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A Opuwo! Oh nord de la Namibie…

Km 23’984, Opuwo, Namibie.

Superbe!!!

En faim, la Namibie m’offre un peu du « rêve » que j’étais venu chercher. En paysage tout du moins. Enfin!                                                                                                                                            Après avoir pédalé 3 semaines parmi les plus ennuyantes de mon voyage, en moins de 100 km, tout -ou presque- a changé! Me voici en train de pédaler, donc en vélo, dans un décor qui à tout pour me plaire.                                                                                                                                              En 70 km j’en aurais vu plus que sur les 1400 derniers. Il était temps. C’est en effet un énorme détour que j’ai fait pour venir ici. Mais aujourd’hui je réalise qu’il valait la peine de détourner, qui plus est ça ne fait que commencer. Ce matin la Namibie a bien changé.

 

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la Namibie m’offre un peu du « rêve » que j’étais venu chercher. En paysage tout du moins. Enfin!

Après 4 jours de repos je découvre… qu’il fait toujours aussi chaud!

Après un week-end de repos visionnage rugby (et la victoire des irlandais -et un peu la défaite des français aussi-) qui s’est transformé en 4 jours sans vélo suite à « l’explosion » de mon disque dur et l’obtention d’un nouveau et remettre le tout à jour dans l’espoir de sauver ce qui doit l’être etc, il est grand temps de reprendre la route afin de découvrir l’une des régions les plus attendues de mon voyage: la Namibie sur les pistes.

Au programme, qui me connaissant changera, 1200 km de pistes entre le kaokoweld, le damaraland et la skeleton coast de l’océan Atlantique avant de revenir sur les hauts plateaux jusqu’à windhoek la capitale de la Namibie, toujours sur les pistes, au pied du kalahari qui m’attend pour novembre. On va pas trop faire dans la prévisions puisque vivre l’instant est bien le plus important (et non pas le prévoir).

 

Cela dit un minimum de prévision est requis dans ces conditions. Nourriture et surtout EAU en premier lieu.

Ce matin mon vélo chargé est plus lourd que moi (ça fait 13 mois que je me suis plus pesé mais bon on va dire 65 kg avec 2-3 kg de marge en + ou en -), tout en sachant qu’aujourd’hui je ne transporte que 12 litres d’eau sachant que c’est encore goudronné pour les 200 prochains km. Par la suite il va falloir ajouter quelques litres.

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mon vélo chargé est plus lourd que moi

Du lourd, du beau, du difficile, du sable, du aventure et du solitude, du photos et du écris, du lent, long et du patient, et le retour des beaux paysages et pleins d’inconnus, ceci est mon dû.

Me voici sur la route. Pour un moment.

Ici pas de gel au matin bien qu’entre 21 heures et 8 heures il fasse moins que 30ºC, heureusement j’ai trouvé des glaçons qui « sauveront mon après midi »…

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Un petit col à l’entame de cette journée.

Sur la route… mais pas que

Le lendemain et après plus de 1’350 km en Namibie, j’ai enfin aperçu ma première colline, et certainement pas la dernière.

Petit à petit je m’égare à l’ouest, m’eloignant de plus en plus du cap depuis un mois et mon arrivée au Zimbabwe. Alors à quelques dizaines de km de la frontière sud-africaine voici un mois, aujourd’hui l’Afrique du Sud est a 2-3000 km de route. Bien qu’inatteignable dans ces régions inhospitalière aux routes et baroudeurs, l’océan Atlantique n’est plus très loin alors qu’hier encore j’avais l’autre océan, l’indien, dans le viseur. Dans les faits 5 semaines ont passé, 3000 km également. Du Mozambique au Namib ou presque.

Je profite encore quelque km d’une route bien goudronnée, cela dit l’ambiance change petit à petit à mesure que je m’éloigne. Me voici maintenant tout près de là où vivent les Himbas, tribus namibienne « d’autrefois » refusant de céder à la mondialisation, évolution, surconsommation. A défaut d’éducation, peut être ont ils raison.

Entre eux, toujours surprise de trouver des supermarchés, des banques dans ces villages isolés, je continue mon chemin d’isolement, enfin rassuré par cette petite montagne, devrais je dire colline, que j’aperçois. Un horizon autre qu’un buisson, qu’une route plate. Je suis comblé, quasi excité. C’est pour dire…

Un mélange de développement à l’européenne au milieu d’un paysage, distances, d’autrefois. Ici le blanc a passé, construit, influé. Sans jugement, je constate.

