Les derniers jours ont été parmi les plus beaux et difficiles de tout le voyage. Avec près de 20’000 mètres de dénivelé positif en moins de 10 jours sur 600 kilomètres à peine et 8 cols à plus de 2’000 mètres d’altitude, j’ai pris de la hauteur. Mais cette hauteur, les chiffres ne font que la symboliser, elle fût avant tout magnifique, presque magique. Un « higlight » en quelques sortes. Le tout est allé crescendo et c’est le week-end dernier, probablement, que le sommet a été atteint. La route pour rejoindre et quitter la vallée de l’Ouzighmt, la « vallée oubliée », fut scandaleusement belle.
J’ai choisi quelques images mais mettre des mots fut bien plus compliqué. Je m’y suis attelé, voici le récit qui en est sorti :
OUZIGHMT, LA VALLÉE OUBLIÉE
Km 58’549, Tabant, Maroc.
Voyager reste finalement un acte personnel dont chaque voyageur trouve ses propres raisons, voir objectifs, pour mener ses pas où bon lui semble. Pour ma part, le voyage au long court, s’il mélange de biens nombreux aspects à mes yeux, reste avant tout la découverte de cultures différentes de la mienne et des rencontres qui en débouchent. Pour faire court, l’humain. Paysages et dépassement de sois, s’ils font partie de la route, sont relégués au second plan.
Pour aller dans ce sens, l’Afrique que j’ai découverte fût un véritable paradis de cultures, de croyances et de religions différentes vivant les unes dans les autres, les unes avec les autres, où « l’organisation sociale » sort bien souvent des « logiques » dites européennes, beaucoup plus centrées sur le résultat, la rentabilité et la compétition pour justifier une action, une lois, une réforme ou autre. Une « logique du résultat », où le résultat justifie l’action parfois bien même avant toute morale, qui ne s’applique, à mes yeux tout du moins, que très rarement en Afrique. Mon rapport au monde, et à la vie en général, y a été bouleversé, testé de jours en jours, violenté parfois, récompensés toujours. Ici, l’individu passe souvent après la société, les traditions, et avec mon mode de voyage quotidien, c’est-à-dire « solitaire qui ne voyage pas par nécessité », je me suis retrouvé en quasi permanence en contradiction générale avec les cultures et réalités que je découvraient, d’une part à grande majorité incapable de se financer même de courtes vacances, d’autre part dont la culture ne permettrai pas une telle épopée, et ce quel qu’en soit le niveau de richesse, car la famille, la religion et les traditions passent bien avant toute considération individuel « d’expérience sportive ou spirituel n’ayant pour but d’améliorer le niveau de vies des siens ».
Mais malgré ma réalité bien différente de la leur, l’hospitalité fut au centre du voyage, et ce quel qu’en soit le niveau de vies de mes hôtes, extrêmement varié d’un jour à l’autre, pouvant passer de la malnutrition à la haute bourgeoisie sans frontière ni distance aucune. Tout en restant acteur principal d’un périple fascinant, j’ai été, tant de fois, spectateurs neutre de plusieurs monde, l’étranger qui ne fait que passer. Porte de sortie pour les uns, curiosité pour les autres, rares ont été les regards négatifs, jaloux voire méprisants, à mon égard. Le manque d’éducation, donc de tact et de manière, comme principal moteur de ces quelques « écarts « . Parfois, un geste ou une parole raciste est venue se perdre, il est vrai, au milieu de cet océan d’humanité. Une goutte d’eau dans un vaste océan. Espions pour les uns, » chercheurs » pour les autres, voire journalistes, vendeurs (!???) ou immigrés illégal quelques fois, mes raisons de voyager ont pu être mises en doutes par certains mais, malgré l’incompréhension de beaucoup, hospitalité et bienveillance sont restés mes guides principaux. L’Afrique sait accueillir, ce n’est un secret pour personne. Ou, tout du moins, ce ne devrait l’être.
