Km 27’026, Koster, Pretoria, Afrique du Sud.
Me voici maintenant en Afrique du Sud, le Kalahari déjà loin derrière moi. J’ai donc retrouvé des collines, de la verdure et même des nuages. Après un rapide passage à Gaborone, la capitale du Botswana, j’ai traversé la frontière sud-africaine pour entamer mes derniers kms en direction du sud et de la ville du Cap. Mais dans un premier temps c’est en direction de Pretoria, la capitale administrative de l’Afrique du Sud que je me dirige.
A Gaborone, fin du Kalahari mais premier pas dans le journaé
Après la plus longue semaine de ce voyage (852 km), je rejoins Gaborone, la capitale du Botswana.
L’Afrique du Sud n’est plus qu’à une encablure de roue. L’ambiance a changé.
Hier une colline s’est présentée en face de moi. La première depuis 900 km. Au bout de cette dernière une deuxième puis une troisième collines ont suivis.
C’était vallonné. Un peu. Une forêt, une vue sur une immense plaine. Rien d’exceptionnel. Quelques montagnes au (très) loin. Le kalahari était fini.
Déjà…
Puis les voitures se sont succédées et se succèdent de plus en plus. Le traffic me rappelle qu en fait le kalahari n’était pas si mal que ça…
Alors je m’engouffre, petit détour sur le nord, à Gaborone où je suis invité pour passer quelques jours (le temps que je souhaite en fait). Profiter un peu de ce Botswana qui s’il n’est pas le plus intéressant des pays à pédaler (peut être mieux pour faire des safaris), n’en reste pas moins sympathique et tranquille. Et aussi accueillant. Souvent en tête de liste des pays africains les plus sûrs, moins corrompus et autres statistiques.
Il y a presque 6 mois j’entrais au Mozambique, grand voisin de l’Afrique du Sud. Dès lors je n’ai cessé de me rapprocher puis m’éloigner de ce grand pays et qui semble agir comme un aimant pour tous les pays voisins.
Venant du Zimbabwe, Malawi, Mozambique, Kenya, Éthiopie et d’ailleurs encore, ils sont plusieurs millions à venir tenter leur chance au sud. La tension entre les intérêts de chacun est forte et n’a rien de rassurant.
Mais le vélo qui m’accompagne agit souvent comme plus grande aide pour casser les barrières. Peut être qu’il est plus tentant de voler un 4×4 qu’un cycliste?
Comme hier où après avoir passé un après midi pénible et harcelé de toute part pour une bière ou quelques dollars dans la ville de Kang, j’ai été accueilli comme un roi dans le village voisin de Mashupa.
L’alcool ici est presque une religion et c’est bien là le principal danger. Les gens ont souvent bon coeur mais l’alcool pas toujours et repousse les limites et le bon sens de certains. Je m’engouffre alors dans la circulation de Gab’s, avant, c’est sûr, de goûter au festin final de cette descente africaine: l’Afrique du Sud.
Avec une attente certaine: que l’été australe se termine enfin.
C’est donc par une chaleur étouffante (38°C) que j’ai terminé mon aventure au Botswana. Mais également dans le journal puisque j’ai eu droit à un véritable interview pour au final un article m’offrant une plus grande photo que son texte. Peu importe…
Voici donc le premier article à propos de Bike for Africa publié sur le sol africain, pour le journal Mmegi au Botswana:
Les frontières (Afrique du Sud)
Traverser une frontière c’est un moment que j’aime bien. Pas pour ce qu’elle représente ou la « bonne humeur » des douaniers. Non plutôt car c’est souvent un changement de culture et/ou géographique.
Malgré les murs qu’elles représentent, les frontières ne sont rarement que politique. La plus marquante ce fut celle de Soudan–Ethiopie. D’un côté j’avais du mal a payé mes repas et ne pas me laisser inviter, de l’autre 50 gamins m’entourent en criant des « farenji » ou « money money money ». Parfois ces derniers s’accrochent aux sacoches et souvent un ou deux cailloux te sont lancés dessus. Après le Soudan plat et désertique, l’Éthiopie débute avec… 1500 mètres d’ascension pour rejoindre les hauts plateaux. Une frontière. Pas que politique.
