Archives pour la catégorie 2 Togo

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Dernieres émotions au Togo

Km 43’707, Dapaong, Togo.

Petits récits de mes dernières émotions au Togo, à l’entame du Burkina Faso en regardant encore une fois la finale de la Champions League.

 

Ecrit le 5 juin 2017:

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La route qui mène à Dapaong

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Yovo cadeaux!

Km 43’429, Kara, Togo.

Voici un texte écrit en transition entre le nord et le sud du Togo,  le 28 mai 2017.

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Le sud du Togo, très verdoyant

« Gentiment Mais sûrement, me voici au nord du Togo. À mesure que je monte au nord, le soleil prend plus de place, les températures augmentent, la pluie se fait de plus en plus rare. L’aridité prenant son aise, de plus en plus, c’est en direction du sahel, en prévision du Sahara, que je me dirige.

Cacao

L’exotisme des plateaux de Danyi

À mi-chemin entre l’exotisme des plateaux de Danyi de la semaine dernière, fantastique petit paradis perdu, et le sahel de demain, je découvre non sans plaisir cette partie agréable du Togo, malgré les 38 degré enregistré cet après-midi.

Les plateaux de Danyi de la semaine dernière, fantastique petit paradis perdu

Agréable oui car l’humidité, elle, semble reculer, laissant place à un air plus sec et, paradoxalement à la vue de ses températures, plus agréable. Agréable encore car hier, sur les plateaux de Danyi, ce sont mélangé deux réalité qui ont souvent côtoyé mes routes africaines.

Vue panoramique en grimpant sur les plateaux de Danyi

Aux paysages magnifiques, goût personnel, se mélange en effet bien souvent le tourisme. Tourisme Relatif si on le compare à celui d’une station de ski alpine où d’une plage méditerranéenne, mais pourtant en cette région, en ressort un rapport avec les locaux très, très désagréable. Celui d’une mendicité exacerbée et d’une mentalité… Comment dire ? La mentalité de toute une population, homme ou femme, du vieux à l’enfant, à voir en chaque blanc apparaître un billet de 100 dollars, probablement plus, qui a eu le malheur de prendre pour apparence l’humain. Un humain blanc. Ainsi chaque traversée de villages ou presque , au bon souvenir de ma chère Éthiopie, se transforme presque en course pour fuir l’assaut des plus jeunes lancés à mes trousses s’écriant, aux encouragements de leurs parents, « Yovo Cadeau Yovo Cadeau « .

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Yovo cadeau, Yovo cadeau

Yovo au sud du Togo notamment, c’est le blanc. Tel que jetais un mzungu au Malawi, un farenji en Éthiopie, un mundele au Congo, un White man au Nigeria ou un mulungu au Lesotho, dans toute la partie sud du Togo j’étais le Yovo. Terme raciale j’en convient, auquel je réponds parfois, un peu énervé, par un « bonjour ameybo », ameybo signifiant « noir », de la même manière que Yovo signifie blanc par ici. Lequel a le don de surprendre les locaux, jamais en panne de sourire, provoquant parfois un court fou rire. Oui en Afrique c’est bien connu on s’exprime encore ainsi, criant bien souvent , certes pas méchamment, derrière chaque blanc qui passe le terme qui en rappelle sa couleur de peau. On parle là surtout d’une manière de s’exprimer plus que de racisme. Car au soir, bien souvent, on m’offrira gîte et le repas. Oui. Mais ici, sur les plateaux de danyi les sympathique, bien que rappelant les terribles colonies, « Yovo Bonsoir Yovo bonsoir, ça va très bien me’ci » qu’on me lançait auparavant ont laissé place à ces insupportable Yovo Yovo cadeaux lancés par ces gosses qui me courent après comme un chasseur chassant sa bête. Et lorsque les adultes confirment le mouvement, il ne me reste, malheureusement, plus qu’à passer mon chemin. Laissant derrière moi cette magnifique région, ce paradis perdu au goût d’enfer retrouvé.

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Un paradis perdu

J’exagère certes mais humainement c’est malheureux, tant cette région est belle. Certainement la plus belle que j’aie découverte en Afrique de l’ouest. Et mon constat est quasiment toujours le même en Afrique: plus une région est touristique ou habitée par des blancs venu en aide au noir, plus il m’est difficile de nouer contact avec les locaux.

