Archives pour la catégorie Etape N°9 : Danané – Dakar

Le voyage est découpé en plusieurs étapes. Retrouvez ici tous les articles de la neuvième étape : Danané – Dakar

Guinée, je recommencerai!

Km 50’776, Kindia, Guinée.

De retour en Guinée, je remonte le pays en direction des montagnes du Fouta Djalon. Je tombe amoureux.

je remonte le pays en direction des montagnes du Fouta Djalon

je remonte le pays en direction des montagnes du Fouta Djalon

Après plusieurs mois de saisons des pluies à différentes intensité, la saison sèche prend jour après jour de l’ampleur, les nuages se font de moins en moins menaçant, le soleil de plus en plus présent et la pluie de plus en plus rare. Et ce malgré le fait qu’ici la saison pluvieuse fût plus longue que la moyenne, comme me disent certains.

Et pour moi c’est quand même un petit soulagement bien que j’avoue avoir passé des moments inoubliables durant ces derniers mois humides aux pistes bien souvent boueuses et aux nuits sans grand espoir de joli bivouac sauvage. La dernière fois que j’ai fait un camping sauvage ? Il y a près de 3 mois. Pourtant si ce soir je dors dans une auberge, il s’agit d’une exception tant j’ai passé de nuits chez l’habitant. D’ailleurs c’est plus pour la tranquillité que pour le confort en soit que je m’y rend ce soir, bien que les quelques heures nocturnes d’électricité me permettent de me rafraîchir au ventilateur et de recharger mes batteries. Le cadre reste simple. Une petite chambre. Un lit propre. Un seau, de l’eau. Quoi demander de plus ?

Me voici privilégié. Presque égoïste tant il est vrai que la Guinée telle que je la découvre, le long de la route, et que je découvrais à l’est du pays en septembre dernier, est bel et bien le pays du partage.

la Guinée telle que je la découvre, le long de la route, et que je découvrais à l'est du pays en septembre dernier, est bel et bien le pays du partage.

Le luxe y est dans sa population, son climat

Non pas de la solitude. Et certainement pas du luxe. Un pays que j’aime. Le luxe y est dans sa population, son climat. Simple opinion personnel. Ici s’y mélange peuple et paysages comme rarement. Le désordre y est extrême et à tous les « étages » de la société, du trafic au policier, du système éducatif à l’administration la plus basique.

Le désordre y est extrême

Le désordre y est extrême

Manquer de se faire rentrer dedans par un deux ou quatres roues (certes généralement deux roues) roulant à contre sens dans un rond-point (!) ou à reculons après avoir cette éternelle « barrière du blanc » passée et mis à part quelques policiers dont j’ai parfois bien du mal à savoir s’ils sont sérieux ou en pleine phase humoristique lorsqu’ils m’arrêtent. J’ai notamment eu droit à la « carte touristique s’il vous plaît » (elle n’existe pas soyons clair, le visa suffit) ou à l’indétrônable « papier du véhicule ! »

Hein!!!? Mais je suis à vélo monsieur.

Et alors? Papier du véhicule !

Et soudain le chef qui arrive et vient me questionner avec plein d’enthousiasme, cassant net le « coup » du non gradé. Auquel je réponds: je suis Suisse!.

Ah tu es suédois.

Non non, pas la Suède, la Suisse!

Ah tu es suissien.

Voilà, suissien. C’est ça. Je m’y suis fait. 3 mois que ça dure. Et je n’insiste pas sur des termes qui ici n’ont pour l’instant pas grand raison d’être. Je suis donc suissien. Parfois suédois aussi. Et peut-être un jour je serai lunien.

Oui peut-être bien car ici tout est possible, les limites semblent être fixée par l’imagination. Et cette dernière n’en ayant pas vraiment…

Bienvenue en Guinée!

Et ce n’est ni péjoratif ni moqueur. Bien au contraire. C’est bien avec une petite étincelle dans les yeux que j’écris ces quelques lettres qui essaient de se faire une place au milieu du vaste univers guinéen.

ces quelques lettres qui essaient de se faire une place au milieu du vaste univers guinéen.

ces quelques lettres qui essaient de se faire une place au milieu du vaste univers guinéen.

Une étincelle allumée à tout moment par ces innombrables moments passé, partagé, avec les guinéens « du long de ma route ». Discussion tantôt sérieuse puis rocambolesque, touchante souvent.

