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Guinée, dernier regard

Km 51’403, Koundâra, Guinée.

Ce matin 30 novembre 2017, je m’apprête à quitter la Guinée après 52 jours dans son territoire. Si j’ai aujourd’hui retrouvé les basses altitudes du nord, c’est par les montagnes et accompagné de Pedro, voyageur espagnol, que j’ai passé mes derniers jours, fantastiques, dans ce fascinant et accueillant pays qu’est la Guinée.

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c’est par les montagnes et accompagné de Pedro, voyageur espagnol, que j’ai passé mes derniers jours, fantastiques, dans ce fascinant et accueillant pays qu’est la Guinée.

Quand on parle du mot « Mali », on pense généralement à un pays. Moi-même ce n’est que très récemment que j’ai pris connaissance que Mali se trouve aussi être une petite ville isolée au nord de la Guinée.

Une ville qui pourrait être insignifiante placée sur une carte. Pourtant la petite ville de Mali est loin d’être insignifiante. Perchée à plus de 1’400 mètres d’altitude et par conséquent point culminant de mon périple en Afrique de l’ouest, Mali et ses proches environs ont un climat unique en Guinée et peut-être en Afrique de l’ouest.

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Perchée à plus de 1’400 mètres d’altitude et par conséquent point culminant de mon périple en Afrique de l’ouest

 

Et c’est avec Pedro, que j’ai retrouvé pour la 4ème fois après la Namibie, le Congo-Brazzaville et le Togo, que j’ai grimpé, non sans mal, en direction de Mali pour profiter d’une fraîcheur bienvenue et si rare en Afrique de l’ouest.

c'est avec Pedro, que j'ai retrouvé pour la 4ème fois après la Namibie, le Congo-Brazzaville et le Togo, que j'ai grimpé, non sans mal, en direction de Mali

c’est avec Pedro, que j’ai retrouvé pour la 4ème fois après la Namibie, le Congo-Brazzaville et le Togo, que j’ai grimpé, non sans mal, en direction de Mali

Par chance nous avons profité de la nouvelles route refaite l’année dernière. Une piste qui restera peut-être comme la meilleure piste que j’ai découvert en Guinée.

 

Une piste qui restera peut-être comme la meilleure piste que j'ai découvert en Guinée.

Une piste qui restera peut-être comme la meilleure piste que j’ai découvert en Guinée.

Une piste bien agréable, malgré quelques kilomètres à fort pourcentage, qui traverse une Guinée rurale habitée majoritairement par le peuple Peul. Un peuple très présent en Afrique de l’ouest et qui accompagne régulièrement ma route depuis le nord-est du Burkina Faso, il y a de cela près de 6 mois.

 une Guinée rurale habitée majoritairement par le peuple Peul

une Guinée rurale habitée majoritairement par le peuple Peul

Pourtant, malgré une forte dénivellation positive, ce n’est pas rejoindre Mali qui fut le plus difficile. Ce fut de la quitter. Redescendre. Car si la route du sud a été refaite l’année dernière, il n’en est rien de celle du sud, dont le préfet de Termesse, après 100 kilomètres sur une piste défoncée de manière difficilement imaginables, nous dira qu’elle n’a tout simplement jamais été refaite depuis l’indépendance en…1958. Et là quand vous vous dites que pour rester en bon état une piste se doit d’être refaite chaque année…

le préfet de Termesse, après 100 kilomètres sur une piste défoncée de manière difficilement imaginables, nous dira qu'elle n'a tout simplement jamais été refaite depuis l'indépendance en...1958.

le préfet de Termesse, après 100 kilomètres sur une piste défoncée de manière difficilement imaginables, nous dira qu’elle n’a tout simplement jamais été refaite depuis l’indépendance en…1958.

Pourtant, en tant que voyageur et même en poussant notre vélo pour franchir des cailloux parfois de la taille d’une roue, nous ne pouvons nous plaindre.

en tant que voyageur et même en poussant notre vélo pour franchir des cailloux parfois de la taille d'une roue, nous ne pouvons nous plaindre.

en tant que voyageur et même en poussant notre vélo pour franchir des cailloux parfois de la taille d’une roue, nous ne pouvons nous plaindre.

