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On vote au Liberia

Km 49’562, Monrovia, Libéria.

Au Libéria, petit pays d’Afrique de l’ouest, nous sommes en pleines élections. Le premier tour a eu lieu le 10 octobre 2017 alors que je me trouvais à Monrovia, la capitale. J’ai pu profiter de l’ambiance et de l’espoir suscité par ces élections.

Voici un petit récit écrit le 10 octobre, le jour du vote du premier tour:

Le premier tour a eu lieu le 10 octobre 2017

Le premier tour a eu lieu le 10 octobre 2017

Aujourd’hui on vote au Libéria. C’est le premier tour de l’élection présidentielle et depuis 12 jours que j’ai rejoint ce petit pays d’Afrique de l’ouest, très peu connu en francophonie, je ne peux pas rester insensible aux innombrables affiches présentant les différents partis et candidats se présentant aux élections. Impossible.

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je ne peux pas rester insensible aux innombrables affiches présentant les différents partis et candidats se présentant aux élections. Impossible.

Le long de la route qui m’a mené de Ganta, ville libérienne située à la frontière de la Guinée, jusqu’à à Monrovia, capitale du Libéria, il y en avait des centaines. Des milliers peut-être.

À tel point qu’invité par Richard, un anglais qui travaille au maintien de cette route, l’une des seules goudronnée de tout le Libéria, je venais à plaisanter : « eh bien si les candidats investissent autant pour construire de nouvelles routes que pour leur campagne présidentielle, le réseau routier va vite s’améliorer. »

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Cette route, l’une des seules goudronnée de tout le Libéria

Phrase pas si anodine, autant quand l’on se rend compte de l’importance que peut avoir une route goudronnée pour le développement d’une région et des milliers-parfois millions- de gens qui l’habitent que quand l’on se rend compte du triste état de l’immense majorité des routes d’Afrique de l’ouest.

Rendez-vous compte, cette route longue d’environ 270 km vient d’être terminée. Il s’agit maintenant d’une excellente route qui permet de relier le nord du pays à Monrovia, sur la côte atlantique, en quelques heures à peine. Avec elle c’est l’agriculture locale qui reprend, délaissée depuis la longue guerre civile qui a forcé des milliers de personnes à quitter les campagnes. C’est ainsi une grande part de l’économie qui reprend et des business fleurissent ici et là. Greenville par-exemple, ville isolée le long de la côte, n’a pas eu cette chance. Distante d’environ 500 km, le voyage prend régulièrement 5 jours. Et parfois plus, en fonction des saisons.

Un gouffre. Un monde d’écart. Presque autant que les différences observées lors de mes derniers jours en Guinée et ceux au Libéria.

Grosse frayeur puis belle découverte

En effet ma dernière journée de route en Guinée s’est terminée dans la boue. Plusieurs kilomètres de boues, après avoir traversé une forêt dense où j’ai vécu l’une des plus grosses frayeurs de mon voyage lorsqu’un serpent, visiblement en train de chasser lui-même un « amuse-gueule » qui me coupe la route, surgit de l’herbe haute, à toute vitesse, ne me laissant le temps ni de m’arrêter ni de faire un « détour » pour l’éviter. Il s’en est fallu d’un rien mais j’ai évité le pire. Après avoir vérifié, bien qu’il me soit impossible de le certifier à 100%, il s’agissait visiblement d’un boomslang, ou serpent des arbres. S’il n’est pas le plus dangereux car très peu agressif, une piqûre peut vous tuer en quelques heures. Si la morsure n’est pas traitée, bien que peu douloureux durant plusieurs heures dû à la lenteur de son efficacité, le venin va coaguler votre sang. Ce dernier va sortir de vos orifices. Après quoi ce sera rapidement la mort. Charmant.

après avoir traversé une forêt dense où j'ai vécu l'une des plus grosses frayeurs de mon voyage

après avoir traversé une forêt dense où j’ai vécu l’une des plus grosses frayeurs de mon voyageait

Mais c’est bien vivant, et un peu effrayé, que je rejoint la frontière guinéenne où l’on vérifie mes papiers et tamponne mon passeport sans me créer de problèmes. Après quoi je traverse un pont, la pluie s’arrête et de l’autre côté du pont je découvre cette route très bien revêtue qui va me mener à Monrovia. Je découvre alors un nouveau pays, presque un nouveau monde: le Libéria.

