Caprivi

Km 23’206, Rundu, Namibie.

Rundu, Namibie. 5 octobre 2015, 38°C. Après avoir pédalé plus de 500 km km en mois de quatre  jours, il est temps de se reposer. La journée d’hier, longue de 176 km fut la plus longue depuis fin janvier, alors traversant le désert de Nubie au Soudan. Mais elle a laissé quelques traces, notamment sur la fin. Me voici déjà à mi-chemin de ma longue ligne droite en direction du Kaokoland, soit plus de 1’000 km  de la bande de Caprivi à Oshakati tout en longeant l’Okavango et l’Angola.

La bande de Caprivi justement je la laisse derrière moi, terminant ainsi cette première partie de mon aventure namibienne.

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La bande de Caprivi

Une bande très fine de 500 km de long sur quelques dizaines, à peine, de large. C’est ainsi que je débute mon aventure namibienne. A travers la bande de Caprivi au nord-est de la Namibie.  Sans vraiment trop savoir à quoi m’attendre.

Au sud le Botswana, au nord l’Angola et la Zambie et à l’est le Zimbabwe, je suis bien entouré, à peine quelques km de chacun d’eux. Hier c’est même en Zambie que je suis allé faire une excursion de quelques heures. Excursion gratuite grâce à la compréhension des douaniers qui m’ont fait un visa spécial valables une journée (putain quel bonheur de pouvoir DISCUTER et se faire comprendre). Coincé par les banques qui ne fonctionnait pas (la prochaine ville étant dans 500 km), j’ai ainsi pu me ravitailler en Zambie voisine après une excursion de 22 km à peine, juste histoire de traverser le Zambèze une troisième fois, trouver une banque, retirer, changer la monnaie, et revenir avant la fin de ce cours visa.

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traverser le Zambèze

Attention aux éléphants

Après 2 jours de repos dans la petite ville de Katima Mulilo, me voici au milieu des espaces namibiens, à l’entame d’un périple à travers le deuxième pays le moins dense au monde après la Mongolie. 2.2 millions d’habitants pour 2 fois la superficie de l’Espagne. A titre de comparaison, la Suisse est… 80 X plus dense, la Belgique 150. La France 50. Et oui il y a de l’espace en Namibie.

117 km, c’est la distance qui a séparé mon dernier point de ravitaillement à celui où je me trouve actuellement. 200 km, mon prochain…

Certes il y eu quelques villages, très pauvre, sans électricité ni grand chose d’autre et c’est dans l’un deux, Sibinda, que j’aurai passé ma première nuit sur les routes namibienne. Accueil chaleureux, nourriture goûteuse, on est bien loin de la rudesse que certains voyageurs m’annonçaient. Et bien loin également du tourisme de luxe prioritaire en Namibie. Dans ce village, au milieu de ces cases, du sable, de l’alcool des hommes et le sourire de leurs femmes pas le moindre luxe, la moindre électricité ou le moindre magasin. Ca va je suis toujours en Afrique.

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c’est dans l’un deux, Sibinda, que j’aurai passé ma première nuit sur les routes namibienne.

Ce matin je m’approche à grand pas du parc national de Bwabwata, un joli nom qui ne va pas me faire oublier les deux hyènes croisées en bord de route en plein jour voici 3 jours. Certes je ne croit pas qu’une hyène soit dangereuse de plein jour sauf provocations, ce n’est pas un redoutable chasseur, plutôt un charognard. N’empêche…

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ce paneau qui m’indique attention aux éléphants

Vu la taille du machin.. Et puis Les Lions ne sont pas loin et toujours ces récits des locaux namibiens qui me racontent comment deux cyclistes se sont fait dévoré voici quelques temps, dans la réserve que je m’apprête à traverser. Mouais… en Afrique j’ai parfois l’impression qu’on a bien du mal à différencier les mythes de la réalité, les récits se perdent dans le temps et la date pourtant récente varie de récit en récit. Mais restons sur nos gardes, si danger il y a c’est en bus que je traverserai la réserve, les cyclistes n’y seront pas autorisé.

Pour l’instant je continue, m’arrête, surpris, devant ce panneau qui m’indique attention aux éléphants ici on dirait qu’il y a plus d’éléphants que d’habitants. La route est toujours plate et de très bonne qualité. Les paysages sans grand intérêts, prochains virage dans 1’000 km. Prochaine ville dans 420…

 

 

 

 

Finalement c’est à vélo que j’ai traversé le parc national de Bwabwata

Un premier pas dans l’espace. Un premier pas en Namibie. Dernier ravitaillement: 200 km derrière. Prochain? Pareil mais devant.

Et en plus ça cogne, 41ºC aujourd’hui. Me voici bien en Namibie. Heureusement pour l’instant c’est tout plat, c’est tout droit. 

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Prochain virage: 1000 km. Enfin un peu moins maintenant.

Le vent se lève, je quitte la forêt de Bwabwata après 185 km dans un parc national. Éléphants, impala, babouins, c’est déjà ça. Pas plus de hyènes que de lion, heureusement car les panneaux « attention » eux étaient là.
Caprivi est derrière moi, le plus dur est à venir, le plus dangereux est effacé, l’Angola je le vois. Mais je n’irai pas.

De temps à autre un village. Un gosse puis un autre qui me courent après. Je passe, ils disparaissent. Ma solitude reprend ses droits

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Un gosse puis un autre

Une station d’essence, un supermarché. Me voici sauvé, je n’avais presque plus d’eau. Ça cogne, je ravitaille. 12 litres devraient suffire jusqu’à la prochaine ville.

Le vent se lève, donc. Soudain les nuages se précipitent, le ciel se colère et sans crier gare un éclair déchire le ciel. L’eau tombe, enfin. Mais comme tous les jours elles semblent avoir peur, se retenir. Une goutte, deux gouttes, une pénible troisième… mouais pour la pluie on attendra. On repassera.

 

Le vent se couche. Je finis de ravitailler. Je fini mon sandwich.

Je reprends ma route, cette fois de l’autre côté de l’Okavango que je viens de traverser. La forêt a disparu. Le sable, la terre et des arbres morts pour l’instant l’ont remplacé. Et avec son départ je gagne encore quelques degrés.

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l’Okavango que je viens de traverser

Me voici en Namibie, en route pour le Kaokoland, le nord ouest du pays. Les distances sont les mêmes, seul différence, un zéro de plus sur les panneaux. J’ai changé d’univers bien que je roule toujours sur le même continent.

C’est un peu l’espace que je traverse…

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Olivier Rochat

 

 

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