Une vraie frontière pour le coup…
Puis la sortie de cette même Éthiopie avec le bien plus éduqué Kenya. La Tanzanie où tu te prends une circulation infernale entre bus et camions et le Malawi, presque un autre temps: des vélos. Deux voitures sur la première heure et des dizaines de vélo rarement occupé d’un seul individus. Ou alors de quelques mètres de bois.
Ou quand tu entres dans le pays le plus pauvre au monde.
Ce même Malawi surpeuplé au sud puis tu entres au Mozambique avec des distances de 100 km entre 2 bleds, une nourriture goûteuse et travaillée dont le prix à quadrupler de même que toutes accommodation. Et puis on parle Portugais maintenant.
Le Zimbabwe avec ces dollars puis la Namibie et ses distances imbattables…
Le Botswana sans anicroche mais sans rien d’autre à signaler.
Mais ce matin j’entre en Afrique du Sud. C’est différent. Pas seulement parce que je ne pourrai plus continuer plus au sud, mais j’ai parfois l’impression que ce pays là tout le monde le veut en Afrique. C’est 10 millions de migrants pour une population de 50. Et moi j’entre comme ça. Comme jentrais alors en Roumanie ou Hongrie. Sans visa, juste un tampon gratuit m’offrant un séjour de 3 mois en Afrique du Sud.
Un passeport qui vaut de l’or…
Merci Nelson Mandela
Dès mon entrée en Afrique du Sud je découvre un autre monde, une autre Afrique, Plus développée, plus riche. Plus rasciste avec une grosse barrière entre noirs et blancs… Cependant lors des premiers jours j’avance de rencontre en rencontre, on m’invite à gauche, à droite. Les rencontres se succèdent à mesure que je me rapproche de Pretoria où là aussi je suis invité.
« J’ai changé de monde. Ou presque.
Retour en Europe? Parfois presque.
Et pourtant…
Voici 3 jours à peine que je suis entré en Afrique du Sud. Avec une certaine envie, un peu d’inquiétude et beaucoup de questions.
Des mélanges, européens, africains, Inde, Bangladesh, Chine et j’en passe et cette barrière: le noir, le blanc. Plus qu’une couleur de peau un mode vie. Nous vivons différemment, nous sommes différents. Comme je l’ai constaté à maintes reprises durant mon voyage, le mode de vie occidental, qu’il soit politique, économique ou autres n’est pas adapté au mode de vie africain. Et en Afrique du Sud c’est beaucoup en un dans mon esprit. Mais aussi 364 ans de colonies, une histoire de plusieurs tommes et un homme, un Grand Homme, qui reste dans les esprits: NELSON MANDELA.
Hier Niko me disait lorsque que je lui demandais « Mandela c’est quoi pour les blancs d’Afrique du Sud? »:
« même le plus raciste des conservateurs blancs de ce pays a pleuré lorsque Nelson Mandela est mort. Lorsqu’il est devenu président nous avions tous peur. Nous savions que chaque soir quelqu’un pouvait entrer chez nous, nous tuer ou nous chasser de chez nous. En ’93 j’ai acheté une arme. Nous (les blancs) avions tous faute. Beaucoup de blancs sont rentrés chez eux. Mais je suis resté. j’ai ramené cette arme à la police en ’99. »
Puis il ajoute: « lors d’un interview quelques temps plus tard, Nelson Mandela a répondu à un journaliste qui lui demandait pourquoi il n’a pas chassé les colons qu’une partie de lui y a pensé. Mais il a réfléchi. Puis il ne l’a pas fait. Il a pardonné. De cette manière il a sauvé l’Afrique du Sud. »
Il a pardonné. Malgré tout, malgré toutes les inégalités que subirent les noirs durant des siècles, exploité, interdit de plages et d’universités. Malgré ses 23 ans de prison. Il a pardonné.