Déjà car c’est un luxe de voyager tel que nous le faisons. Découvrir le monde par plaisir et curiosité de le découvrir. Par choix de style de vie, avec des buts purement personnel. Et puis ici ces routes ne vont que flatter notre égo, nous amener des « souvenirs inoubliable », des histoires que je pourrai bientôt raconter à mon neveu, dès lors qu’il sera en âge de les entendres.

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ici ces routes ne vont que flatter notre égo, nous amener des « souvenirs inoubliable », des histoires que je pourrai bientôt raconter à mon neveu, dès lors qu’il sera en âge de les entendres.

Et peut-être même en vendre à un auditoire en recherche d’exotisme, enfermé dans la triste (?) réalité du matérialisme ambiant en Europe. Et des photos à me faire passer pour un Aventurier, un vrai de vrai avec son goût pour l’inutile dépassant tout bon sens. Alors que je ne le suis certainement pas, un aventurier. Et ce quel qu’en soit mon goût pour l’inutile et l’utilité que je daigne bien lui accorder.

 

 ici ces routes ne vont que flatter notre égo, nous amener des "souvenirs inoubliable"

ici ces routes ne vont que flatter notre égo, nous amener des « souvenirs inoubliable »

Donc non, je ne me plaindrai pas. Bien au contraire. J’irai même jusqu’à dire que j’ai eu du plaisir, et pas qu’un peu, à découvrir cette magnifique région que seule l’arrivé de l’Harmattan, ce foutu vent du nord qui balaie l’Afrique de l’ouest en cette saison, sera venu ternir un peu. La poussière qu’il transporte, cumulé à l’éclatante lumière des saisons sèches au ciel découvert, nous empêche de profiter des nombreuses vues que la route nous offre. Mais c’est aussi ça la saison sèche. Le vert se transforme en jaune. La boue en poussière. Le ciel clair, lavé par la pluie, devient un ciel « sale », « sur-éclairé » par le soleil éclatant d’Afrique qui transporte poussière résiduelle. La visibilité diminue nettement. Et si hier nous cherchions un toit pour nous abriter des pluies, aujourd’hui nous le cherchons pour nous abriter du soleil. Il n’y a donc pas de saison parfaite.

 J'irai même jusqu'à dire que j'ai eu du plaisir, et pas qu'un peu, à découvrir cette magnifique région que seule l'arrivé de l'Harmattan, ce foutu vent du nord qui balaie l'Afrique de l'ouest en cette saison, sera venu ternir un peu.

J’irai même jusqu’à dire que j’ai eu du plaisir, et pas qu’un peu, à découvrir cette magnifique région que seule l’arrivé de l’Harmattan, ce foutu vent du nord qui balaie l’Afrique de l’ouest en cette saison, sera venu ternir un peu.

Mais pourtant ces derniers jours en Guinée, partagés avec Pedro, furent vécu comme un délice. Les bivouacs le long des rivières qui nous offraient fraîcheurs et douches, puis chez l’habitant, rencontre souvent touchantes avec des gens à l’hospitalité bienveillante, sans parler des matchs de foot à l’ambiance électrique d’un Classico, m’ont parfois permis d’oublier la triste et dure réalité des habitants de cette région. Car disons-le, sur des route comme ça, si chaque déplacement à le goût de l’aventure pour le touriste qui les emploie, il a le goût du cauchemar, de l’enfer, pour les habitants qui les emploient au quotidien. On traverse ici des sous-préfecture sur une route classée nationale (!), la N9, où la faible existence d’électricité n’est due qu’aux initiatives personnels des habitants, mais où la 3G s’invitent dans chaque sous-préfecture et parfois même en brousse, au bord des rivières où nous bivouaquons. Un appel what’s app avec un pote entre Lausanne et la brousse guinéenne (!) à 7’000 km de là, me prend 5 secondes. Une visite à l’hôpital le plus proche ? De quelques heures à quelques jours…en espérant ne pas rester bloqué quelque part. Si je me fait mordre par un serpent, j’ai la connexion suffisante pour découvrir de quel espèce il s’agit et, qui plus est, pour savoir combien d’heure il me reste à vivre...Mais rien pour me soigner. Allez comprendre, en 3 jours nous avons vu 1 seul véhicule (hors moto) en marche. Un camion. Et il était totalement coincé et incapable d’avancer plus loin, en attente d’être dépanné et bouchant la route à tout 4 roues souhaitant s’aventurer par ici. Déjà qu’en temps normal il ne doit pas y en avoir beaucoup…

c'est aussi ça la saison sèche. Le vert se transforme en jaune. La boue en poussière. Le ciel clair, lavé par la pluie, devient un ciel "sale", "sur-éclairé" par le soleil éclatant d'Afrique qui transporte poussière résiduelle.

