Archives du mot-clé voyage

Des chiffres et des lettres (1000 jours de route)

KV 44’154, Sebba, Burkina Faso.

Le jour 1000!

Le 10 juin 2017 a été mon 1’000ème jour de route.

Voici donc 1000 jours que j’ai quitté mon confort lausannois et, le hasard s’étant mêlé à l’histoire, le 10 juin 2017 a aussi marqué le 5ème anniversaire de Bike for Africa !

IMG_20170610_135005_603

En effet c’est le 10 juin 2012 en gare d’Aigle que Bike for Africa était lancé. J’y pédalais, en direction du col des Mosses, le tout premier km de l’histoire de Bike for Africa. Après quelques 77’667 km de routes me voici là, dans un coin isolé du nord-est du Burkina Faso où l’on mesure 43 degré à l’ombre. Rien de bien exceptionnel par ici. Suffisant selon moi pour passer mes après-midi à l’ombre des routes sur lesquels le sable est brûlant et l’atmosphère pesante. En quelques jours je suis passé de la forêt tropicale togolaise au Sahel burkinabé où je découvre depuis quelques jours cette région fantastique humainement, culturellement et plus encore. Ici vit une partie du peuple Peul qui colore l’atmosphère et apporte à mon voyage un air de National Géographique. Quelque chose d’assez fort.

Pour l’instant je vous laisse mais avant cela je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont aidé notamment lors de mes récents ennuis matériels, les parrains de Bike for Africa qui nous ont permis d’aider à la construction de deux centres de la petite enfance au Togo, mais aussi les membres qui permettent le bon fonctionnement de l’association ainsi que les 4 gars que je ne vais nommer qui sont toujours là pour assurer tout le travail administratif de nos projets.

Un retard à été pris concernant l’envoi de mes « écrits de la route » aux parrains et je tiens à m’en excuser. Nous sommes tous bénévoles et la gestion de l’association vient s’ajouter à des emplois du temps bien chargé pour certains aussi je vous remercie déjà de votre compréhension. Tout ça pour vous dire que l’association continue normalement et que notre dernier projet, soit une aide à la rénovation/construction de l’école maternelle de Matandani au sud du Malawi, va bientôt prendre forme et les parrains en seront bientôt informé plus en détail.

N’hésitez pas si vous avez des questions

Merci encore à vous tous qui me suivez et je vous dit déjà à bientôt par l’image et les mots. Comme La 6ème année de Bike for Africa est en route et dès demain viendra le jour J+1001.

 Mon itinéraire

Voici mon itinéraire durant mes 1000 premiers jours de voyage de Lausanne (Suisse) à Sebba (Burkina Faso).

IMG_20170615_174323_852

Les lignes vertes sont ce que j’ai pédalé Et comptabilisé, les rouges lorsque j’ai du/voulu emprunter un autre moyen de transport terrestre (bus, train, escort policière…) pour différentes raisons, les noires l’avion et les bleues le bateau.

Ces 1000 jours de routes me laissent quelques chiffres sagement noté jour après jour. Des chiffres inutiles, certes, mais qui m’amusent, certainement.

 

Les voici :

1000 jours de routes c’est bien mais sur ces 1000 jours combien y’en a til eu de repos? 495!!! Oui c’est presque la moitié ! Ah ben ça…

Mais aussi 367 nuits en tente, soit plus du tier, 368 directement chez l’habitant, 20 dans des églises ou écoles et quand même 30 dans des postes de polices, militaire ou postes frontière. Corrompu la police africaine ? Pas toujours visiblement !

Il y a eu aussi 146 journée à plus de 100 km pédalé, dont une à plus de 200 (203) et le tout me mène à 44’154 km pour 2’723 heures et des poussières sur la selle. Et oui !

