Tiwonana!

Km 20’747, Nsanje, Malaŵi.

Après 11 semaines au Malawi, mon périple ici se termine. Cela fait 4 semaines que je dis me diriger vers le Mozambique, mais au final je suis toujours au Malawi. Près de 2900 kilomètres de route pour presque 1200 kilomètres de pistes. Un record, jamais je n’avais passé autant de temps sur les pistes dans un seul pays. Oui j’ai pédaler au Malawi. Mais plus que ça, j’ai découvert un pays d’une manière que je ne l’avais faite auparavant. Dans un premier temps pas toujours, presque jamais d’ailleurs, sur les itinéraires principaux qu’utilisent les cyclos qui traversent ce petit pays d’Afrique australe. Et surtout, c’est le premier pays de ce voyage où je passe autant de temps sans vélo, sois 39 jours en tout (sur 77 jours en tout).

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Lentement mais sûrement

C’est d’ailleurs le pays où ma moyenne de pédalage journalière est la plus faible, soit 37,5 kilomètre quotidien contre 58,1 sur la durée du voyage et 90 en Roumanie. Une moyenne qui prend en compte tous les jours de repos, maladie et autres accidents.

 

Il faut dire qu’entre îles du lac Malawi, Usisya, Ruarwe, une grosse et inquiétante fièvre à Nkhata Bay, la mission de Matandani, Mzuzu, Lilongwe et tout le reste il y avait de quoi s’arrêter par ici, afin de découvrir ce pays que de manière personnel j’ai trouvé très beau et étonnamment varié malgré sa petite taille. Le parc national de Nyika a été l’un des plus grands moments de vélo de tout mon voyage, même si pour le reste malgré de fréquents et changeants paysages, ce n’est pas ici que j’ai préféré pédaler.

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La surpopulation, la pauvreté… pas toujours facile. Jamais seul, les gosses qui sont partout, parfois mendicité. Non c’est plus avec les gens et sans vélo, ou lorsque je m’arrêtais le long de la route et notamment au nord, que j’ai aimé le Malawi, surnommé « The Warm Heart of Africa ». Il faut dire qu’ici les gens vivent très simplement, et cette simplicité ma beaucoup plu. Leur sourire et mon Chichewa cumulé m’ont permis de vivre de nombreux moment que je n’oublierai pas, de vivre l’Afrique différemment, de m’offrir un regard différent. Une Afrique au goût sucré de reviens-y.

De plus le vélo est le roi, je n’en avais jamais vu autant auparavant. Et c’est vrai qu’ici encore plus qu’ailleurs posséder une voiture est un énorme luxe. Par conséquent sur mon vélo je ne me suis jamais senti seul. Bien que ce dernier soit surtout utilisé transporter et se déplacer plus que comme loisir.

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Sans compter les belles réserves naturelles, dont notamment Liwonde proche des animaux et Majete où j’aurai vu le Lion durant une matinée magique. Et sans oublier les très ancienne peintures rupestre de Chongoni dans les montagne de Dedza, plus haute ville du Malawi. Un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Dernier kilomètres au Malawi

Il y a deux jours j’arrivais à Nsanje, la ville la plus au sud du Malawi à 26 kilomètres de la frontière mozambicaine, prétendant passer là ma dernière nuit au Malawi. Finalement j’aurai rencontré Kristina qui travaille depuis 6 mois et pour 6 mois encore pour Médecin sans frontière. Au final j’aurai passé l’après-midi chez elle, degûstant de délicieux bonbons suédois, profitant d’un bon café, suédois là encore, ainsi que les superbes roestis au fromage, suédois lui aussi (le fromage), que Kristina m’aura généreusement préparé. Et bien que la poudre à lessive ne provenait pas de Suéde, je suis repartis propre et bien nourris.

Pour la petite histoire, Kristina est suédoise (!).

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je suis repartis propre et bien nourris.

Aujourd’hui c’est aussi jour de match: le Malawi joue le Swaziland à l’extérieur dans le cadre des éliminatoires de la Coupe d’Afrique. Donc je reste encore. Il y a un billard et de quoi faire ici…On saura comment calmer la défaite ou fêter la victoire.

Cela dit ce fût un petit pincement au coeur en pénétrant le district de Nsanje tout au sud du pays il y a deux jours. En effet à la sortie de Nchalo ce panneau m’indiquait que la frontière de Marka, le point le plus au sud du Malawi, n’est qu’à 129 kilomètres de route.

Demain dans la matinée vraisemblablement le Mozambique s’ouvrira à moi. Une nouvelle aventure. De nouveaux horizons. De nouvelles langues, nouvelles cultures.

