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La Mort mord

Km 42’850, Zogbegan, Togo.

-Quelques lignes écrites ce matin, au lendemain d’une rencontre incertaine

Le 20 mai 2017.

Il me fascine autant qu’il m’effraie. Il m’intrigue et moi je m’enfuis quand je le sens près.

Enfant je me souviens de deux livres que je feuilletais avec insistance, fascination et parfois un semblant de crainte: l’atlas Mondial qui appartenait à mon frère et un autre qui m’expliquait reptiles et autres crapauds.

Dans le premier j’apprenais les capitales et redessinait les cartes. Ainsi Vilnius, autant que Lilongwe, sur le papier, n’avait plus de secret pour moi. Parfois je m’égarais dans les Balkans puis, après un après-midi aux îles Salomon, je m’endormais dans la vallée du Rift. Dans le second j’adorais la grenouille qui me servait de doudou, je rêvais de voir, en vrai, un iguane vert mais lorsque venais la page du serpent très vite je la tournais. Je n’osais ni la regarder, ni la toucher. Le serpent m’effrayait. Pourtant, déjà, il me fascinait.

Le jeune garçon que j’étais a fini par partir sur ce continent où ne vivent pas les iguanes vert mais où les grenouilles s’en donnent à coeur joie comme ce fût le cas avant hier à Brazza et plus récemment aux alentours d’Accra. Les cartes quant à elles si je ne les dessines plus je m’essaie à les pénétrer. À découvrir ce qui se cache derrière leurs traits, leur chiffre et leurs couleurs. Voir un peu si elles disent vrai. Et je les aimes toujours autant.

Le serpent quant à lui, j’ai appris à ne plus tourner la page lorsqu’elle apparaît mais aussi, c’est vrai, ce n’est plus dans un livre qu’il apparaît et toujours autant il m’effraie, presque autant qu’il me fascine.

Ce bon vieux serpent.

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« Un tube noir d’un bon mètre rampe, élégamment, en direction d’un endroit que tu ignores encore. Du gibier probablement.

L’air noble, celui-ci se déplace tranquillement, semant la mort d’un coup de dent, de son venin puissant qui sans crier gare emporte la vie à la bête qui, trop près de sa tête, s’égare.

Il passe son chemin, sortant de l’herbe haute dans laquelle il y a un instant tu t’assis, traverse cette piste, quelques mètres en face de toi, puis disparaît dans le fourré.

Disparaît comme s’il n’avait jamais existé.

Maintenant tu ne sais où il est, où il se cache dans cette herbe où parfois tu y plantes ta tente, puis quelques mots que tu chantes. Avant de t’endormir. Paisiblement. Du sommeil du juste dans la savane africaine, oubliant que nature est injuste autant que vie est incertaine.

En ces début d’après-midi où la pluie aime bien se faire attendre, la mort aime bien se promener. Bain de soleil comme aime tant les sangs froids. Les invertébrés.

Du sang froid pourtant il en faut pour ne pas paniquer lorsque la mort apparaît, fascinante, élégante, au pied du fourré.

Puis traverse la route quelques mètres, à peine, au devant de tes roues. Un saut et tu es mort !!!!! Probablement. L’hôpital le plus proche ? Aucune idée. Demain certainement. À condition de trouver une voiture. Et qui sait si son venin attendra jusque là, qui sait si tu préférerais goûter au ciel directement, plus tôt qu’après un long plaidoyer, le coeur suffoquant.

Peut-être n’est il pas venimeux ? « Peut-être » vaut-il mieux ne pas le lui demander ! Certainement.

Le serpent, considéré par ici comme l’envoyé de Satan, le serpent sème la mort et toi t’es content, tu sais, quand il t’ignore.

Et disparaît dans le fourré dans lequel, c’est sûr, ce soir tu ne dormiras point.

Pourtant demain, déjà, comme l’abruti en vie que tu es, tu recommenceras.

Et dans les parages du serpent qui rampe silencieusement tu t’endormiras.

Parce-que c’est plus fort que toi. Bien lui aussi, il est plus fort que moi. « 

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Olivier Rochat

Savannah (pour dire au revoir)

Km 9782, Gedaref, Soudan.

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Gedaref. Soudan…

La savane pour dire adieu au chaud Soudan

La savane. C’est pour dire au revoir. Au revoir au Soudan. Avec la savane. Oui car il est déjà temps de dire au revoir. Et c’est la savane qui m’accompagne dorénavant. Pour dire au revoir au Soudan. Ce pays chaud où j’aurai eu mes premières journées à plus de 30°C. Puis finalement… de 40°C. Mais où j’aurai aussi eu un premier coup de coeur. Le chaud Soudan: Chaud par le temps. Chaud de coeur également. Mais l’Ethiopie est toute proche maintenant. Alors moi j’dis Adieu! Le désert est derrière moi. Et en fait c’est quand même un soulagement. Le sable à droite, le sable à gauche, ça va un moment…

Le Soudan c’est peut-être le pays que j’avais le moins « étudié » de tout mon voyage. Alors je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, si ce n »est que c’est le pays qui faisait le plus peur à mes proches resté en Suisse. Mais pour avoir croisé quelques voyageurs qui s’y étaient aventuré avant moi, je m’attendais à des gens accueillants. Ce fût le cas. Et puis je m’attendais à du chaud. Je l’ai eu. J’éspérais voir les pyramides de Meroé, je les ai vu. Et je n’ai pas été déçu. Mais pour moi le Soudan reste un premier coup de coeur. La Nubie, les pyramides de Meroé, l’accueil et la simplicité des gens… Le Soudan je ne suis pas près de l’oublier. Lire la suite