Km 49’592, Monrovia, Libéria.
Chaque pays à sa propre histoire, son caractère-s, son climat-s, sa culture-s, et, forcément, chaque pays est unique à sa manière. Mais certains pays se ressemblent plus que d’autres, utilisent la même devise monétaire, parlent la même langue, partage la même culture, ont une histoire liée. Au contraire certains ne ressemblent à aucun autre, à tel point qu’ils forment une catégorie à eux seul.
C’est selon moi le cas du Libéria. Un pays singulier qui, s’il n’est de loin pas le pays le plus spectaculaire que j’ai pu découvrir, reste l’un des plus singuliers, au même titre que l’Éthiopie par-exemple. Un pays où je peux ressentir ce que je n’ai ressenti dans aucun autre.
Voici quelques une des raisons qui me mènent à penser cela:
Son histoire: là encore je tiens à préciser que chaque pays à son histoire propre. Mais celle du Libéria se détache de toutes les autres. En effet savez-vous que deux pays n’ont jamais été colonisés en Afrique ? Il s’agit de l’Éthiopie et du Libéria. Mais si l’Éthiopie, royaume puissant, a toujours pu repousser l’envahisseur -ce qui fait la fierté des éthiopiens aujourd’hui- l’histoire du Libéria est bien différente.
En 1822 des esclaves américains sont affranchis et ramené sur leur terre d’origine, l’Afrique, afin qu’ils y vivent à nouveau. Les anciens esclaves s’installent sur ce qui est l’actuel Libéria et forme Monrovia, la capitale, en hommage au président américain d’alors, Charles Monroe.
Mais rapidement un malaise entre américano-libériens et population autochtone apparaît à tel point qu’en 1847, lorsque la colonie devient une république indépendante, le suffrage censitaire permet aux américano-libériens de conserver le pouvoir durant un siècle. Les autochtones n’auront le droit de voter qu’à partir de 1945. Aujourd’hui encore le malaise entre américano-libériens et la population d’origine tribale se fait grandement ressentir.
L’influence américaine: comme cité plus haut, l’histoire du Libéria est intimement liée à celle des USA. Aujourd’hui encore l’influence américaine est très forte, notamment avec l’utilisation du dollar US (voir plus bas), un drapeau copié de celui des États-Unis (mais avec une seule étoile) et la non utilisation, encore aujourd’hui, du système international d’unités SI. Pour rappel il s’agit du système d’unités le plus largement employé au monde. Il s’agit d’un système décimal (on passe d’une unité à ses multiples ou sous-multiples à l’aide de puissances de 10) sauf pour la mesure du temps et d’angle.
Seul les USA, le Myanmar (Birmanie) et le Libéria ne l’utilise pas (quoiqu’il n’est pas interdit). Donc au Libéria lorsque vous allez au (super)marché vous ne payez pas vos tomates en kilogrammes mais en livre (1kg = 2,2 lb) et calculez vos distances en miles et non pas en kilomètres (1 mi = 1,609 km).
Sa devise monétaire: en fait la devise monétaire du Libéria n’a rien d’exceptionnel en soit. Il s’agit du Dollar libérien LRD mais c’est plutôt son utilisation. En fait dans la plupart des marchés on peut payer à la fois en dollar libérien et américain USD. Mais la plus petite coupure du dollar US étant de 1 dollar, chaque prix en centime vous sera rendu en dollar libérien. Pour payer 1,5 dollar US en donnant 2 dollars US, on vous rendra donc…60 dollars libérien puisqu’un dollar US vaut 120 dollars LRD (60 LRD = 0,5 USD). À vos calculettes !
Il n’est pas rare que je paye avec les deux devises à la fois. Par-exemple 8,5 USD deviendront 5 USD + 420 LRD…
Autre fait marquant. Ma carte VISA étant « périmée », il ne me reste plus qu’une carte MAESTRO. Mais cette dernière ne fonctionne ni au Libéria ni au Sierra-Leone voisin. Heureusement un proche à pu m’envoyer quelques sous via Western Union. Seulement les banques ne délivrent que 75% de l’argent en dollar US. De plus les 25% restants m’ont été livré en petite coupure équivalent à 8 centimes chacune. Résultat des courses j’ai reçu… un sac avec. Pour l’équivalent de 122 USD j’ai eu droit à plus de 1400 coupures. Vraiment pas pratique. Et depuis j’ai troqué mon porte monnaie contre un sac. Comprenez il y’en avait pour près d’un kilo.
Sa politique: là aussi sa politique n’est pas unique en soit. Bien que la corruption gangrène le pays tout entier le pays a retrouvé une certaine stabilité depuis la fin de la guerre (2003) et les élections qui se déroulent actuellement, avec 20 candidats au premier tour et deux au second, se déroule sans problèmes majeurs et de manière démocratique jusqu’ici. À l’origine de cette stabilité nouvelle on trouve Mme. Johnson Sirleaf, première femme présidente élue au suffrage universel de toute l’Afrique.
Son climat: là encore le climat du Libéria n’est pas unique en soit. Il s’agit d’un climat tropical, chaud et humide avec une (longue) saison pluvieuse. Mais les fortes pluies qui tombent sur la côte font de Monrovia la capitale la plus pluvieuse d’Afrique avec plus de 5 mètres cumulés par an. Cependant ce sont deux villages du Cameroun et de Guinée Équatoriale qui détienne le record moyen de pluie sur le continent africain avec plus de 11 mètres. En comparaison à Paris il pleut 17 fois moins (0,650 mètres).
J’aurai pu encore ajouter la dernière crise d’Ebola qui a grandement touché le Libéria entre 2014 et 2016.
Mais au-delà de tout ça, voyager au Libéria c’est aussi découvrir son ambiance particulière, celle d’un pays comptant parmi les plus pauvres au monde tout en restant parmi les plus occidentalisés -et cher- d’Afrique de l’ouest. Et si j’ai trouvé un certain côté rude au Libéria j’y ai découvert beaucoup de gentillesse, de curiosité et d’accueil.
Malgré le coût élevé de la vie, un frein quand on voyage uniquement avec ses économies, j’ai pu vivre de bons moments et profiter de confort à Monrovia en étant invité à rester chez Sébastian, un allemand au cœur gros comme… Un coeur énorme en tout les cas!
Et puis voyager au Libéria vous offre cette sensation d’être le seul voyageur/touriste du pays. Ce qui est potentiellement possible tant ce pays n’est pas touristique malgré une communauté d’expatriés occidentaux relativement importante dans certaines villes.
En tout les cas le Libéria est un pays dans lequel je me suis senti aspiré dès mon entrée. Un pays à part, en pleine construction, qui a plus que sa place dans un voyage au long cours en Afrique. Peut-être pas un must au niveau paysages/faunes/flores mais certainement un must au niveau de sa singularité, et de ses particularités qui l’accompagnent.
Et pour moi une fascination. Plus que ça encore, une petite claque contre toutes les idées reçues…
Olivier Rochat