Km 46’974, Abidjan, Côte-d’Ivoire.
Des campagnes aux capitales, l’Afrique est parfois sans transition. Mais comme on à son habitude, elle me reste imple et rude. Souriante. Vivante et incertaine. Me voici à Abidjan, plus grande ville de Côte-d’Ivoire. Je quitte à peine les villages ruraux…
Deux mondes se côtoient
C’est donc sans transition que j’ai passé des campagnes ivoirienne à la plus grande ville de Côte-d’Ivoire, Abidjan.
Énorme cité d’Afrique de l’ouest qui vient d’accueillir les jeux de la francophonie, Abidjan n’est rien d’autre que la 3ème ville la plus peuplée du monde francophone après Kinshasa et Paris.
Une ville, que dis-je, une cité monstrueuse où après quelques dizaines de kilomètres dans un trafic dangereux, j’aperçois quelques buildings qui s’élèvent au fond du ciel gris comme il l’est souvent par ici au mois d’août.
En les apercevant s’élever entre deux véhicules qui se frôlent à vive allure je suis soulagé. Soulagé car j’arrive enfin chez mon hôte, Josef, et puis parce-que le plus dure est peut-être derrière moi. Je suis entré dans la cité. Car si l’on associe souvent les mots guerres et famines, voire terrorisme, au continent africain, nul doute que le plus grand risque qui accompagne le voyageur en Afrique, c’est le trafic. Et plus particulièrement le trafic des capitales.
Entre la jungle des forêts et celle d’une ville de 5 millions d’habitants je ne sais pas trop laquelle m’est la plus familière. Mais je sais laquelle est là plus dangereuse.
Et c’est d’ailleurs plus proche de la première que j’ai passé la majorité des plus de 1’000 km déjà pédalé en Côte-d’Ivoire. Ce qui m’a valu des dizaines de rencontres, attachantes, agréables, surprenantes. Oui souvenez-vous il y a quelques temps je vous disais: « Oh non que je n’aime pas le Burkina Faso. » Et pourquoi donc? « Et bien parce-que je l’adore! »
Et qu’en est-il de la Côte-d’Ivoire ? « Ah c’est sûr que je ne l’aime pas non plus. Mais de là à dire que je l’adore… Enfin si, au fond, je l’adore! »
Oui j’ai beaucoup aimé, jusqu’ici, la Côte-d’Ivoire car tout au long de ce périple, loin des grandes villes, j’ai pu découvrir l’accueil de sa population, ses questions intenses et pleines de curiosités, chaque jour des dizaines, ses couleurs et ses multiples peuples mélangés qui fond du bien à une époque où le partage est souvent vu comme de la naïveté.
Ici chaque village à sa communauté, ou ses communautés, étrangères.Ghanéenne par ici, malienne par là-bas, guinéenne cette fois, togolaise parfois, sénégalaise et j’en passe.
On m’a offert le lit, le mangé, le boire et la tranquillité. Et si l’on m’a pris pas mal de mon temps en retour, j’en ‘ai même appris à énerver un ivoirien. C’est facile. Ne lui dites pas bonjour. Mais arrêtez-vous, saluez-le, partagez un peu et vous verrez, ce ne sera pas votre ami. Ce sera votre frère.
On me disait de la Côte-d’Ivoire que c’est un pays moderne. Un pays d’arnaqueurs. Un pays qui exporte, un pays qui fait la fête. Un pays corrompu (mais lequel ne l’est pas?), un pays dangereux (mais qu’est-ce la dangerosité ?), un pays de football (les éléphants).
Moi je n’ai qu’un seul mot qui me vient à l’esprit en pensant à la Côte-d’Ivoire qui s’est trouvée le long de ma route durant ces 18 jours : « Terre d’Accueil ».
Mais c’est sans transition que j’ai quitté la rude mais accueillante campagne ivoirienne, ses pistes mauvaises et ses collines incessantes pour un environnement plus gris et bétonné, plat et électrifié, bruyant également : Abidjan.
Me voici au bord de l’Atlantique, à mi-chemin de mon périple ivoirien. Un pays qui n’a de cesse de me surprendre.
Olivier Rochat