On parle politique mais ça nous énerve tous. Ici la politique est aussi efficace qu’il y tombe de la neige en Guinée. Dirait-on. Et ça irrite. Alors on parle foot ou religion. Il y a plus de Foi la derrière. Enfin d’où je viens. Puis on s’essaie à l’humour sans toujours y arriver. Mais on rit quand même.

lorsque je me lance dans les montagnes du Fouta-Djalon, j'y ajoute les paysages.

lorsque je me lance dans les montagnes du Fouta-Djalon, j’y ajoute les paysages.

Et lorsque je me lance dans les montagnes du Fouta-Djalon, j’y ajoute les paysages. Montagnes douces à l’herbe verte déjà légèrement entamée par la saison sèche. Je tombe amoureux.

Montagnes douces à l'herbe verte déjà légèrement entamée par la saison sèche

Montagnes douces à l’herbe verte déjà légèrement entamée par la saison sèche

À moins que je sois fou. Ou les deux puisqu’il faut être fou pour aimer. Pour y croire.

Tant pis, moi j’y crois. J’y cours même!

Et demain je recommencerai.

moi j'y crois. J'y cours même!

moi j’y crois. J’y cours même!

Je recommencerai…

 

Olivier Rochat

Jeu de visas

Km 50’630, Conakry, Guinée.

Au matin du 9 novembre 2017, je m’apprête à quitter Conakry, capitale de cette Guinée que j’ai retrouvé 5 semaines après l’avoir quitté.

Conakry, ville au trafic chaotique où je suis resté afin d’y faire deux visas notamment. Ils seront vraisemblablement les derniers.

Visa Guinée Bissau

Visa Guinée Bissao

En effet des 5 pays que j’espère encore traversé, 2 ne m’oblige pas à avoir de visa pour y entrer : le Sénégal et le Maroc. Un s’obtient à la frontière : la Mauritanie. Les deux derniers sont la Guinée-Bissau et la Gambie.

C’est donc la fin de cette partie particulière de mon voyage, coûteuse également puisque j’ai dépassé les 2’000 euros de visas.

Si l’ensemble de ces visas s’est majoritairement bien déroulé, mis à part pour l’Angola que je n’ai jamais obtenu, l’une des choses intéressantes est la manière à laquelle cela se passe, tant leur obtention peut varier d’une ambassade à l’autre et même parfois d’un jour à l’autre où les documents demandé ne sont plus du tout les mêmes.

Après avoir obtenu mon visa pour la Guiné-Bissao très facilement, le jour même de la demande, je réalise que j’ai suffisamment de temps pour me renseigner pour celui de la Gambie dont j’ai entendu différente possibilité. Certains me disent l’avoir obtenu à la frontière pour un montant variant de 30 à 150 €, d’autres en ambassade et certains ont été refusé à la frontière, sans visa préalable. Il existe bel et bien un consulat de Gambie à Conakry mais impossible de trouver une adresse. Je me rends donc à l’ambassade du Sénégal, seul pays frontalier de la Gambie, plus petit état continental d’Afrique dont les quelques kilomètres de côtes forment l’unique frontière non sénégalaise. Après quelques présentations le consul sénégalais me donne le numéro de son homologue gambien, un certain M.Cessey.

Après quelques appels infructueux j’arrive à le joindre. Aussitôt il me confirme que je peux obtenir le visa ici-même, et que je dois me rendre, au consulat croyais-je, a une douzaine de kilomètres d’où je me trouve actuellement.

Une heure plus tard, après avoir affronté une fois de plus le pénible trafic de Conakry, j’arrive enfin au marché de Taouyah où, m’a t’il dit, le consulat est tout proche. Pourtant personne dans le quartier ne semble le connaître, ce consulat. Aucun panneau, aucun drapeau…je rappelle M.Cessey qui m’indique de me rendre dans le bâtiment voisin du carrefour de Taouyah, et d’entrer à l’intérieur de la cour et de traverser le terrain de foot.

Bon, je m’exécute. Un homme à qui j’ai demandé mon chemin et qui me dit le connaître m’accompagne. Ensemble nous traversons la cour, se dresse maintenant devant nous un terrain de foot en terre battue où joue de nombreux jeunes. Derrière le terrain quelques appartements résidentiels mal entretenu de l’extérieur.

C’est alors que l’homme prend la parole : c’est lui, là bas, c’est le monsieur là-bas ! En me montrant du doigt un homme très grand vêtu d’un boubou blanc qui me fait des signes. Des salutations auxquels je réponds de même et le rejoints rapidement.

