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Afrique du Sud

Km 27’026, Koster, Pretoria, Afrique du Sud.

Me voici maintenant en Afrique du Sud, le Kalahari déjà loin derrière moi. J’ai donc retrouvé des collines, de la verdure et même des nuages. Après un rapide passage à Gaborone, la capitale du Botswana, j’ai traversé la frontière sud-africaine pour entamer mes derniers kms  en direction du sud et de la ville du Cap. Mais dans un premier temps c’est en direction de Pretoria, la capitale administrative de l’Afrique du Sud que je me dirige.

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A Gaborone, fin du Kalahari mais premier pas dans le journaé

Après la plus longue semaine de ce voyage (852 km), je rejoins Gaborone, la capitale du Botswana.

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Après la plus longue semaine de ce voyage (852 km), je rejoins Gaborone, la capitale du Botswana.

L’Afrique du Sud n’est plus qu’à une encablure de roue. L’ambiance a changé.

Hier une colline s’est présentée en face de moi. La première depuis 900 km. Au bout de cette dernière une deuxième puis une troisième collines ont suivis.

C’était vallonné. Un peu. Une forêt, une vue sur une immense plaine. Rien d’exceptionnel. Quelques montagnes au (très) loin. Le kalahari était fini.

Déjà…

Puis les voitures se sont succédées et se succèdent de plus en plus. Le traffic me rappelle qu en fait le kalahari n’était pas si mal que ça…

Alors je m’engouffre, petit détour sur le nord, à Gaborone où je suis invité pour passer quelques jours (le temps que je souhaite en fait). Profiter un peu de ce Botswana qui s’il n’est pas le plus intéressant des pays à pédaler (peut être mieux pour faire des safaris), n’en reste pas moins sympathique et tranquille. Et aussi accueillant. Souvent en tête de liste des pays africains les plus sûrs, moins corrompus et autres statistiques.

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ne colline s’est présentée en face de moi. La première depuis 900 km.

Il y a presque 6 mois j’entrais au Mozambique, grand voisin de l’Afrique du Sud. Dès lors je n’ai cessé de me rapprocher puis m’éloigner de ce grand pays et qui semble agir comme un aimant pour tous les pays voisins.

Venant du Zimbabwe, Malawi, Mozambique, Kenya, Éthiopie et d’ailleurs encore, ils sont plusieurs millions à venir tenter leur chance au sud. La tension entre les intérêts de chacun est forte et n’a rien de rassurant.

Mais le vélo qui m’accompagne agit souvent comme plus grande aide pour casser les barrières. Peut être qu’il est plus tentant de voler un 4×4 qu’un cycliste?

Comme hier où après avoir passé un après midi pénible et harcelé de toute part pour une bière ou quelques dollars dans la ville de Kang, j’ai été accueilli comme un roi dans le village voisin de Mashupa.

L’alcool ici est presque une religion et c’est bien là le principal danger. Les gens ont souvent bon coeur mais l’alcool pas toujours et repousse les limites et le bon sens de certains. Je m’engouffre alors dans la circulation de Gab’s, avant, c’est sûr, de goûter au festin final de cette descente africaine: l’Afrique du Sud.

Avec une attente certaine: que l’été australe se termine enfin.

C’est donc par une chaleur étouffante (38°C)  que j’ai terminé mon aventure au Botswana. Mais également dans le journal puisque j’ai eu droit à un véritable interview pour au final un article m’offrant une plus grande photo que son texte. Peu importe…

Voici donc le premier article à propos de Bike for Africa publié sur le sol africain, pour le journal Mmegi au Botswana:

 

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dans le journal puisque j’ai eu droit à un véritable interview pour au final un article m’offrant une plus grande photo que son texte.

 

 

Les frontières (Afrique du Sud)

Traverser une frontière c’est un moment que j’aime bien. Pas pour ce qu’elle représente ou la « bonne humeur » des douaniers. Non plutôt car c’est souvent un changement de culture et/ou géographique.

Malgré les murs qu’elles représentent, les frontières ne sont rarement que politique. La plus marquante ce fut celle de SoudanEthiopie. D’un côté j’avais du mal a payé mes repas et ne pas me laisser inviter, de l’autre 50 gamins m’entourent en criant des « farenji » ou « money money money ». Parfois ces derniers s’accrochent aux sacoches et souvent un ou deux cailloux te sont lancés dessus. Après le Soudan plat et désertique, l’Éthiopie débute avec… 1500 mètres d’ascension pour rejoindre les hauts plateaux. Une frontière. Pas que politique.