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Un paradis perdu disais-je…

.Ce fut le cas en Éthiopie où l’aide humanitaire est certainement aussi monstrueuse que l’accueil est compliqué, mais ce fut le cas en pays massai, sur l’île malawite de likoma, touristique et peu accueillante en comparaison de sa voisine de chizumulu, isolée, abandonnée des guides touristique autant que resplendissaient les sourires des locaux. Et ce fut le cas en bien d’autres occasions, des pyramides de gizeh au himbas de Purros, sans oublier cette fracassante réalité de la misère de certains villages isolés congolais qui se battaient presque pour me dire bonjour et m’indiquer le chemin alors que dans les villages voisin, qui ne souffraient d’aucun mal de plus mais se situaient dans un parc national où viennent régulièrement les touristes, les gamins me couraient après en me demandant directement 5’000 cfa sans raison. Inimaginable quand on sait que les gosses des villages alentours se seraient contente d’en toucher 100 après avoir rendu un service. Il s’agit d’un constat plus que d’une accusation quelconque ou envers qui que ce soit. Je suis moi même un touriste, j’en conviens. Et peut être une question en suspend : une aide est-elle toujours bonne lorsqu’elle transforme à ce point les rapports humains ? Bien qu’épuisé, mentalement, par près de 40’000 km sur les routes africaines, j’aime toujours autant l’Afrique. Peut être même de plus en plus. Ce caméléon est venu me le rappeler. Involontairement. Comme sont venus ces villages magnifiques, maisons de terres au toit de pailles, et accueillant. Ces rapports humains dans ce village où debutaient le ramadan. Puis cette nuit en plantant ma tente sur la terrasse d’un bar. Des rapports plus normaux, plus humains. À l’abri des paradis perdu. Où soudain la simplicité refait surface. Les paysages et autres exploitation touristique y perdent de l’attrait. Le voyage n’en est que plus agréable. L’Afrique est un poème. Et parfois, je me demande à quoi tout ça rime ? C’est comme te dire je t’aime et puis me jeter dans l’abîme…

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J’aime toujours autant l’Afrique et ce caméléon est venu me le rappeler.

Olivier Rochat

CAMINO

Km de chemin, Togo

chant de fleurs et champ de mots, un non contre la peur, un nom pour mon vélo –

J’ai baptisé mon nouveau vélo

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« Qui es-tu ? Je suis Simplement.
D’où viens-tu ? Je viens Pédalant.
Que veux-tu ? Je ne veux Rien.
Mais que cherches-tu ? Je cherche mon chemin.

Mais quel est-il ? Il passe par les mots.
Mais que sont-ils ? Ils passent par le beau.
Et que disent-ils ? Le banal, l’infini, le sublime…
N’ont-ils donc pas de fin ? Si, ils finissent en rime.

Et quelle est ta maison? Elle est l’ailleurs.
Et n’as-tu pas peur? Non.
Et que fais-tu de tes mots? Je les écris.
Mais pour qui? Pour le beau.

Et que fais-tu de ces écrits? Je les partage.
Mais avec qui? Avec tous les âges.
N’as-tu donc pas d’amis? Ils ne m’appartiennent pas. Mais cependant, j’ai les Participants.
Ah, et qui sont-ils? Ils sont mon Art Gens.

Mmmh, et quel est donc ton argent ? Il est avoir le temps.
Et comment le gagnes-tu ? Je le prends.
Mais à qui ? A moi.
Mais pourquoi ? Pour la beauté de chacun de mes pas.

Alors où vas-tu maintenant? Quelque part.
Et où dors-tu ? Moi je dors le soir.
Et pourquoi ce vélo ? Il est mon combat.
Ah tu es soldat ? Non, je ne le suis pas.

Et qui combats-tu ? Personne.
Mais quel est-il, ce combat ? C’est celui d’un Homme.

Es-tu la paix ? Je suis imparfait.
Mais pourquoi pleures-tu? Je ne pleure pas, mais je voudrais.

Tu dis ça mais moi, tu sais, moi je te vois quelques larmes.