J’ai pas compté les crevaisons mais je suis à quelques 10’000 km de pistes pour tous les goûts. Comptez aussi 33 pays dont 24 en Afrique, soit une moyenne d’un mois par pays et presque 6 semaines dans les pays africain. Et encore 75… tampons d’entrée ou sortie rien que sur le continent africain (24 pays X 2 + 14 pays entrée multiples X 2 -1 car je suis pas encore sorti du Burkina Faso), ajoutez-y 24 pages de passeports utilisée uniquement pour les visas (autocollants) et 2 autres pour des prolongations de visas…soit 44 pages en tout et bien plus de 100 tampons (le passeport est tamponné à l’entrée, à la sortie, lors de l’obtention du visa et des prolongation lorsqu’il y en a -qui sont eux-mêmes souvent des tampons-. Ca fait beaucoup de paperasses et plus de 1800 US Dollars de frais de visas en tout!

Et puis une altitude maximale de 3552 mètres en Éthiopie et un 44 degré a l’ombre au nord du Togo (juin 2017) pour un -6 degré celsius à l’aube en Namibie (Windhoek, juillet 2016) pour les température. Bien loin des extrêmes.

Ma plus grande ville fût le Caire en Égypte (est.a plus de 20 mio. D’habitants) et ma plus grande distance entre deux points d’eau de 283 km au Kalahari (Botswana).

C’est en Namibie que j’ai passé le plus de temps (143 jours) et pédalé le plus de kms (4’595), le visa du Nigeria fût le plus cher (200 euros obtenu à Yaoundé -à Brazzaville il était à plus de 260 euros et même pas 50 à Bamako…) et au contraire les entrée en Namibie, Afrique du sud, Botswana, Swaziland et Lesotho ont été gratuite pour une durée d’un à 3 mois.

J’ai été forcé de m’arrêter à cause de maladie à 4 reprises soit: 1 gastro en Égypte, 1 début d’infection entraînant fièvre au Malawi, de grosses douleurs musculaire puis a la tête en Afrique du sud et 1 crise de malaria couplée à une fièvre typhoïde au Cameroun. Les autres diahrees, rhums, toux etc…n’ont jamais été très fort mais parfois fréquent suites aux changements de température où à la poussière.

On m’a volé 1 fois (téléphone portable) et offert bien plus tout au long de ma route.

Petite pensée encore pour tout ceux qui m’ont aidé, accueilli, nourri, retapé etc… Merci du fond du cœur!

Et que l’aventure continue!

IMG_20170610_134948_687

Olivier Rochat

Sahel

Km 44’497, Kaya, Burkina Faso.

Tout au long de ma route au Burkina Faso de nombreuses personnes m’auront touché de par leur simple et authentique bienveillance à mon égard, transformant cette région magnifique du Burkina Faso en véritable coup de coeur tant les jours que j’y ai passé ont été agréable et magnifique.

Après le tropical Togo, j’ai rejoins le désertique Sahel, pour le meilleur et en sourires.

Olivier Rochat, Dori, le 11 juin 2017.

IMG_20170617_122436_792

Le soleil se lève au Sahel

De plus en plus aride

Dès mon entrée dans ce pays d’Afrique de l’ouest -mon 5ème- j’ai continué à monter au nord est du pays et chaque jour se voyait plus sec, plus aride que le précédent. Les arbres se faisaient de plus en plus rare laissant apparaître de nombreux arbustes épineux entourant mes pistes poussiéreuse où parfois les impressionnants baobabs, fleuri en cette saison, m’offraient des paysages agréable et surprenant.

IMG_20170618_180426_072

des paysages agréable et surprenant

À ce moment l’herbe n’était plus seulement jaunie, elle avait déjà disparu. J’étais au Sahel dans une région qui aura été un véritable coup de coeur : celle où vit le peuple Peul.

IMG_20170617_130837_407

Les paysages sont de plus en plus arides et poussiéreux à mesure que je monte au nord.

Ici pas de goudron et très peu d’occidentalisation. Si ce n’est par quelques motos qui me passent,me demandant bien souvent d’où je viens, où je vais. Et parfois, lorsque les pistes le permettent, un bus surchargé d’affaires et d’Hommes dans un désordre éblouissant.

Mais la majeure partie du trafic que je croise ici c’est les vélos. Innombrables à l’approche de chaque régions peuplées, j’y croise femmes et hommes, jeunes et vieux, chrétiens et musulmans. Et puis c’est également le retour des ânes qui transportent parfois d’impressionnantes charges tirant de petites charrettes souvent guidées par de jeunes enfants.

