Km 10’333, Bahir Dar, Ethiopie.
Entre le Nil et moi c’est une longue histoire. Une histoire qui dure depuis plus de 2 mois et 4’300 kilomètres. En voici la chute…
La chute du Nil… A 36 kilomètres de Bahir Dar, se trouvent les chutes du Nil. Superbe à admirer malgré le « peu » d’eau qui y coule en ce mois de février. En effet c’est la saison sèche en Ethiopie, la saison des pluies étant de juillet à mi-septembre. Mais peu importe moi je profite de quelques jours de repos à Bahir Dar donc je fais un peu de tourisme et c’est avec grand plaisir que j’ai pu admirer le Nil une toute dernière fois. Avant de le retrouver, peut-être en Ouganda, sous le nom de Nil Blanc… En effet, entre le Nil et moi c’est une longue histoire. En voici déjà la chute. A défaut de fin… Enfin on verra bien. En Afrique tout n’est que probabilité.
Découverte des hauts plateaux et du « Farenje »
C’est après avoir grimpé 4 cols à plus de 2000 mètres d’altitude que je suis arrivé à Bahir Dar, troisième ville d’Ethiopie et située sur les bords du Lac Tana, à 1830 mètre d’altitude. Si le Lac Tana est le plus grand lac d’Ethiopie, c’est également la source du Nil Bleu, dont je viens de vous monter la chute un peu plus haut. Quand à Bahir Dar, c’est la troisième ville d’Ethiopie.
La route pour arriver à Bahir Dar depuis Azezo ne fût pas très difficile, malgré deux petits cols situé entre 2100 et 2300 mètres d’altitude. Les 80 derniers kilomètres furent même presque plat (le plat tout plat n’existe pas en Ethiopie). J’y ai découvert une nature calme, faite de grand champs et de fermes, d’arbres énormes où la vie de ceux qui peuplent ces terres n’a pas l’air bien facile.
Pas un seul éthiopien ne me laisse passer sans dire un mot. La plupart du temps c’est des grands signes, des grands geste et parfois on m’invite à partager l’Injera* ou/et une bière. Mais parfois les gamins sont plus agressifs et me courent après, me lancent des cailloux et commencent à mendier (les adultes mendient aussi fréquemment) et parfois c’est carrément l’émeute. Dans les villages certains jeunes s’accrochent à mon porte bagage, essayant d’attraper une sacoche…
Le poème du Farenje (de l’étranger)
Farenje Farenje Farenje!!!
Ici je ne suis rien. Rien d’autre qu’un étranger. Un Farenje. Un blanc qui plus est. Et à vélo…
Suffisamment lent pour être rattrapé.
Dans les villages je suis le Farenje. Parfois adulé. Parfois détesté. Dur dur de se faire respecter. Entre deux cailloux, un ado me saute dessus et manque de me faire tomber. Un deuxième suivra. S’en est trop. Les nerfs craquent. J’en viens aux mains. Les mots quant a eux sont vilains.
Le village me défendra. Je suis dans mes droits. Un Farenje a des droits ici.
Oh Éthiopie, oh Éthiopie! Tu as beau être ma plus belle, par instant si je pouvais je te tuerais.
Mais je sais bien qu’en te vivant je souffrirai, et que c’est en souffrant que je te surmonterai. Et en te surmontant qu’un jour homme je deviendrai.
Oh Éthiopie, oh Éthiopie! Chaque matin je t’attends un peu plus, chaque soir je t’aime un peu plus. Entre les deux… ben comment dire? Par instant oui je te hais! Mais toujours je te pardonne, car tu n’es pas que ma plus belle. Tu es l’Éthiopie…
Je voulais voyager. Rêver. Je voulais de l’aventure. J’ai l’Éthiopie…
C’est déjà ça!
En direction de la (probablement) plus haute route asphaltée d’Afrique
Pour le reste j’ai pris 3 jours de repos à Bahir Dar, histoire de recharger les batteries. En effet les batteries devront être bien chargées pour atteindre Addis Abeba, capitale de l’Ethiopie. Pour cela deux routes s’offrent à moi: la première c’est celle du Sud: 600 kilomètres jusqu’à Addis Abeba. C’est la plus plate également. Elle est également traversée par le Nil Bleu (encore lui) qui traverse la montagne façon canyon. La deuxième c’est celle du nord (centre de l’Ethiopie). Près de 900 kilomètres jusqu’à Addis Abeba et également trois cols à plus de 3000 mètres d’altitude dont le deuxième monte jusqu’à plus de 3550 mètres d’altitude, ce qui en fait probablement la plus haute route asphaltée d’Afrique. Oui je dis bien probablement car les sources ne sont pas très claires et certains sites déclare que la plus haute d’Afrique est au Lesotho et monte jusqu’à 3200 mètres d’altitude.
Bref… il me semble que 3’550 est supérieur à 3’200 mais peu importe, émerveillé par l’Ethiopie malgré la difficulté je choisis la route du centre, qui me mènera notamment à Debre Tabor, Weldiya, Dessie ou encore Debre Sina, autant de belles villes, différentes et montagneuses, séparée chacune de quelques centaines (milliers) de mètres de dénivellation… Addis Abeba est encore loin… Il m’en faudra manger des Injera! Toujours est-il que je n’ai pas fini de grimper…
*Injera =plat traditionnel éthiopien. On en mange partout, dans chaque village, chaque restaurant, chaque gargotte ou chez l’habitant également on trouve l’Injera.
L’injera est une sorte de grande galette humide sur laquelle on dispose différent mets, qui peuvent varier des légumes à la viande, accompagnée de différentes sauces. On mange avec les mains, déchirant un morceau de l’Injera pour prendre un des mets proposés. Sur la photo c’est une Injera « vegetables », avec des patates, des tomates, du foul (beans) de la salade, différentes sauces dont le Shiro que l’on trouve au centre. Ainsi qu’une bière éthiopienne, la Dashen, en arrière plan (toujours une bière).
Bref, j’ai repris des forces, demain je repars en direction des hauts plateaux…
Olivier Rochat