Mais parfois ces principes réels et fondateurs ont été bousculés pour laisser place à d’autres. Ainsi certaines régions, certains moments, certaines routes, ont retenu mon attention avant tout pour le « feeling » directement ressenti sur la route. Un mélange de différents facteurs, du paysage à la difficulté, souvent mis en avant par le contexte d’approche, voir le climat vécu durant ces moments. Un tout très précaire et instable, guidé par un peu d’adrénaline, voir de risques. Le plaisir ressenti durant ces moments est vécu pleinement, avec intensité, et la véracité de ce plaisir dépendra avant tout de l’équilibre entre les différents moments qui forment cet instant, parfois prolongé pour plusieurs jours. Porté, nourris par les paysages qui l’entoure, la difficulté d’une route, qu’elle soit boueuses ou col raide de haute montagnes, aura tendance à bonifier ce ressenti finalement très personnel et basé sur un fait important : la connaissance de soi-même. Et ce à tous les niveaux. De manière crescendo, le mélange de ces différents éléments m’a parfois porté très « haut » tout en sachant qu’une limite, limite invisible bien sûr, ne devait pas être franchie. Si tel était le cas, d’une difficulté bien trop importante par-exemple, le plaisir ne serait plus là, plus ressenti, et n’ayant pas construit ni rêvé ce voyage autour d’un accomplissement physique, la raison de continuer dans la même direction sera naturellement remise en cause, voire abandonnée pour une autre direction plus en équation avec mes besoins, éthiques et envies.
Cette limite invisible, elle se délimite par la connaissance de soi-même, dont chacun possède les clefs en lui mais ne les trouvera ni en face d’un professeur ni d’une page wikipédia.
Et, lorsque les éléments sont réunis, lorsque l’alchimie prend forme, ce voyage intense et profond, teinté de spiritualisme autant que d’individualisme, peut débuter. Dès lors tout est possible. Et ce n’est pas le ciel qui dira le contraire, puisque lui-même, souvent, est convié à l’histoire. Les barrières mentales sont pulvérisées, les barrières physique sont explorées, ce voyage particulier peut commencer.
Ces derniers jours dans le haut atlas marocain furent sans conteste de cet acabit. Je les qualifierai simplement, et sans exagération, de splendides et changeants, avec des paysages de plusieurs genres, tantôt alpin puis saharien, des routes virevoltantes qui m’ont fait gravir des montagnes enneigées, une difficulté physique, voir climatique, amenant suffisamment d’adrénaline et un risque suffisant pour me faire garder les pieds sur terre et suffisamment faible pour ne pas me sentir en danger. En quelques jours j’ai vécu une amplitude thermique de près de 50°C avec un ressenti de -15 sur les pentes du Tizi n’Ouano et plus de 30 à Ouarzazate, aux portes du Sahara, quelques jours plus tard. Me réhabituer au froid fût une expérience aussi intéressantes que brève. En quelques jours un 20°C est passé d’un ressenti de froid à celui d’agréables, puis de chaud. Un bon 30°C de température normale à caniculaire.
Bref, un « highlight » total, que je n’avais plus vécu depuis la piste d’Orupembe dans le fabuleux désert namibien, une piste comptant parmi les plus isolées d’une des régions les plus isolées du monde. Piste tantôt caillouteuse puis terriblement sableuse au milieu de grands espaces peu habités, si ce n’est par des animaux sauvages.
Mais laissons la Namibie et revenons au Maroc et au haut atlas, plus précisément dans la région du M’goun, deuxième plus haut sommet marocain. Au sud de ce dernier, le Sahara. Au nord, des vallées verdoyantes habitées de forêts et de champs qui se parsèment de fleurs en tout genre, roses, violettes, rouges et j’en passe, en ce printemps. Les villages construits en kasbah, maisons traditionnel, apportent un charme encore plus authentique à cette région du monde. Ces deux mondes à la fois si proches et si différents sont séparés par de nombreuses montagnes. Au centre de cet impressionnant massif, pourtant l’une des régions les plus touristiques et explorées du Maroc, se trouve une vallée isolée, au développement précaire, presque oubliée du reste du monde et même du Maroc : la vallée de l’Ouzighmt (Ouzirimt).