IMG_20170618_180545_856

J’y croise femmes et hommes, jeunes et vieux, chrétiens et musulmans

Une étouffante chaleur

Ici on vit tranquillement. Et j’essaie d’en faire de même et lors de mes premières journées au Burkina le climat, de toute manière, ne m’a pas vraiment laissé le choix. De plus de 30 degré au plus « froid » de la nuit à bien au delà de 40 en pleine après-midi, il faut apprendre à se gérer, à s’écouter et parfois se protéger pour ne pas prendre de risque inutile. Ainsi bien souvent mes après-midi se passent dans l’ombre que je trouve le long de ma route, au marché d’un village, dans une petite épicerie où alors au pied d’un arbre où dans un lac où j’en profite pour y faire lessive et me dépoussiérer un peu.

IMG_20170617_123109_603

Parfois je me repose au pied d’un arbre où dans un lac où j’en profite pour y faire lessive et me dépoussiérer un peu.

Dans cette région isolée où rares sont les blancs à s’y aventurer j’aurai partagé de nombreux instants sympathiques avec les locaux souvent amusé et surpris de ma présence. Curieux, on m’aborde régulièrement, soit directement sur la route, soit dans les villages que je traverse où il m’est difficile de pouvoir communiquer en français, de nombreux villageois ne le parlant simplement pas.

IMG_20170617_120828_213

Un village isolé du Sahel

Des rencontres touchantes, simples et amusantes

Dans un marché Peul, où l’on échange chèvre et achète tissus coloré dans un désordre amusant, je profite d’un coca pour me rafraîchir un peu. Je m’arrête. Salue le commerçant qui ne parle peu le français. Je m’assieds et lorsque je me retourne j’aperçois des dizaines d’enfants et ados , peut-être 100, entourant mon vélo. Le tout dans un calme tranchant avec la curiosité naturelle et compréhensible des jeunes enfants. Ici le vélo est LE moyen de transport par excellence mais rassurez-vous, ce n’est pas par choix de vie ou soucis d’écologie et la situation me rappelle parfois celle vécue au Malawi, seule pays africain pouvant « concurrencer  » le Burkina dans ce domaine. Pour beaucoup il est le seul moyen de transport accessible aussi on l’utilise non seulement pour se déplacer mais également pour transporter d’importante charge -le vélo est alors poussé, parfois sur plusieurs km, car beaucoup trop lourd – où parfois comme taxi. Aussi beaucoup de jeunes me regardent avec envie mais toujours en me respectant Et ce genre de scène sera monnaie courante au Burkina Faso.

IMG_20170617_123006_002

Ici, comme dans le reste des régions rurales d’Afrique, l’anonymat n’existe pas.

Vous l’aurez compris ici, comme dans le reste des régions rurales d’Afrique, l’anonymat n’existe pas. On vous salue, on vous aborde et parfois on vous demande de l’argent, un cadeau et jamais on ne se retrouve seul. Ou si rarement. Mais au Burkina plus qu’ailleurs j’ai été surpris par la bienveillance des gens à mon égard, Comme c’est souvent le cas dans les régions musulmane, beaucoup plus accueillantes en mon expérience, mais également dans les régions qui n’ont qu’un contact limité avec les étrangers, qu’ils soient touristes, travailleurs humanitaires ou venu par simple souhait de rentabilité. Dans ces cas là la curiosité des locaux à votre égard est bien souvent plus authentique et beaucoup moins guidées par l’intérêt économique -éventuelles – apportée par le fait d’avoir un ami blanc.

DSCF6082

Je peux traverser cette rivière seul, mais instantanément on vent le proposer de l’aide. Certains marchents plusieurs centaines de mètres.