Non ce ne sont pas des larmes. C’est de la pluie, tu sais, qui s’enfuit des nuages. De cette vie qui parfois n’est pas qu’un beau et long voyage. Aussi ce sont mes armes. Mon combat. Mes mots de faux petits soldats.

Tu pleures de la pluie?

Parfois tu sais c’est à nous de donner la larme. La larme de pluie. Car d’elle poussera les fleurs et tomberont les armes. Et s’en ira la peur et reviendra le calme. Et quand je donne la larme de pluie tout chemin est mon ruisseau et j’en arrose la Terre, et malgré nos guerres, les champs de fleurs poussent en vainqueurs. C’est ma guerre à moi, contre la haine et la mitraille, à jouer au petit soldat sur mon champ de bataille, contre les champs de maux. Et faire pousser les fleurs. Là où poussent les mots, les champs de mots. En jeux t’aime et jeux de mots. Car dans nos destins, n’oublie pas, du cimetière naît le jardin.

Oui je suis la larme de pluie et je pleure en ruisseau car l’eau c’est la vie autant qu’un homme triste se peut d’être beau. Et parce que la vie c’est beau aussi. Et du ruisseau naîtra le champ de fleurs et de lui le champ de mot. Pour faire un chant, celui des fleurs. Et de lui mon champ de bataille. Contre la peur et la mitraille.

Tu dis n’importe quoi! Oui, c’est vrai. Mais je le dis quand même.

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Moi je ne te comprends pas. Tu dis venir Pédalant, chercher ton chemin. Tu dis que tu ne veux rien et tu prétends être Simplement. Non je ne comprends pas.
Mais au fond qui es-tu toi, sincèrement?

Je suis Simplement. Je suis la larme, compliqué et plein de choses  encore. Je suis l’amour, je suis la lettre, l’humour et son diamètre. Je suis un rythme et je le change. Je suis un poème parfois. Un je t’aime dès fois. Je suis l’écrivain de l’écrit vain. Je suis la vie dans un métro, je suis la mort dans un mcdo, chanteur de rue ou star en « m’as-tu vu ? ». Je suis président, esclave de mes tourments. Je suis ouvrier, esclave sans liberté. Dictature de nos réseaux, pornocratie dans nos cerveaux, démoncratie au politique, je vote et j’en panique. Je suis la raison de ton existence et ton seul je t’aime. Liberté d’expression ou pressé d’être con.

Lorsque s’arrêtera ma plume, s’arrêtera ta vie. Tu es le triste et je suis l’espoir, au clair de Lune ou sous la pluie, tu es l’art triste sur un fond noir. Mais je te fais telle que tu es. Et je t’aime ainsi. Simplement je suis Libre. Libre d’imaginer. Libre de rêver. Libre d’écrire ou de ne pas t’écrire. Moi je suis la lettre. Du A au Z, un O cassé ou le V de WC. Le « d » de solitaire aussi, et toi, le mot, tu m’es solidaire. Tu es la rime et moi je lui donne un sens. Ensemble nous donnons le rythme. Mais tu n’as d’autre raison d’être que d’être lu. Si je suis mauvais, personne ne te liras. Tu seras seul. Immortel mais seul. Mais ne t’inquiète pas jusqu’ici on nous lit. Nous ne sommes pas seuls. Nous sommes lus. Et puis tu as de la chance, regarde, toi tu prends forme au présent mais demeure face au temps. On te lit au futur de l’écrit qui est déjà passé mais tu restes au présent quand le temps, lui, est passé. Tu es le mot de ces lettres que j’ensemble et moi je vis à travers lui. Je vis à travers toi. Et à travers lui je te vois et toi, à travers lui, tu vis. Tu vois?

Non. Non je ne comprends pas.

Moi non plus. Moi, j’écris. Mais pour faire court, tu es le mot, je suis la lettre. Et à vélo je ne suis qu’un, nous sommes le maître. Celui du chemin qui est, de par ses mètres, comme un train qui recherche son mot. Un mot qu’il doit mettre et qu’il veut beau.

Ah, et n’as-tu pas de nom ? Me dit le mot.