Enclavée au milieu d’impressionnantes montagnes dont les sommets flirtent parfois avec les 4’000 mètres d’altitude, la vallée est presque totalement coupée du reste du pays durant la moitié de l’année. Les montagnes entourant la vallée forment un véritable mur, magnifique certes, qui se recouvrent de neige en saison hivernale, et parfois pour plus longtemps encore. Pour rejoindre la vallée une seule solution s’offre à vous: franchir les montagnes. Un peuple nomade s’y installe voici plus de trois siècles et, jusqu’à très récemment encore, les habitants de la vallée, à peine plus de 2’500 aujourd’hui encore, les franchissent à pieds ou à dos de mules chargées qui reste peut-être le moyen le plus sûr et efficace de se déplacer dans de tel région.
Bientôt une piste franchit les montagnes, reliant la vallée de l’Ouzighmt à celle de l’Aït Bouguemez au nord, et par la même occasion, au reste du pays. C’est en franchissant un col, le Tizi n’Ait Imi, qui culmine à plus de 2’900 mètres d’altitude, que l’on quitte la vallée et ses paysages merveilleux.
Mais ce n’est que très récemment, il y a 2 ans selon mes sources, qu’une piste est
entièrement refaite du sud du massif jusqu’au nord de ce dernier. Sur 70 kilomètre le massif est ainsi traversé, franchissant 3 cols à plus de 2’900 mètres d’altitude. La vallée de l’Ouzighmt a ainsi une liaison routière avec les villes et villages du nord du massif, mais aussi du sud. On débute même la construction d’une route goudronnée (15 km à ce jour), une école voit le jour et la vallée s’ouvre peu à peu au reste du monde.
A travers les montagnes
Lorsque je prend connaissance de cette route, je n’hésite pas longtemps. Je me sens comme happé par l’idée de cette difficile, imposante mais spectaculaire traversée du haut atlas qui forme un passage entre le sud, le Sahara, et le nord, les forêts, du pays.
Une violente tempête recouvre le haut Atlas et le nord du pays lorsque je que profite de me reposer un peu. À la fin de cette dernière, soleil et calme reprennent leur droit. Les paysages, quant à eux, sont époustouflant. Les sommets se sont recouverts d’une épaisse couche de neige. Je me lance.
La piste, caillouteuse quoique plutôt bonne, ne va pas me laisser de répit. Jamais. Mais les paysages vont me porter, me nourrir, durant toute cette traversée.
Dès les premiers kilomètres, la piste s’enfonce dans une gorge étroite. D’énormes blocs de pierres me surplombe alors que certains reviennent même à l’intérieur de la route, au-dessus ma tête. Puis, sur une dizaine de kilomètres en fonds de vallées, je découvre les premiers sommets recouverts d’une magnifique neige fraîche tombée la veille. La route continue à travers de paisibles villages où l’âne semble le moyen de transport le plus utilisé, on me salue avec un brin de distance alors que quelques chèvres se déplacent ici et là, affrontant sans hésiter les pentes les plus raides. Enfin, en milieu de matinée, à la sortie du village d’Ameskar, l’ascension du premier col débute pour de bon.
Et quel ascension!
