusqu’ alors qu’une seule fois dédié. Par chance, j’en terminais avec cette interminable partie de 285 km sans village lorsque l’orage frappa. Après quelques minutes sous la pluie et dans le vent je rejoignais Kang et m’abritais dans une station service qui me servira de toit pour la nuit.

Souvent la chance est au rendez vous du voyageur dont l’audace, peut être, lui permet de la provoquer. De l’apprécier. Toutes ces petites choses insignifiantes qui forment l’entier du quotidien de routier.

Une rencontre, un cri d’oiseau ou de chat sauvage, une crevaison, un orage… des petits rien qu’au quotidien, pris dans notre engrenage égocentrique et de pouvoir -le pouvoir bon dieu le pouvoir!!!- nous ne regardons plus. Trop insignifiant. Sans gloire ni folie. Presque emmerdant. Des petits rien qui pourtant font ce que nous sommes, différemment de ces choses après lesquelles nous courons sans cesse car nous rêvons d’être, de voir et/ou de posséder.

Le bonheur ne se possède pas. Il se vit.

Et peut être qu’en voyageant je réapprend à regarder. Sentir. Profiter. Et certainement à aimer. Simplement.

Dans cette ambiance d’éloignement je continue ma route toujours plus près d’une Afrique du sud qui me servira de dernière grosse étape avant d’entamer ma remontée vers le nord. En avion pour un bout, peut être le tout à vélo? Peu importe je continue sur le sud est pour un dernier détour avant le prochain. Jwaneng n’est qu’à 83 km. Les distances se raccourcissent et bientôt, déjà, le Kalahari sera derrière moi. Il fera partie d’un passé que je me crée à mesure que j’avance dans une Afrique où je n’ai ni passé ni futur. Je ne fais que passer.

Et qu’il est trop facile de faire le sage quand tu n’as plus que toi à aimer…

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Bientot, deja, le Kalahari sera derriere moi

Olivier Rochat

 

#jesuissurlaroute… Du désert au hauts plateaux!

Km 25’503, Windhoek, Namibie.

Me voici de retour sur la route, enfin!!! En effet après plus de 11 semaines de pause  j’ai enfin repris la route, et pas n’importe où puisque c’est le Namib qui m’attendait en quittant Walvis Bay. Pour rejoindre Windhoek, la capitale namibienne, c’est pas moins de 350 km de pistes qui m’ont mené à travers le désert du Namib puis, retrouvant peu à peu la végétation, jusqu’au haut plateau à plus de 2’000 mètres d’altitude au sommet du dernier col, le Kupfergberg. Une route belle et changeante mais difficile puisque pas un seul village ne se trouvais sur ma route. C’est donc bien chargé que j’ai effectué cette difficile route, presque une expédition en somme.

Malheureusement depuis mon retour à Walvis Bay mon appareil photo ne fonctionne plus. Je me trouve actullement à Windhoek dans l’espoir de le réparer depuis plusieurs jours déjà. Les photos de cet article ont donc été prises avec mon téléphone portable.

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Me voici de retour sur la route, enfin!!!

 

On prend les mêmes et on recommence (24 janvier 2016)

Ce matin je reprends la route après plus de 11 semaines de pause. Le sentiment est bizarre, renforcé par la géographie de ce lieu, de cette route, la C26, qui me mène sur la capitale Windhoek.

En effet je commence fort avec la traversée du Namib puis dans un second temps 3 cols dont le dernier est le plus haut de Namibie (Kupferberg pass 2’050m). Le tout sur les pistes, bien sûr, et sans possibilité de ravitaillement à priori. Tout du moins pas plus de village que de magasins sur les 350 prochain kms. Quelques fermes se trouvent le long de la 2ème partie, ce qui devrait m’offrir quelques ravitaillement. Du moins je l’espère car la vingtaine de litres d’eau que j’emporte avec moi ne suffiront absolument pas pour effectuer l’entier de la route.

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Le sentiment est bizarre, renforcé par la géographie de ce lieu, de cette route, la C26, qui me mène sur la capitale Windhoek.

Au loin se dresse une rangée de dunes impressionnante qui me rappelle que l’atlantique est déjà loin, bien qu’il ne soit qu’une dizaine de kms derrière moi… Sans transitions, aucune, me voici sur la route. La température va grimper, le goudron s’arrête tout bientôt… l’aventure quant à elle continue. Ou reprend c’est selon…

A travers le Namib (26 janvier 2016)

 

Beaux, chaud et sec, les deux derniers journées jours ont été difficiles. Traverser le Namib n’est pas facile, mais km après km la végétationr refait peu à peu son apparition.