Nous nous saluons et tout de suite M.Cessey salue mon courage en regardant mon vélo, me parle de la Suisse qu’il connaît bien puis me demande si j’ai pris deux photo passeport. Là je m’interroge. Il est où son consulat ???

Mais visiblement M.Cessey, très sympathique, n’a pas l’air de vouloir aller dans un quelconque bureau.

« Tenez, voici deux photos et mon passeport », et je lui donne le tout et l’argent correspondant à la demande de visa touristique, me demandant encore pourquoi nous nous retrouvons ici, à faire les démarches d’un visa touristique sur un terrain de foot en terre battue. Si certains pourrait sentir l’arnaque, j’ai confiance. Et puis l’ambassadeur sénégalais ne m’aurait jamais envoyé ici si cet homme n’était pas sérieux.

Si Dieu le veut, votre visa sera prêt demain. Ajoute M.Cessey.

Parfait, mais à quel heure sera til pret? Dois-je me rendre directement au consulat, mais où se trouve-t-il ? Lui dis-je en montrant la porte arrière du terrain de foot, où se trouve de nombreux bâtiments et d’où venait M Cessey, pensant que c’est là-bas qu’il s’y trouve, ce consulat.

Non, ici c’est ma maison, puis il continue en m’expliquant que son office est dans l’autre partie de la ville. Appelez-moi demain à 11 heures. Je comprends alors que le consulat, comme bien des autres, est fermé l’après-midi. Chose que j’aurai pu traduire par: le consulat est fermé, viens donc chez moi!

Nous nous quittons et je fais comme si de rien n’était mais intérieurement je suis mort de rire. Je regarde le très grand M.Cessey rentrer chez lui, tenant dans sa main mes deux photos passeport, mon argent et « pire » encore, mon passeport lui-même.

Ils s’en vont tous ensemble, et moi je les regarde partir me demandant s’il est possible autre part qu’en Afrique d’obtenir un visa de tourisme sans même entrer dans une ambassade ou un consulat.

Et le lendemain, en milieu de matinée car Dieu l’avait voulu, M.Cessey me rapportait mon passeport, muni d’un beau visa de tourisme, trois mois multiple entrée que je n’avais même jamais demandé (le visa oui, 3 mois non). Cette fois sur le parking, de l’autre côté du terrain de foot. Et avant de nous quitter M.Cessey rentrait dans sa voiture prendre son carnet d’adresse. « Tu pourras t’y arrêter » me dit-il en le donnant 3 adresses de familles et d’amis en Gambie.

Et voilà comment j’ai obtenu ce qui devrait être, et sera je l’espère, mon dernier visa en ambassade. Le visa de la Gambie, sans même avoir la moindre idée d’où se trouve le consulat de ce même pays.

DSCF8340

Ou comment faire d’une démarche administrative une aventure humaine…

Olivier Rochat

Freetown

Km 50’264, Freetown, Sierra-Leone.

À Freetown, capitale de laSierra-Leone, j’ai profité de l’accueil d’Hunor pour me reposer un peu et admirer certaines des magnifiques plages qui entourent la ville, contrastant avec la réalité difficile de nombreux habitants.

Récit

de l'autre le vaste océan direction l'Amérique du sud

de l’autre le vaste océan direction l’Amérique du sud

Me voici au port de Freetown capitale spectaculaire de la Sierra-Leone. J’attends le ferry de cet après-midi qui me mènera, si tout va bien, de l’autre côté du fleuve où je continuerai ma route en direction de la Guinée qui m’impatiente déjà.

le ferry de cet après-midi qui me mènera, si tout va bien, de l'autre côté du fleuve

le ferry de cet après-midi qui me mènera, si tout va bien, de l’autre côté du fleuve

Freetown fut une ville particulière, je l’admet volontiers. Entouré à l’est par de magnifique collines qui surplombe la ville comme un mur puis à l’ouest par l’océan Atlantique et de magnifiques plages, de réputation les plus belles d’Afrique de l’ouest, Freetown mélange les genres.

A l'est par de magnifique collines qui surplombe la ville

A l’est par de magnifique collines qui surplombe la ville

DSCF8258

A l’ouest par l’océan Atlantique

D’une part ces hautes et raides collines que seuls quelques bidonvilles et autres « quartier populaire » semblent oser affronter, de l’autre le vaste océan direction l’Amérique du sud (les côtes sierra-Leonaise sont les plus proches du Brésil pour un pays africain) accompagné de splendides plages où vivent les plus riches, mélangeant souvent hôtel de luxe et quartier occidentaux.