Il s’agit, selon mes sources, de la 3ème plus haute piste du Maroc puisque le col, le Tizi El Fougani, culmine à 2’999 mètres d’altitude. Sur à peine plus de 9 kilomètres la route grimpe un dénivellé de 900 mètres. Une pente impressionnante et sans repos, si ce n’est par les virages en épingles, au nombre de 27, qui se succède les uns après les autres de manières impressionnantes. Leur passage constitue un repère visuel, une sorte d’objectif à atteindre, tout en me permettant de garder le cap. A chacun d’eux, la vue augmente, encore et encore. En me dirigeant sur l’un, je profite d’une vue, de plus en plus belle, sur la vallée que je laisse en contrebas. En me dirigeant sur l’autre, j’aperçois, et même plutôt bien, le col et la route qu’il me reste à parcourir. Les virages se succèdent et, même en avançant lentement puisqu’il me faut parfois pousser, je gagne rapidement en altitude et atteint les premiers névés, la neige. Elle qui recouvre en partie les derniers kilomètres du col, bien que la route reste pratiquable puisque quelques bus locaux, bien chargés et portant des hommes jusque sur le toit, dévalent lentement la pente, témoignant ainsi du bon état général de la route.
C’est naturellement bien entamé que j’atteins le col, profitant du mieux que je peux des vues spectaculaires sur la vallée, et même le plateau, que je laisse derrière moi. Usé par cette ascension vertigineuse, digne de mes plus belles découvertes alpines d’alors, j’ai l’impression d’être sur le toit du monde ou, tout du moins, de l’Afrique ou du Maroc. Pourtant, il n’en est rien. Balayé par le vent violent qui souffle en quasi permanence à une telle altitude, je ne m’attarde guère ici, me protégeant du vent tant bien que mal afin de reprendre des forces puisqu’un autre col, certes bien plus court, m’attend. Mais à peine le sommet du col atteint, la route esquisse un virage puis bascule brusquement sur la vallée suivante m’offrant un panoramas plus beau encore, celui des sommets enneigés qui, dorénavant, ne me distance que de quelques kilomètres. Dès lors la beauté des paysages va aller crescendo et ce pour plusieurs jours encore.
Le deuxième col est franchi beaucoup plus rapidement mais ne va manquer de m’achever pour le restant de la journée. De toute manière il se fait tard et, profitant d’un panoramas splendide sur la vallée, perdue et sauvage, de l’Ouzighmt que j’atteints enfin, j’effectue un bivouac à plus de 2’600 mètres d’altitude. Splendide. Glacial.
Au matin le ciel est dégagé et ne sera de trop pour rassembler mes forces afin de grimper le col qui arrive sans repos, le Tizi n’Ait Imi.
Celui-ci est moins raide et les premiers kilomètres se font sans grande difficulté, si ce n’est par la fatigue cumulée depuis plusieurs jours et les milliers de mètres de dénivellation cumulés au Maroc. Les virages en épingles se suivent ici aussi, me permettant « d’affronter » la montagne sans trop de mal tout en profitant des splendides montagnes qui m’entourent. Un vaste panoramas de sommets enneigées qui entourent cette vallée comme une prison entoure son prisonnier.
Cependant un obstacle bien plus grand qu’une pente va venir freiner mon avancée: la neige! Ici, elle est tombée en plus grand nombre lors de la tempête d’il y a deux jours et n’a visiblement pas encore fondu.
Très vite, à mesure que je monte, les névés se forment et, la neige fondant face aux températures printanières du jour, un petit ruisseau se forme sur la route. Mais, à mesure que je monte en altitude, la neige tient de plus en plus, parfois sur toute la largeur de la route, parfois me laissant un petit espace pour pédaler. Les 5 derniers kilomètres d’ascensions vont durer plusieurs heures. Parfois, la neige a déjà fondu sur le bord de la route, m’offrant quelques dizaines de centimètres pierreux lorsque ce n’est boueux, pour y pousser mon vélo en flanc de ravin. A d’autres, je n’ai d’autres solutions que de marcher en pleines neiges. Lentement je monte ainsi le col, vite rejoint par un homme, peut-être encore plus perdu que moi, qui voyage en moto. Pour lui, l’ascension est bien plus difficile. Il me demande la route; « c’est par ici Tabant? ». « Oui oui, c’est par là! ». Je m’y rend moi aussi.