c’est aussi ça la saison sèche. Le vert se transforme en jaune. La boue en poussière. Le ciel clair, lavé par la pluie, devient un ciel « sale », « sur-éclairé » par le soleil éclatant d’Afrique qui transporte poussière résiduelle.

Et nous vivons là la saison sèche. En saison des pluies, c’est pire encore.

Vivre ça au quotidien, à notre époque -et même à une autre-, à quelque chose d’humiliant, je trouve. Il est facile de s’y adapter pour quelques jours. Le vivre au quotidien, c’est une autre histoire.

Pourtant, malgré ce quotidien rendu difficile par les conditions de vie actuelle, situation vécues à maintes reprises en Guinée et dans toute l’Afrique sub-saharienne en général (à différent « niveau » certes), la Guinée restera dans mon cœur et me rendra toujours heureux à l’heure de m’en souvenir. Et ce n’est pas d’un pays pauvre que je me souviendrai. D’ailleurs qu’est-ce que la pauvreté ? Ah ça, si l’Afrique et durant 3 ans m’a enseigné maintes choses, elle ne m’a certainement pas éclairé sur la pauvreté. Un terme qui aujourd’hui m’apparaît subjectif et dépendants des notions de chacun.

Je dirai plutôt qu’en me souvenant de cette Guinée là, et malgré quelques mots de certains, certes isolés, de colères ou de rancœur envers les blancs, toujours compréhensible et souvent justifié, je me souviendrai bien d’un pays riche. À condition de bien vouloir le comprendre, ce mot-là.

je me souviendrai bien d'un pays riche.

je me souviendrai bien d’un pays riche.

Ce matin je me trouve à moins de 50 km de la frontière sénégalaise que je traverserai demain, terminant ainsi mon périple de 52 jours en Guinée. Petit à petit, je réalise avec une certaine émotion que cette aventure en Afrique subsaharienne aura bel et bien une fin. Et qu’à défaut de jours, je peux déjà compter les semaines qui m’y séparent. Ces derniers mois, pourtant, je les ai vécu comme une douce, parfois rude, découverte de cultures et peuples colorés. Le Burkina Faso, « Pays des Hommes Intègres » la Côte-d’Ivoire, véritable « Terre d’accueil », accompagné des plus courtes parenthèse libérienne, pour « Parfum d’Amérique »et sierra-léonaise, « Au pays des Diamants », m’avaient tous redonné comme un second souffle dans ce voyage que j’avais senti s’essouffler à la sortie des difficiles régions d’Afrique Centrale. La Guinée, pour laquelle je n’ai pas de petits noms (mais en a-t-elle besoin ?), me donne plus encore l’envie de ne pas me précipiter pour rentrer.

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l’envie de ne pas me précipiter pour rentrer.

Olivier Rochat

Avec Victor

Km 51’037, Pita, Guinée.

« Le bonheur n’est véritable que s’il est partagé ». « Il vaut mieux être seul-e que mal accompagné ».

 

"Le bonheur n'est véritable que s'il est partagé"

« Le bonheur n’est véritable que s’il est partagé »

C’est avec ces deux petites phrases en tête, pas si fausses mais trop théoriques pour être entièrement vraie, que j’ai toujours pu trouver mon compte sur les routes africaines. Même si j’avoue volontier avoir « sur-exploitater«  la seconde. A peine tester la première.

j'avoue volontier avoir "sur-exploitater" la seconde. A peine tester la première.

j’avoue volontier avoir « sur-exploitater » la seconde. A peine tester la première.