Niko je l’ai rencontré hier matin alors que je rechargeais mon portable dans un café de la petit ville chique de Lichtenburg. C’était l’anniversaire de sa femme. Ce fut plutôt la mienne. Machine à laver, douche, wifi, et pour finir un resto! La totale. Comme un roi.
Après 2 semaines de bivouac sableux ou chez l’habitant dans un pauvre quartier de Gaborone, ce fut pour le moins royal. Et je suis reparti avec de la nourriture, de la boîte de thon aux pêches goûteuse. Et quelques bouteilles d’eau fraîche pour affronter l’été et cette sécheresse qui s’étire de plus en plus dangereusement menaçant l’entier de l’Afrique australe. Il paraît que les animaux du parc de Kruger doivent être hydratés par les hommes car il n’y a plus d’eau alors qu’on est sensé être en saison des pluies. Ça craint.
Ah oui et je suis déjà invité en 3 endroits. A ce rythme là et vu la taille du pays, ca risque de durer 3 mois l’Afrique du Sud. Et tant mieux au final. Je me dirige maintenant vers Pretoria la capitale. La aussi j’ai deux adresses…
En effet il y a quelques choses d’assez extraverti dans ces rencontres et dans ma première ville sud africaine la patronne d’un super marché m’a payé mes provisions puis celle d’un restaurant ma offert le petit déjeuner… pour me remercier d’avoir accepté un interview pour un journal. Une vraie star…
Malgré cette grosse tête retrouvée j’essaie de garder la tête sur les épaules -et les pieds sur les pédales- pour découvrir cette Afrique du Sud qu’on m’a aussi prédit très criminel en certains endroits. Les commerces sont souvent bien barricadés et chaque commerçant a plusieurs histoires dramatique à me raconter. Pas très rassurant.
La barrière blanc noir semble encore énorme, de même que les moyens de chacun. Les deux villes que j’ai traversé n’avait rien a voir avec l’Afrique découverte depuis 14 mois et l’invitation de Niko, bien que sympathique a l’extrême, non plus. Comme en Europe. Restaurants, wifi, voiture personnelle et j’en passe.
Pourtant sur ma route je traverse Bakersville. Un petit village pauvre qui ressemble à l’imaginaire que j’ai d’un township sud africain. En moins tassé. Des maisons de taules uniquement. Un énorme bric a brac et des installations électriques douteuses et pas le moindre magasins. Même pas un bar. Un village isolé dans la campagne. Pas un seul blanc. Et des gens qui te regardent un peu bizarrement. Les gosses, les femmes répondent à mon salut. Les ados me suivent à distance. Je reste souriant. Le contact se fait difficilement. Pas vraiment. Sur des routes en terre.
Il y a le noir. Il y a le blanc. Une humanité. Deux couleur de peau.
Le noir le blanc. Afrique. Occident
Nous sommes différents. Nous venons d’univers différents, de cultures et de réalité différentes.
Mais nous parlons d’un monde global, de droit humains. « Plus de génocide » a t’on signer après l’holocauste. Mais allez demander aux peuple rwandais qui était là au printemps ’94…
Économie?
Aujourd’hui pour imager je vois le monde, notre Terre, comme une petite ville où tout le monde connaît tout le monde, lui sourit par devant. Au final personne ne connaît personne. On peut prendre son petit déjeuner à Melbourne, dîner à Paris et souper à New York. Et faire un tour du monde sans mettre les pieds en Afrique. La magie a disparu. Nous voulons du concret. Plus de magie. 1+1=2. Point barre.
Avec Internet on nous offre des rêves. On nous solde des produits arguant « 40% moins cher ». Mais ce que les pubs de disent pas c’est qu’on en a pas besoin de ces produits. Ey que sans solde on aurait rien acheté. 40% de gagner? Ou 60% de perdu…
On nous crée des besoins. Des addictions.
Aujourd’hui en Afrique plus de personnes ont accès à un téléphone portable qu’à de l’eau courante. Dans certains village on trouve une bonne connection 3G alors que les habitants ne mangent pas toujours 2 fois par jour et que 25% d’entre eux ont le sida. Par souci d’économie on modifie le besoin de ces gens, rendant ces pays dépendant de notre capitalisme aigri et égoïste dont les leaders n’ont pas plus de charisme et d’humanité que ces leaders africains marionnettiste et mis en place par nos gouvernements. S’il ne nous plaît pas? On l’élimine.