En deux jours (et une nuit) j’ai déjà utilisé 25 litres d’eau et malgré l’utilisation de crème solaire mes bras et jambes sont plus rouges que bruns. Au moins le vent souffle avec moi. Je croise bon nombre de 4X4 et certains d’entre eux s’arrêtent, me proposant de l’eau ou de la nourriture, parfois même une boisson fraîche oh combien bienvenue.

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Beaux, chaud et sec, les deux derniers journées jours ont été difficiles.

Hier après-midi j’en terminais avec le premier col, le Kuisebpass. Un col qui marque la fin du Namib, se faufilant entre des collines caillouteuses dans une chaleur étouffante. Mais c’est déjà le col du Gamsberg qui se présente en face de moi, probablement le plus dur de cette route.

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le Kuisebpass. Un col qui marque la fin du Namib, se faufilant entre des collines caillouteuses dans une chaleur étouffante.

Ce matin je suis entouré d’herbes et buissons et mêmes de petits arbre. Quelques fermes se trouvent sur ma route. C’est dans l’une d’elle que je m’arrête. L’occasion rêvée pour un peu de repos, profiter d’une boisson et d’un peu de nourriture vendue sur place et parler un peu.

La plupart des gens que je croisent sont très amicaux et chaque jour je croise des touristes. Hier c’est deux voitures de touristes brésiliens qui se sont arrêtées pour me prendre en photos, des finlandais m’ont offert un peu de nourriture alors qu’un gros camion de… Suisse m’a permis un petit mais bienvenue ravitaillement en eau et ce matin je croise un groupe d’allemand dans la ferme-guesthouse où je me ravitaille.

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km après km la végétationr refait peu à peu son apparition.

Sinon j’ai la chance d’appercevoir bon nombre de zèbres dans le coin. La nuit dernière, bivouaquant je pouvais les entendre marcher autour de ma tente durant une bonne partie de la nuit. La nature est belle, simple et sauvage, peu dérangée au final.Mais Windhoek est encore loin…

 

Sur les hauts plateaux (28 janvier 2016)

En Namibie, je n’ai pas beaucoup à dire. Mais j’ai beaucoup à voir.

En encore suffisamment d’énergie pour écrire.

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En Namibie, je n’ai pas beaucoup à dire. Mais j’ai beaucoup à voir.

Hier soir, après une journée sans fin de 9 heures à pédaler (sans les pauses) à travers les hauts plateaux verdoyants j’ai rejoins Windhoek. Enfin! Il est maintenant temps de se reposer car après plus de 350 km de pistes avec plus de 3’000 mètres de dénivellation positive, je peux sentir mes jambes lourdes. Très lourdes. Les bras bronzé à l’extrême et le menton… brûlé. Une grande première et résultat de pédaler avec le vent de face-

Le Gamsbergpass fut une ascension superbe, l’une des toutes belles de ce voyage mais aussi l’une des plus dure. Virage après virage je montais en altitude, lentement, sur cette route caillouteuse, parfois bosselée, avec un soleil aussi fort que prévu. Chaque virage m’offrait plus de vues, plus de plaisir mais aussi…. plus de difficultés.

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Virage après virage je montais en altitude, lentement, sur cette route caillouteuse, parfois bosselée

Lorsque j’ai enfin rejoins le col, un peu de 1’800 mètres au-dessus du niveau de la mer que j’avais quitté quelques jours auparavant à Walvis Bay, il était déjà 5 heures du soir et au moins il ne faisait plus trop chaud (mais suffisamment chaud). Le vent changeait et maintenant je l’avais en pleine face, réalisant que je l’aurais de face probablement jusqu’à Windhoek, quelques 130 km plus loin.

« Oh Yeah! », je pensais,pensant être un mélange de stupidité et de folies,a vant de me souvenir ce qui m’étais venu à l’esprit il y a déjà très longtemps: la destination n’a aucune raison d’être si tu n’as pas de chemin pour l’atteindre. C’était mon chemin pour ce jour. Demain sera un autre jour, une autre destination, un autre chemin. J’ai choisi de pédaler pour un moment parce que ça me rend heureux et plein de vie(s). Trop lent pour tricher mais suffisamment rapide pour atteindre, pour rêver et plus que ça: les sentir, mes rêves, avec toutes les imperfections que mes rêves ont.