Une vraie frontière pour le coup…

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Soudan…

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Ethiopie

Puis la sortie de cette même Éthiopie avec le bien plus éduqué Kenya. La Tanzanie où tu te prends une circulation infernale entre bus et camions et le Malawi, presque un autre temps: des vélos. Deux voitures sur la première heure et des dizaines de vélo rarement occupé d’un seul individus. Ou alors de quelques mètres de bois.

Ou quand tu entres dans le pays le plus pauvre au monde.

Ce même Malawi surpeuplé au sud puis tu entres au Mozambique avec des distances de 100 km entre 2 bleds, une nourriture goûteuse et travaillée dont le prix à quadrupler de même que toutes accommodation. Et puis on parle Portugais maintenant.

Le Zimbabwe avec ces dollars puis la Namibie et ses distances imbattables…

Le Botswana sans anicroche mais sans rien d’autre à signaler.

Mais ce matin j’entre en Afrique du Sud. C’est différent. Pas seulement parce que je ne pourrai plus continuer plus au sud, mais j’ai parfois l’impression que ce pays là tout le monde le veut en Afrique. C’est 10 millions de migrants pour une population de 50. Et moi j’entre comme ça. Comme jentrais alors en Roumanie ou Hongrie. Sans visa, juste un tampon gratuit m’offrant un séjour  de 3 mois en Afrique du Sud.

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En Afrique du Sud

Un passeport qui vaut de l’or…

Merci Nelson Mandela

Dès mon entrée en Afrique du Sud je découvre un autre monde, une autre Afrique, Plus développée, plus riche. Plus rasciste avec une grosse barrière entre noirs et blancs… Cependant lors des premiers jours j’avance de rencontre en rencontre, on m’invite à gauche, à droite. Les rencontres se succèdent à mesure que je me rapproche de Pretoria où là aussi je suis invité.

 

« J’ai changé de monde. Ou presque.

Retour en Europe? Parfois presque.

Et pourtant…

Voici 3 jours à peine que je suis entré en Afrique du Sud. Avec une certaine envie, un peu d’inquiétude et beaucoup de questions.

Des mélanges, européens, africains, Inde, Bangladesh, Chine et j’en passe et cette barrière: le noir, le blanc. Plus qu’une couleur de peau un mode vie. Nous vivons différemment, nous sommes différents. Comme je l’ai constaté à maintes reprises durant mon voyage, le mode de vie occidental, qu’il soit politique, économique ou autres n’est pas adapté au mode de vie africain. Et en Afrique du Sud c’est beaucoup en un dans mon esprit. Mais aussi 364 ans de colonies, une histoire de plusieurs tommes et un homme, un Grand Homme, qui reste dans les esprits: NELSON MANDELA.

Hier Niko me disait lorsque que je lui demandais « Mandela c’est quoi pour les blancs d’Afrique du Sud? »:
« même le plus raciste des conservateurs blancs de ce pays a pleuré lorsque Nelson Mandela est mort. Lorsqu’il est devenu président nous avions tous peur. Nous savions que chaque soir quelqu’un pouvait entrer chez nous, nous tuer ou nous chasser de chez nous. En ’93 j’ai acheté une arme. Nous (les blancs) avions tous faute. Beaucoup de blancs sont rentrés chez eux. Mais je suis resté. j’ai ramené cette arme à la police en ’99. »

Puis il ajoute: « lors d’un interview quelques temps plus tard, Nelson Mandela a répondu à un journaliste qui lui demandait pourquoi il n’a pas chassé les colons qu’une partie de lui y a pensé. Mais il a réfléchi. Puis il ne l’a pas fait. Il a pardonné. De cette manière il a sauvé l’Afrique du Sud. »

Il a pardonné. Malgré tout, malgré toutes les inégalités que subirent les noirs durant des siècles, exploité, interdit de plages et d’universités. Malgré ses 23 ans de prison. Il a pardonné.