En quelques instants je me sens comme propulser dans un autre monde. En traversant ce pont j’ai traversé une rivière. Moi j’ai l’impression d’avoir traversé l’Atlantique. Très vite je me sens comme attirer par ce pays, cette ambiance particulière « post-élection », la culture et l’histoire de ce pays si différente de son voisin guinéen avec son influence américaine très forte et sa langue singulière elle aussi, l’anglais-libérien, qui tranche avec « l’anglais-americain » également rencontré.

Une rue de Monrovia

Une rue de Monrovia

Un pays singulier

En effet l’histoire du Libéria est singulière à plus d’un titre. Notamment en ce qui concerne son indépendance. Bien souvent j’entends dire que le premier pays africain à obtenir son indépendance fut le Ghana qui a fêté ses 60 ans d’indépendance ce printemps. Pourtant, dit comme cela, c’est faux.

Le Libéria a obtenu son indépendance en 1847

Le Libéria a obtenu son indépendance en 1847

En effet, bien que le Ghana fut le premier  pays à obtenir son indépendance lors de la « vague d’indépendance » du milieu du 20ème siècle, d’autres pays africains ont obtenu leur indépendance bien avant dont notamment l’Égypte, l’Afrique du sud ou encore l’Éthiopie qui n’a jamais été sous gouvernement colonial.

Et le premier de tous, si l’on excepte l’Éthiopie bien entendu, fut le Libéria qui fête cette année ses 170 ans d’indépendance.

Mais comment se fait-il que le Libéria a obtenu son indépendance plus de 100 ans avant la plupart des autres pays d’Afrique sub-saharienne ?

Pour mieux le comprendre il faut remonter le temps, jusqu’en 1820 lorsque des esclaves américains affranchis, dont beaucoup étaient les enfants métis de propriétaires blancs, s’installèrent au Liberia dans le cadre d’un mouvement abolitionniste de retour vers l’Afrique, et baptisèrent la capitale Monrovia, en hommage au président James Monroe.

En 1847, les «colons», comme on les appelle encore aujourd’hui, formèrent la République du Liberia en s’inspirant du système politique américain —jusqu’à instituer leur propre forme de ségrégation à l’américaine. Les Américano-libériens à la peau claire, arborant souvent chapeau haut de forme et queue de pie dans la chaleur tropicale d’Afrique de l’ouest, écrasaient de leur puissance les «gens du pays» —Africains autochtones à la peau plus foncée qui durent attendre 1904 pour bénéficier de la citoyenneté libérienne. Un vrai cas de pouvoir corrompant les anciens opprimés.

D’une certaine manière on peut parler là d’une colonie afro-américaine qui a colonisé les tribus locales. Et toute l’histoire du Libéria s’est formée autour de cette relation particulière entre les esclaves affranchis devenus colons à leur tour et les « locaux » se sentant méprisés.

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Aujourd’hui encore les descendants afro-américain sont à peine 5% de la population mais contrôlent la majorité du pouvoir -et de l’argent- du pays.

Cette relation particulière est l’une des causes de l’histoire si violente du Libéria où se sont suivi coup d’État et contre coup d’État durant des décennies. Le premier président d’origine tribale fut Samuel Doe, qui fit massacrer l’ensemble du pouvoir qu’il venait de renverser. Une pratique qui ne lui réussit pas puisque quelques années plus tard il fut capturé par l’un de ses nombreux ennemis, Prince Johnson. Ce dernier le tortura en public, lui coupant doigts et oreilles avant de l’exécuter quelques heures plus tard d’une balle dans la tête et d’exhiber son corps en public. Le tout filmé puis retransmis dans toute l’Afrique de l’ouest (et sur YouTube de nos jours -mais je déconseille-).

Cette histoire date de 1990 et fut le début de 14 années interminable de guerre civile avant d’entamer une reconstruction fragile sur des bases démocratique faites de beaucoup d’aides internationales ,et notamment des « frères américains » dont l’influence se fait grandement sentir. Que ce soit dans son drapeau -copié du drapeau américain, presque à l’identique-, le nom de certaines de ses villes -ou état- tel que Maryland, Greenville, Harper ou Robertsport, ou dans l’utilisation de sa monnaie – on peut utiliser et le dollars US et le dollar libérien et les deux à la fois, si si!!! – un air d’Amérique se fait sentir au Libéria.

son drapeau -copié du drapeau américain-

son drapeau -copié du drapeau américain

 

Après cette période trouble c’est Mme. Johnson Sirleaf qui fut élue en 2006 devenant ainsi la première femme élue au suffrage universel à présider un état africain.