On parle l’afrikaan. C’est laid. Enfin je trouve. Pardon. Le chichewa me manque un peu. Ça je le sais…

-ndimadutsa Africa panjinga, zina langa ndine Olivier…

pas de doute le Malawi est encore là. Mais la Namibie me plaît, disais je. Tant mieux puisque j’y suis

Différente, parfois bizarre, souvent distante, cette Afrique là pourtant ce n’est pas elle qui m’a fait rêver. Dans les bleds a l’abri des blancs (pardon), on mange des saucisses ou du poulet accompagne d’un ou deux oeufs, pas de légumes, parfois un fruits, les céréales? On cherche… L’eau est remplacée souvent par l’alcool, une bière fraîche ou du mauvais vin bon marché. Parfois avec du pain.

Du pain toast. Évidemment.

Bizarre, différente, distante…la Namibie. Au fond elle me plaît. La différence tu sais je suis venu pour elle. Quant à moi tu sais si j’étais comme toi, je n’écrirais, jamais. Je pédalerai, c’est sûr. Une fuite, rien qu’elle. Heureusement, pour toi autant que pour moi, on est différent.

Dis tu les vois tous ces moutons que j’aperçois?

Enfin j’arrive à la fin de ma ligne droite, 1400 km plus loin, pas loin de l’atlantique, près à virer sur le sud jusqu’au prochain détour.

Les moutons ont disparus, juste quelques vaches. Pi moi. Un sacré animal, regard bestial, presque familial. Sur un vélo carnaval…

pas un seul mouton à l’horizon, de temps en temps une jeep, bien que seul je me sens libre. Bien que trop seul, c’est du court terme cette liberté.

Un troupeau de chèvres me coupe la route. Ça joue? Elles me regardent. La discussion continue. Elles vont bien. Je crois. Pas une ne me répond. Pour sûr.

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Trop pour mes jambes, il fait trop chaud.

 

Le troupeau s’en va. Ou c’est moi qui m’en va. Je m’en vais, comme toujours.

Enfin Opuwo n’est plus très loin. 66 km sur le panneau. Trop pour mes jambes, il fait trop chaud.

Beaucoup trop. Ce sera pour demain. Plus moyen de pedaler. Un bar, comme parfois. Un frigo, comme souvent. Une bière fraîche, comme toujours. Tradition.

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Une bière fraîche, comme toujours. Tradition.

Un litre dans la gueule après 100 bornes au soleil… Putain j’ai beau dire ça fait du bien. D’étoiles et de princess, mon horizon se couvre. Enfin s’illumine, c’est selon. Mon gosier est rafraîchi, mon corps est toujours là, ma tête danse la java. Dans les faits des trucs de mecs.

Je m’endors. Carrelage aux oreilles, ou presque. Par bol je suis sur une chaise, presque assis. J’écris, je suis parti.

 

L’alcool est toujours là. Bonne nuit.

Enfin bon après midi…

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bon après midi…

 

Et ce matin, enfin!!!

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Un petit col à l’entame de cette journée.

 

Un petit col à l’entame de cette journée. Long faut plat montant, vent de face. Autour de moi une vaste plaine d’arbres sec, à peine quelques feuilles mortes, et au loin, ces collines, parfois montagnes, que j e m’apprête a traverser. A découvrir.

Au col c’est maintenant de vastes montagnes, un beau panorama, qui s’ouvre à moi. Un village, presque une ville, de fourmilière qui se dresse au milieu de cette plaine au fond de laquelle j’aperçois plusieurs tourbillon de poussière. A la manière des cailloux rongé par le vent du désert blanc (Egypte), les fourmilière m’offrent un spectacle particulier, renforcer par ces tours de poussière se déplaçant dans l’air.

Superbe.

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les fourmilière m’offrent un spectacle particulier, renforcer par ces tours de poussière se déplaçant dans l’air.

Puis, après une nouvelle descente, j’aperçois Opuwo, au loin. Isolé, esseulé.

Superbe!