Parfois de jeunes enfants viennent me serrer la main puis repartent timidement. Une autre fois je profite d’un lac en pleine après-midi pour me rafraîchir et bien sûr je ne passe inaperçu. Dès qu’ils m’aperçoivent venir en direction du lac les jeunes hommes qui s’y baignent se figent et me fixent quelques instants, intrigués par ce blanc qui vient se baigner la, tout comme eux. Arrivé au bord du lac je les salue simplement et ils me répondent, commencent à sourire et peu à peu se font moins timide. Mais lorsque je m’avance j’ai maintenant une trentaine de regard figé sur moi, qui m’épient avec curiosité. Il faut quelques instants pour que l’atmosphère se détende un peu et pour que la spontanéité reprenne le dessus et que s’installe entre nous une sorte de jeu, les plus jeunes plongeant sous l’eau brune pour essayer de me toucher sans que je les attrape. Un jeu qui me rappelle celui qui nous jouions à l’école et dont le nom a du être interdit je crois : qui a peur de l’homme noir. Ici c’est qui a peur du blanc. Le tout finira dans les rires et amusements de ces rencontres particulière de deux qui cultures qui se croisent sans pouvoir communiquer plus que quelques mots, instaurant une communication gestuelle, parfois simple jeu de regard entre des Hommes curieux les uns pour les autres et dont la spontanéité prend le pas sur toute forme d’organisation possibles.

 Ici c'est qui a peur du blanc. Le tout finira dans les rires et amusements de ces rencontres particulière de deux qui cultures qui se croisent sans pouvoir communiquer plus que quelques mots

Ici c’est qui a peur du blanc. Le tout finira dans les rires et amusements de ces rencontres particulière de deux qui cultures qui se croisent sans pouvoir communiquer plus que quelques mots.

De retour sur la route je m’arrête au puits histoire de me ravitailler et c’est peut-être le lieu le plus fréquenté, celui dont la vie de ces communauté dépends. L’eau c’est la vie et elle n’est pas courante. Non c’est en marchant qu’on la porte. Plusieurs litres sur la tête et ce sont les enfants ou adolescents, lorsque ce n’est pas les femmes, qui sont le plus souvent chargé de pousser la pompe pour en sortir l’eau que les femmes porteront au village. Ici le confort est illusion pour beaucoup, un rêve pour certains, un souvenir pour moi.

IMG_20170617_121605_472

ce sont les enfants ou adolescents, lorsque Ce n’est pas les femmes, qui sont le plus souvent chargé de pousser la pompe pour en sortir l’eau

On vit finalement avec le strict mininum mais sans manquer de rien. On dort sur une natte, parfois sur un banc, on mange pour se nourrir et non pas par plaisir du goût et puis il n’y a pas de système social mais la famille le remplace et faute d’électricité -hormis dans les plus gros village- même les TV se font rare. Aussi rare peut-être que les SDF et plus que jamais les habitants mélangent ce paradoxe, celui de vouloir partir tout en sachant, inconsciemment, se contenter de ce qu’ils ont.

IMG_20170617_121534_979

Plusieurs litres d’eau sur la tête

Une région proches de zones dangereuses

Presque l’entier de la population se retrouve au chômage c’est à dire sans salaire n’y aide du gouvernement aussi chacun survit comme il peut, en vendant du riz au marché, improvisant une cafétéria où le nescafé en poudre demeure le roi, en faisant frire des beignets dans la rue ou troquant ses biens contre d’autres. J’ai sous les yeux n’ont pas un autre monde qui défile mais peut-être bien une autre époque.

IMG_20170618_180121_711

J’ai sous les yeux n’ont pas un autre monde qui défile mais peut-être bien une autre époque.

Pourtant tout au long de ma route au Burkina Faso de nombreuses personnes m’auront touché de par leur simple et authentique bienveillance à mon égard, transformant cette région magnifique du Burkina Faso en véritable coup de coeur tant les jours que j’y ai passé ont été agréable et magnifique.

IMG_20170618_180036_020

Véritable coup de coeur tant les jours que j’y ai passé ont été agréable et magnifique.

 

D’une douceur inattendue à cet instant du voyage, comme pour me rappeler peut-être que l’Afrique ce n’est pas encore terminé pour moi et qu’il va me falloir garder l’esprit ouvert si je ne veux pas passer ces derniers mois en simple traversée. Une douceur paradoxale elle aussi avec de nombreuses parties du Sahel qui aujourd’hui compte parmi les plus dangereuse qu’un voyageur puisse traverser. Mais comment l’attitude des gens que je croisent peut-elle trancher autant avec celle de ceux qui les terrorisent, un peu plus au nord ?