D’un autre côté solitude n’est pas bonheur…

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la destination n’a aucune raison d’être si tu n’as pas de chemin pour l’atteindre. C’était mon chemin pour ce jour.

Je n’avais pas vu une seule voiture de  toute l’après-midi et des 8 litres d’eau que j’emportait avec moi à midi, il ne m’en restait plus qu’un seul. Insuffisant pour passer la nuit. Ma route descendait derrière le col sur quelques centaines de mètres puis grimpait une petite colline. Quand j’ai eu rejoins cette dernière je pouvais voir que ma route ne serait pas plate du tout sur les kms à venir. Colline après colline, j’appercevais ma route, fine bande de terre, se faufiler à travers ce vert panorama. Me rappelant un peu la Tanzanie…

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Colline après colline, j’appercevais ma route, fine bande de terre, se faufiler à travers ce vert panorama. Me rappelant un peu la Tanzanie…

Quelques fermes isolée, des vaches entourées de… babouins, tel était dorénavant mon univers en direction de Windhoek. Le désert du Namib que j’avais quitté… hier matin semblait déjà loin. Presque comme un autre continent.

Pourtant j’étais toujours en Afrique, toujours en Namibie. Une fois de plus découvrant de grosses différences dans ce continent que trop souvent les gens qui n’y sont jamais allé mettent dans une petite boîte et oublient que l’Afrique c’est 54 états indépendants, des milliers de langues, combien de religion (?) et beaucoup de choses je n’apperçois pas moi-même.

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j’étais toujours en Afrique, toujours en Namibie.

Le fermier m’avait dit à propos de la Namibie: « la perle cachée de l’Afrique ». Il me donna de l’eau. Assez pour rejoindre Windhoek et après une journée à grimper les collines les unes après les autres jâi trouvé un autre chemin pour ce soir: une bière fraîche. Et une autre destinations: un bon lit. 

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une journée à grimper les collines les unes après les autres

Avant de très bientôt rechercher de nouvelles destinations en empruntant de nouveaux chemins. Sur la route à nouveau…

Olivier Rochat

Il était une Foi au Malawi

Km 25’132, Walvis Bay, Namibie.

79 jours sans vélo… enfin bon dieu! Mais que s’est il passé!!!

C’est sûr, une si longue pause n’était absolument pas nécessaire. Mais dans l’absolu, nécessaire. Juste une question de point de vue, et « bien sûr », de poésie. Comme toujours. Mais cette fois, comme vous l’avez vous même constaté, c’est sans mots que j’ai agi, que je suis parti, mais c’est bien sans maux, ou presque, que je reviens. Le mal est parti. Le mâle aussi d’ailleurs. C’est même du Malawi qu’il s’agit, enfin au Malawi qu’il est parti, le mâle. Le mal aussi d’ailleurs. Mais passons les détails du mâle mais parlons sans mal, ah oui! 

Parlons donc du Malawi, en bus, en cent mots, mais sans mal et à vélo.

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C’est même du Malawi qu’il s’agit

Jante fissurée… 2 mois en bus

Me voici enfin de retour sur ce blog, un grand retour sans fioritures, à peine, mais, tout tout bientôt, sur la route également. Vous aurez probablement constaté que mon dernier article remonte au… 6 novembre 2015. Plus de deux mois, une eternité alors que jusqu’ici je tournais à quasiment 2 articles par semaine en moyenne. Mais pourquoi cela? Que s’est-il passé?

Souvenez-vous fin octobre de… l’année dernière, alors traversant le reculé et non asphalté Damaraland, je m’apercevais lors d’un contrôle de routine que mes deux jantes étaient fendues sur presque tout le pourtour. Roulable mais plus pour longtemps et surtout, irréparable.

Bénéficiant d’une adresse à Walvis Bay au bord de l’Atlantique, deuxième ville de Namibie et premiers port de la région , je décidais de m’y rendre avant de prendre une décision claire et définitive quant à la suite.

Dans les faits j’avais maintenant un sérieux problème. Mais aussi, c’est vrai, plein de solutions. Restait juste à choisir laquelle. Après avoir appelé plusieurs magasins en Afrique du Sud voisine et dans la capitale namibienne Windhoek je ne trouvais pas de jante suffisament solide disponible en magasin. Grâce à un contact reçu de Loic via facebook, un voyageur qui a terminé son tour de monde de plus de 3 ans l’année dernière, je commandais mes jantes directement chez le braquet de la liberté, le magasin d’un coéquipier de Loic lors du début de son tour du monde.

