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Gambie

Km 52’235, Sukuta, Gambie.

Le premier adjectif qui me vient à l’esprit en plaçant la Gambie sur la carte, c’est « petit ». Heureusement, il y en a d’autres qui suivent.

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Heureusement, il y en a d’autres qui suivent.

Oui car cela n’a rien de péjoratif mais la Gambie est bel et bien le plus petit pays d’Afrique continentale, seul 5 états indépendant sont plus petits et ils sont tous des îles. Il s’agit du Cap-Vert, des Seychelles, des Comores, de l’île Maurice ainsi que de São Tomé et principe. En comparaison, l’Algérie, plus grand pays d’Afrique (10ème au monde), est 210 X plus grande que la Gambie (!). Sans prendre en compte que la Gambie est le 6ème pays africain dont le territoire est le plus recouvert d’eau (en pourcentage). En effet 11% du territoire gambien est « fait » d’eau, majoritairement du fleuve Gambie qui a donné son nom au pays. Et en regardant sur la carte, on comprend mieux pourquoi.

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Le pays entier s’articule autour de ce fleuve

Le pays entier s’articule autour de ce fleuve qui prend source en Guinée, traverse le sud du Sénégal avant d’entrer le territoire gambien à son extrême est et d’aller se jeter dans l’océan Atlantique 300 kilomètres plus loin. On obtient là une superficie particulière, une bande de terre longue de 320 kilomètres d’est en ouest et large de 20 à 50 kilomètres seulement. De plus, mis à part son accès à la mer à l’ouest, la Gambie n’a qu’un seul voisin, le Sénégal. Ce qui n’a pas empêché au douanier de la frontière de Badiara, après une petite heure de fouille plus curieuse que de mauvaise foi, de me demander: « alors qu’elle est ton prochain pays après la Gambie? ». J’ai presque eu envie de lui répondre le Nigeria ou la Finlande (au hasard)… Mais bon, la géographie ne me laissant pas le choix, je lui ai donc répondu  » le Sénégal ! ».

Mais pour éviter de m’y retrouver trop vite, au Sénégal, j’ai logiquement décidé de traverser le pays d’est en ouest.

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j’ai logiquement décidé de traverser le pays d’est en ouest.

Traversant le Gambie (le fleuve donc) à deux reprises j’ai profité d’avoir cette fois le vent avec moi. L’Harmattan qui, soufflant depuis le Sahara (nord-est), m’a poussé durant 300 kilomètres en direction de l’océan, partie agréable et hautement profitée tant l’on m’a promis l’enfer pour les 3’000 prochains kilomètres qui m’attendent pour rejoindre l’Atlas marocain.

Traversant le Gambie (le fleuve donc) à deux reprises.

Traversant le Gambie (le fleuve donc) à deux reprises.

Bien que sympathique et parfois très joli avec ses petits villages aux petites maisons rondes et où la circulation principale est constituée de charrette qui m’ont rappelé au Sahel burkinabé, le pays reste très plat, de petites collines tout au plus. Les baobabs et autres gigantisme de la nature m’ont offert une atmosphère particulière, belle sans être extraordinaire, idéale pour repartir du bon pied après 2 semaines « émotivement » difficile où, dans une Afrique pourtant beaucoup plus facile que celle découverte lors des derniers mois, j’ai eu un peu de mal a trouver ma place. Trouver mon rythme. À me demander presque ce que faisais là, les nerfs épuisé et l’irritation fréquente. J’en ai même pris quelques distances, effectuant de nombreux bivouacs solitaire à parler aux étoiles. Histoire de me retrouver. Et d’éviter, aussi, de manquer de respect à une population qui n’a certainement pas demandé à ce que je vienne traverser sa Terre.

ses petits villages aux petites maisons rondes.

ses petits villages aux petites maisons rondes.

Mais peu à peu, retrouvant le rythme plaisant de longue étapes, de nuits solitaires entrecoupée du simple partage des bords de route, cumulés à d’autres particulière, tel cel avec Markku, finlandais qui a tout quitté en Europe pour venir s’installer dans un village, en totale immersion avec les locaux, et vivre plus simplement en cultivant du manioc et quelques autres végétaux, j’ai retrouvé ma bonne foi et un peu de bon sens.

où la circulation principale est constituée de charrette qui m'ont rappelé au Sahel burkinabé.

où la circulation principale est constituée de charrette qui m’ont rappelé au Sahel burkinabé.

C’est finalement le long d’une plage vide et « agréablement agréable » que j’ai passé mon après-midi de Noël, loin, très loin, de la campagne isolée et poussiéreuse que je traversais il y a quelques jours à peine.

loin, très loin, de la campagne isolée et poussiéreuse que je traversais il y a quelques jours à peine.

loin, très loin, de la campagne isolée et poussiéreuse que je traversais il y a quelques jours à peine.

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Un Noël qui fût doux et presque insignifiant tant il n’avait rien d’un Noël, certainement pas le stress, peut-être quand même la douceur. Sur les plages de Gambie je me suis souvenu mon dernier Noël, au Cameroun, que je pensais être le dernier en Afrique – de ce voyage pour le moins – alors en pleine crise de malaria. Un simple geste devenait une aventure. Aller aux toilettes (la diarrhée), un enfer. S’endormir, un rêve. Parfois j’en venais à penser qu’il pourrait bien être le dernier tout court.