 

Lorsque je rejoins Dori, petite ville du Sahel, je sais bien que ma remontée Sur le nord, ce détour là, s’arrête ici. La situation ne me permet pas de continuer sereinement et de toute manière la police ne me laisserait jamais passer. Comme prévu je redescend au sud, direction Ouagadougou la capitale. Je laisse déjà le Sahel, magnifique et prenant, derrière moi.

Et avec lui c’est beaucoup de sourire que je laisse derrière moi également.

IMG_20170618_184705_967

Je laisse déjà le Sahel, magnifique et prenant, derrière moi. Et avec lui c’est beaucoup de sourire que je laisse derrière moi également.

Olivier Rochat

La Mort mord

Km 42’850, Zogbegan, Togo.

-Quelques lignes écrites ce matin, au lendemain d’une rencontre incertaine

Le 20 mai 2017.

Il me fascine autant qu’il m’effraie. Il m’intrigue et moi je m’enfuis quand je le sens près.

Enfant je me souviens de deux livres que je feuilletais avec insistance, fascination et parfois un semblant de crainte: l’atlas Mondial qui appartenait à mon frère et un autre qui m’expliquait reptiles et autres crapauds.

Dans le premier j’apprenais les capitales et redessinait les cartes. Ainsi Vilnius, autant que Lilongwe, sur le papier, n’avait plus de secret pour moi. Parfois je m’égarais dans les Balkans puis, après un après-midi aux îles Salomon, je m’endormais dans la vallée du Rift. Dans le second j’adorais la grenouille qui me servait de doudou, je rêvais de voir, en vrai, un iguane vert mais lorsque venais la page du serpent très vite je la tournais. Je n’osais ni la regarder, ni la toucher. Le serpent m’effrayait. Pourtant, déjà, il me fascinait.

Le jeune garçon que j’étais a fini par partir sur ce continent où ne vivent pas les iguanes vert mais où les grenouilles s’en donnent à coeur joie comme ce fût le cas avant hier à Brazza et plus récemment aux alentours d’Accra. Les cartes quant à elles si je ne les dessines plus je m’essaie à les pénétrer. À découvrir ce qui se cache derrière leurs traits, leur chiffre et leurs couleurs. Voir un peu si elles disent vrai. Et je les aimes toujours autant.

Le serpent quant à lui, j’ai appris à ne plus tourner la page lorsqu’elle apparaît mais aussi, c’est vrai, ce n’est plus dans un livre qu’il apparaît et toujours autant il m’effraie, presque autant qu’il me fascine.

Ce bon vieux serpent.

IMG_20170523_083747_985

« Un tube noir d’un bon mètre rampe, élégamment, en direction d’un endroit que tu ignores encore. Du gibier probablement.

L’air noble, celui-ci se déplace tranquillement, semant la mort d’un coup de dent, de son venin puissant qui sans crier gare emporte la vie à la bête qui, trop près de sa tête, s’égare.

Il passe son chemin, sortant de l’herbe haute dans laquelle il y a un instant tu t’assis, traverse cette piste, quelques mètres en face de toi, puis disparaît dans le fourré.

Disparaît comme s’il n’avait jamais existé.

Maintenant tu ne sais où il est, où il se cache dans cette herbe où parfois tu y plantes ta tente, puis quelques mots que tu chantes. Avant de t’endormir. Paisiblement. Du sommeil du juste dans la savane africaine, oubliant que nature est injuste autant que vie est incertaine.

En ces début d’après-midi où la pluie aime bien se faire attendre, la mort aime bien se promener. Bain de soleil comme aime tant les sangs froids. Les invertébrés.

Du sang froid pourtant il en faut pour ne pas paniquer lorsque la mort apparaît, fascinante, élégante, au pied du fourré.

Puis traverse la route quelques mètres, à peine, au devant de tes roues. Un saut et tu es mort !!!!! Probablement. L’hôpital le plus proche ? Aucune idée. Demain certainement. À condition de trouver une voiture. Et qui sait si son venin attendra jusque là, qui sait si tu préférerais goûter au ciel directement, plus tôt qu’après un long plaidoyer, le coeur suffoquant.