Ayant cumulé deux mandats elle doit maintenant céder sa place et c’est ainsi que prennent place les élections actuelles. Des élections pleines d’attentes, de candidat-e-s, de ferveurs et d’espoir pour ce petit pays vraiment particulier dont la population a déjà survécu à d’innombrables traumatismes. C’est maintenant de nouveaux défis qui s’ouvrent à elle. Celui d’élections non-violente, du combat de la corruption, du droit des minorités, et pleins d’autres encore.

C'est ainsi que prennent place les élections actuelles.

C’est ainsi que prennent place les élections actuelles.

Mais alors que le plus dur semble à faire, un simple regard en arrière rappellera aux libériens, je l’espère, que tant a déjà été fait. Suffisamment, c’est certain, pour ne pas perdre espoir et continuer de l’avant.

Pour ne pas perdre espoir et continuer de l'avant.

Pour ne pas perdre espoir et continuer de l’avant.

Aujourd’hui les rues de Monrovia était bien calme. La circulation très faible et seuls les bureaux de votes semblaient faire le plein.

Aujourd’hui on a voté à Monrovia.

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Aujourd’hui on a voté à Monrovia.

Olivier Rochat

Le Libéria, un pays singulier

Km 49’592, Monrovia, Libéria.

Chaque pays à sa propre histoire, son caractère-s, son climat-s, sa culture-s, et, forcément, chaque pays est unique à sa manière. Mais certains pays se ressemblent plus que d’autres, utilisent la même devise monétaire, parlent la même langue, partage la même culture, ont une histoire liée. Au contraire certains ne ressemblent à aucun autre, à tel point qu’ils forment une catégorie à eux seul.

C’est selon moi le cas du Libéria. Un pays singulier qui, s’il n’est de loin pas le pays le plus spectaculaire que j’ai pu découvrir, reste l’un des plus singuliers, au même titre que l’Éthiopie par-exemple. Un pays où je peux ressentir ce que je n’ai ressenti dans aucun autre.

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Voici quelques une des raisons qui me mènent à penser cela:

Son histoire: là encore je tiens à préciser que chaque pays à son histoire propre. Mais celle du Libéria se détache de toutes les autres. En effet savez-vous que deux pays n’ont jamais été colonisés en Afrique ? Il s’agit de l’Éthiopie et du Libéria. Mais si l’Éthiopie, royaume puissant, a toujours pu repousser l’envahisseur -ce qui fait la fierté des éthiopiens aujourd’hui- l’histoire du Libéria est bien différente.

En 1822 des esclaves américains sont affranchis et ramené sur leur terre d’origine, l’Afrique, afin qu’ils y vivent à nouveau. Les anciens esclaves s’installent sur ce qui est l’actuel Libéria et forme Monrovia, la capitale, en hommage au président américain d’alors, Charles Monroe.

Mais rapidement un malaise entre américano-libériens et population autochtone apparaît à tel point qu’en 1847, lorsque la colonie devient une république indépendante, le suffrage censitaire permet aux américano-libériens de conserver le pouvoir durant un siècle. Les autochtones n’auront le droit de voter qu’à partir de 1945. Aujourd’hui encore le malaise entre américano-libériens et la population d’origine tribale se fait grandement ressentir.

L’influence américaine: comme cité plus haut, l’histoire du Libéria est intimement liée à celle des USA. Aujourd’hui encore l’influence américaine est très forte, notamment avec l’utilisation du dollar US (voir plus bas), un drapeau copié de celui des États-Unis (mais avec une seule étoile) et la non utilisation, encore aujourd’hui, du système international d’unités SI. Pour rappel il s’agit du système d’unités le plus largement employé au monde. Il s’agit d’un système décimal (on passe d’une unité à ses multiples ou sous-multiples à l’aide de puissances de 10) sauf pour la mesure du temps et d’angle.

