Km 48’066, Touba, Côte-d’Ivoire.
– Poème en quittant le Côte-d’Ivoire –
« La Côte-d’Ivoire est un poème
Et moi je n’en suis que l’écrivain
Celui par qui les mots t’emmènent
Le long de son chemin
De 45 jours est longue notre histoire
2000 en quantités mes kilomètres Sur les routes de la Côte-d’Ivoire Là où se mérite chaque mètre
Parfois les routes y sont si rudes
Qu’elles appartiennent aux mondes des extrêmes
Et pardonne, ce n’est pas mon habitude
Mais je les mets dans ce poème
Tas de cailloux et flaques de boues
Sur des collines qui font mal Parfois n’y tournent plus mes roues Toujours misent à mal
Alors il faut pousser
Oublier l’inadmissible
Pour se persuader
Que oui, tout est possible
Et quand au sortir d’un nuage
Une montagne, verte et envoûtante, se profile
Devant ce merveilleux paysage
Oublier cette route qui l’esprit te mine
Déjà tu te sens pousser des ailes
Celles des yeux qui te transportent
Et puis qui te rappellent
Comme la vie soudain peut être belle
Te voici Hirondelle
A survoler la vie
Dans ton monde parallèle
Celui du voyageur ébloui
Mais soudain la réalité te rattrape
Te voici lourd comme un phoque
Comme un lapin que l’on traque
La vie de toi se moque
La voici dur cette fois
Quand sur cette route
Tu n’avance que de pas en pas
Grimpant sans doute
Cette montagne, ton Everest
Qui toujours te rappelle
Dans la lenteur de ton geste
Que tu n’es pas immortel
Mais de cette journée interminable
Naîtra toujours le soir
Après avoir été mis minable
Viendra toujours l’espoir
Au milieu de ces peuples colorés
Bambara, Yakouba
Sénoufo ou Malinké
Ici tu es chez toi
Une fois la porte franchie
Celle de l’habitant
Te voici à nouveau en vie
Il n’y a plus de noir pas plus de blanc
De chrétien ni musulman
Athée ou catholique
De protestant ni de tragique
Malgré ce mot manifestant
Non juste un étranger À qui on offre la douceur d’un lit
Le bonheur du mangé
Et celui d’être en vie
Et dans ce merveilleux KO
Celui de la vie qui passe
Celui des trombes d’eau
Tu t’endors comme une masse
Au matin tu reprendras
Ce qu’il te faudra bientôt nommer
Ton piteux chemin de croix
Avec ses 1000 rivières à traverser
Ses photos comme souvenirs
Pour toujours te rappeler
Te souvenir
Le prix de ta Liberté
Et moi je n’ai que ma Plume
Devant cet enfer merveilleux
Aussi j’écris la Lune
Alors qu’en fait…il pleut
Et dans cette Afrique magnifique
Où vivre est une galère au quotidien
Demeure partout l’odeur du magique
Et toujours un sourire en coin
Car au coin des lèvres ou du virage
Se cache toujours quelqu’un
Pour te témoigner non pas sa rage
Juste pour te prêter sa main
Mais ce matin je ne suis point seul
Car quand mes yeux se perdent au ciel
A la sortie d’un village Peul
Je les referme sous le Soleil
Alors au fond de l’horizon
Se dresse un nouveau pays
La Guinée en toile de fond
J’y serai avant midi
La Côte-d’Ivoire est un poème
Et moi, oui moi je n’en suis que le cri vain
Celui qui sait que si les mots se sèment
C’est par ce qu’ils nous mènent loin
Mais aujourd’hui je vois la fin
Ma Côte-d’Ivoire se termine
Et moi j’y termine mon chemin
Par ces quelques rimes
Olivier Rochat