Km 19’172, Nkhotakota, Malawi.
Pour l’odeur du goudron et de « ses passants », pour l’horizon d’un km changeant, pour l’ambiance de la route, pour un rêve passé qui sur la route est toujours en marche, pour bouger un peu, découvrir de nouveaux horizons… pour tout ça je suis bien content de reprendre la route. Mais en la reprenant c’est le nord du Malawi que je quitte…Mon coeur me dit de partir, mes jambes aussi. Mais je sais que bientôt il me demandera de revenir…
Adieu donc! Adieu Nyika et les hauts plateaux, adieu Vwaza et Dame Hippo, Ruarwe la magnifique et Chizumulu la romantique. Adieu les couchers de soleil impardonnable de Likoma et le bordel innommable du Ilala. Adieu Livingstone et sa vue imbattable, ses orphelins au sourires presque impardonnable (give my picture! give my picture! give my picture!). Adieu Wilson et ses paroles et Usisya que je n’oublierai pas. Mzuzu et ses nuits au Mzoozoozoo ou Johnny Balloon me servait des bières avec ce vieux goût de reviens-y. Adieu les parties de foot avec les gosses, terrain de sable, pieds nus, ballons sans air juste sac plastique ficelés. Adieu ce pays où l’on ne m’appelle plus Mzungu mais par mon nom!
Oui adieu tout ça, ce chemin (dé)couvert au nord du Malawi. L’une des régions les plus pauvres du monde. Pourtant l’une des plus belles et sûres à découvrir. On peut parler, à juste titre, du Kenya, de la Tanzanie, de la Namibie, du Botswana et de temps d’autre encore. Mais on ne parle jamais du Malawi. Et encore moins du nord… Une région qui n’a peut-être pas la même grandeur que celle de ses illustres voisins mais qui en retire un charme certain. Une facilité plus marquée, des sourires sans argent, du lac au haut plateau dans le même champ de vision. La vue est celle d’une mer mais l’eau celle d’un lac. Douce mais rafraîchissante.
Mais bien que je quitte le nord du Malawi, je suis toujours, mais sans savoir jusqu’à quand (Mozambique ou Zambie, la chance d’avoir le choix), au Malawi. C’est bien je peux toujours parler Chichewa.
Me voici enfin sur la route! En route vers le sud, le long du lac Malawi sur une route plate, goudronnée, plutôt jolie et sans grands intérêts si ce n’est cet horrible vent de face qui ne semble ne jamais vouloir s’arrêter. Je m’arrête à Nkhotakota, une ville au centre du lac Malawi. Mais reprendre la route ne s’est pas fait sans mal…
Malaria? (ou pas)
En effet après mon arrivée à Nkhata Bay la semaine dernière, alors que je m’apprêtais enfin à reprendre la route, soudain je me sens faible. Rapidement je commence à frissonner, de plus en plus. Je me sens lourd et mes muscles me font mal. Les jambes, le dos, la nuque…
Il est tard je vais me coucher mais je comprends bien que demain je ne partirai pas comme prévu.
En effet après une courte nuit d’à peine 2 ou 3 heures j’ouvre les yeux bien avant le lever du jour. Je transpire de partout. La fièvre augmente. Tout de suite et même depuis hier soir je pense à la malaria. Dès le lever du jour je me fait un test avec le matériel que j’ai emporté avec moi. Simple : une petite piqûre au doigt pour faire sortir le sang que l’on transmet dans un petit tube à un endroit bien précis. A côté on dispose 5 gouttes d’un produit qui va couler sur le sang et « l’analyser » et indiquer s’il est positif ou négatif à la malaria.
Après 15 minutes d’attentes, le test tombe : négatif !
Bon pour moi ce n’est que partie remise il arrive que le test soit faux lorsqu’il indique négatif. Là où je passe ma nuit, au Butterfly, Loïc, un Suisse qui voyage depuis 10 mois en Afrique, m’explique d’ailleurs que la semaine dernière son test a indiqué négatif mais lui a connu une vraie grosse crise de malaria juste après. D’ailleurs après une semaine il s’en remet enfin.
La fièvre a un peu diminué depuis mon réveil. Je décide donc de rester tranquille dans la lodge situé juste à côté de Nkhata Bay. Ainsi j’aurai tout à disposition en cas de besoin…
Avec les artistes
Finalement ce ne sera pas la malaria, un autre test me le confirmera. En fait, alors à Ruarwe la semaine dernière, j’avais perdu un tout petit morceau de beau sur le genou gauche. Indolore je n’y avais même pas pensé depuis et soudain je m’aperçois qu’il est orné d’une grosse croûte dégueulasse de part laquelle sort un peu de pu. L’infection est encore loin mais c’est bien parti et cela explique aussi mes douleurs sur cette même jambe gauche, qui grandisse un peu. Loïc m’indique avoir vécu pareille mésaventure en Ouganda. Mais lui avait attendu plus longtemps… et en avait souffert plus longtemps et s’en était sorti après traitement d’antibiotique.
Cependant je suis resté quelques jours de plus à Nkhata Bay, profitant ainsi des nombreux artistes locaux dont voici quelques unes de leurs oeuvres:
En direction du sud
Il y a 3 ans jour pour jour pédalant les premiers km de Bike for Africa je me fracturais la clavicule lors d’une vilaine chute mémorable!
3 ans et 47’000 km ont passé et me voici toujours sur la route.
Histoire de faire le plein de sensations…les jambes tournent, en redemandent, mais le rythme reste poussif. Les records attendront. Ma route au Malawi quant a elle reste charmante bien que quelques crans au dessous de celle d’auparavant. Plate et goudronnée, parfaite pour reprendre forme avant d’attaquer les nombreuses montagnes qui m’attendent: Nkhotakota réserve, Dedza hills, Zomba plateau, Mulanje… en effet le Malawi n’est de loin pas tout plat surtout quand on quitte les itinéraires traditionnelles. Ici les villages n’ont pas grand charme, mais très pauvre il reste accueillant à condition de ne pas s’attarder sur les alcoolique misérables, sales et dépravés qui parfois mendient au delà du supportable.
Juste passer son chemin sur une réalité que je ne saurais ni juger ni changer et que je côtoient régulièrement depuis mon arrive en Éthiopie.
Le reste de la population quand à elle reste souriante et généreuse par les mots. Pas de Mzungu mais des « Madzuka bwanji » (comment vas tu – salutations le matin-) je réponds « Tadzuka bwino, zikomo. Kaya inu? » (Je vais bien, merci. Et toi? ) et lorsque j’y met quelques mots supplémentaires en chichewa, cherchant l’humour, je suis vite le roi dans ce Malawi quim’appartient un peu. Au moins autant que toi…
Mais e vent me rendre toujours dedans et risque bien de s’acharner jusqu’au zambeze mozambiquain plus de 1000 km plus loin. Voici trois mois qu’il fait ça!
Les grandes et belles échappées attendront car pour l’instant j’avance toujours à 15 km/h...
Nous te suivons Olivier. Bonne chance aussi pour la suite et surtout garde la forme ton humour et ta compréhension pour toute la population que tu croises. bien à toi Micha et Hannelore
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