Niko je l’ai rencontré hier matin alors que je rechargeais mon portable dans un café de la petit ville chique de Lichtenburg. C’était l’anniversaire de sa femme. Ce fut plutôt la mienne. Machine à laver, douche, wifi, et pour finir un resto! La totale. Comme un roi.

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Niko et sa famille

Après 2 semaines de bivouac sableux ou chez l’habitant dans un pauvre quartier de Gaborone, ce fut pour le moins royal. Et je suis reparti avec de la nourriture, de la boîte de thon aux pêches goûteuse. Et quelques bouteilles d’eau fraîche pour affronter l’été et cette sécheresse qui s’étire de plus en plus dangereusement menaçant l’entier de l’Afrique australe. Il paraît que les animaux du parc de Kruger doivent être hydratés par les hommes car il n’y a plus d’eau alors qu’on est sensé être en saison des pluies. Ça craint.

Ah oui et je suis déjà invité en 3 endroits. A ce rythme là et vu la taille du pays, ca risque de durer 3 mois l’Afrique du Sud. Et tant mieux au final. Je me dirige maintenant vers Pretoria la capitale. La aussi j’ai deux adresses…

En effet il y a quelques choses d’assez extraverti dans ces rencontres et dans ma première ville sud africaine la patronne d’un super marché m’a payé mes provisions puis celle d’un restaurant ma offert le petit déjeuner… pour me remercier d’avoir accepté un interview pour un journal. Une vraie star…

Malgré cette grosse tête retrouvée j’essaie de garder la tête sur les épaules -et les pieds sur les pédales- pour découvrir cette Afrique du Sud qu’on m’a aussi prédit très criminel en certains endroits. Les commerces sont souvent bien barricadés et chaque commerçant a plusieurs histoires dramatique à me raconter. Pas très rassurant.

La barrière blanc noir semble encore énorme, de même que les moyens de chacun. Les deux villes que j’ai traversé n’avait rien a voir avec l’Afrique découverte depuis 14 mois et l’invitation de Niko, bien que sympathique a l’extrême, non plus. Comme en Europe. Restaurants, wifi, voiture personnelle et j’en passe.

Pourtant sur ma route je traverse Bakersville. Un petit village pauvre qui ressemble à l’imaginaire que j’ai d’un township sud africain. En moins tassé. Des maisons de taules uniquement. Un énorme bric a brac et des installations électriques douteuses et pas le moindre magasins. Même pas un bar. Un village isolé dans la campagne. Pas un seul blanc. Et des gens qui te regardent un peu bizarrement. Les gosses, les femmes répondent à mon salut. Les ados me suivent à distance. Je reste souriant. Le contact se fait difficilement. Pas vraiment. Sur des routes en terre.

Il y a le noir. Il y a le blanc. Une humanité. Deux couleur de peau.

Le noir le blanc. Afrique. Occident

Nous sommes différents. Nous venons d’univers différents, de cultures et de réalité différentes.

Mais nous parlons d’un monde global, de droit humains. « Plus de génocide » a t’on signer après l’holocauste. Mais allez demander aux peuple rwandais qui était là au printemps ’94…

Économie?

Aujourd’hui pour imager je vois le monde, notre Terre, comme une petite ville où tout le monde connaît tout le monde, lui sourit par devant. Au final personne ne connaît personne. On peut prendre son petit déjeuner à Melbourne, dîner à Paris et souper à New York. Et faire un tour du monde sans mettre les pieds en Afrique. La magie a disparu. Nous voulons du concret. Plus de magie. 1+1=2. Point barre.

Avec Internet on nous offre des rêves. On nous solde des produits arguant « 40% moins cher ». Mais ce que les pubs de disent pas c’est qu’on en a pas besoin de ces produits. Ey que sans solde on aurait rien acheté. 40% de gagner? Ou 60% de perdu…

On nous crée des besoins. Des addictions.

Aujourd’hui en Afrique plus de personnes ont accès à un téléphone portable qu’à de l’eau courante. Dans certains village on trouve une bonne connection 3G alors que les habitants ne mangent pas toujours 2 fois par jour et que 25% d’entre eux ont le sida. Par souci d’économie on modifie le besoin de ces gens, rendant ces pays dépendant de notre capitalisme aigri et égoïste dont les leaders n’ont pas plus de charisme et d’humanité que ces leaders africains marionnettiste et mis en place par nos gouvernements. S’il ne nous plaît pas? On l’élimine.