En m’y rapprochant je croise mes premiers Himbas qui me rappellent les Hamer de la vallée de l’Omo (Éthiopie). Ce que j’appellerai un « pagne » autour de la taille, parfois une petite jupe, les seins à l’air, petit sur le dos. Les cheveux presque cuivré, de grosses tresses rougies. L’impression, le ressenti est bizarre. Car Opuwo c’est une petite ville, certes isolée, au milieu de laquelle marchent ces beaux Himbas. A la manière d' »un indien dans la ville »…

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Une jeep passe. Des touristes, des blancs, il y en a plein. On mélange les genres, les cultures et au final, les époques.

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Opuwo c’est une petite ville isolée

Je trouve un café. Une télé. On y montre le marathon de New York! Parfois j’oublie qu’au 21eme siècle tout est possible… Ou regarder un marathon américain au milieu d’un village isolé africain où les genres, les cultures et les époques se mélangent…

C’est un noir qui court, qui sue… et qui gagne. Peu importe.

Et même du wifi!!! Ça la vallée de l’Omo ne m’offrait pas. Un Himbas entre dans le café, presque à poil! Normal.
Il commande une bière. « Tradition ».
Il s’en va.

Moi je m’arrête. Cet après midi il fait suffisamment chaud pour ne pas pédaler. Pour rester. Avant de reprendre au matin ma route à la découverte d’Opuwo, du kaokoweld et des paysages lointain de la Namibie.

Enfin!

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A la découverte d’Opuwo, du kaokoweld et des paysages lointain de la Namibie.

Olivier Rochat

Oh Kavango! -au Kavango-

Km 23’685, Ondangwa, Namibie.

Par des températures caniculaires avoisinant les 40°C, la traversée est-ouest du nord de la Namibie continue.  Après avoir longé,l’Okavango, le troisième fleuve d’Afrique par sa longueur mais l’un des seuls au monde à ne pas se jeter dans la mer puisqu’il se ramifie en d’innombrables petits bras pour former le delta de l’Okavango au Botswana, avant de se perdre dans les sables du Nord du Kalahari, me voici maintenant à Ondangwa, plus grande ville du nord de la Namibie. Ces derniers jours ont été très chaud et si ce week-end je me repose ma semaine de route, bien que plate, ne fût pas de tous repos. Mais malgré la chaleur et quelques passages difficiles, la route fut bonne, goudronnée et souvent avec vent de dos. Ainsi j’y ai pédalé  la plus longue étape de ce voyage, soit pus de 203 km. Avec plus de 2’000km en 24 jours depuis l’est du Zimbabwe, le kaokoweld au nord-ouest de ce vaste pays, et avec lui déserts, vie sauvages et montagnes, n’est plus très loin, c’est peut-être maintenant que la Namibie commence vraiment. Impatient, je me repose encore un moment

Cette partie relativement ennuyante du nord de la Namibie touche à sa fin. Il m’en reste quelques écrits.

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Kavango, là où se trouve la plus forte densité de population noires de Namibie.

Le long de l’Okavango

En quittant Rundu en début de semaine dernière, je m’attaque à une longue ligne droite, continuant encore 150km le  long de l’Okavango et de la frontière angolaise au nord.

« Toujours à un rythme soutenu, toujours en transportant une dizaine de litres d’eau, toujours à plat, toujours sur le tarmac, toujours aussi chaud, toujours aussi droit…

Mais surprise me voici maintenant dans une région plus peuplée, l’Okavango en frontière avec l’Angola et à ma connaissance là où se trouve la plus forte densité « d’habitants noirs » de Namibie.

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un petit village pauvre mais charmant,

Mais sous une chaleur étouffante je découvre que la plupart du temps le vent est avec moi. M’en voici ravi.

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de vastes troupeaux de bêtes qui traversent la route


Le long de la route plus de forêt, remplacée tantôt par de vastes troupeaux de bêtes qui traversent la route, tantôt par une vue sur l’Okavango, un petit village pauvre mais charmant, un bar, un magasin ou une station de police.

 

C’est d’ailleurs dans l’une d’elle que j’ai pu passer ma nuit d’hier, pas des plus romantique mais très pratique à l’abri des regards, des bêtes et simplement tranquille.

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une station de police.

Rien d’extravageant, rien d’excitant.. tranquillement, en direction, toujours, du kaokoweld et le retour dans les montagnes désertiques et l’espoir de vivre un instant unique au milieu des peuples Himbas qui vivent comme autrefois, ma ton dit.

Et de pédaler au milieu de tout ça…

Long et plat, ma plus longue journée de route

203,5 km!

