Km 6920, Bawiti, Egypte.
Après 15 jours passé au Caire j’ai enfin changé d’horizon. 15 jours bienvenu tout de même entre repos et tourisme mais enfin je suis bien content de retrouver ce bel horizon : celui de la route et pour commencer ma longue traversée de l’Afrique, celui du désert.
En direction des Oasis
Il existe trois routes pour traverser l’Egypte du Nord au Sud. La première c’est celle de la Mer Rouge et d’Hurgada. Complètement inintéressante bien qu’accessible. Mais y croiser des routiers complètement barrés (les egyptiens roulent vraiment n’importe comment) entre deux hôtels de luxe polluant le désert au possible ne m’attirent guerre. A la limite si je comptais m’y rendre pour y faire de la plongée pourquoi pas. Mais comme ce n’est pas le cas…
La seconde c’est la route de la vallée du Nil. Surpeuplée et très dangereuse, c’est aussi la plus directe. Cependant depuis une dizaine d’année une escorte policière est OBLIGATOIRE pour TOUS les voyageurs. Si je n’avais pas le choix OK, bien que l’idée de me coltiner des policiers sur plusieurs centaines de kilomètres m’est plutôt répugnante. Mais bon puisque j’ai le choix j’ai choisi:
En effet la troisième route est la route des oasis. La plus longue des trois également car elle s’en va dans le désert, à l’ouest du Nil. Par contre c’est également la plus belle et la plus tranquille et bien qu’elle traverse le désert nous sommes en plein hiver et les température n’ont rien d’affolantes. A peine 20°C la journée et parfois du gel la nuit, bien que normalement cela stagne à 4 ou5°C. Après mon temps de repos dans l’énorme cité du Caire, je me lance donc à travers le désert, en direction des oasis.
Un nouvel An dans le désert
C’est donc ça, ce rêve qui m’a tant fait rêver ? C’est donc ça, ce chemin qui m’a tant fait cheminer ?
Le sable plat partout autour de moi, ce goudron droit, tout droit en face de moi, ce vent qui me rentre dedans et ce soleil brûlant comme unique horizon.
Au moins le silence me fait gagner en patience…
Soudain ce camion qui le rompt. Me dépassant il manque d’un rien de m’exterminer en poussant un gros coup de klaxon!Je crois qu’il me provoque mais peu importe moi je m’en moque tandis que juste après cet autre camion me croisant, m’arrête là, net ! J’ai mis pieds à terre. Faut dire le vent qu’il dégage est suffisant pour me stopper. Je suis déjà tellement lent.
Et puis le soleil franchit l’horizon. Une année se termine. 2014 est faite mais pour moi ce soir ne sera fête. Juste un bivouac solitaire au milieu du désert et cet autre qui débute. 2015 à l’horizon, sans toit mais toujours avec toi. Et puis bien sûr des buts pleins la tête puisque de toute façon t’as pas besoin de maison quand t’as l’horizon !
Deux jours après avoir quitté le Caire, 2015 est venu, comme prévu (!). Moi je l’ai débuté bien enroulé dans ma tente, caché derrière une dune malheureusement trop petite pour m’abriter du vent. Vent violent. Vent froid. Par moment j’ai cru que ma tente allais s’envoler… Bref une nouvelle année débute, et pour moi c’est en Afrique que cela se passe !
En route vers le désert blanc
Les 200 premiers km sont très monotones. Vaste étendue de sables autour de moi, soleil chaud la journée, et puis, 1 à 2 heures après le coucher du soleil, la température chute.
Sur les 200 premiers km je verrai deux petits magasins de bord route, histoire de me ravitailler. La journée on avoisine bien les 30 °C mais dès le troisième jours, le vent devient très violent et froid, même la journée. Je me vois donc surpris à pédaler avec gants et bonnets par moment, du moins lorsque le soleil se cache derrières les nuages. De plus, bien que je descende vers le Sud, ma route esquisse un gros lacet sur l’Ouest ce qui fait que je me retrouve avec le vent dans la face sur plusieurs dizaines de km…
La troisième journée, bien que paradoxalement beaucoup plus belle que les deux précédentes, ressemble à s’y méprendre à un long calvaire… Finalement je passerai ma nuit dans une « ambulance station ». Sorte de petit centre médical de bord de route. Là deux ambulanciers y résident, près à porter secours à la premières âme en peine. On m’offrira à boire, à ainsi que le coucher. Heureusement car la nuit fût glaciale.
Cependant ce que je découvre le long de ma route est beaucoup plus intéressant qu’auparavant. Effectivement j’avance maintenant de collines en collines, ou de dune en dune et parfois le sable y est presque blanc, parfois presque terre. Et puis ces vastes formes caillouteuse sur les bords de route. On dirait qu’elles sont venues tout droit d’une autre planète ! C’est le début du désert blanc, enfin pas tout à fait, mais celui-là, le fameux désert blanc, je l’attends de pédale ferme.
D’ici là de vaste horizons me servent de décor… d’autant plus que la circulation à beaucoup baissé depuis le dernier magasin. Je croise maintenant peut-être cinq ou dix voitures par heures alors qu’encore hier je ne passais que rarement cinq minutes ou plus sans en apercevoir une seule.
Oasis à l’horizon
Bahariya, Bahariya… Enfin ! M’y voici !!! Pas trop tôt ! Soudain le sable devient vert, des dattiers, palmiers et toutes sortes de verdure se dressent devant moi, un plein de circulation, des motos, des tuk-tuk, des camions… me voici enfin au premier oasis, l’oasis de Bahariya. Enfin les premiers puisque ici il y en a plusieurs. Moi je continue sur Bawiti, le centre. Là c’est un bref retour à la civilsation que je (re)découvre. Tas de monde, tas d’adolescents… ça klaxonne et ça gigotte dans une poussière omniprésente. Enfin on est bien loin du Caire. Simplement après 350 km tout seul dans le désert, je dois bien dire que ça change.
Il est temps pour moi de m’approvisionner, recharger mes batteries, profiter un peu de ce nouvel univers car bien que civilisation on est bien loin de tout ce que j’ai pu voir auparavant. Les maisons typiques, toit plat, carrées, d’étroites petites ruelles pour les séparer, des gamins qui courent là-dedans… et bien sûr les poubelles par-terre. Bref… Je ne suis pas venu ici pour faire mon Suisse, j’ai bien compris qu’ici dès qu’il y a monde il y a détritus. Je m’y fais donc et profite pleinement de ce premier oasis qui change quand même du Caire et de sa gigantesque fourmilière…
Olivier Rochat