Regardez khadafi. Des années a lui le « lécher le cul », lui « sucer son pétrole. Puis on découvre que c’est un monstre, on le crée ainsi…puis on le tue Et on va « sucer » ailleurs.

Après on nous parle d’ethnie en permanence. De religions. Comme par hasard les fou religieux on toujours le cul posé sur des puits de pétrole…

C’est nous, notre capitalisme qui crée ce besoin qu’on les africains à venir en Europe. Leur eldorado. Ce qu’on leur montre de nous. C’est vrai que directement ce n’est pas de notre faute s’il n’ont d’avenir chez eux. Mais indirectement ça l’est. Car notre système est trop dépensier, consommateur, pour s’appliquer à tous. Et qu’il faut se nourrir ailleurs et que l’Afrique est remplie de « nourriture ». Et puis aujourd’hui 3x plus de personnes meurent d’obésité que de famines. Mais si les solutions existent, les excusent sont plus facile.

Oui aujourd’hui je vois le monde, notre Terre, comme une petite ville bien développée. Tout le monde connaît tout le monde. Se souri par devant. Et au final plus personne ne connais plus personne.

Et comme toute petite ville bien développée on trouve des égouts. Là où coule le surplus. Les poubelles où le surplus, car c’est souvent ça, est jeté. Et l’Afrique c’est un peu là qu’elle se trouve.

Des égouts magnifique. Mais des égouts quand même.

Ce n’est qu’une image mais... BIBIP! BIBIP! Ah j’ai reçu un message. C’est Niko. « J’ai trouvé une place à Koster, le pasteur va t’héberger!!!! » Ce type est incroyable. Non content de m’avoir offert l’hospitalité et plus encore, il a passé l’après midi à trouver quelqu’un qui m’hébergerait dans la prochaine ville. En l’occurrence le pasteur de Koster.

De nuit je rejoins Koster. Et là encore, l’hospitalité est tenace. Je reçois meme un peu d’argent.

Payer pour rouler.

Et ce matin je repars avec un cadeau, le maillot des springboks, l’équipe nationale de rugby d’Afrique du Sud qui appartient au top 3 mondial. Un beau souvenirs Et des nouvelles adresses. Maintenant j’en ai 6. L’Afrique du sud s’annonce bien.

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je repars avec un cadeau, le maillot des springboks, l’équipe nationale de rugby d’Afrique du Sud

Alord je continue sur cette route secondaire mais goudronnée. Tient ça me rappelle la Suisse. Y a pas que les routes principales qui sont goudronnés. Il y a toujours plusieurs routes à choix pour rejoindre une ville.

Et je m’enfonce petit à petit dans cette Afrique du Sud intrigueante mais passionnante, parfois blessante. On me parle des migrants zimbabwéens qui travaillent pour moitié moins que le salaire minimum d’ici. Parce que c’est plus élevés que chez eux. En plus ils sont nourris logés par les fermiers tout content d’employer des hommes motivés qui travaillent dur et bien pour pas grand chose. Mais ce n’est pas légal. Les noirs d’Afrique du Sud voient ainsi beaucoup de postes s’envoler. Et c’est ainsi que les tueries de migrants ont commencé.

Là aussi on a parlé de problème d’ethnies.

Économie…(?)

Mais je m’enfonce, disais je, dans cette Afrique du Sud. Persuadé qu’avec toutes ces adresses les detours vont se cumuler, les cols et les bords de mer aussi. Et le monde que je vois aujourd’hui je le verrai différemment demain.

Car bien que l’histoire soit lourde, les sourires sont bien léger. Et qu’en tant que voyageur la seule chose que je peux changer c’est moi même. Tout le monde a droit à une opinion. Mais là jai le pouvoir de liberté. Autant en profiter.

Et puis l’histoire c’est hier. Ce sera demain. Mais les sourires ce sont le présent.

Pas à pas me voici presqu’à Pretoria. Je suis déjà 2 fois invité…

Merci qui?

Merci Nelson Mandela

Olivier Rochat

Kalahari: de jour mais d’ennui

 

 

Km 26’400, Sekoma, Botswana.