Ainsi je me procurais des jantes préparées spécialement par un voyageur qui travail pour les voyageurs: Merci à lui, chanceux que je suis. Après quelques recherches je découvrais que les Mavicks que j’utilisais jusqu’alors, bien que solide et de bonnes réputations, ne convenait pas trop pour le voyage. Je découvrais ainsi plusieur récits de voyageur ayant fissuré leur jantes. Tous possédaient les même mavicks que moi.

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mes deux jantes étaient fendues sur presque toute le pourtour.

La dernière queston c’était le prix d’envoi. Avec DHL cela me revenait à 110chf par kg environ, trop cher quand on sait que le collis en question pesait 5 kg tout de meme. C’est donc avec la poste normale que le collis à été acheminé. Moins cher mais beaucoup plus long également. Mon visa namibien arrivant à sa fin je devais le renouveller ou quitter le pays pour en refaire un autre. Je décidais donc de voyager en bus et pas n’importe où: retourner au Malawi.

 John Banana

Après environ 3’000 km en bus qui m’ont mené a travers le nord de la Namibie et la Zambie, je retournais donc au Malawi, un pays que je connais un peu puisque j’y avais passé 77 jours jours lors de mon premier passage. Venu pour 20 jours, je suis parti après plus de 60 jours passé au Malawi. Encore une fois je suis resté plus longtemps que prévu.

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Durant ces 2 mois je suis retourné notamment à Matandani, une mission adventiste du 7ème jour tenue par John et Lorie,

En effet mes roues auront mis plus de temps que prévu à arriver et ne seront arrivé à destinations que quelques jours avant Noël. Un Noël que finlement je passerai au Malawi également, avant de rentrer mi-janvier en Namibie. Durant ces 2 mois je suis retourné notamment à Matandani, une mission adventiste du 7ème jour tenue par John et Lorie, un couple venu de Roumanie voici bientôt 5 ans. J’y étais venu lors de mon premier passage dans la région fin Août.

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Cape McLear, au sud du lac Malawi.

Avec eux j’aurai profité de voir le Malawi sous un angle, sans voyager cette fois. La religion étant très présente au Malawi ce fut une bonne expérience de passer autant de temps dans une mission adventiste. Mais plus que ça j’aurai aussi partagé le qutoidien de John et Lorie ainsi que certains des habitants de Matandani et de la région, entourée de montagnes et un peu loin de tout.

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Avec John

Cependant avant cela j’aurai passé pas mal de temps avec les locaux à Lilongwe, la capitale du Malawi ainsi que deux passages à Cape McLear, au sud du lac Malawi. Durant mes quelques jours passé à Lilongwe j’ai été accueilli par John « Banana » Magombo. C’est chez lui que le 2 décembre 2015, j’ai terminé ma première année sur sol africain. Une année entamée à Alexandrie, tout au nord de l’Egypte.

Voici un  texte que j’ai écrit lors de mon passage de mon première anniversaire africain:

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John  » Banana » Magombo, le père de cette petite fille, Pupiska

« Voici un an et un jour, je découvrais l’Afrique. Je me trouvais alors à Alexandrie, au nord de l’Egypte. Le temps passe, le temps file, je dirais même qu’il court et voici plus d’un an que je me trouve en Afrique, difficile de réaliser.

Me voici de retour au Malawi pour un moment. J’ai pris cette photo la semaine dernière à Kaliyeka, un quartier pauvre de la capitale du Malawi, Lilongwe.

John  » Banana » Magombo, le père de cette petite fille, Pupiska, m’a accueilli chez lui durant une dizaine de jours. Il vit avec son épouse et sa fille de 2 ans dans une petite maison qui n’offre ni grand confort, ni grand place. Durant mon séjour chez Banana toute la famille dormait ensemble dans une petite chambre alors que je dormais par terre, enfin sur une natte improvisée, dans l’autre pièce, la pièce principale. A peine plus grande, cette pièce contenait notamment une vieille TV qui avait bien du mal à tourner, 3 petites chaises, 2 vieilles photos de famille, quelques CD de Reggae ainsi que pas mal d’insectes, moustiques et minuscules fourmis y compris.

L’entier de leurs habits ainsi que le vélo de Banana (tout le monde l’appelle « Banana » car son nom de famille, Magombo, signifie Banane en chiyao, sa langue maternelle), restait à côté de leur lit. Le lit n’était pas si mal mais se tenir debout dans la chambre n’était pas donné à tous. En fait le problème n’était pas le lit qui était trop grand bien sûr, mais simplement la chambre qui était trop petite…

L’éléctricité fonctionnais tous les jours mais des black-out survenait quotidiennement,  pouvant aller jusqu’à 3-4 coupures de courant (de plusieurs heures chacune) bien que normalement une seule était de rigueur.