Mais la douceur de cette après-midi est venu presque clôturer cette année particulière, difficile, partagée entre retrouvailles et maladie, rencontres et découvertes, de manière opposée. Inattendue je l’avoue et l’admet, tout en le prenant volontiers.

Je me tourne déjà vers Dakar, la capitale sénégalaise, ma dernière en Afrique subsaharienne, à elle seule deux fois plus peuplée que toute la Gambie. Ce n’est pas tant le trafic ou le -relatif- confort des capitales qui m’intéressent, mais bien des retrouvailles. Car si ma route est toujours solitaire, mon cœur ne l’est plus tellement. Il temps, grand temps, de le laisser s’exprimer un peu avant d’entamer la dernière partie de mon périple africain, le Sahara. Du sud au nord, donc face au vent, le fameux Harmattan, peut-être la plus pénible de toute.

Et avant cela, Dakar. J’y terminerai cette année. Et y débuterai la prochaine.

la douceur de cette après-midi est venu presque clôturer cette année particulière.

la douceur de cette après-midi est venu presque clôturer cette année particulière.

Olivier Rochat

Rencontres dans la forêt tropicale

Km 46’498, Assuefri, Côte-d’Ivoire.

De retour sur les pistes je m’enfonce dans une Côte-d’Ivoire de plus en plus tropicale. Si la fine pluie de ce matin n’avait rien de désagréable en soit -sur la peau- elle a eu le doux mérite de transformer certaine portion de ma route en boue collante.

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De retour sur les pistes

Une boue qui s’agglutine mètre après mètre autour de mes pneus, puis de mes sandales. La couche est telle qu’il me faut rapidement dévisser mon garde-boue arrière car la boue s’y est tellement agglutinée qu’elle fait frein. Ma roue ne tourne plus.

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Ma roue ne tourne plus.

Et puis c’est bientôt près d’1 kg de boue qui s’agglutinent sous chacune de mes sandales avant de retrouver, très rapidement, une route un peu plus travaillée qui me permet de profiter de la beauté de cette région, de cette forêt qui m’entoure.

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C’est bientôt près d’1 kg de boue qui s’agglutinent sous chacune de mes sandales

Une sorte de jungle où seules quelques fleures tropicales, rouges, jaune, orange… viennent un peu couper du vert qui m’entoure. Je me dis qu’ici le vert est pour moi ce que le bleu est au marin en mer: très présent.Le bruit des vagues, lui, est remplacé ici par celui des oiseau et la solitude est constamment rompue dans chacun des quelques villages que je traverse.

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Une sorte de jungle

Et surtout, collines après collines, par la bonne humeur et le sourire omniprésent des locaux.

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Collines après collines

Ainsi ces derniers jours m’ont offert de belles rencontre dans cette Côte-d’Ivoire étonnante et agréable dans laquelle je m’acclimate ma fois plutôt bien. Les pagnes colorés sont portés par beaucoup, on me salue parfois deux fois: debout d’abord, et ensuite assis une fois que l’on sait qui je suis. Pour l’instant on est loin de la réputation souvent donnée à la Côte-d’Ivoire ou plutôt aux ivoiriens (ce que j’en ai entendu tout du moins): top 3 africains des plus gros arnaqueurs d’Afrique (avec Nigeria et Cameroun).

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Non ce que je vis ici est bien plus plaisant, entre la joie, la bonne humeur et l’énergie des ivoiriens et leurs accueil.

Non ce que je vis ici est bien plus plaisant, entre la joie, la bonne humeur et l’énergie des ivoiriens et leurs accueil. En effet hier c’est Ibrahim qui m’invite, en milieu d’après-midi, à m’arrêter dans le magnifique mais isolé petit village dans lequel il vit: Boudi.

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C’est Ibrahim qui m’invite, en milieu d’après-midi, à m’arrêter dans le magnifique mais isolé petit village dans lequel il vit: Boudi.

Finalement je passerai la nuit dans le village, profitant de la présence des jeunes avec lesquels je partage le thé dangereusement sucré, le café et puis quelques biscuits qu’ils me restaient.

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profitant de la présence des jeunes avec Profitant de la présence des jeunes avec lesquels je partage le thé dangereusement sucré, le café et puis quelques biscuits qu’ils me restaient.

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Enfin vient ce moment, gênant bien que touchant, déjà vécu la veille avec Sébastien lors d’une autre belle rencontre, du repas. Combien de fois ai-je partagé mon repas dans un petit village comme ça ? Des dizaines, certainement.

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Sébastien m’a accueilli avec sa maman

L’histoire est bien connue, les locaux sont fière de présenter leur nourriture à l’étranger, en l’occurrence le blanc. Mais l’histoire étant ce qu’elle est, la nourriture locale aussi, pas mauvaise mais répétitive pour ne pas dire fade au palet d’un occidental, peu de blanc la mange. Aussi les locaux sont souvent surpris lorsque je le fait. Mais ici on passe directement au stade supérieur : on me prépare des spaghetti juste pour moi. J’insiste pourtant, lorsque je comprends ce qui se passe, en leur disant que leur nourriture, ici une pâte de manioc, me suffit amplement. Mais impossible et puis un cadeau ça ne se refuse pas. D’autant plus que les spaghettis sont un peu aux cyclistes ce que le maïs ou le manioc sont à l’Afrique.

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leur nourriture habituelle, ici une pâte de manioc, me suffit amplement.

Et dans le village résonne une musique ivoirienne qui berce ma soirée, que quelques verre de Koutoukou, un alcool fort local à base de palmier, viendront sobrement terminer.

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Olivier Rochat