« Bientôt, déjà, le Kalahari sera derrière moi. Il fera partie d’un passé que je me crée à mesure que j’avance dans une Afrique où je n’ai ni passé ni futur. Je ne fais que passer »

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Un passé que je me crée à mesure que j’avance dans une Afrique où je n’ai ni passé ni futur. Je ne fais que passer

Le 27 janvier 2016, je rejoins WIndhoek après la longue traversée du Namib aux hauts plateaux depuis Walvis Bay. Mais alors que je venais à Windhoek avec une seule idée: réparer mon appareil photo et continuer ma route rapidement, je serai parti quelques 9 jours et 10 nuits plas tard et cela tandis que mon apparareil n’ai pas été réparé et, dans les faits, envoyé à Johannesbourg.

En fait j’ai rencontré du monde, ce qui change pas mal des derniers kilomètres désertiques. Le dernier cycliste que j’avais rencontré c’était au Malawi au mois… d’août. Mais alors que je venais d’apprendre que mon appareil photo n’était pas réparable c’est  Thomas, du Danemark, qui arrivais. Deux jours plus tard, après avoir partagé bon nombres d’histoires c’est Javier « Colorado » Soriano, lui aussi en plein tour du monde, qui arrivait. Me voilà maintenant avec un danois et un espagnol autour de moi,en bonne compagnie. Finalement c’est Martin, du Danemark lui aussi, qui venait passé ses vacances sur les routes de Namibie, qui rejoignit l’équipe et au bout de 9 jours je reprenais enfin la route après avoir attenteint le total inédit de 4 jours sur la route pour les 3 derniers mois!

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De belles rencontres a Windhoek

Tous les trois ayant découvert le monde de manières plus poussées que moi, je me sentais un peu comme un bébé entre eux. Mais pourtant l’un des seules endroits qu’ils n’avaient tous les trois encore jamais découverts était l’un des seuls que j’avais découverts moi-même et découvre toujours en ce jour: l’Afrique! Moi aussi j’avais donc quelques histoires a raconter.

Mais finalement le temps de reprendre la route est venu. Je repars.

Mais je n’ai pas pédalé 5 km que je croise un autre cycliste. Un ukrainien. 4 mois sur la route et l’Afrique déjà derrière lui. 150 km par jour. Impressionnant. J’ai moi-même débuté en Namibie le 29 septembre 2015 alors qu’il n’a quitté l’Ukraine que deux semaines plus tard… Le même transport mais pas le même chemin…

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Le temps de reprendre la route est venu

Adieu Namibie

« La Namibie se termine. Un gros, un beau morceau derrière moi. Le pays dans lequel j’ai le plus pédalé avec 3’242 km de routes. Me voici maintenant à la frontière avec le Botswana. Chaud. Ennuyant. Kalahari ça rime avec ennui.

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Adieu Namibie

Pourtant les alentours de Windhoek étaient plutôt plaisant . verdoyant et montagneux. C’est même sous la pluie que j’ai terminé mon premier jour de retour sur la route. Entre deux orages la savane était bien belle. La nuit tendrement boueuse et entouré… de vaches.

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Les alentours de Windhoek sont plaisant, verdoyant et montagneux

Mais hier s’est fait plus ennuyant. A peine quelques babouins, phacochère ou tortue écrasée pour changer d’une route longiligne et inchangeante contrairement au vent qui semble venir de là où je vais.

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Au pays des phacocheres

Aujourd’hui rien de mieux…si ce n’est une crevaison à la frontière. La première depuis le Zimbabwe, 4000 km derrière moi. Si j’ai fini de pousser dans le sable, et semble til pour un moment, j’ai pas fini de rouler droit. Un seul virage pour les 800 prochains km. 5 ou 6 points de ravitaillement.
En quittant la Namibie je quitte le deuxième pays le moins dense au monde (après la Mongolie). En entrant au Botswana j’entre dans le…3eme moins dense au monde . C’est bien les espaces sont là. Pour les étoiles, les girafes et les dunes ont repassera. En Namibie on reviendra.
Me voici au Botswana. Sur la « Trans-Kalahari ». Peut être la route la moins excitante de mon voyage. Rien à signaler. Des champs, des buissons, des vaches…Heureusement il doit faire « à peine » plus de 35ºC cet après midi. On va brancher les écouteurs et se laisser rouler, rouler, rouler…. ben oui c’est tout droit. « 

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Kang c’est le prochain village sur ma route en direction de l’Afrique du sud.