Pour la première fois de ce voyage j’ai pédalé plus de 200 km en une seule journée. Il était temps. La traversée de cette grande plaine, plate, goudronnée et avec vent de dos, n’y est pas pour rien. Cette première partie de Namibie touche gentiment à sa fin et avec elle la difficulté va commencer. Les pistes, les distances, chaleurs, sables, montagne et solitude, le kaokoweld est a porté de roues, encore quelques dizaines, à peine centaines, de kilomètres. Me voici bientôt à Ondangwa, dernière halte avant l’isolement et les pistes.

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203,5 km!

En effet en Namibie pour l’instant je tourne à 140 km de moyenne journalière, en comptant les demi journée d’arrêt, ou plus, dans les rares petites villes que je croise. La route est plate et bien goudronnée, le paysage est souvent boisé et sans vue ni intérêt si ce n’est parfois sur l’Okavango durant les jours précédents. Le vent souvent avec moi, et malgré la chaleur et les litres d’eau que je transporte, 140 km dans ces conditions n’est pas un exploit en soit, loin de là.

Hier après un départ tardif et poussif, le vent s’est mis derrière moi, avec moi. 25-28 km/h durant plusieurs heures. Parfois plus. C’était facile. Presque trop.

Quand soudain, plus de goudron. Une vaste piste, bien tassées à première vue. Tant mieux, j’aime ça les pistes. Au fond je suis venu là pour ça. Mais sans parler j’avais vu trop vite.

Ou quand18 petit km de pistes a première vue tout plat te font regretter d’être venu. La route ondule, la roue avant choc et rechoc, la roue arrière, supportant mon poids et les bagages en plus de l’eau, tire la gueule. Entre sable et cailloux, le choc est rude et soudain s’enfonce, j’ai du sable jusque là, impossible de pédaler. Il faut pousser. Au milieu de cette ligne droite inintéressante.

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La route ondule, la roue avant choc et rechoc, la roue arrière, supportant mon poids et les bagages en plus de l’eau, tire la gueule.

Je transpire autant que je salis . Soudain la Namibie j’en ai jusque là. Dans plus d’un sens du terme.

Mais très loin de son terme, à peine au quart de mon chemin, je continue. La Namibie est grande. Il faudra que je le soit aussi.

Il faudrait.

Un gros 4×4 passe, à toute vitesse. Lui n’a pas besoin de pousser. Pas de salut, pas de surplus. Juste un nuage de poussière qu’il m’envoie à la gueule. En quelques instants, il est déjà loin. Mais moi je suis toujours là. Pour un moment en tout cas. Le temps de traverser ce champ de bosse hostile. Ce champ peu fertile. Si ce n’est poussière. Les yeux presque rougis par la saleté. Qui bientôt le seront.

La Namibie c’est là, j’y suis. Pour le rêve on attendra. La patience est avec moi. Au moins ça.

Au bout de 2-3 heures, les bosses disparaissent, ça redevient plat. Place a l’ennui.

Place à la nuit, retour sur la route principale.

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Au bout de 2-3 heures, les bosses disparaissent

Mais soudain  place aux travaux, un sable certes plat que chaque voiture m’envoie en guise d’air à respirer. 1 bon mètres de terre de chaque côté. La route est travaillée. Derrière? les barbelé! Impossible de s’arrêter, dormir, respirer. Il faut continuer.

Et le vélo dans la route s’enfoncer.

22 heures. Le ciel étoilé, celui d’Afrique, est admirable à regarder. Autant que l’air est détestable à respirer. Cette route n’en fini plus.

Enfin le centre du chantier. Personne. Mais un énorme tas de brique. Derrière lui, me cacher. Essoufflé. Planter ma tente. Le ciel étoilé. Pas le temps de m’y attarder. Dormir.

Ce matin déjà me réveiller. Il fait jour. Effectivement cette route est un vrai chantier. Mais redevient goudron. Redevient ennui. J’arrive à Eenhana. Ondangwa? 100 km ou quelque chose comme ça, tout en ennui.

Un troupeau de vache, peut être le 1000eme. Il fait déjà chaud. C’est toujours plat.
C’est toujours droit…

 

Pour le reste on attendra, mais je suis là, le Kaokoweld, le désert, les montagnes, les distances en l’envie, enfin, s’ouvre  à moi…

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Il fait déjà chaud. C’est toujours plat.

Olivier Rochat

Caprivi

Km 23’206, Rundu, Namibie.

