Km de chemin, Togo
–chant de fleurs et champ de mots, un non contre la peur, un nom pour mon vélo –
J’ai baptisé mon nouveau vélo
« Qui es-tu ? Je suis Simplement.
D’où viens-tu ? Je viens Pédalant.
Que veux-tu ? Je ne veux Rien.
Mais que cherches-tu ? Je cherche mon chemin.
Mais quel est-il ? Il passe par les mots.
Mais que sont-ils ? Ils passent par le beau.
Et que disent-ils ? Le banal, l’infini, le sublime…
N’ont-ils donc pas de fin ? Si, ils finissent en rime.
Et quelle est ta maison? Elle est l’ailleurs.
Et n’as-tu pas peur? Non.
Et que fais-tu de tes mots? Je les écris.
Mais pour qui? Pour le beau.
Et que fais-tu de ces écrits? Je les partage.
Mais avec qui? Avec tous les âges.
N’as-tu donc pas d’amis? Ils ne m’appartiennent pas. Mais cependant, j’ai les Participants.
Ah, et qui sont-ils? Ils sont mon Art Gens.
Mmmh, et quel est donc ton argent ? Il est avoir le temps.
Et comment le gagnes-tu ? Je le prends.
Mais à qui ? A moi.
Mais pourquoi ? Pour la beauté de chacun de mes pas.
Alors où vas-tu maintenant? Quelque part.
Et où dors-tu ? Moi je dors le soir.
Et pourquoi ce vélo ? Il est mon combat.
Ah tu es soldat ? Non, je ne le suis pas.
Et qui combats-tu ? Personne.
Mais quel est-il, ce combat ? C’est celui d’un Homme.
Es-tu la paix ? Je suis imparfait.
Mais pourquoi pleures-tu? Je ne pleure pas, mais je voudrais.
Tu dis ça mais moi, tu sais, moi je te vois quelques larmes.
Non ce ne sont pas des larmes. C’est de la pluie, tu sais, qui s’enfuit des nuages. De cette vie qui parfois n’est pas qu’un beau et long voyage. Aussi ce sont mes armes. Mon combat. Mes mots de faux petits soldats.
Tu pleures de la pluie?
Parfois tu sais c’est à nous de donner la larme. La larme de pluie. Car d’elle poussera les fleurs et tomberont les armes. Et s’en ira la peur et reviendra le calme. Et quand je donne la larme de pluie tout chemin est mon ruisseau et j’en arrose la Terre, et malgré nos guerres, les champs de fleurs poussent en vainqueurs. C’est ma guerre à moi, contre la haine et la mitraille, à jouer au petit soldat sur mon champ de bataille, contre les champs de maux. Et faire pousser les fleurs. Là où poussent les mots, les champs de mots. En jeux t’aime et jeux de mots. Car dans nos destins, n’oublie pas, du cimetière naît le jardin.
Oui je suis la larme de pluie et je pleure en ruisseau car l’eau c’est la vie autant qu’un homme triste se peut d’être beau. Et parce que la vie c’est beau aussi. Et du ruisseau naîtra le champ de fleurs et de lui le champ de mot. Pour faire un chant, celui des fleurs. Et de lui mon champ de bataille. Contre la peur et la mitraille.
Tu dis n’importe quoi! Oui, c’est vrai. Mais je le dis quand même.
Moi je ne te comprends pas. Tu dis venir Pédalant, chercher ton chemin. Tu dis que tu ne veux rien et tu prétends être Simplement. Non je ne comprends pas.
Mais au fond qui es-tu toi, sincèrement?
Je suis Simplement. Je suis la larme, compliqué et plein de choses encore. Je suis l’amour, je suis la lettre, l’humour et son diamètre. Je suis un rythme et je le change. Je suis un poème parfois. Un je t’aime dès fois. Je suis l’écrivain de l’écrit vain. Je suis la vie dans un métro, je suis la mort dans un mcdo, chanteur de rue ou star en « m’as-tu vu ? ». Je suis président, esclave de mes tourments. Je suis ouvrier, esclave sans liberté. Dictature de nos réseaux, pornocratie dans nos cerveaux, démoncratie au politique, je vote et j’en panique. Je suis la raison de ton existence et ton seul je t’aime. Liberté d’expression ou pressé d’être con.
Lorsque s’arrêtera ma plume, s’arrêtera ta vie. Tu es le triste et je suis l’espoir, au clair de Lune ou sous la pluie, tu es l’art triste sur un fond noir. Mais je te fais telle que tu es. Et je t’aime ainsi. Simplement je suis Libre. Libre d’imaginer. Libre de rêver. Libre d’écrire ou de ne pas t’écrire. Moi je suis la lettre. Du A au Z, un O cassé ou le V de WC. Le « d » de solitaire aussi, et toi, le mot, tu m’es solidaire. Tu es la rime et moi je lui donne un sens. Ensemble nous donnons le rythme. Mais tu n’as d’autre raison d’être que d’être lu. Si je suis mauvais, personne ne te liras. Tu seras seul. Immortel mais seul. Mais ne t’inquiète pas jusqu’ici on nous lit. Nous ne sommes pas seuls. Nous sommes lus. Et puis tu as de la chance, regarde, toi tu prends forme au présent mais demeure face au temps. On te lit au futur de l’écrit qui est déjà passé mais tu restes au présent quand le temps, lui, est passé. Tu es le mot de ces lettres que j’ensemble et moi je vis à travers lui. Je vis à travers toi. Et à travers lui je te vois et toi, à travers lui, tu vis. Tu vois?
Non. Non je ne comprends pas.
Moi non plus. Moi, j’écris. Mais pour faire court, tu es le mot, je suis la lettre. Et à vélo je ne suis qu’un, nous sommes le maître. Celui du chemin qui est, de par ses mètres, comme un train qui recherche son mot. Un mot qu’il doit mettre et qu’il veut beau.
Ah, et n’as-tu pas de nom ? Me dit le mot.
Oh, je pourrai te dire que non. Mais pour toucher fin à ce premier mot, et pour les prochains aussi, tu peux m’appeler CAMINO. »