Seul les USA, le Myanmar (Birmanie) et le Libéria ne l’utilise pas (quoiqu’il n’est pas interdit). Donc au Libéria lorsque vous allez au (super)marché vous ne payez pas vos tomates en kilogrammes mais en livre (1kg = 2,2 lb) et calculez vos distances en miles et non pas en kilomètres (1 mi = 1,609 km).

 un drapeau copié de celui des États-Unis (mais avec une seule étoile)

un drapeau copié de celui des États-Unis (mais avec une seule étoile)

Sa devise monétaire: en fait la devise monétaire du Libéria n’a rien d’exceptionnel en soit. Il s’agit du Dollar libérien LRD mais c’est plutôt son utilisation. En fait dans la plupart des marchés on peut payer à la fois en dollar libérien et américain USD. Mais la plus petite coupure du dollar US étant de 1 dollar, chaque prix en centime vous sera rendu en dollar libérien. Pour payer 1,5 dollar US en donnant 2 dollars US, on vous rendra donc…60 dollars libérien puisqu’un dollar US vaut 120 dollars LRD (60 LRD = 0,5 USD). À vos calculettes !

Il n’est pas rare que je paye avec les deux devises à la fois. Par-exemple 8,5 USD deviendront 5 USD + 420 LRD…

Autre fait marquant. Ma carte VISA étant « périmée », il ne me reste plus qu’une carte MAESTRO. Mais cette dernière ne fonctionne ni au Libéria ni au Sierra-Leone voisin. Heureusement un proche à pu m’envoyer quelques sous via Western Union. Seulement les banques ne délivrent que 75% de l’argent en dollar US. De plus les 25% restants m’ont été livré en petite coupure équivalent à 8 centimes chacune. Résultat des courses j’ai reçu… un sac avec. Pour l’équivalent de 122 USD j’ai eu droit à plus de 1400 coupures. Vraiment pas pratique. Et depuis j’ai troqué mon porte monnaie contre un sac. Comprenez il y’en avait pour près d’un kilo.

 un drapeau copié de celui des États-Unis (mais avec une seule étoile)

Pour l’équivalent de 122 USD j’ai eu droit à plus de 1400 coupures

Sa politique: là aussi sa politique n’est pas unique en soit. Bien que la corruption gangrène le pays tout entier le pays a retrouvé une certaine stabilité depuis la fin de la guerre (2003) et les élections qui se déroulent actuellement, avec 20 candidats au premier tour et deux au second, se déroule sans problèmes majeurs et de manière démocratique jusqu’ici. À l’origine de cette stabilité nouvelle on trouve Mme. Johnson Sirleaf, première femme présidente élue au suffrage universel de toute l’Afrique.

Son climat: là encore le climat du Libéria n’est pas unique en soit. Il s’agit d’un climat tropical, chaud et humide avec une (longue) saison pluvieuse. Mais les fortes pluies qui tombent sur la côte font de Monrovia la capitale la plus pluvieuse d’Afrique avec plus de 5 mètres cumulés par an. Cependant ce sont deux villages du Cameroun et de Guinée Équatoriale qui détienne le record moyen de pluie sur le continent africain avec plus de 11 mètres. En comparaison à Paris il pleut 17 fois moins (0,650 mètres).

J’aurai pu encore ajouter la dernière crise d’Ebola qui a grandement touché le Libéria entre 2014 et 2016.

Mais au-delà de tout ça, voyager au Libéria c’est aussi découvrir son ambiance particulière, celle d’un pays comptant parmi les plus pauvres au monde tout en restant parmi les plus occidentalisés -et cher- d’Afrique de l’ouest. Et si j’ai trouvé un certain côté rude au Libéria j’y ai découvert beaucoup de gentillesse, de curiosité et d’accueil.

Malgré le coût élevé de la vie, un frein quand on voyage uniquement avec ses économies, j’ai pu vivre de bons moments et profiter de confort à Monrovia en étant invité à rester chez Sébastian, un allemand au cœur gros comme… Un coeur énorme en tout les cas!

Et puis voyager au Libéria vous offre cette sensation d’être le seul voyageur/touriste du pays. Ce qui est potentiellement possible tant ce pays n’est pas touristique malgré une communauté d’expatriés occidentaux relativement importante dans certaines villes.

En tout les cas le Libéria est un pays dans lequel je me suis senti aspiré dès mon entrée. Un pays à part, en pleine construction, qui a plus que sa place dans un voyage au long cours en Afrique. Peut-être pas un must au niveau paysages/faunes/flores mais certainement un must au niveau de sa singularité, et de ses particularités qui l’accompagnent.

Et pour moi une fascination. Plus que ça encore, une petite claque contre toutes les idées reçues…

Si j'ai trouvé un certain côté rude au Libéria j'y ai découvert beaucoup de gentillesse, de curiosité et d'accueil.