Je profite pleinement de mes derniers kilomètres de route au Malawi, dans la vallée du fleuve Shire qui plus bas rejoint le Zambeze, plus large fleuve d’Afrique.

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la vallée du fleuve Shire

Peu après le lever du soleil il faisait déjà 24 degré avec un taux d’humidité de 71%.. c’est donc au plat mais en mode transpiration que je m’apprête à rejoindre le Mozambique. Cet après midi on annonce 37ºC, le début de ce qui devrait s’apparenter à 3-4000 km de canicules ininterrompues jusqu’à l’océan Atlantique quelque part en Namibie.

Les nuits sont longues dans ces conditions et trouver le sommeil très difficile, malgré qu’il fasse nuit dès 17h45. Il va falloir s’adapter et après la plus fraîche saison des pluies en Afrique centrale puis l’hiver austral, sec mais parfois gèle sur les hauts plateaux, va falloir que je me réhabitue à boire comme un chameau. 4-5 litres d’eau parfois plus.

Je profite sereinement de me la péter en tant que blanc qui (essaie) parle Chichewa, place mes mots avec ce jeune vendeur fatigué chez qui j’arrive a décrocher un sourire sans difficulté, c’est réciproque, puis partage une pomme avec cette petite fille qui dort par terre et que, sourde, tout le monde rejette. Car si je peux rien pour elle, je le peux pour moi…

Un dernier mot

Le Malawi fut fabuleux du nord au sud, et la réserve de Majete fut juste grandiose, plus qu’un cadeau d’adieu, Magique. J’aurai s’agit été chanceux, j’aurai vu le Lion, « Chimwala » de son nom, et une nature trop intacte pour ne pas être protégée mais fabuleuse.

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Cependant je ne veux fermer les yeux sur le reste, sur ce qui est moins beau, sur ce qui est pas comme on voudrait. En quittant le Malawi c’est un « pays familial » et attachant que je quitte, un pays ou mon dernier mot sera « Tiwonana« . C’est a dire  » a bientôt!  »

Mais  un pays ou j’aurai appris à rire pleinement, peut être comme au Soudan. Un pays « sous-développé » sans le sous et sans idée de ce qui est exploitable en ces terres. Un pays beau et attachant mais si faible et dépendant. Dépendant du monde blanc mais aussi, et c’est la sa grande pauvreté, dépendant du reste de son propre continent.

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Un pays dont le nom, Malawi, signifie Flamme et dont le drapeau rappelle les martyrs (le rouge) qui furent parmi les premiers de la région à se battre pour l’indépendance, la nature (vert) et la couleur de son peuple (noir) alors qu’un demi soleil rouge rappelle le soleil qui se levant chaque matin transperce le lac Malawi, apportant un jour nouveau. Symbole d’un pays en voie de développement… un pays qui se lève. Bien qu’après 51 ans d’indépendance il ne soit pas près d’afficher un soleil de midi sur son drapeau…

 

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Un pays où on estime qu’un enfant sur deux souffre de retard de croissance du a la malnutrition, où l’on compte moins de un médecin pour 10’000 habitants. Triste quand on sait qu’il y a plus de médecins malawite qui opèrent dans la seule ville de Manchester que dans tout le Malawi suite à la politique peu adaptée du docteur Kamuzu Banda, dictateur patriarcal du Malawi de 1964 a 1994. Peut être bien le pays le plus pauvre du monde en terme de richesse produite.

Mais avec un taux de criminalité parmi les plus faibles d’Afrique et bien plus bas que certains pays européens, une reputation justifiée de pays en paix par ces confrères africains (le Malawi n’a jamais connu la guerre et les transitions de gouvernement ne virent Jamais en coup d’état comme c’est le cas dans beaucoup de pays africains), un pays qui depuis longtemps, déjà du temps de l’esclavage et des colons (les portugais arrivé les premiers décrivait les locaux comme tels), a hérité du nom de « The Warm Heart of Africa ».

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Cependant plusieurs chercheurs locaux, après plusieurs années de recherches, ont paraît il découvert très récemment de nouvelles richesses: gaz, or, platine etc…

N’ayant pas les moyens de les exploiter, plusieurs entreprises étrangères ont été invitées par le gouvernement. 17 observateurs anglais étaient déjà sur place ces derniers jours. Espérons qu’ils jouent le jeu et que si richesse il doit y avoir, mutharika et son gouvernement pseudo démocratique, lui aussi joue le jeu.

Pour que cet héritage ne se matérialise pas en cadeau empoisonné.
Et pour qu’un jour le soleil du drapeau du Malawi puisse dépasser l’horizon entièrement…

En direction du Mozambique

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TIWONANA

Olivier Rochat

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