Rundu, Namibie. 5 octobre 2015, 38°C. Après avoir pédalé plus de 500 km km en mois de quatre  jours, il est temps de se reposer. La journée d’hier, longue de 176 km fut la plus longue depuis fin janvier, alors traversant le désert de Nubie au Soudan. Mais elle a laissé quelques traces, notamment sur la fin. Me voici déjà à mi-chemin de ma longue ligne droite en direction du Kaokoland, soit plus de 1’000 km  de la bande de Caprivi à Oshakati tout en longeant l’Okavango et l’Angola.

La bande de Caprivi justement je la laisse derrière moi, terminant ainsi cette première partie de mon aventure namibienne.

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La bande de Caprivi

Une bande très fine de 500 km de long sur quelques dizaines, à peine, de large. C’est ainsi que je débute mon aventure namibienne. A travers la bande de Caprivi au nord-est de la Namibie.  Sans vraiment trop savoir à quoi m’attendre.

Au sud le Botswana, au nord l’Angola et la Zambie et à l’est le Zimbabwe, je suis bien entouré, à peine quelques km de chacun d’eux. Hier c’est même en Zambie que je suis allé faire une excursion de quelques heures. Excursion gratuite grâce à la compréhension des douaniers qui m’ont fait un visa spécial valables une journée (putain quel bonheur de pouvoir DISCUTER et se faire comprendre). Coincé par les banques qui ne fonctionnait pas (la prochaine ville étant dans 500 km), j’ai ainsi pu me ravitailler en Zambie voisine après une excursion de 22 km à peine, juste histoire de traverser le Zambèze une troisième fois, trouver une banque, retirer, changer la monnaie, et revenir avant la fin de ce cours visa.

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traverser le Zambèze

Attention aux éléphants

Après 2 jours de repos dans la petite ville de Katima Mulilo, me voici au milieu des espaces namibiens, à l’entame d’un périple à travers le deuxième pays le moins dense au monde après la Mongolie. 2.2 millions d’habitants pour 2 fois la superficie de l’Espagne. A titre de comparaison, la Suisse est… 80 X plus dense, la Belgique 150. La France 50. Et oui il y a de l’espace en Namibie.

117 km, c’est la distance qui a séparé mon dernier point de ravitaillement à celui où je me trouve actuellement. 200 km, mon prochain…

Certes il y eu quelques villages, très pauvre, sans électricité ni grand chose d’autre et c’est dans l’un deux, Sibinda, que j’aurai passé ma première nuit sur les routes namibienne. Accueil chaleureux, nourriture goûteuse, on est bien loin de la rudesse que certains voyageurs m’annonçaient. Et bien loin également du tourisme de luxe prioritaire en Namibie. Dans ce village, au milieu de ces cases, du sable, de l’alcool des hommes et le sourire de leurs femmes pas le moindre luxe, la moindre électricité ou le moindre magasin. Ca va je suis toujours en Afrique.

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c’est dans l’un deux, Sibinda, que j’aurai passé ma première nuit sur les routes namibienne.

Ce matin je m’approche à grand pas du parc national de Bwabwata, un joli nom qui ne va pas me faire oublier les deux hyènes croisées en bord de route en plein jour voici 3 jours. Certes je ne croit pas qu’une hyène soit dangereuse de plein jour sauf provocations, ce n’est pas un redoutable chasseur, plutôt un charognard. N’empêche…

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ce paneau qui m’indique attention aux éléphants

Vu la taille du machin.. Et puis Les Lions ne sont pas loin et toujours ces récits des locaux namibiens qui me racontent comment deux cyclistes se sont fait dévoré voici quelques temps, dans la réserve que je m’apprête à traverser. Mouais… en Afrique j’ai parfois l’impression qu’on a bien du mal à différencier les mythes de la réalité, les récits se perdent dans le temps et la date pourtant récente varie de récit en récit. Mais restons sur nos gardes, si danger il y a c’est en bus que je traverserai la réserve, les cyclistes n’y seront pas autorisé.

Pour l’instant je continue, m’arrête, surpris, devant ce panneau qui m’indique attention aux éléphants ici on dirait qu’il y a plus d’éléphants que d’habitants. La route est toujours plate et de très bonne qualité. Les paysages sans grand intérêts, prochains virage dans 1’000 km. Prochaine ville dans 420…

 

 

 

 

Finalement c’est à vélo que j’ai traversé le parc national de Bwabwata

Un premier pas dans l’espace. Un premier pas en Namibie. Dernier ravitaillement: 200 km derrière. Prochain? Pareil mais devant.