D'une part ces hautes et raides collines que seuls quelques bidonvilles et autres "quartier populaire" semblent oser affronter

D’une part ces hautes et raides collines que seuls quelques bidonvilles et autres « quartier populaire » semblent oser affronter

de l'autre le vaste océan direction l'Amérique du sud

de l’autre le vaste océan direction l’Amérique du sud

Et puis Freetown c’est un drame récent, trop vite étouffé, oublié, lorsque les USA furent eux aussi touché par un drame avec plusieurs ouragans. Mais à Freetown ce n’est pas des ouragans qui ont frappé mais la pluie. En plaine saison des pluies il pleut abondamment dans la région et se sont des maisons entières qui furent engloutie par de la boue lors de glissements de terrains monstrueux. Les disparus sont compté par centaines, 1 millier selon les estimations, et la plus part le resteront pour toujours, à peine la moitié des corps ayant été retrouvé. Si le réchauffement climatique est mis en avant, impossible de ne pas remettre en question l’ingérence de la situation. Ces quartier disparus furent construit jadis dans des zones interdites par le gouvernement d’alors.

IMG_20171108_193639_980

Un drame similaire s’est produit parallèlement au Congo-Kinshasa pour les mêmes raisons. Des forêts sont rasées, déstabilisant le sol. Des maisons sont construites à la place. Construites pour la plupart de manière très instable dès la base, une catastrophe semble inévitable et c’est tout le drame de ces capitales africaines qui grossissent à vue d’œil, voyant venir une population qu’elle ne peut accueillir et où nombre d’habitants abandonnent les campagnes pour venir littéralement s’entasser dans des bidonvilles monstrueux. Tous cherche le confort, une meilleure vie. Beaucoup trouvent la misère. Et si c’est à la campagne que j’ai vu les situations de vies les plus rudimentaire, c’est en ville, et plus particulièrement dans les capitales, que j’y ai trouvé le plus de souffrance et de misère profonde. De misère humaine.

Mais c’est vrai, c’est aussi dans ces capitales que l’on trouve le business, pour beaucoup l’espoir, et pour certains la richesse.

Pour ma part j’y ai trouvé l’accueil, plus encore que le confort. Ou plutôt dirais-je, le confort n’est véritable que s’il est partagé? Accueilli par Hunor et quelques un de ces amis (merci www.couchsurfing.com) j’ai profité d’une -trop- brève vie sociale toujours bienvenue qu’il m’aurait été impossible d’aborder seul ou en tant que touristes (financièrement parlant) à ce moment de mon voyage. Sans compter sur quelques plages et barbecues qui furent d’un luxe certains et certainement inhabituel.

Quelques plages et barbecues qui furent d'un luxe certains et certainement inhabituel.

Quelques plages et barbecues qui furent d’un luxe certains et certainement inhabituel.

C’est donc reposé et « remerciant » que j’ai traversé Freetown jusqu’à son port. Et c’est aussi instantanément, dans des embouteillages monstres, que j’ai repris goût à la -parfois- dure réalité de l’Afrique. Sans oublier ma chance d’avoir vécu ces instants.

Car ils ne sont bien que des instants venus casser cette routine brièvement. Venu casser la réalité bien plus cash et transpirante de cette vie de privilégiés sur les routes d’Afrique.

 la réalité bien plus cash et transpirante de cette vie de privilégiés sur les routes d'Afrique.

la réalité bien plus cash et transpirante de cette vie de privilégiés sur les routes d’Afrique.

Me voici redevenu le « Sir » comme on m’appelle ici.

Un étranger.

DSCF8241

Olivier Rochat

Le Cavalier des Terres

Km 50’000, Moyamba, Sierra-Leone.