Peut-être n’est il pas venimeux ? « Peut-être » vaut-il mieux ne pas le lui demander ! Certainement.

Le serpent, considéré par ici comme l’envoyé de Satan, le serpent sème la mort et toi t’es content, tu sais, quand il t’ignore.

Et disparaît dans le fourré dans lequel, c’est sûr, ce soir tu ne dormiras point.

Pourtant demain, déjà, comme l’abruti en vie que tu es, tu recommenceras.

Et dans les parages du serpent qui rampe silencieusement tu t’endormiras.

Parce-que c’est plus fort que toi. Bien lui aussi, il est plus fort que moi. « 

IMG_20170523_084440_894

Olivier Rochat

Saison des pluies

Km 42’332, Brekusu, Ghana.

Petit « texte réflexion » écrit en quittant Accra, débutant la saison des pluies, le 9 mai 2017.

DSCF5122

Je quitte Accra.

Je quitte Accra. Je quitte la côte de l’atlantique après 2 mois à leur côté. 2 mois partagé entre 2 capitales, Lomé et Accra, capitales respectives du Togo et du Ghana, et Cotonou, plus grande ville du Bénin.

2 mois très particulier partagé entre démarches administratives, retrouvailles puisque j’y ai retrouvé non seulement ma mère durant 2 semaines, plus de 30 mois après nous être quitté, mais également Séverine présidente de To go to children, venue avec une amie, et aussi d’aboutissement puisque ensemble nous avons participé à l’inauguration de notre seconde école non sans avoir visité la première, construite en 2013.

Puis les pauses se sont prolongées à Accra, pour raisons plus intimes. Et aujourd’hui, après deux mois de pause quasi constante, je reprends la route. Je quitte la côte, je quitte Accra et son climat étouffant où se mélange constamment chaleur et humidité dans une lourdeur éreintante.

Une lourdeur climatique qui me poursuit depuis mon arrivée en Afrique de l’ouest. Dès lors se sont mélangés tantôt la chaleur, dans la partie nord du Bénin (41 degré), tantôt l’humidité et les nuits particulière dont les températures en cette saison ne descendent jamais, hors orage, en dessous de 25 degré atteignant souvent les 27 degré au petit matin.

Vers une longue saison des pluies ?

Mais ces derniers jour le climat se décide enfin à changer, voici la saison des pluies qui arrivent. Tout du moins les orages se rapprochent les uns des autres, les nuages couvrent le ciel de plus en plus régulièrement.

Pour moi ce sera la 4ème que je m’apprête à traverser, mais si jusqu’ici je m’en étais plutôt bien tirer, il est fort probable qu’il en soit différent cette fois. En effet la saison des pluies ne touchent pas tous les pays au même moment.

Progressant dans la même direction qu’elle je risque fort de la retrouver tout le long de ma route jusqu’à Dakar, soit sur plusieurs milliers de km.

3 solutions s’offrent à mois pour traverser l’Afrique de l’ouest :

La 1ère c’est foncer, passer tout droit et traverser chaque pays en début de saison des pluies et notamment en Guinée où les routes ne sont pas souvent goudronnée et la pluviométrie annuelle de certaine régions du pays est multipliée par 4 par rapport à d’autres pays d’Afrique de l’ouest.

La 2ème c’est continuer sans se poser de questions.

La 3ème c’est profiter de la longueur de mes visas pour ne pas précipiter mon action et ainsi éviter le gros de la saison des pluies et traverser la Guinée au mois d’octobre seulement, évitant les mois de Juillet et août notamment, alors qu’il y pleut, en moyenne, 3 fois plus qu’à Londres sur une année entière (la mousson africaine).

Solutions la plus logique à mes yeux mais qui signifierait un retour…en 2018. Ce qui n’est pas pour me déplaire.

Enfin sur la route

La pluie de ce matin est venue elle aussi me conforter dans cette idée, comme je le fais depuis plusieurs mois maintenant.