Et en plus ça cogne, 41ºC aujourd’hui. Me voici bien en Namibie. Heureusement pour l’instant c’est tout plat, c’est tout droit. 

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Prochain virage: 1000 km. Enfin un peu moins maintenant.

Le vent se lève, je quitte la forêt de Bwabwata après 185 km dans un parc national. Éléphants, impala, babouins, c’est déjà ça. Pas plus de hyènes que de lion, heureusement car les panneaux « attention » eux étaient là.
Caprivi est derrière moi, le plus dur est à venir, le plus dangereux est effacé, l’Angola je le vois. Mais je n’irai pas.

De temps à autre un village. Un gosse puis un autre qui me courent après. Je passe, ils disparaissent. Ma solitude reprend ses droits

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Un gosse puis un autre

Une station d’essence, un supermarché. Me voici sauvé, je n’avais presque plus d’eau. Ça cogne, je ravitaille. 12 litres devraient suffire jusqu’à la prochaine ville.

Le vent se lève, donc. Soudain les nuages se précipitent, le ciel se colère et sans crier gare un éclair déchire le ciel. L’eau tombe, enfin. Mais comme tous les jours elles semblent avoir peur, se retenir. Une goutte, deux gouttes, une pénible troisième… mouais pour la pluie on attendra. On repassera.

 

Le vent se couche. Je finis de ravitailler. Je fini mon sandwich.

Je reprends ma route, cette fois de l’autre côté de l’Okavango que je viens de traverser. La forêt a disparu. Le sable, la terre et des arbres morts pour l’instant l’ont remplacé. Et avec son départ je gagne encore quelques degrés.

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l’Okavango que je viens de traverser

Me voici en Namibie, en route pour le Kaokoland, le nord ouest du pays. Les distances sont les mêmes, seul différence, un zéro de plus sur les panneaux. J’ai changé d’univers bien que je roule toujours sur le même continent.

C’est un peu l’espace que je traverse…

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Olivier Rochat

 

 

Botswana to Namibia: Cette journée où…

Km 22’639, Katima Mulilo, Namibia

Cette journée où tu croise un phacochère au petit matin, alors que tu es en pleine ville (Kasane, Botswana). La bête sors d’une maison. Je te parle pas des babouins.

Cette journée où, pédalant , toujours au matin, sifflotant innocemment au libre d’un mouvement pédalé devenu quotidien, tu croises deux hyènes, en bas de la route, à 10 mètres.

Cette journée où tu entre en Namibie après quelques émois au Botswana…

Cette journée où tu en as vu suffisamment, tout simplement…

Me voici en Namibie.

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Cette journée

32 km au Botswana

32 km au Botswana! Pourquoi seulement ça?

Parce qu’en fait bien qu’ils se touchent en un point qui regroupe également le Botswana et la Zambie, le Zimbabwe et la Namibie n’ont pas de frontières communes. Depuis les chutes Victoria côté Zimbabwe j’avais donc 2 choix:

1. rejoindre la Namibie par la Zambie. Pour cela aller à Livingstone et de là pédaler jusqu’à la bande de Caprivi où je me trouve actuellement sur une centaine de kilomètres. Prix du visa: 50 US Dollars. Un peu cher pour 2-3 jours de route.

2. rejoindre la Namibie par le Botswana. Pour cela traverser le Zambezi National Park pour rejoindre le Botswana. De là traverser sur 60 km le parc national de Chobe et arriver en Namibie. Prix du visa: gratuit.

Optant naturellement pour le chemin le plus économique, je décide donc de me lancé à travers le parc de Zambezi puis quelques kilomètres au Botswana avant de rejoindre la bande de Caprivi. Un choix que je ne vais pas regretter.

En effet à peine entré au Botswana je découvre une faune encore jamais vue jusqu’alors ou en tout les cas pas depuis la route. A la frontière c’est un babouin qui pas peureux vient essayer de voler la nourriture que se partage les douaniers. Un phacochère en fait de même dans les poubelles puis sur la route c’est tout de suite un gros babouins qui me coupe la priorité, pas vraiment gêné.

Le ton est donné.