Très vite je rejoins Tsootsha, 90 km après la frontière. Et très vite l’ambiance est donnée: Kang 280 km. Kang c’est  le prochain village sur ma route en direction de l’Afrique du sud. C’est donc dans une ambiance solitaire que je pédale mon 20’000ème km sur sol africain.

Les kms ont passé, défilé. Voici que vient le 20’000 eme sur le continent africain. Peut être bien le plus ennuyant de tous, celui du Kalahari. Sans collines mais cent camions. En rejoignant Tsootsha j’ai eu droit à un après midi à l’ombre dans ce qui semble être le seul restaurant à la ronde. C’est le moins qu’on puisse dire car mon prochain ravitaillement est situé 285 km après Tsootsha…

Riz et boeuf au menu, bière fraîche pour la sieste… on fête comme on peut. Rien à signaler sur les routes du Botswana.

Pour la folie on repassera

De jour et d’ennui… le Kalahari

De jour mais d’ennui, je traverse le Botswana. Me voici à mi chemin de cette traversée du Kalahari, plate, chaude et comment dire… repetitive? Oui, repetitive c’est cela.

Les jours se ressemblent passablement et les distances aussi, bien qu’elles semblent diminuer à force que je m’approche de l’Afrique du Sud.

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De jour mais d’ennui, je traverse le Botswana.

Ainsi ce matin en m’arretant a Sekoma histoire de m’abreuver -et me desabler- je termine 155 kms en solitaire. Certes il y avait 3 petits villages isolés même pas cartographier, mais bon…

Pourtant bien loin des 285 km qui sépare Tsootsha de Kang, à l’ouest du Namib. 285 sans rien de rien d’autres que des buissons, quelques arbres ainsi que vaches, chèvres et papillons dont certains finissent sous -ou sur- un de ces nombreux camions qui traversent le Botswana en direction de la Namibie et parfois continue au nord jusqu’en Angola, voire même plus haut, le Congo.

Certains d’entre eux s’arrêtent en me voyant et j’ai droit à une bouteille d’eau fraîche, voir littéralement congelée (!), parfois un coca ou autre soda. Souvent c’est là pour ainsi dire mes seules discussions de la journée.

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Pafrois j’ai droit a une bouteille d’eau fraiche, voire litteralement congelee

Discussion de voyageur comme hier avec ce camionneur sud africain qui revenait de Brazzaville en direction de Johannesbourg. Ancien avocat devenu camionneur indépendant car « le bureau c’est ennuyant », j’ai eu droit moi aussi à de beaux récits. La traversée de l’Angola, « pays le plus chère du monde », « 14 jours sur des routes pourries » etc… au final les rencontres sont rares mais souriantes. Sur la selle ou sur un siège, la solitude est plus qu’une coutume une réalité au Botswana.

 

Bivouaquer dans ces conditions n’en est que plus facile, encore plus facile qu’en Namibie où parfois les interminables grillages ou barbelés qui longeaient les routes m’empêchaient de m’enfiler quelque part, derrière un buisson, un arbre, à l’abri des regards.

 

Cependant les bords de routes bien que verdoyant en cette saison n’en reste pas moins sableux. Impossible de s’égarer, du moins de pédaler, hors de cette route bien goudronnée qui me mène droit sur Pretoria. Les quelques sentiers qui s’en vont ici et là n’en reste même pas en rêve. Peut être cauchemar… le sable est bien trop profond.

Mais le Kalahari vit l’été. Et l’été amène la pluie par ici. Ainsi les après midi sont chargés d’électricité et dans cette énorme plaine qu’est le Kalahari les orages sont visible loin, très loin à la ronde. Pédalant sous un soleil de plomb j’ai parfois en vue 4 ou 5 orages de toutes tailles qui m’entourent. Spectacle impressionnant qui peut lui aussi devenir cauchemardesque si ma route s’enfile au dessous de l’un d’eux. Au centre de la bête, vent violent, tout deviens plus compliqué.