Matin et soir, l’épouse de Banana faisait un petit feu à l’extérieur, devant la porte d’entrée qui donnait sur une fine ruelle à l’abri du vent. L’espace pour cuisiner n’en était que plus réduit. Heureusement le robinet d’eau qui servait pour la dizaine de maisons alentours donnaient juste à l’angle de la maison de Banana, permettant ainsi de s’éviter des aller-retours surchargé pour rapporter l’eau nécessaire. Mais les malawiens se levant très tôt dès le lever du soleil, vers les 5 heures du matin, je pouvais dès lors entendre les femmes du quartier venir et repartir et vaquer à leurs occupations.

Malgré des nuits pénibles et étouffantes, je dois bien dire que tout le monde à Kaliyeka m’était très amical. J’étais probablement le premier blanc à rester ici pour plus d’une semaine (un jour?) mais les habitants du quartier semblaient bien m’apprécier. Peut-être quelque chose, quelqu’un de nouveau, à voir, à parler.

Banana, qui est artiste, passait la plupart de ses journées aux marchés touristiques, au centre de la vieille ville (c’est d’ailleurs là que je l’ai rencontré). Les salaires étant très bas au Malawi, dans la tranche 40-70 dollars pour les métiers moyens, il vendait différentes pièces en bois, des animaux, des masques, des colliers qu’ils fabriquaient lui-même ou des peintures. En effet pour faire vivre sa petite famille 100 dollars est le strict minimum. Banana s’occupe aussi d’un marché de Ganja (Marijuana), très présente au Malawi où cetter dernière à l’une des meilleures réputations d’Afrique. Petit marché illégal mais très fréquent au Malawi, où la police n’est pas trop rigoureuse ou alors s’arrange facilement.

En cette saison, soit novembre, les touristes  n’étaient pas foule aussi ce n’est pas une période facile pour Banana. Cela signifie que pas loin du 100% de l’argent qu’il gagne est dépensé pour se nourrir, payer le loyer.

Les femmes passent leur journées à s’occuper des enfants, faire la lessive, cuisiner, aller au marché. Pas beaucoup d’amusements, bien queBanana avait acheté un téléphone portable à son épouse. C’était là le seul matérialisme que je lui apercevais.

Au soir la pluapart des activités se passaient au marché local où beaucoup de monde se retrouvait, jouant une partie de billard pour 15 centimes (le gagnant joue le suivant, le perdant sort), partageant l’une de ces bières locales « Chipuku » que je ne pouvais sentir. Pour moi c’était toujours une très bonne occasion pour rencontrer des gens, ressentir l’atmosphère local. Il y régnait une ambiance agréable, quelque chose d’unique dans mon voyage,  et malgré la forte pauvreté les rues non goudronnées demeurait plus ou moins propres, si ce nest le soir où pas mal de détritus trainait sur le sol avant d’être ramassé et regroupés au matin. Grâce à mes quelques mots de Chichewa, la langue nationale avec l’anglais, les gens m’appelaient souvent le « Malawien » et beaucoup de sourires  étaient partagés.

Il y avait aussi un type dont j’ai oublié le nom. Il avait fuit les fréquents conflits au Burundi il y a une vingtaine d’année. Ensemble nous parlions français, mais sinon l’anglais et le chichewa était la norme, naturellement.

Certains gars buvaient trop et trop vite et disparaissait rapidement, les autres, plus sérieux rentrait chez eux tôt, ce qui rendait ces soirées courtes, les malawites n’étant pas des gens qui se couchent très tard.

Pupiska, la petite fille de Banana, avait des problèmes de poids. Elle était trop maigres. Elle devait prendre de la nourriture spéciale pour remplacer ses carences et la renforcer, ce que sa mère n’arrivait à lui offrir que partiellement faute d’argent.

Très timide, il m’a fallu deux jour pour obtenir mon premier sourire. Après celui-ci, ça devenait plus facile et parfois je ne pouvais plus l’arrêter de rire. Beaucoup de jeunes enfants vivent dans ce quartier aussi elle étaient en bonne compagnie pour jouer, dès que la garderie qui la prenait la matinée, la laissait repartir.