De toute manière, cela ne va pas se faire sans mal. Parfois, sur les versants les plus exposés au soleil, la neige a déjà fondu et, en quelques minutes, il parcourt un chemin qu’il me faudra près d’une demi-heure pour gravir. Le reste du temps, la situation s’inverse. Mais la neige a beau freiner le cyclo, elle ne le stoppe pas. Elle ne me stoppera pas.
Atteignant le col en début d’après-midi, je me doute bien qu’une partie plus difficile encore m’attend: la descente. Oui la descente non pas parce qu’elle descend, mais car je m’attaque à la face nord de la montagne, moins exposée au soleil et où la neige, en toute logique, devrait s’y trouver en plus grand nombre encore. Et ça ne va pas manquer, une fois le col atteint je bascule encore dans un autre monde. Dans un premier temps la vue sur la vallée de l’Aït Bouguemez me laisse bouche bée. J’aperçois les près verdis plus de 1’000 mètres en bas de moi, eux-mêmes entourés de forêts surplombées des innombrables sommets enneigés. Mais visiblement les saisons se mélangent dans un périmètre restreint puisque les 3 premiers kilomètres du col sont entièrement recouverts de neige et parfois de gonfles…plus hautes que moi. Le vent a soufflé du nord durant la tempête, atteignant même les 80 km/h. La neige fut balancée contre la montagne et la route, plate face au ciel, a servi de « point de stockage ». Alors qu’elle ne s’est accumulée que d’une dizaine de centimètres sur les pentes, elle dépasse parfois le mettre sur la piste.
Il me faudra lutter, pousser mon vélo sur l’extrême bord de la route, au bord d’un ravin de plusieurs centaines de mètres où une chute pourrait très bien m’être mortel, puis transporter, tirer, soulever, tout mon équipement au milieu de cette neige aussi épaisse que collante, pour pouvoir passer. Après plus de 3 ans à gérer la chaleur, gérer la neige m’apparaît brièvement comme un mirage perdu au milieu de ce périple. Une parenthèse insensée alors qu’à une centaine de kilomètres au sud d’où je me trouve, débute le Sahara.
Enfin, lorsque j’arrive au bout de mes peines, un tracteur arrive. Il vient probablement pour essayer de tracer la route, bien que je doute fortement qu’il y arrive aujourd’hui. Les traces qu’il a déjà laissé me laisse au milieu de deux murs de neige énormes puis, un peu plus bas, la neige fondue transforme la route en champ de boues. Le bus qui précède ne va pas pousser l’expérience plus loin, les occupants l’ont bien compris. Tour à tour, chacun sort du bus, portant sur son dos ses victuailles, puis s’en va, à pied, afin de rentrer chez soit. De retrouver la vallée de l’Ouzighmt.
Je les regarde un peu, admiratifs devant les quelques heures de marche qui les attendent. Silencieux, rompus à la rudesse de cette vie là, ils sont peut-être les vrais héros de notre époque. Ils ne se plaignent pas. Ils marchent.
Un groupe de 3 4X4 arrive. On discute brièvement, ils sont français, je leur indique que je doute qu’il puisse passer avec leur engin, aussi puissant soit-il. Mais je n’insiste guère, de toute manière, on ne me prend jamais au sérieux.
10 minutes plus tard, ils me dépassent dans l’autre sens. Un détour de près de deux cent kilomètres les attends.
Enfin, bercé par la douceur qui me gagne à mesure que la piste se découvre de sa neige, laissant place à la boue puis à une piste sèche, je me laisse descendre sur la vallée de l’Aît Bouguemez où les paysages fantastiques me bouffent à tour de rôle, à chaque virage, ne laissant vivre qu’émotion. Ne laissant vivre que les yeux, et le cœur pour les guider.
Olivier Rochat