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Les orages sont visibles loin a la ronde

Bien que ce destin ne m’a été jusqu’ alors qu’une seule fois dédié. Par chance, j’en terminais avec cette interminable partie de 285 km sans village lorsque l’orage frappa. Après quelques minutes sous la pluie et dans le vent je rejoignais Kang et m’abritais dans une station service qui me servira de toit pour la nuit.

Souvent la chance est au rendez vous du voyageur dont l’audace, peut être, lui permet de la provoquer. De l’apprécier. Toutes ces petites choses insignifiantes qui forment l’entier du quotidien de routier.

Une rencontre, un cri d’oiseau ou de chat sauvage, une crevaison, un orage… des petits rien qu’au quotidien, pris dans notre engrenage égocentrique et de pouvoir -le pouvoir bon dieu le pouvoir!!!- nous ne regardons plus. Trop insignifiant. Sans gloire ni folie. Presque emmerdant. Des petits rien qui pourtant font ce que nous sommes, différemment de ces choses après lesquelles nous courons sans cesse car nous rêvons d’être, de voir et/ou de posséder.

Le bonheur ne se possède pas. Il se vit.

Et peut être qu’en voyageant je réapprend à regarder. Sentir. Profiter. Et certainement à aimer. Simplement.

Dans cette ambiance d’éloignement je continue ma route toujours plus près d’une Afrique du sud qui me servira de dernière grosse étape avant d’entamer ma remontée vers le nord. En avion pour un bout, peut être le tout à vélo? Peu importe je continue sur le sud est pour un dernier détour avant le prochain. Jwaneng n’est qu’à 83 km. Les distances se raccourcissent et bientôt, déjà, le Kalahari sera derrière moi. Il fera partie d’un passé que je me crée à mesure que j’avance dans une Afrique où je n’ai ni passé ni futur. Je ne fais que passer.

Et qu’il est trop facile de faire le sage quand tu n’as plus que toi à aimer…

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Bientot, deja, le Kalahari sera derriere moi

Olivier Rochat

 

Botswana to Namibia: Cette journée où…

Km 22’639, Katima Mulilo, Namibia

Cette journée où tu croise un phacochère au petit matin, alors que tu es en pleine ville (Kasane, Botswana). La bête sors d’une maison. Je te parle pas des babouins.

Cette journée où, pédalant , toujours au matin, sifflotant innocemment au libre d’un mouvement pédalé devenu quotidien, tu croises deux hyènes, en bas de la route, à 10 mètres.

Cette journée où tu entre en Namibie après quelques émois au Botswana…

Cette journée où tu en as vu suffisamment, tout simplement…

Me voici en Namibie.

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Cette journée

32 km au Botswana

32 km au Botswana! Pourquoi seulement ça?

Parce qu’en fait bien qu’ils se touchent en un point qui regroupe également le Botswana et la Zambie, le Zimbabwe et la Namibie n’ont pas de frontières communes. Depuis les chutes Victoria côté Zimbabwe j’avais donc 2 choix:

1. rejoindre la Namibie par la Zambie. Pour cela aller à Livingstone et de là pédaler jusqu’à la bande de Caprivi où je me trouve actuellement sur une centaine de kilomètres. Prix du visa: 50 US Dollars. Un peu cher pour 2-3 jours de route.

2. rejoindre la Namibie par le Botswana. Pour cela traverser le Zambezi National Park pour rejoindre le Botswana. De là traverser sur 60 km le parc national de Chobe et arriver en Namibie. Prix du visa: gratuit.

Optant naturellement pour le chemin le plus économique, je décide donc de me lancé à travers le parc de Zambezi puis quelques kilomètres au Botswana avant de rejoindre la bande de Caprivi. Un choix que je ne vais pas regretter.

En effet à peine entré au Botswana je découvre une faune encore jamais vue jusqu’alors ou en tout les cas pas depuis la route. A la frontière c’est un babouin qui pas peureux vient essayer de voler la nourriture que se partage les douaniers. Un phacochère en fait de même dans les poubelles puis sur la route c’est tout de suite un gros babouins qui me coupe la priorité, pas vraiment gêné.

Le ton est donné.

Je passe la nuit dans la petite ville de Kasane où on me demande plus de 30 USD pour une simple chambre. Cherchant une solution meilleure marché je me fait invité par M’po, un jeune charpentier qui me laisse planter ma tente à côté de sa minuscule chambre.