Jour/Day 1’138 (1’059 in Africa)
Pays/Country 37 (28 in Africa)
Km 50’000 (44’091 in Africa)

IMG_20171027_122835_499

« Je suis le cavalier des Terres
Je passe je suis détour
À la recherche de Lumière
À la recherche de l’Amour

Je suis le cavalier sans peur
Je m’en vais chercher le beau
Pour lutter contre terreur
Je m’en vais lutter les maux

Aux pays ou ne poussent plus les fleurs
Moi j’écris tu sais de simple phrases
Qui s’envolent, qui sont labeurs
Qui me rendent un peu ma grâce

Car l’éternité est longue
Quand l’on vit sans âme
Quand la vie est bombe
D’où ne naissent que des larmes

Je ne dors plus moi je meurs
Le coeur fendu par la terreur
Je ne vit plus moi je meurs
Mon âme perdu, sans cœur

Il n’y a qu’au matin que je reviens
Que je revis que je renaît
Quand recommence le chemin
Quand j’écris ce nouveau trait

Qu’avec lui, enfin
Je parcours les Terres
Me mettant sur le chemin
Que n’y prenne place que Ma Guerre

Je suis le cavalier des Terres
Je passe je suis détour
À la recherche de Lumière
À la recherche de l’Amour

Je suis le cavalier sans peur
Je m’en vais chercher le beau
Pour lutter contre terreur
Je m’en vais lutter les maux

Je n’ai d’armes que ma vie
De combat que ma passion
De raison que ma folie
Et la Terre est ma maison

L’Univers mon horizon
Par ces mots que je brandit
Dans mon royaume : l’imagination
De cette beauté qui est ma vie

Avec elle je me surprend
Cavalier je deviens homme
Avec elle je suis content
C’est l’amour qui reprend forme

Je n’ai de bague à lui offrir
Elle qui m’offre son sourire
Et j’ai presque peur de lui dire
Lui demander pour ainsi dire

Sa main contre la mienne
Qu’enfin ne soyons qu’un
Pour que toujours je me surprenne
À me battre pour mon prochain

A me battre pour cet instant
Qui est ma seule éternité
Qui pour toujours est au présent
Qui est tout ce que j’ai

Quel qu’en soit nos aventures
Moi je n’ai plus de passé
Pas de futur
Ainsi va mon éternité

Celle du cavalier
Le cavalier des Terres
Qui l’écrit sa Liberté
Sept lettres un mot Lumière

Je suis le cavalier
Je n’ai de maux que par raison
Ma folie ma Liberté
Je n’ai de mots que par passion

Oui je suis le cavalier
Et moi j’écris les Terres
Cinq lettres un verbe Aimer
C’est par les lettres qu’est ma guerre

Par les mots que je combats
En tirant ces quelques proses
C’est des fleurs qui naissent là
Chant de mots pour champ de Roses

Une jonquilles ou bien Lila
À l’ombre d’un palmier
Moi tu sais oui moi je crois
Que nous sommes tous frères d’humanité

Et sœur au fond du cœur
Et dans les yeux aussi
Pour que cesse le malheur
Et que naisse l’infini

Je suis le cavalier
Celui des Terres
Oui je suis le cavalier
Et moi je pars en Guerre

Par les mots est mon combat
Sur notre mère la Terre
Par les mots je suis soldat
1000 lettres pour faire Ma Guerre

Quelques lettres pour une Plume
Plume d’oie ou bien de plomb
4 lettres un mot la Lune
Ainsi va mon Horizon

Celui du cavalier
Celui qui part en Guerre
Une Guerre pour exister
Existence faite de vers

Chacun d’eux pour un combat
Un combat pour l’humanité
De ces Roses qui naissent là
Par les Proses du Cavalier

Triste plume est au combat
Me voici Mélancolie!
Mais? C’est la haine qui surgit là
Eh bien tant pis, c’est en mot que l’on survit

Par les mots ma Liberté
Par les mots je pars en guerre
Mon rêve Réalité
Mon Jardin mon Univers

Et puis tu vois, je suis soldat
D’une Prose face aux fusils
Par les mots moi je combat
Je combat la triste vie

Ce soir je reprend ma plume
Et si je meurs, Mélancolie
Avant, je ferai de chaque dune
Une jungle de Jonquille

Je reprend ma triste plume
Pour écrire Mélancolie
Des Soleils aux clairs des Lunes
Pour combattre la triste vie

Et faire de chaque Lune
Un reçit une poésie
Qu’à l’ombre de ma Plume
Y naissent un peu de vie »

DSCF8077

Olivier Rochat

Sierra-Leone, au pays des diamants

Km 49’927, Bo, Sierra-Leone.

Me voici au Sierra-Leone. Et voici un petit récit de mes premières impressions, pour le moinscontrastées.