Je passe la nuit dans la petite ville de Kasane où on me demande plus de 30 USD pour une simple chambre. Cherchant une solution meilleure marché je me fait invité par M’po, un jeune charpentier qui me laisse planter ma tente à côté de sa minuscule chambre.

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M’po, un jeune charpentier qui me laisse planter ma tente à côté de sa minuscule chambre.

Au petit matin je quitte donc Kasane. A peine 500 mètres de route que je croise soudain deux phacochères qui sortent d’une maison, en fait du portail d’entrée. Un peu surpris, j’en vois d’autre encore plus loin…

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je croise soudain deux phacochères qui sortent d’une maison

Puis je continue ma route, afin de continuer cette journée…

Cette journée

Cette journée où, pédalant , toujours au matin, sifflotant innocemment au libre d’un mouvement pédalé devenu quotidien, tu croises deux hyènes, en bas de la route, à 10 mètres.

Les regards se croisent, j’arrête de siffler. J’ai cru rêvé, non je ne rêve pas, deux grosses hyènes en face de moi et si maintenant j’en ris ce matin je ne riais pas. Elles me regardent, je continue de pédaler. Elles sont plus grosses qu’à la télé.

Pas de bol, juste à cet instant ma route monte. Mon rythme cardiaque bien plus encore, c’est le Galibier qu’il se met a grimper. Je les ignore totalement. Tout du moins extérieurement.

Bordel de dieu! J’avance péniblement a 10 km/h. Oh oui j’ai réalisé mon rêve, mais maintenant, on fait quoi? Avec deux hyènes au cul, le rêve est différents. C’est la vie, vivre, qui prend les devants.

Je me retourne. Je les vois qui s’en vont. Sans voix je continue, et maintenant on fait quoi? On attend les lions où on trouve une solution?

D’autant plus que non, je ne rêve pas.

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Une carcasse pourrissante à 3/4 bouffé par les charognards. J’ai fini de grimper, mon coeur lui grimpe toujours le Galibier car ici c’est un royaume, le royaume des animaux: Chobe. Et je me demande bien comment j’ai pu y entrer sans par un gardien me faire arrêter.

Cette journée où suite a deux bévues, la mienne ignorant et celle des gardiens de Chobe absent pour l’occasion, j’ai eu quelques frissons. D’émoi à effrois.

Une voiture passe, je suis sur la route principale mais a vélo je ne devrais pas être là; même si j’y étais. Tout rentrera dans l’ordre.

C’est en voiture que je continuerai.

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par dizaine des éléphants

Cette journée ou j’aurai vu, après mes émotions matinales, par dizaine des éléphants, deux girafes quelques zèbres, une sortes d’autruche et d’autres encore… même en voiture Chobe est impressionnant. Plus tard j’apprendrai aussi que c’est la ou se trouve la plus forte densité d’animaux sauvages d’Afrique! (information à vérifier).

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même en voiture Chobe est impressionnant.

 

Cette journée où tu arrives à une frontière et qu’un éléphant te barre la route. Cette journée où tu entre un pays dans lequel les villages sont parfois des lieux dit et ceux ci s’appellent « solitaire », « fin du monde » ou « moon landscape ».

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Cette journée où tu entres en Namibie

Cette journée où tu découvres un pays qui met des policiers a l’entrée des stations services, à l’intérieur desquels tu trouves trois ATM appartenant a trois banques différentes acceptant toutes les cartes ou presque. Un supermarché au milieu de la brousse.

Cette journée où tu traverses une ville en sachant qu’il faudra attendre 500 km pour le refaire. Tout en sachant que tu es dans la partie la plus peuplée de ce pays.

Cette journée où le policier te dit que la route est sûre, mais de ne pas parler aux locaux qui sont (soi disant) dangereux. Moi je lui demandais juste au niveau des animaux.

Cette journée où on te dit en gros de t’isoler alors que tu es dans le pays le moins dense d’Afrique…

Cette journée où tu entres en Namibie après quelques émois au Botswana.

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Un monde comment dire? Différent.
Le Far-West africain? Peut être bien. Enfin je n’en sais rien j’ai quelques milliers de km pour constater.

Tout ça pour une journée c’est sûr hors du commun. Ou l’émoi à flirter l’effroi sans jamais l’atteindre. Une journée leçon qui fait du bien, me recentrer sur moi avant de tromper l’ennui en direction d’Oshakati.

Cette journée suffisante en tout point…

Bonne nuit.

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Olivier Rochat