La faute à mon caractère, peut-être mais pas que. En effet dans la communauté grossissante des cyclo voyageurs l’Afrique reste un peu à part. Certainement sous-exploité par-rapport aux autres continent. L’Afrique fait peur. l’Afrique inquiète. L’Afrique n’attire pas grand monde et les voyageurs sont encore rares. Et puis si certains pays demeurent plus touristiques, ce n’est pas le cas de l’Afrique de l’ouest. Et le terrorisme fréquent dans les régions du Sahel n’y est certainement pas pour rien. Sans compter sur la récente » crise Ebola » et les différents coups d’États et problèmes politiques en Gambie, Côte-d’Ivoire, Togo ou Burkina Faso.

 

Ainsi la dernière fois que j’avais roulé avec un voyageur, c’était… au Congo, en Afrique centrale. Il y a un an à quelques jours près. Rencontre de quelques heures avec un marocain qui allait dans le sens inverse. Forcément.

Je n’ai donc pas hésité lorsque Victor, voyageur espagnol, m’a écrit après une de mes publications facebook écrite proche de là où il se trouvait.

Je n'ai donc pas hésité lorsque Victor, voyageur espagnol, m'a écrit après une de mes publications facebook écrite proche de là où il se trouvait.

Je n’ai donc pas hésité lorsque Victor, voyageur espagnol, m’a écrit après une de mes publications facebook écrite proche de là où il se trouvait.

Nous avons pédalé une centaine de kilomètres ensemble sur les routes bosselées de Guinée, également en compagnie de Ousmane, « peace corps » américain qui nous a accueilli dans le village où il habite depuis 1 an.

Nous avons pédalé une centaine de kilomètres ensemble sur les routes bosselées de Guinée, également en compagnie de Ousmane

Nous avons pédalé une centaine de kilomètres ensemble sur les routes bosselées de Guinée, également en compagnie de Ousmane

Aujourd’hui je suis à nouveau seul, mais pas pour longtemps puisque c’est Pedro que je m’apprête à retrouver pour quelques jours ensemble. Ce sera notre…4ème rencontre après la Namibie, le Congo-Brazzaville et le Togo.

D’ici là je vous laisse avec quelques photos de ma route avec Victor que vous pouvez suivre sur sa page facebook Biktorin.

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Olivier Rochat

 

Au goût du ch’min

Km 50’845, Bangouya, Guinée.

Poésie routière. Quelques mots de ch’min, quelques mots poussières. Poème de petits rien.

Poésie routière.

Poésie routière.

Mon Aventure au bout du chemin
Au goût de vie pi de transpi
De petits rien

De saut en saut de pierre en pierre
De soubresauts de pire en pire
Mon ouvrière

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Mon Aventure au bout du chemin

Au goût de Terre au goût de ciel
Ma guinéenne
Mon Univers mon Eternel

Moi je sais plus moi je sais pas
Je suis perdu dis moi pourquoi
Poussière je suis comme ça

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Poussière je suis comme ça

Mon guinéen cet oublié
Fils du chemin de galérien
Ma Liberté

Je suis soldat fils d’imprudence
Moi mon combat
C’est la patience

Mon guinéen cet oublié, fils du chemin de galérien

Mon guinéen cet oublié, fils du chemin de galérien

Moi mon combat c’est mettre en mots
Ou la poussière ou les cailloux
Pi tous les paranormaux

Fils du chemin fils de science
De religion ou d’ouvrier
Mon insouciance

Moi mon combat c'est mettre en mots ou la poussière ou les cailloux, pi tous les paranormaux

Moi mon combat c’est mettre en mots ou la poussière ou les cailloux, pi tous les paranormaux

Mon Aventure au bout du chemin
Au goût de rien d’être sans toit
Sans toi moi je suis rien

Certainement pas
Là où la route est un combat
Qu’elle fait de moi ce p’tit soldat

Là où la route est un combat, qu'elle fait de moi ce p'tit soldat

Là où la route est un combat, qu’elle fait de moi ce p’tit soldat

La route ma religion
Des sans abris des vagabonds
Pi comme on dit des sans maisons

Moi le sauvage, celui des Terres
Par les rivages, ceux de ma Terre
Je sors de cage, l’écrire ma Terre