Bo, le 24 octobre 2017

IMG_20171021_211229_245

Des premiers kilomètres surréalistes au Sierra-Leone

Encore une fois j’ai pu varier les mondes ces derniers jours. Entre le confort offert par mon hôte à Monrovia et ces premiers kilomètres surréalistes au Sierra-Leone, le contraste est saisissant et c’est peut-être bien l’une des choses qui me fascine le plus en Afrique, ou en tout les cas en voyageant.

IMG_20171024_124809_906

Oui, il existe des routes goudronnées en Afrique. Oui, on y trouve de la connexion internet, des hôpitaux, des voitures, des smartphones et toute sorte de « technologies actuelles ». Mais ce qui change beaucoup par rapport à l’occident c’est leurs fréquences. Combien de kilomètres goudronné pour 10 millions d’habitants? Combien d’habitants pour un seul médecin? Combien de voitures pour 1’000 habitants ? Aujourd’hui on estime que 20% des africains utilisent couramment internet mais dans certaines villes, ou quartiers de ces dernières, tout le monde ou presque est connecté. Vous pouvez vous balader dans une capitale entouré de tours, de supermarché occidentalisé avec des ATM à tous les coins de rues et des cafés avec Wi-Fi, puis droit derrière passer 500 km sur des pistes complètement défoncée, traversant des villages construits de huttes, où l’on va chercher l’eau au puits, où le réseau, qu’il soit faible ou rapide, ne profite à presque personne car la majorité de la population ne sait pas lire, où l’on vit avec 5 dollars par semaine, parfois moins, et où beaucoup d’enfants n’atteignent pas 5 ans.

IMG_20171024_125042_301

On passe parfois de l’Occident à des villages où personne n’a encore vu le goudron.

Technologiquement parlant il y a 1000 ans d'écart.

Technologiquement parlant il y a 1000 ans d’écart.

Technologiquement parlant il y a 1000 ans d’écart. Culturellement certainement pas. La technologie est imposée, de la hutte on passe au gratte-ciel, du sentier à l’autoroute, du troc au compte bancaire. Certes « j’image » un peu mais la culture -les traditions, les mœurs- a certainement besoin de plus de temps pour s’adapter que la technologie. Et c’est peut-être la, dans l’utilisation de cette technologie qui est de plus en plus présente, que réside certains des plus gros défis de l’Afrique.

IMG_20171024_124727_742

« Hier les tribus éthiopienne défendaient leur troupeaux, se battaient, chassaient, avec des lances. Aujourd’hui, elles ont des kalachnikov. »

En voyageant à travers ce continent je me suis habitué à ces deux réalités, ces deux mondes qui vivent côte à côte mais, dans certains cas, sans jamais se regarder.

A Monrovia, capitale du Libéria, j’ai profité d’un confort occidental, de l’électricité, d’eau courante, de wifi, de nourritures variées, de boissons fraîches et même, grâce à la générosité de mon hôte, au tendre goût d’une brève vie sociale, soirée entre amis, anniversaires fêtés et soirées films!

Mais ce qui pourrait être vécu comme normal en Europe est ici vécu comme un privilège. Un privilège de riche, d’occidentaux parfois. Un privilège toujours. Mais ce privilège à un prix. Un simple tour au supermarché vous délestera facilement de plusieurs jours de salaire au niveau local, un restaurant étranger peut coûter autant chère qu’en suisse, un hôtel au standard européen n’en parlons pas et le prix d’un visa peut coûter 3 fois plus cher que plusieurs mois de salaire moyen dans le pays dans lequel vous vous rendez.

Oui, voyager pour le plaisir c’est un truc de riche. Même à vélo, même à pieds. Posséder un vélo, une bonne paire de chaussure, c’est déjà être riche en soit par ici -matériellement parlant-.

En quittant Monrovia, pour le moins sont centres, où je manquaient de me faire renverser par des voitures dont le coût peut dépasser 5X celui de mes 3 ans de voyage, j’ai quitté ce monde des privilégié, et sans transition, jamais, me suis retrouvé dans l’autre.

Direction la Sierra-Leone.

Mais qu’en sais-je de la Sierra-Leone ? Eh bien pas grand chose. Si ce n’est qu’on le décrit souvent comme l’un des pays les moins développé au monde, parfois cité dernier au classement (?) des pays par espérance de vie, atteignant à peine la moitié de celle du Japon. Une bien triste statistique certainement influencés par une tout autant triste réalité, celle d’une guerre civile qui dura 11 ans, se terminant en 2002. Ceci vous rappellera peut-être un film mondialement connu, « Blood Diamond » -avec Leonardo DiCaprio et Djimon Honsou notamment-, film dénonçant le marché des diamants de conflits à travers cette guerre terrible, immonde, qui ravagea la population sierra léonaise.