Oh, je pourrai te dire que non. Mais pour toucher fin à ce premier mot, et pour les prochains aussi, tu peux m’appeler CAMINO. »

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La Mort mord

Km 42’850, Zogbegan, Togo.

-Quelques lignes écrites ce matin, au lendemain d’une rencontre incertaine

Le 20 mai 2017.

Il me fascine autant qu’il m’effraie. Il m’intrigue et moi je m’enfuis quand je le sens près.

Enfant je me souviens de deux livres que je feuilletais avec insistance, fascination et parfois un semblant de crainte: l’atlas Mondial qui appartenait à mon frère et un autre qui m’expliquait reptiles et autres crapauds.

Dans le premier j’apprenais les capitales et redessinait les cartes. Ainsi Vilnius, autant que Lilongwe, sur le papier, n’avait plus de secret pour moi. Parfois je m’égarais dans les Balkans puis, après un après-midi aux îles Salomon, je m’endormais dans la vallée du Rift. Dans le second j’adorais la grenouille qui me servait de doudou, je rêvais de voir, en vrai, un iguane vert mais lorsque venais la page du serpent très vite je la tournais. Je n’osais ni la regarder, ni la toucher. Le serpent m’effrayait. Pourtant, déjà, il me fascinait.

Le jeune garçon que j’étais a fini par partir sur ce continent où ne vivent pas les iguanes vert mais où les grenouilles s’en donnent à coeur joie comme ce fût le cas avant hier à Brazza et plus récemment aux alentours d’Accra. Les cartes quant à elles si je ne les dessines plus je m’essaie à les pénétrer. À découvrir ce qui se cache derrière leurs traits, leur chiffre et leurs couleurs. Voir un peu si elles disent vrai. Et je les aimes toujours autant.

Le serpent quant à lui, j’ai appris à ne plus tourner la page lorsqu’elle apparaît mais aussi, c’est vrai, ce n’est plus dans un livre qu’il apparaît et toujours autant il m’effraie, presque autant qu’il me fascine.

Ce bon vieux serpent.

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« Un tube noir d’un bon mètre rampe, élégamment, en direction d’un endroit que tu ignores encore. Du gibier probablement.

L’air noble, celui-ci se déplace tranquillement, semant la mort d’un coup de dent, de son venin puissant qui sans crier gare emporte la vie à la bête qui, trop près de sa tête, s’égare.

Il passe son chemin, sortant de l’herbe haute dans laquelle il y a un instant tu t’assis, traverse cette piste, quelques mètres en face de toi, puis disparaît dans le fourré.

Disparaît comme s’il n’avait jamais existé.

Maintenant tu ne sais où il est, où il se cache dans cette herbe où parfois tu y plantes ta tente, puis quelques mots que tu chantes. Avant de t’endormir. Paisiblement. Du sommeil du juste dans la savane africaine, oubliant que nature est injuste autant que vie est incertaine.

En ces début d’après-midi où la pluie aime bien se faire attendre, la mort aime bien se promener. Bain de soleil comme aime tant les sangs froids. Les invertébrés.

Du sang froid pourtant il en faut pour ne pas paniquer lorsque la mort apparaît, fascinante, élégante, au pied du fourré.

Puis traverse la route quelques mètres, à peine, au devant de tes roues. Un saut et tu es mort !!!!! Probablement. L’hôpital le plus proche ? Aucune idée. Demain certainement. À condition de trouver une voiture. Et qui sait si son venin attendra jusque là, qui sait si tu préférerais goûter au ciel directement, plus tôt qu’après un long plaidoyer, le coeur suffoquant.

Peut-être n’est il pas venimeux ? « Peut-être » vaut-il mieux ne pas le lui demander ! Certainement.

Le serpent, considéré par ici comme l’envoyé de Satan, le serpent sème la mort et toi t’es content, tu sais, quand il t’ignore.

Et disparaît dans le fourré dans lequel, c’est sûr, ce soir tu ne dormiras point.

Pourtant demain, déjà, comme l’abruti en vie que tu es, tu recommenceras.

Et dans les parages du serpent qui rampe silencieusement tu t’endormiras.

Parce-que c’est plus fort que toi. Bien lui aussi, il est plus fort que moi. « 

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Olivier Rochat