Si j’ai trouvé un certain côté rude au Libéria j’y ai découvert beaucoup de gentillesse, de curiosité et d’accueil.

Olivier Rochat

Il était Ebola

Km 48’985, Macenta, Guinée.

Petite pause à Macenta, petite ville toute proche de ce qui fut l’épicentre de la dernière « crise » d’Ebola.

à Macenta, petite ville toute proche de ce qui fut l'épicentre de la dernière "crise" d'Ebola, au coeur de la Guinée forestière

à Macenta, petite ville toute proche de ce qui fut l’épicentre de la dernière « crise » d’Ebola, au coeur de la Guinée forestière

Au coeur de la Guinée forestière

 

Après ma nouvelle « crise » de paludisme, et après m’être bien reposé, j’ai quitté Kankan, direction le sud.

J'ai retrouvé les belles collines, douce et verdoyante, de la Guinée forestière.

J’ai retrouvé les belles collines, douce et verdoyante, de la Guinée forestière.

4 jours de route plus tard j’ai retrouvé la pluie, que la Haute-Guinée m’avait presque fait oublier. J’ai retrouvé les belles collines, douce et verdoyante, de la Guinée forestière. Les routes quant à elles furent un mélange de pistes boueuses, de vieux goudrons d’il y a 40 ans complètement défoncé et, miracle ou presque, de passages récemment -et très bien- goudronné.

 

Vieux goudrons d'il y a 40 ans complètement défoncé

Vieux goudrons d’il y a 40 ans complètement défoncé

Me voici aujourd’hui à Macenta, petite ville coincée au centre de la Guinée forestière à quelques encablures de deux de ses voisins : le Libéria et la Sierra-Leone.

 

Macenta, au coeur de la Guinée forestière

Macenta, au coeur de la Guinée forestière

Macenta c’est une petite Ville comme il y en a des centaines en Afrique. Une ville sans grande envergure, d’environ 50’000 habitants, qu’on oublie facilement si on ne fait qu’y passer, quoique les paysages qui l’entourent sont spectaculaire et les habitants accueillant malgré les « toubabou » -blanc- incessants que me lancent les gosses qui me voient passer.

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Les habitants sont accueillants malgré les « toubabou » -blanc- incessants que me lancent les gosses qui me voient passer.

Le retour d’Ebola

Pourtant Macenta et la région a récemment fait parler d’elle à travers le monde entier et même jusqu’en occident. Enfin, sans qu’on cherche vraiment à la situer. En effet fin 2013 va débuter une « crise »sans précédent qui va grandement affecter l’Afrique de l’Ouest et notamment trois de ses pays (et non toute l’Afrique comme je l’entends parfois…) qui sont le Libéria, la Sierra-Leone et la Guinée : le virus Ebola.

En effet c’est dans un village de Guinée forestière, proche de la ville voisine d’où je me trouve actuellement, Guéckedou, que le « patient zéro », un jeune garçon de 2 ans et demi, aurait succombé à une fièvre hémorragique qui sera quelques mois plus tard analysée comme étant le virus Ebola. Sa mère, sa grand-mère ainsi qu’une amie sierra-leonaise y succomberont elles aussi. Débute alors une crise sans précédent et pour la première fois le virus Ebola, découvert pour la 1ère fois en 1976 en RD Congo le long d’une rivière appelée… Ebola, est découvert hors de l’Afrique centrale.

Le virus est rapidement déclaré au Libéria et au Sierra-Leone voisin, passant les frontières terrestres. Quelques mois plus tard des cas sont également recensé au Sénégal, au Mali ainsi qu’au Nigeria. Puis un prêtre espagnol rapatrié décède à Madrid, un libérien en voyage à Dallas y décède également, un cas est déclaré en Italie. Un autre en Grande-Bretagne. Ils survivront.

Mais le monde entier s’affole devant cette épidémie qui prend de vitesse la médecine actuelle et menace de se propager au monde entier. Il n’existe alors pas de vaccins et le taux de mortalité est extrêmement élevé bien qu’il varie beaucoup selon les conditions dans lesquels les patients sont traités, passant de 25 à 90%.

La Guinée, la Sierra-Leone et surtout le Libéria sont les pays les plus touchés, rapidement mis en quarantaine, frontières fermées, vols annulés. La région de Macenta, très peu développée et manquant de moyen, se retrouve sans moyen devant la maladie. Des médecins et infirmiers étrangers y sont envoyés ainsi que des hélicoptère et des 4X4 pour pouvoir atteindre les villages les plus reculé.