Une guerre qui fit environ 120’000 morts, entraînant l’horreur bien loin, très loin avec elle. Plusieurs milliers de personnes furent mutilées délibérément, notamment par l’amputation des mains pour les empêcher de travailler, et surtout, de voter. Le tiers de la population ( 2 millions environ) fut déplacés.

En plus de cela, de nombreux enfants et femmes furent enlevés. Les garçons enrôlés de force comme enfants soldats, les filles et les femmes transformées en esclaves sexuelles.

Aujourd’hui encore de nombreuses stigmates sont observables, 15 ans après la fin de la guerre.

Je cite: « on constate notamment un effondrement des structures sociales. Les valeurs culturelles et le sens de la communauté’ sont effacés. De plus la pauvreté extrême des familles explique qu’elles sont incapables d’accueillir un enfant orphelin. » Ces même enfants, jeunes survivants, filles violées ou garçons soldats, souffrant pour la plupart de dépression, présentent une très mauvaise estime d’eux-mêmes, de faibles compétences sociales et souvent de stress post-traumatiques. Le taux de suicide, durant les années d’après guerre, fût extrêmement élevé dans cette jeune population. Plus d’un enfant observé sur deux avouant y avoir déjà assisté… »

Ces quelques lignes que je lis me glaçent le sang, mais certainement pas autant qu’elles me questionnent. Et au delà d’un « pourquoi » -l’argent-, d’un  » qui » -ceux qui aiment l’argent plus que la vie apparemment- ou d’un « comment » -fusils, machettes…-, j’en viens, pour la 1’000 ème fois au moins, à me demander mais comment un être humain, quel qu’il soit, d’où qu’il vienne (???) peut-il en arriver jusque là, à demander l’horreur en mariage et en remettre une couche une fois que cette dernière a refusé???

Ça ne va pas sans me rappeler le génocide du Rwanda et ses centaines de milliers de morts. Je l’avais étudié, à l’école puis de manière personnel, mais le Rwanda que je découvrais en 2015, organisé, goudronné et efficaces, n’avait rien à voir avec ce que la lecture d’un génocide vieux d’à peine 20 ans me laissait penser. Certes, 20 ans ont passé. Certes…

IMG_20171020_200959_782

Une fois entré dans le pays, très vite, je découvre la dure réalité du terrain

Visiblement ce n’est pas encore le cas ici, au Sierra-Leone. Une fois entré dans le pays, très vite, je découvre la dure réalité du terrain sur des routes complètement défoncée. Je n’ai rarement vu ça. En effet des routes comme ça, c’est quasiment « inespéré ». Mais pour la population locales, un véritable cauchemar.

IMG_20171020_201405_853

DSCF8037

IMG_20171024_125137_451

IMG_20171020_201431_851

Chaque trajet peut prendre des heures et certains véhicules n’y arriveront tout simplement pas. Le long de la route j’aperçois, de temps à autre, des camions qui pourrissent là, abandonné, condamné peut-être, dans un monstrueux champ de boue.
Le pire, c’est qu’il s’agit d’une route Nationale. Nationale vous avez-dit?
Il s’agit là de la principale route reliant la Sierra-Leone au Libéria voisin. Une catastrophe.

 heureusement, la route va petit à petit s'améliorer jusqu'à devenir une piste correcte, jonchée d'innombrables bosses et de trous dû à l'érosion de l'eau ainsi que de brefs passage boueux, mais correct.

heureusement, la route va petit à petit s’améliorer jusqu’à devenir une piste correcte, jonchée d’innombrables bosses et de trous dû à l’érosion de l’eau ainsi que de brefs passage boueux, mais correct.

IMG_20171101_192830_664

Pourtant, ou devrais-je dire heureusement, la route va petit à petit s’améliorer jusqu’à devenir une piste correcte, jonchée d’innombrables bosses et de trous dû à l’érosion de l’eau ainsi que de brefs passage boueux, mais correct. Les villages restent quant à eux assez rare et peu développé. Quelques femmes le long de la route vendent de grosses noix de coco dont le lait me rafraîchira volontier, me sortant brièvement de l’écrasante torpeur de cet après-midi ensoleillé à l’humidité écrasante.