Regardez khadafi. Des années a lui le « lécher le cul », lui « sucer son pétrole. Puis on découvre que c’est un monstre, on le crée ainsi…puis on le tue Et on va « sucer » ailleurs.
Après on nous parle d’ethnie en permanence. De religions. Comme par hasard les fou religieux on toujours le cul posé sur des puits de pétrole…
C’est nous, notre capitalisme qui crée ce besoin qu’on les africains à venir en Europe. Leur eldorado. Ce qu’on leur montre de nous. C’est vrai que directement ce n’est pas de notre faute s’il n’ont d’avenir chez eux. Mais indirectement ça l’est. Car notre système est trop dépensier, consommateur, pour s’appliquer à tous. Et qu’il faut se nourrir ailleurs et que l’Afrique est remplie de « nourriture ». Et puis aujourd’hui 3x plus de personnes meurent d’obésité que de famines. Mais si les solutions existent, les excusent sont plus facile.
Oui aujourd’hui je vois le monde, notre Terre, comme une petite ville bien développée. Tout le monde connaît tout le monde. Se souri par devant. Et au final plus personne ne connais plus personne.
Et comme toute petite ville bien développée on trouve des égouts. Là où coule le surplus. Les poubelles où le surplus, car c’est souvent ça, est jeté. Et l’Afrique c’est un peu là qu’elle se trouve.
Des égouts magnifique. Mais des égouts quand même.
Ce n’est qu’une image mais... BIBIP! BIBIP! Ah j’ai reçu un message. C’est Niko. « J’ai trouvé une place à Koster, le pasteur va t’héberger!!!! » Ce type est incroyable. Non content de m’avoir offert l’hospitalité et plus encore, il a passé l’après midi à trouver quelqu’un qui m’hébergerait dans la prochaine ville. En l’occurrence le pasteur de Koster.
De nuit je rejoins Koster. Et là encore, l’hospitalité est tenace. Je reçois meme un peu d’argent.
Payer pour rouler.
Et ce matin je repars avec un cadeau, le maillot des springboks, l’équipe nationale de rugby d’Afrique du Sud qui appartient au top 3 mondial. Un beau souvenirs Et des nouvelles adresses. Maintenant j’en ai 6. L’Afrique du sud s’annonce bien.
Alord je continue sur cette route secondaire mais goudronnée. Tient ça me rappelle la Suisse. Y a pas que les routes principales qui sont goudronnés. Il y a toujours plusieurs routes à choix pour rejoindre une ville.
Et je m’enfonce petit à petit dans cette Afrique du Sud intrigueante mais passionnante, parfois blessante. On me parle des migrants zimbabwéens qui travaillent pour moitié moins que le salaire minimum d’ici. Parce que c’est plus élevés que chez eux. En plus ils sont nourris logés par les fermiers tout content d’employer des hommes motivés qui travaillent dur et bien pour pas grand chose. Mais ce n’est pas légal. Les noirs d’Afrique du Sud voient ainsi beaucoup de postes s’envoler. Et c’est ainsi que les tueries de migrants ont commencé.
Là aussi on a parlé de problème d’ethnies.
Économie…(?)
Mais je m’enfonce, disais je, dans cette Afrique du Sud. Persuadé qu’avec toutes ces adresses les detours vont se cumuler, les cols et les bords de mer aussi. Et le monde que je vois aujourd’hui je le verrai différemment demain.
Car bien que l’histoire soit lourde, les sourires sont bien léger. Et qu’en tant que voyageur la seule chose que je peux changer c’est moi même. Tout le monde a droit à une opinion. Mais là jai le pouvoir de liberté. Autant en profiter.
Et puis l’histoire c’est hier. Ce sera demain. Mais les sourires ce sont le présent.
Pas à pas me voici presqu’à Pretoria. Je suis déjà 2 fois invité…
Merci qui?
Merci Nelson Mandela
Olivier Rochat