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M’po, un jeune charpentier qui me laisse planter ma tente à côté de sa minuscule chambre.

Au petit matin je quitte donc Kasane. A peine 500 mètres de route que je croise soudain deux phacochères qui sortent d’une maison, en fait du portail d’entrée. Un peu surpris, j’en vois d’autre encore plus loin…

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je croise soudain deux phacochères qui sortent d’une maison

Puis je continue ma route, afin de continuer cette journée…

Cette journée

Cette journée où, pédalant , toujours au matin, sifflotant innocemment au libre d’un mouvement pédalé devenu quotidien, tu croises deux hyènes, en bas de la route, à 10 mètres.

Les regards se croisent, j’arrête de siffler. J’ai cru rêvé, non je ne rêve pas, deux grosses hyènes en face de moi et si maintenant j’en ris ce matin je ne riais pas. Elles me regardent, je continue de pédaler. Elles sont plus grosses qu’à la télé.

Pas de bol, juste à cet instant ma route monte. Mon rythme cardiaque bien plus encore, c’est le Galibier qu’il se met a grimper. Je les ignore totalement. Tout du moins extérieurement.

Bordel de dieu! J’avance péniblement a 10 km/h. Oh oui j’ai réalisé mon rêve, mais maintenant, on fait quoi? Avec deux hyènes au cul, le rêve est différents. C’est la vie, vivre, qui prend les devants.

Je me retourne. Je les vois qui s’en vont. Sans voix je continue, et maintenant on fait quoi? On attend les lions où on trouve une solution?

D’autant plus que non, je ne rêve pas.

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Une carcasse pourrissante à 3/4 bouffé par les charognards. J’ai fini de grimper, mon coeur lui grimpe toujours le Galibier car ici c’est un royaume, le royaume des animaux: Chobe. Et je me demande bien comment j’ai pu y entrer sans par un gardien me faire arrêter.

Cette journée où suite a deux bévues, la mienne ignorant et celle des gardiens de Chobe absent pour l’occasion, j’ai eu quelques frissons. D’émoi à effrois.

Une voiture passe, je suis sur la route principale mais a vélo je ne devrais pas être là; même si j’y étais. Tout rentrera dans l’ordre.

C’est en voiture que je continuerai.

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par dizaine des éléphants

Cette journée ou j’aurai vu, après mes émotions matinales, par dizaine des éléphants, deux girafes quelques zèbres, une sortes d’autruche et d’autres encore… même en voiture Chobe est impressionnant. Plus tard j’apprendrai aussi que c’est la ou se trouve la plus forte densité d’animaux sauvages d’Afrique! (information à vérifier).

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même en voiture Chobe est impressionnant.

 

Cette journée où tu arrives à une frontière et qu’un éléphant te barre la route. Cette journée où tu entre un pays dans lequel les villages sont parfois des lieux dit et ceux ci s’appellent « solitaire », « fin du monde » ou « moon landscape ».

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Cette journée où tu entres en Namibie

Cette journée où tu découvres un pays qui met des policiers a l’entrée des stations services, à l’intérieur desquels tu trouves trois ATM appartenant a trois banques différentes acceptant toutes les cartes ou presque. Un supermarché au milieu de la brousse.

Cette journée où tu traverses une ville en sachant qu’il faudra attendre 500 km pour le refaire. Tout en sachant que tu es dans la partie la plus peuplée de ce pays.

Cette journée où le policier te dit que la route est sûre, mais de ne pas parler aux locaux qui sont (soi disant) dangereux. Moi je lui demandais juste au niveau des animaux.

Cette journée où on te dit en gros de t’isoler alors que tu es dans le pays le moins dense d’Afrique…

Cette journée où tu entres en Namibie après quelques émois au Botswana.

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Un monde comment dire? Différent.
Le Far-West africain? Peut être bien. Enfin je n’en sais rien j’ai quelques milliers de km pour constater.

Tout ça pour une journée c’est sûr hors du commun. Ou l’émoi à flirter l’effroi sans jamais l’atteindre. Une journée leçon qui fait du bien, me recentrer sur moi avant de tromper l’ennui en direction d’Oshakati.

Cette journée suffisante en tout point…

Bonne nuit.

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Olivier Rochat