Je sors de cage, l'écrire ma Terre

Je sors de cage, l’écrire ma Terre

Au bout du chemin
Je continue, je rêve encore
Une dernière fois d’un simple rien

D’une tasse de thé, de ton regard
Ma Liberté dans ce dernier
Moi l’ouvrier, celui qui part

Je continue, je rêve encore, une dernière fois d'un simple rien

Je continue, je rêve encore, une dernière fois d’un simple rien

Lueur d’espoir dans la savane
Dans la poussières des routes en Terre
Un cri de l’âme

Cri de Guinée
Fils du chemin
Fils de Guinée

Cri de Guinée, fils du chemin, fils de Guinée

Cri de Guinée, fils du chemin, fils de Guinée

Toi guinéen toi l’oublié
Qui comme on dit survit
Par le siècle dernier

Mais qui je crois
Vit comme on dit
Par le présent tu vois

Par le présent tu vois

Olivier Rochat

Guinée, je recommencerai!

Km 50’776, Kindia, Guinée.

De retour en Guinée, je remonte le pays en direction des montagnes du Fouta Djalon. Je tombe amoureux.

je remonte le pays en direction des montagnes du Fouta Djalon

je remonte le pays en direction des montagnes du Fouta Djalon

Après plusieurs mois de saisons des pluies à différentes intensité, la saison sèche prend jour après jour de l’ampleur, les nuages se font de moins en moins menaçant, le soleil de plus en plus présent et la pluie de plus en plus rare. Et ce malgré le fait qu’ici la saison pluvieuse fût plus longue que la moyenne, comme me disent certains.

Et pour moi c’est quand même un petit soulagement bien que j’avoue avoir passé des moments inoubliables durant ces derniers mois humides aux pistes bien souvent boueuses et aux nuits sans grand espoir de joli bivouac sauvage. La dernière fois que j’ai fait un camping sauvage ? Il y a près de 3 mois. Pourtant si ce soir je dors dans une auberge, il s’agit d’une exception tant j’ai passé de nuits chez l’habitant. D’ailleurs c’est plus pour la tranquillité que pour le confort en soit que je m’y rend ce soir, bien que les quelques heures nocturnes d’électricité me permettent de me rafraîchir au ventilateur et de recharger mes batteries. Le cadre reste simple. Une petite chambre. Un lit propre. Un seau, de l’eau. Quoi demander de plus ?

Me voici privilégié. Presque égoïste tant il est vrai que la Guinée telle que je la découvre, le long de la route, et que je découvrais à l’est du pays en septembre dernier, est bel et bien le pays du partage.

la Guinée telle que je la découvre, le long de la route, et que je découvrais à l'est du pays en septembre dernier, est bel et bien le pays du partage.

Le luxe y est dans sa population, son climat

Non pas de la solitude. Et certainement pas du luxe. Un pays que j’aime. Le luxe y est dans sa population, son climat. Simple opinion personnel. Ici s’y mélange peuple et paysages comme rarement. Le désordre y est extrême et à tous les « étages » de la société, du trafic au policier, du système éducatif à l’administration la plus basique.

Le désordre y est extrême

Le désordre y est extrême

Manquer de se faire rentrer dedans par un deux ou quatres roues (certes généralement deux roues) roulant à contre sens dans un rond-point (!) ou à reculons après avoir cette éternelle « barrière du blanc » passée et mis à part quelques policiers dont j’ai parfois bien du mal à savoir s’ils sont sérieux ou en pleine phase humoristique lorsqu’ils m’arrêtent. J’ai notamment eu droit à la « carte touristique s’il vous plaît » (elle n’existe pas soyons clair, le visa suffit) ou à l’indétrônable « papier du véhicule ! »

Hein!!!? Mais je suis à vélo monsieur.

Et alors? Papier du véhicule !

Et soudain le chef qui arrive et vient me questionner avec plein d’enthousiasme, cassant net le « coup » du non gradé. Auquel je réponds: je suis Suisse!.

Ah tu es suédois.

Non non, pas la Suède, la Suisse!

Ah tu es suissien.