DSCF8056

DSCF8058

 

DSCF8047

DSCF8053

Chaque effort c’est transpirer. La saison sèche arrive petit à petit, les pluies se raréfient, et les après-midi sont parfois difficilement supportable, dû à l’humidité. Plus loin c’est un groupe d’homme qui m’invite à boire le vin de palme. Une boisson locale alcoolisé, enfin fermentée, très prisée en Afrique de l’ouest. Là aussi on essaie de se rafraîchir, de résister un peu aux températures. Mais pourquoi la majorité des hommes sont-ils vêtu d’énormes doudounes et portent un bonnet? Il doit faire 33°C avec plus de 80% d’humidité ! Mystère…

J'avoue ne pas comprendre.

J’avoue ne pas comprendre.

Mais j’avoue ne pas comprendre.

Plus loin je m’arrête sur un petit marché. Je vais enfin pouvoir manger. Du riz avec des feuilles de maniocs, comme toujours ou presque ces derniers temps. Un homme m’approche depuis derrière, tenant fermement un petit bout de papier plié. Il m’adresse la parole:

Do you buy Diamond ? Me dit-il, montrant son diamant.

No I dont buy diamond! Lui dis-je.

But you have money for food!

Yes I do have money for food. But not for diamond. Il s’en va. Comme si de rien n’était. Comme s’il n’avait qu’essayé de me vendre des bananes plantains ou des cacahuètes.

Pourtant, si je décidais d’acheter ce diamant -ou même simplement de le toucher- alors que je n’en ai pas l’autorisation (puisqu’il en faut une), je risquerai une peine de prison.

La siuation me fait un peu sourire, mais pas autant qu’elle me rappelle le Congo et ces situations absurdes où trouver de l’or est plus courant que de l’électricité. L’éducation n’en parlons pas.

Je ne suis jamais allé à l’école me dira un autre, plus tard. J’ai toujours travaillé dans les diamants. Les blancs achètent ça si chère, c’est un bon business ! mais pourquoi ? Semble-t-il, me demander, comme s’il s’imaginait que je s’aurai lui répondre pourquoi une pierre (!) peut avoir autant de valeur.

« Moi je n’achète que ce qui se mange, les diamants ne m’intéressent pas. » J’invite cet homme, sympathique, à partager mon repas. Il refuse poliment.

Pourtant, malgré cette situation qui m’apparaît absurde -un diamant peu valoir facilement plusieurs milliers de dollars-, les locaux ne semblent pas avoir perdu toute joie de vivre, ni le sens de l’accueil. Les premiers soir il m’est toujours facile de trouver un abri sec, que ce soit chez le propriétaire d’un petit bar qui me laisse planter ma tente dans son entrepôt ou chez le chef d’un grand village qui m’offre un lit, comme si souvent, la majorité du temps, en Afrique de l’ouest.

DSCF8093

Les locaux ne semblent pas avoir perdu toute joie de vivre

 

DSCF8033

le propriétaire d’un petit bar qui me laisse planter ma tente dans son entrepôt

De cette situation délicate, cette souffrance cumulée, les sierra léonais ont en probablement acquis beaucoup de sagesse. Malgré la forte corruption de la police et le sous-développement général du pays, on ne se plaint pas. On se contente de ce qu’on a. Et pour être heureux, il vaut mieux. Car ici, au pays des diamants, on ne possède pas grand chose. Si ce n’est un passé douloureux, un futur incertain et un présent accueillant.

Enfin, lorsque je retrouve le goudron, je change de monde à nouveau, ou presque. Ou peut-être d’époque. Ou simplement de notion du temps. Les jours redeviennent des heures. Les minutes restent des minutes. Les voitures passent.

lorsque je retrouve le goudron, je change de monde à nouveau, ou presque.

lorsque je retrouve le goudron, je change de monde à nouveau, ou presque.

Je crois que la force avec laquelle l’être humain peut se battre pour survivre, que ce soit dans un camp de concentration de l’Holocauste ou ici en Sierra-Leone, me fascinera toujours.

Plus, je l’espère, que la force avec laquelle ce même être humain peut s’acharner à tuer son prochain.

 heureusement, la route va petit à petit s'améliorer jusqu'à devenir une piste correcte, jonchée d'innombrables bosses et de trous dû à l'érosion de l'eau ainsi que de brefs passage boueux, mais correct.

Au Sierra-Leone.

Olivier Rochat

 

l