Mais dans certaines régions, la communication officielle est mal comprise par la population ou interprétée comme prolongeant un discours post-colonial, en désignant par exemple la consommation de viande de brousse comme source de contamination. Similairement des autorités ou des ONG ont pu être perçues comme soutenant un « discours dominant » qui « porte en germe la stigmatisation de certaines communautés, victimes de mépris ou de préjugés culturels que les messages officiels visant à prévenir la propagation de la maladie ne font que renforcer ». Ce discours invite les populations locales à s’éloigner de la forêt, qui est pourtant localement une ressource, médicamenteuse notamment. Les communautés locales savent aussi que les hôpitaux manquent d’infirmiers et médecins et ce fait a pu motiver certains refus de laisser hospitaliser des membres de la famille. Certains centres de soin sont également saccagé par la population locale et la lutte contre le virus Ebola n’en est rendue que plus difficile, bien qu’elle va s’améliorer au fil des mois.

Aujourd’hui près de 4 ans ont passé depuis le 1er cas, 18 mois depuis le dernier, enregistré au Libéria, début avril 2016. La vie à repris son cours, les frontières sont toutes ouvertes, « l’etat d’urgence mondial » déclaré a été enlevé. Selon les sources officielles plus de 28’000 cas ont été recensé, au moins 11’300 en sont morts et quelques 10’000 personnes souffrent aujourd’hui des stigmates de cette maladie dont notamment les tabous qui l’entourent. De nombreux survivants sont ainsi rejetés par la société.

Ici a Macenta seul un panneau, à l’entrée de la ville, m’indique qu’ici fut Ebola. Personne n’en parle et rien ne laisse apercevoir qu’il y a deux ans encore, la situation était extrêmement critique.

seul un panneau, à l'entrée de la ville, m'indique qu'ici fut Ebola.

Seul un panneau, à l’entrée de la ville, m’indique qu’ici fut Ebola.

En découvrant cette région, je ne peux m’empêcher de penser à Ebola. Ce « virus africain » qui soudainement menaça l’Occident tout entier. Ce virus qui en 2 ans n’a pas tué plus de monde que le paludisme n’en tue chaque…semaine.

Bien sûr, la situation n’est de loin pas semblable, ni même comparable. Le paludisme n’est pas un virus mais une maladie parasitaire, la plus répandue au monde et notamment en Afrique subsaharienne (environ 90% des victimes mondiales). Et puis il se traite.

Cependant le moustique qui transmet le paludisme à l’Homme ne peut survivre au-delà des tropiques. L’Europe, l’Amérique du nord à l’abri, le paludisme est peut-être encore celui qui a le plus de beaux jours devant lui.

Pendant ce temps-là à Macenta la vie continue. Ebola n’est plus là…

Pendant ce temps-là à Macenta la vie continue.

Pendant ce temps-là à Macenta la vie continue.

Olivier Rochat

Le boueux millionaire

Km 48’610, Kankan, Guinée.

Déjà plus de deux semaines que je me traîne en Guinée. Deux semaines rendues difficiles premièrement par le mauvais état des routes en cette saison et, deuxièmement, par le paludisme et la fièvre typhoïde que j’ai conjointement attrapé. Aujourd’hui je suis sur pieds, soigné ET reposé, prêt à repartir. Mais avant cela voici un petit retour en images, ainsi qu’avec quelques mots, sur certaines des particularités rencontrée en Guinée : la beauté des paysages, l’accueil des locaux, le mauvais état des routes et…la monnaie locale, incroyablement faible.

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Déjà plus de deux semaines que je me traîne en Guinée.

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3 ans sur la route

Km 48’592, Kankan, Guinée.

-15.09.2014-15.09.2017                                                                                                            3 YEARS ON THE ROAD-

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Hier a débuté ma 4ème année sur la route.

Et le moins que je puisse dire c’est que les derniers jours de ma 3ème année sur la route auront été pour le moins pénible, malgré la beauté et l’accueil des locaux.