DSCF5125

La pluie de ce matin

En effet sortir d’Accra, ville de plus de 2 millions d’habitants, ne fut pas une réelle partie de plaisir. Déjà que jouer avec un trafique pas toujours bienveillant avec les quelques cyclistes qui osent s’aventurer sur ces 3 voix n’est pas agréable en soit, mais lorsque la pluie s’y mêle, cela devient vite une galère dont vous n’attendez qu’une chose, vous éloigner. Mais la pluie étant arrivée de manière si inattendue, une dizaine de minutes après mon départ, je me retrouve vite coincé au milieu de cette circulation dont il ne manque bientôt que des rames au voiture pour que j’aille l’impression de faire du pédalo. En attendant, c’est moi qui rame.

Heureusement, aussi soudainement que cette prochaine avait débuté, la pluie s’est arrêtée. En bordure d’Accra. Comme pour me dire : te voici parti, je m’arrête !

Avant de reprendre de plus belle quelque instant plus tard m’indiquant ainsi que la pluie en cette saison est tout et beaucoup à la fois. Sauf prévisible.

À douceur retrouvée, quelques dizaines de minutes plus tard, voici que c’est une colline, en sortie d’Accra, que je retrouve. Ma première véritable montée depuis mon arrivée en Afrique de l’ouest. Et cette fois ce n’est pas un faux plat mais une véritable montée dont j’aperçois, au pied de cette dernière, cette route qui serpente la colline me laissant apercevoir quelques instants plus tard, au fil des virages et de l’ascension, Accra que je laisse derrière moi. Comme une princesse qui s’en va en me disant revient. En me disant suis moi !

DSCF5134

Accra que je laisse derrière moi.

 

Comme si Accra pleurait.

Cette montée je l’aborde comme un col alpin. Un Galibier, un Stelvio, un Grand-Saint Bernard. Sauf que le col d’aujourd’hui n’est qu’une colline et que la route qui y grimpe ne monte pas sur plus de 5 km. Mais bien qu’il n’aie pas (encore) plu ici, la pluie que je laisse derrière moi apporte une humidité écrasante, qui frôle les 100%, certainement.

À mesure que je grimpe il me faut lutter. Lutter non pas tant contre la pente mais contre cette lourdeur qui m’écrase. En 3 minutes à peine, alors qu’il y a peu encore je me trouvais dégoulinant de pluie, me voici dégoulinant de transpiration. Pourtant la vue que m’offre l’un des virages est vécue comme une récompense. Comme un violent rappel de ce qui fut souvent, depuis 11 ans maintenant, une certaine réalité: plus une route est difficile, plus elle est belle. C’était déjà le cas hier. C’est encore souvent le cas aujourd’hui.

Ainsi je regarde Accra une dernière fois, d’une vue impensable une heure auparavant, alors même que je me trouvais dans cette même Accra. Un peu comme Di Caprio dans Titanic.

Inversant l’ordre des faits me voici maintenant au nez du bateau. Appréciant comme le monde est beau. Surtout quand on les voit, tu sais, toutes ces merveilles ici bas.

Aussi l’Afrique de l’ouest soudainement me rappelle à chez moi, à ce pays, ces paysages qui me manque ici bas. Tu sais les alpages. Et les routes qui y mènent. Passant d’une vallée a l’autre, mélangeant les langues comme les paysages, passant de l’italien au romanche, après s’être levé en français et avant de s’endormir en Suisse-allemand.

Ma petite suisse.

Du Ghana aux alpes, des bananiers aux glaciers pourtant, il y a un monde, et même plusieurs, d’écart.
Là-bas les montées qui débutent, parfois, presque au niveau de la mer, se terminent, souvent, au pied des glaciers.

DSCF5141

Ici c’est bananier, cacaoyer en manguier tout du long.

Ici c’est bananier, cacaoyer en manguier tout du long. Et on se baigne en regardant les cocotiers. Pourtant demeure ce lien, comme une magie qui opere et qui résiste au temps, comme un plaisir qui rajeunit au fil du temps.

Celui de pédaler. Qui arrive à faire le lien entre une colline au Ghana et ce monde lointain, Celui de chez moi.