Le dernier jour que j’étais là-bas, sa mère l’emmenait à l’hôpital à cause de son trop faible poids. Je partais en même temps, aussi la dernière fois que je l’ai vue, ce fut sur le dos de sa mère, sur le chemin de l’hôpital.

Quelques jours auparavant, alors que nous prenions notre petit déjeûner, Banana reçut un appel. Le mari de sa soeur venait de déceder. Il avait 32 ans.

Une grosse fièvre quelques jours auparavant… Malaria.

Quelques chose de presque habituels au Malawi. Banana avait aussi perdu son père alors qu’il n’avait que 10 ans des suites de la malaria.

Au même moment, survenait le terrible attentat de Paris du 13 novembre 2015 perpétré par les fous de Daesh. Les gens en parlaient un peu, certains restaurants avaient même habillés leur personnel en bleu-blanc-rouge, la télévision malawienne montrait l’évolution des événements. Mais depuis  Kaliyeka, pauvre quartier de la capitale de l’un des plus pauvres pays au monde, je ne pouvais réaliser. Je ne pouvais m’imaginer. Je me sentais tellement loin de tout ça, de mon Europe, à l’autre bout du monde. En fait ici je n’avais rien, mais j’étais plein à l’intérieur.

Cependant je restais surpris car en janvier de cette même année 2015 près de 500’000 malawiens ont perdu leur maison suite à d’importantes innondations et plusieurs centaines en sont morts. Mais personne, ou presque, n’en a jamais parlé. Même au Malawi les gens vivant au nord, loin des innondations,  ne savait rien ou pas grand-chose à ce propos.

Bien sûr ce n’était pas une attaque mais bon…

Parfois je sens l’Afrique comme un nombre dans ce Monde, notre Monde. Ils doivent souffrir. Depuis le premier jour où les blancs ont rencontrés les noirs, les noirs ont toujours été au-dessus des blancs. Finalement ils acceptent cette souffrance et n’essayent même plus de l’éviter.

Lorsqu’une voiture de touriste m’apperçoit avec mon vélo, souvent elle s’arrête, me demandant gentiment si je veux de l’eau, de la nourriture etc… Mais pourquoi personne ne s’arrête jamais pour la centaine de gars qui poussent difficilement leur vélo surchargé de 3 mètres de bois, dans la poussière autour de moi? Probablement nous sommes habitués de les voir, les noirs, souffrir. Mais pas moi. Je n’ai pas à souffrir ici en Afrique. Puisque je suis blanc… D’ailleurs si j’attrape la malaria, -enfin si cette dernière m’attrape- je vais à l’hôpital. Il peut y avoir 50 personnes avant moi, c’est de  moi qu’ils s’occuperont en premier. Puisque je suis blanc..  (et que j’ai de l’argent).

Je suis sur que 95-99% des gens de ce monde sont bons. Malheureusement je vois les 1-5% de mauvais contrôler le monde, ce grand village. Contrôler les 95 pourcents et quelques restants. Le monde est comme cela. L’humain est comme cela. L’humanité est comme cela.

Bien sûr, je ne peut  changer  cela. Je ne peux pas changer le monde. Je ne peux rien changer d’ailleurs. Et toi non plus. Nous non plus, nous ne pouvons rien changer. Nous ne pouvons changer le monde.

Mais je peux me changer moi-même. Tu le peux aussi. Nous le pouvons tous. Juste être bon. Une bonne personne, faire de son mieux. Rien de plus. Rien d’autre. Car au final nous sommes le monde…

Cela paraît si compliqué pour la plupart des gens. Nous voulons plus, nous avons besoin de plus. Nous vivons en permanence pour plus. Un peu plus. Toujours plus…

Tu verras combien heureux tu seras. Et laisse-toi une petite prière pour Pupiska. Si c’est trop demander, laisse-lui juste une pensée. Ce sera mon cadeau de Noël. »

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Olivier Rochat, Blantyre, le 3 décembre 2015

En quittant le Malawi

Puis Noël arriva, passa. Et le 13 janvier je quittais le Malawi, serein et confiant à l’idée de reprendre la route bientôt.

« Au moins 2’900 km de bus m’attendent maintenant.

J’y venais pour 20 jours et je repars après… 61 jours. Oui, le Malawi va me manquer. Honnêtement je me sens à la fois heureux et excité de reprendre la route bientôt mais voyager au Malawi me rend heureux. Pourquoi? Au fond je ne sais pas vraiment. Peut-être à cause de la simplicité des gens, tout au long de leur quotidien. Les malawiens sont des gens simples, mais je peux dire que la simplcité rend parfois la vie compliquée. Un peu d’organisations peu bien aider et je n’oublierai jamais ce voyage en bateau sur le lac Malawi en juillet dernier où le bateau était tellement bondé de matériel et vivres mal rangé qu’ila  fallu 15 minutes rien que pour ouvrir la porte.