Et c’est sur une piste défoncée -mais vraiment défoncée- avec parfois des flaques d’eaux énormes de plusieurs dizaines de mètres, des passages boueux allant jusqu’à 50 km quasiment ininterrompu, des ennuis mécaniques toujours ennuyant -un rayon qui pète dans un champ de boue juste après que la pédale a rendu l’âme, eh ben c’est pas drôle- que j’ai terminé cette année un peu à la manière dont elle s’est déroulée, entre pluie et soleil, accueil et « discussions » avec la police. Et pour couronner le tout, avec le paludisme.

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C’est sur une piste défoncée -mais vraiment défoncée- avec parfois des flaques d’eaux énormes de plusieurs dizaines de mètres

Ce bon vieux paludisme, comme bien souvent accompagné de sa petite soeur la fièvre typoïde. Il était temps que cette année se termine tant elle fut difficile.

Il était temps que cette année se termine tant elle fut difficile.

Il était temps que cette année se termine tant elle fut difficile.

Pour tout dire je m’y attendais un peu mais quand même. Pour bien comprendre, cette année c’est autant de pistes que sur les deux précédentes. C’est 3 crises de paludisme contre 0 sur les deux précédentes. C’est 2 fièvres typhoïdes contre 0 sur les deux précédentes. C’est 10 pays contre 25 sur les deux précédentes mais le doubles en prix de visa: on est passé d’une moyenne de 35 dollars US par pays à 110…et puis c’est la police.

 

Auparavant, c’est à dire en Afrique de l’est et australe, je « subissait » en moyenne 1 contrôle policier (identité en général) par mois. Depuis que j’ai rejoint l’Afrique centrale/ouest au début de cette 3ème année de route, en moyenne c’est 1 par jour, allant jusqu’à 20 durant mes pires journées au Nigeria à très peu au Ghana/Togo. Sans compter les passages frontières souvent long et pas toujours bienveillant.

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Depuis que j’ai rejoint l’Afrique centrale/ouest au début de cette 3ème année de route, en moyenne c’est 1 par jour

Elle fut néanmoins une année très riche en émotion que ce soit pour mon retour en francophonie, les régions isolées de l’impressionnante et étouffante forêt tropicale, les gorilles rencontrés dans ces mêmes forêts, la fracture de mon cher Cargo, l’inauguration tant attendue de notre seconde école au Togo ou encore la visite d’amis et proches au Togo puis au Burkina Faso.

Le tout toujours entouré d’innombrables peuples mélangés, vivant et colorés dans un désordre très africain.

Mais finalement je pourrais terminer cette année en me disant qu’elle fut la plus difficile. C’est clairement le cas.

Toujours en direction de l’Europe

Aujourd’hui c’est donc au repos forcé, comme bien souvent ces derniers mois, que je débute une nouvelle année de route qui sera selon toute vraisemblance la dernière.
Car si la motivation est toujours là, c’est aussi celle de rentrer chez moi.

En faisant mes comptes je réalise que durant les 365 derniers jours j’ai pédalé, sans le prévoir, 15’012 km. Juste pas suffisant pour la dépasser, mais me voici maintenant tout proche de la barre symbolique des 50’000 km que je compte passer très prochainement. En texte et en image bien sûr, au Sierra-Leone selon mes prévisions.

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Me voici maintenant tout proche de la barre symbolique des 50’000 km que je compte passer très prochainement.

En attendant, je remercie encore les nombreuses personnes qui m’ont soutenu et me soutienne en annonçant l’arrivée prochaine, dès 2018, d’un nouveau projet.

Ce sera une nouvelle page dans ma vie
Vers de nouveaux horizons
Mais si je lui ai déjà trouvé un oui
Il me faut encore lui trouver un nom.

Tu auras droit au POISSON
À l’HIRONDELLE
ICI BAS notre horizon
Ou au soleil, car je l’ai peint avec du miel

Puis JE TE PRENDRAI LA MAIN
On mangera des glaces
Tu verras comme c’est bien
CHOCOLAT ET PI PISTACHE

Ensuite tn ira dans le jardin
LE JARDIN DES GENS AIME
Toujours je te tiendrai la main
Enfin je la ressusciterait

Je parle de Madame
MA DAME LITTERATURE
Ainsi passera un an, tout flamme
Ce sera là notre Aventure…

Un voyage révolution
Celle qui se fait en rime
Ou en réfléchissant
A vélo du pied aux cimes

Car voyager c’est vivre et une vie sans mots n’est-ce pas triste un peu? Et un mot sans vie, ce n’est pas du jeu!

Ou comment te dire sans en faire trop
Que ce voyage ne sera fait que de mots

Olivier Rochat