Soudainement me voici plongé dans des souvenirs et sensations qui peuvent venir, au fil du temps, à manquer. Un seul regard sur cet avion qui sen va quelque part et sur lequel il est écrit « Ethiopian Air Lines » et je réalise qu’en un instant, ou presque, je pourrais rentrer chez moi. Mais collé à la route, d’une gravité écrasante suite à la pesante lourdeur de l’humidité, je me rappelle à ce que l’Afrique m’enseigne chaque jour depuis bientôt 30 mois. De ces multitudes de règles, comportement et réalités dans lesquels je ne fait que passer mais dont l’une d’elle ressort vainqueur à chaque fois, me réconfortant dans mon chemin, quel qu’il soit.

Ici, on a le temps. Et avec lui tout fini par s’arranger.

Et si l’éloignement m’a enseigner qu’on peut aimer son pays sans aimer chacune de ses idées, de ses réalités, qu’elles soient politique ou éthique, l’Afrique quant à elle m’a enseigné le temps.

Car quel que soit nos idées, nos réalités, politique ou éthique, je pense qu’il demeure, du moment qu’il y’a conscience, notre réalité la plus réelle où même la spiritualité finit par s’y perdre, évoluant, elle aussi, au fil du temps. Tout simplement.

Alors autant vivre avec, le prendre sous toute ces formes, le temps. Et puisque seul lui décide de son rythme, ne devrions nous pas nous aussi le laisser décider du nôtre. Un peu.

Et nous contenter de décider du reste de ce qui est « décidable ? »

DSCF5133

Olivier Rochat

+2

Un Toit pour l’éducation!

Km 41’909, Tsévié, Togo.

Comme vous le savez peut-être, j’ai récemment passé plus d’un mois au Togo. Un mois de pause puisque j’aurai reçu notamment la visite de ma mère puis de Séverine, présidente de To go to children, et l’ une de ses amies. C’est chez Mensah, directeur général de PASYD, l’ONG togolaise partenaire de To go to children, que nous avons été accueillis et partagé ainsi de beaux moments, qu’ils soient culturels, amicaux, gustatifs ou à partager de nombreuses discussions.

Togo2017-6

nous avons été accueillis et partagé ainsi de beaux moments, qu’ils soient culturels, amicaux, gustatifs ou à partager de nombreuses discussions.

Si ce fut un mois de retrouvaille, ce fut également un mois d’aboutissement puisque dans un premier temps j’ai pu recevoir mon nouveau vélo, généreusement « offert » par une cinquantaine de donateur, les PARTICIPANTS, que je remercie encore une fois. Ensuite ce fut l’occasion de visiter, tous ensemble, l’école de Gahpé-Hihlagbé, premier projet soutenu par Bike for Africa, ainsi que de participer à l’inauguration de l’école de Tonoukouti, notre deuxième projet en collaboration avec To go to children. Mais nous avons également visité un orphelinat et un village de poterie traditionnelle.

Togo2017-19

j’ai pu recevoir mon nouveau vélo, généreusement « offert » par une cinquantaine de donateur

Je ne vais pas tomber dans trop d’explications par peur de me perdre mais les liens ci-dessous vous mèneront à plus de détails sur ces projets passés, futurs et présent:

-Inauguration de l’école de Tonoukouti

-Visite de l’école de Gahpé-Hihlagbé

-L’orphelinat de Tsevié (site internet de To go to children)

Voici néanmoins quelques images prises à l’orphelinat et au village de poterie durant ce séjour ensemble au Togo, souvent, il est vrai, dans la bonne humeur partagée avec les plus jeunes:

Togo2017-30

Les enfants de l’orphelinat sont encore timide en notre présence

Togo2017-27

Le matériel apporté aux enfants lors de notre visite

Togo2017-1

A table!

Togo2017-2

Les « plus grands », même très petit, aide les plus petits

Togo2017-31

Concour de photos avec les plus jeunes

Togo2017-33

Togo2017-40

Quelques explications aux élèves

Togo2017-39

Ces mêmes élèves qui sont prêt et attentif

Togo2017-112

Ah la bonne humeur des enfants togolais!

Togo2017-26

Le nouveau vélo est prêt, ça tombe bien… moi aussi!

Olivier Rochat