Voilà, suissien. C’est ça. Je m’y suis fait. 3 mois que ça dure. Et je n’insiste pas sur des termes qui ici n’ont pour l’instant pas grand raison d’être. Je suis donc suissien. Parfois suédois aussi. Et peut-être un jour je serai lunien.

Oui peut-être bien car ici tout est possible, les limites semblent être fixée par l’imagination. Et cette dernière n’en ayant pas vraiment…

Bienvenue en Guinée!

Et ce n’est ni péjoratif ni moqueur. Bien au contraire. C’est bien avec une petite étincelle dans les yeux que j’écris ces quelques lettres qui essaient de se faire une place au milieu du vaste univers guinéen.

ces quelques lettres qui essaient de se faire une place au milieu du vaste univers guinéen.

ces quelques lettres qui essaient de se faire une place au milieu du vaste univers guinéen.

Une étincelle allumée à tout moment par ces innombrables moments passé, partagé, avec les guinéens « du long de ma route ». Discussion tantôt sérieuse puis rocambolesque, touchante souvent.

On parle politique mais ça nous énerve tous. Ici la politique est aussi efficace qu’il y tombe de la neige en Guinée. Dirait-on. Et ça irrite. Alors on parle foot ou religion. Il y a plus de Foi la derrière. Enfin d’où je viens. Puis on s’essaie à l’humour sans toujours y arriver. Mais on rit quand même.

lorsque je me lance dans les montagnes du Fouta-Djalon, j'y ajoute les paysages.

lorsque je me lance dans les montagnes du Fouta-Djalon, j’y ajoute les paysages.

Et lorsque je me lance dans les montagnes du Fouta-Djalon, j’y ajoute les paysages. Montagnes douces à l’herbe verte déjà légèrement entamée par la saison sèche. Je tombe amoureux.

Montagnes douces à l'herbe verte déjà légèrement entamée par la saison sèche

Montagnes douces à l’herbe verte déjà légèrement entamée par la saison sèche

À moins que je sois fou. Ou les deux puisqu’il faut être fou pour aimer. Pour y croire.

Tant pis, moi j’y crois. J’y cours même!

Et demain je recommencerai.

moi j'y crois. J'y cours même!

moi j’y crois. J’y cours même!

Je recommencerai…

 

Olivier Rochat

Jeu de visas

Km 50’630, Conakry, Guinée.

Au matin du 9 novembre 2017, je m’apprête à quitter Conakry, capitale de cette Guinée que j’ai retrouvé 5 semaines après l’avoir quitté.

Conakry, ville au trafic chaotique où je suis resté afin d’y faire deux visas notamment. Ils seront vraisemblablement les derniers.

Visa Guinée Bissau

Visa Guinée Bissao

En effet des 5 pays que j’espère encore traversé, 2 ne m’oblige pas à avoir de visa pour y entrer : le Sénégal et le Maroc. Un s’obtient à la frontière : la Mauritanie. Les deux derniers sont la Guinée-Bissau et la Gambie.

C’est donc la fin de cette partie particulière de mon voyage, coûteuse également puisque j’ai dépassé les 2’000 euros de visas.

Si l’ensemble de ces visas s’est majoritairement bien déroulé, mis à part pour l’Angola que je n’ai jamais obtenu, l’une des choses intéressantes est la manière à laquelle cela se passe, tant leur obtention peut varier d’une ambassade à l’autre et même parfois d’un jour à l’autre où les documents demandé ne sont plus du tout les mêmes.

Après avoir obtenu mon visa pour la Guiné-Bissao très facilement, le jour même de la demande, je réalise que j’ai suffisamment de temps pour me renseigner pour celui de la Gambie dont j’ai entendu différente possibilité. Certains me disent l’avoir obtenu à la frontière pour un montant variant de 30 à 150 €, d’autres en ambassade et certains ont été refusé à la frontière, sans visa préalable. Il existe bel et bien un consulat de Gambie à Conakry mais impossible de trouver une adresse. Je me rends donc à l’ambassade du Sénégal, seul pays frontalier de la Gambie, plus petit état continental d’Afrique dont les quelques kilomètres de côtes forment l’unique frontière non sénégalaise. Après quelques présentations le consul sénégalais me donne le numéro de son homologue gambien, un certain M.Cessey.