 

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Un peu d’organisations peu bien aider

Mais finalement je me dis qu’au moins, eux, ils ne créent pas de problèmes comme nous le faisons. Parfois je sens notre société malade, très malade. Il y a quelque chose de faux en occident, comme si nous avions besoin d’avoir beaucoup de problèmes pour occuper nos journées. Alors nous nous créons des problèmes… ainsi passe nos journées..

C’est l’humain. C’est l’humanité.

Puis nous parlons d’éducations, aussi de celles qu’ils n’ont pas, les africains. Mais l’éducation doit-elle amener la peur? Je n’aime pas cette idée pourtant je peux le ressentir souvent lorsque je marche dans la rue chez moi, en parlant avec les gens. Ou pire, lorsque je vois les propos qu’utilise certains parti politique pour obtenir toujours plus de vote: amener la peur dans l’esprit des gens. Négativisme. Ils montrent ce que les autres partis font de mals, mais jamais ce que eux font de bien. Utilisant pour cela beaucoup d’information douteuses circulant sur le net. Super!!! L’éducation c’est bien. Mais l’humain n’a pas besoin d’être éduqué pour aimer. En tout cas pas de cette forme d’éducation là.

Mon téléphone es tombé de ma poche alors que je voyageais dans un de ces minibus suroccupé de Lilongwe. Pourquoi le type assis derrière moi m’a rattrapé pour me le rendre? Il pouvait le vendre pour un salaire mensuel. La même chose pour cette jeune femme nettoyane ma chambre en quittant Blantyre. 1 heure après avoir quitté ma chambre, elle me retrouvait dans la rue pour me le rendre.

C’est aussi ça l’humanité et il serait bon de ne pas oublier parce que souvent nous le faisons. Et la peur que nous créons entraîne la haine.

Finalement, l’Afrique est pleine de paradoxes. Mais maintenant je commence à me demander si nous n’avons pas plus de paradoxes en Europe?

Peu importe, me voici dans le bus. En fait il n’y a pas de bus reliant directement le Malawi à la Namibie aussi j’ai pleins de choix pour retourner en Namibie. J’ai choisi le chemin le plus court, traversant le Mozambique via le corridor de Tete pour rejoindre Harare depuis Blantyre, au sud du Malawi

Cette partie du Mozambique est très chaude en cette saison . Ne désirant pas changer de monnaie mozambicaine (le mteical), je me renseigne auprès du conducteur afin de savoir approximativement combien de temps le voyage va durer. Il est 7 heures du matin:

-20 à 21 heures, il me répond.

vous êtes sûr? Cela me semble beaucoup pour cette distance (650km), je continue.

Oui oui, 20 à 21 heures, nous atteindrons Harare à 20 heures.

-Mais ça ne fait pas 20 heures Mchimwene (frère), vous voulez dire 12 heures de trajet ou alors nous arriverons aux alentours des 4 heures du matin?

– le voyage dure 20 heures, donc nous arriverons à 8 heures ce soir! conclut-il

Je souris simplement, achète 2 litres d’eau, et arrête de trop penser. Le bus part… Good Bye Malawi!

Retour en Namibie

Plus de lac Malawi mais un océan, l’Atlantique. Après un voyage de 3’500 kms en bus, je suis arrivé à destinations voici quelques heures. De retour en Namibie, à Walvis Bay. Il sera bientôt temps d’embrasser la route après une nuit reposante.

Penser à reprendre la route n’est plus une question de semaines ou de jours, mais juste une question d’heures et ce sentiment est fortement agréable. Etre de retour en Namibie est aussi intéressant dans le sens où la Namibie est très différente du Malawi. La culture, les infrastructures… cje me trouve toujours sur le même continent mais parfois j’ai l’impression d’être en Europe avec du wifi dans les cafés et restaurants,  de gros supermarchés dans les stations services, des rues tranquilles et beaucoup de voitures avec seulement un seul voir deux occupants.

D’un autre point de vue la Namibie est très différente de l’Europe et je la rejoignais voici 3 jours de cela après un après-midi chaud et orageux dans le Kalahari. Les distances sont souvent énormes, excédant les 100 kms  entre deux villes souvent sans le moindre villages entre deux. Je débutais ma journée à Windhoek, la capitale namibienne. En bus je traversais les hauts plateaux verdoyants et finalement le désert du Namib pour quelques diyaines de kms avant de rejoindre l’Atlantique à Swakopmund.