Après quelques appels infructueux j’arrive à le joindre. Aussitôt il me confirme que je peux obtenir le visa ici-même, et que je dois me rendre, au consulat croyais-je, a une douzaine de kilomètres d’où je me trouve actuellement.

Une heure plus tard, après avoir affronté une fois de plus le pénible trafic de Conakry, j’arrive enfin au marché de Taouyah où, m’a t’il dit, le consulat est tout proche. Pourtant personne dans le quartier ne semble le connaître, ce consulat. Aucun panneau, aucun drapeau…je rappelle M.Cessey qui m’indique de me rendre dans le bâtiment voisin du carrefour de Taouyah, et d’entrer à l’intérieur de la cour et de traverser le terrain de foot.

Bon, je m’exécute. Un homme à qui j’ai demandé mon chemin et qui me dit le connaître m’accompagne. Ensemble nous traversons la cour, se dresse maintenant devant nous un terrain de foot en terre battue où joue de nombreux jeunes. Derrière le terrain quelques appartements résidentiels mal entretenu de l’extérieur.

C’est alors que l’homme prend la parole : c’est lui, là bas, c’est le monsieur là-bas ! En me montrant du doigt un homme très grand vêtu d’un boubou blanc qui me fait des signes. Des salutations auxquels je réponds de même et le rejoints rapidement.

Nous nous saluons et tout de suite M.Cessey salue mon courage en regardant mon vélo, me parle de la Suisse qu’il connaît bien puis me demande si j’ai pris deux photo passeport. Là je m’interroge. Il est où son consulat ???

Mais visiblement M.Cessey, très sympathique, n’a pas l’air de vouloir aller dans un quelconque bureau.

« Tenez, voici deux photos et mon passeport », et je lui donne le tout et l’argent correspondant à la demande de visa touristique, me demandant encore pourquoi nous nous retrouvons ici, à faire les démarches d’un visa touristique sur un terrain de foot en terre battue. Si certains pourrait sentir l’arnaque, j’ai confiance. Et puis l’ambassadeur sénégalais ne m’aurait jamais envoyé ici si cet homme n’était pas sérieux.

Si Dieu le veut, votre visa sera prêt demain. Ajoute M.Cessey.

Parfait, mais à quel heure sera til pret? Dois-je me rendre directement au consulat, mais où se trouve-t-il ? Lui dis-je en montrant la porte arrière du terrain de foot, où se trouve de nombreux bâtiments et d’où venait M Cessey, pensant que c’est là-bas qu’il s’y trouve, ce consulat.

Non, ici c’est ma maison, puis il continue en m’expliquant que son office est dans l’autre partie de la ville. Appelez-moi demain à 11 heures. Je comprends alors que le consulat, comme bien des autres, est fermé l’après-midi. Chose que j’aurai pu traduire par: le consulat est fermé, viens donc chez moi!

Nous nous quittons et je fais comme si de rien n’était mais intérieurement je suis mort de rire. Je regarde le très grand M.Cessey rentrer chez lui, tenant dans sa main mes deux photos passeport, mon argent et « pire » encore, mon passeport lui-même.

Ils s’en vont tous ensemble, et moi je les regarde partir me demandant s’il est possible autre part qu’en Afrique d’obtenir un visa de tourisme sans même entrer dans une ambassade ou un consulat.

Et le lendemain, en milieu de matinée car Dieu l’avait voulu, M.Cessey me rapportait mon passeport, muni d’un beau visa de tourisme, trois mois multiple entrée que je n’avais même jamais demandé (le visa oui, 3 mois non). Cette fois sur le parking, de l’autre côté du terrain de foot. Et avant de nous quitter M.Cessey rentrait dans sa voiture prendre son carnet d’adresse. « Tu pourras t’y arrêter » me dit-il en le donnant 3 adresses de familles et d’amis en Gambie.

Et voilà comment j’ai obtenu ce qui devrait être, et sera je l’espère, mon dernier visa en ambassade. Le visa de la Gambie, sans même avoir la moindre idée d’où se trouve le consulat de ce même pays.

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Ou comment faire d’une démarche administrative une aventure humaine…

Olivier Rochat