Ici je pouvais voir des dunes de sables tomber dans la mer en buvant un café et profiter du wifi dans un Tea-Room vendant des pâtisseries allemandes alors que quelques dizaines de mètres plus loin deux chameaux attendaient sagement que des touristes se proposent pour aller faire un tour dans le désert… Le soleil était toujorus aussi présent, mais une dizaine de degré de moins que 1’700 mètres plus haut sur dans les montagnes.

Ce soir je suis accueilli par Bryan qui a gardé mon vélo pendant tout ce temps, soit 69 jours. Juste en train d’attendre qu’il rentre du travail, regardant le soleil tomber dans l’océan. Gentiment, sûrement.

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regardant le soleil tomber dans l’océan. Gentiment, sûrement.

Et finalement très loind de la réalité des pays que je traverse tour à tour. Le rand sud-africain a perdu environ 25% de sa valeur durant mon absece au Malawi. Pour moi c’est une excellente nouvelle, je pait tout 25% moins cher que 3 mois auparavant. Mais pour les locaux…

Et la situation était même pire en Ouganda, Tanzanie, Malawi, Mozambique, alors que je découvre sur internet que le Burundi a déjà un pied et demi en enfer. Dans les différents bus me ramenant en Namibie j’ai pu sentir à plusieurs repsirs l’Afrique du Sud, plus riche, comme un sorte de gravité pour les africains des pays voisins.

Presque chaque frontière était un grand moment de corruption, alors que les personnes voyageant illégalement donnaient un peu de Cash aux douaniers, espérant ainsi rejoindre l’Afrique du Sud et y trouver du travail. En entrant au Botswana de nuit ( en provenance du Zimbabwe), il y a vait un contrôl de police quelques kms après la frontière. Pour ne pas être attrapé, les personnes sans passports avaient quitté le bus quelques centaines de mètres avant et contournait le contrôle de police en courant dans la forêt. Le bus contrôlé reprenait sa route et retrouvait ces personnes 1-2 km après le contrôle. Tracy, une femme qui était assise à côté de moi durant le trajet d’une vingtaine d’heures entre Harare et Gaborone, m’expliquait la dangerosité de la chose à cause des voleurs qui, connaissant très bien la situation, se cachait souvent dans la forêt en question.

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Tracy, une femme qui était assise à côté de moi durant le trajet d’une vingtaine d’heures entre Harare et Gaborone,

Elle allait à Gab’s (Gaborone, capitale du Botswana) afin de trouver un ami qui travaillait dans une ambassade. Après avoir perdu recémment son travail pour une radio zimbabwéenne elle espérait obtenir un poste à l’ambassade en question.

Som mari était mort 13 ans auparavant et depuis elle passait le plus clair de son temps à s’occuper de sa fille, seule, me montrant quelques photos de cetter dernière, une lumière dans les yeux.
Elle ne se plaignait pas, m’expliquant comment David, le fils de sa meilleure amie, avait perdu l’usage de ses jambes après une erreurs des docteurs peu après sa naissance. Elle remerciait Dieu d’être capable de quitter le Zimbabwe, et d’avoir trouvé des donneurs qui avaient acheter dernièrement une chaise roulante à David, lui offrant un confort au combien précieux.

Tracy avait quelque chose de magnifique mais tragique. Elle m’aidait beaucoup durant tout le trajet, notamment à la frontière zimbabwéenne, afin de ne pas me faire arnaquer par les douaniers, ou lors du changement de monnaie au Botswana, afin d’obtenir le meilleur taux possible. A 2 heures du matin, elle disparu dans la nuit, 18 km avant ma destination, me réveillant timidement pour me dire au revoir.

Les différences de vie de chacun se mélangent mais ce soir la seule chose que je puisse dire est « Merci! ». Bryan est maintenant rentré du travail. Il est grand temps d’embrasser mon vélo.

Et bientôt, de reprendre la route.

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Olivier Rochat, le 19 janvier 2016, Walvis Bay, Namibie.

Durant mon absence sur ce blog j’ai reçu plusieurs  messages de France, de Roumanie, de Turquie et d’ailleurs encore. Je tiens à remercier toutes ces personnes pour leur soutient et/ou inquiètude et m’excuser de mon manque de nouvelles durant cette période.

Olivier Rochat