Archives du mot-clé Sahel

Panoramas de Mauritanie

Km 55’838, Nouadhibou, Mauritanie.

-dont 1’528 en Mauritanie-

Durant 1 mois j’ai découvert quelques régions, souvent merveilleuses, de la Mauritanie.

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Les dunes de l’Adrar

En compagnie de Pedro, voyageur espagnol, je me suis fait surprendre par le côté « photogénique » des paysages mauritanien, très particulier et différents de ceux vécus précédemment en Afrique subsaharienne.

En voici quelques uns:

Les villages sont construits de magnifiques maisons de terres cuites et peuplés, à grande majorité, de Peul.

Le long du fleuve Sénégal, les villages sont construits de magnifiques maisons de terres cuites et peuplés, à grande majorité, de Peuls.

Au sud de ce dernier, le Sénégal, le sahel. Au nord, la Mauritanie, le Sahara

Le fleuve Sénégal. Au sud de ce dernier (droite sur la photo), le Sénégal, le sahel. Au nord (d’où la photo est prise), la Mauritanie, le Sahara. Nous quittons l’Afrique subsaharienne. Ici le village de N’gorel, notre dernière nuit parmi les Peuls.

 Une piste, bonne, nous mène villages après villages au milieu d'un sahel aride

Une piste, bonne, nous mène villages après villages au milieu d’un sahel aride. (Photo par Pedro Alonso)

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De Aleg à Nouakchott, nous passons nos premiers kilomètres dans le Sahara. De nombreux nomades côtoient notre route.

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Pour changer du bitume, nous nous égarons sur les dunes que traversent notre route.

 Le Sahara nourrit mes fantasmes depuis longtemps. Il les nourrit toujours aujourd'hui.

Le Sahara nourrit mes fantasmes depuis longtemps. Il les nourrit toujours aujourd’hui.

Après Nouakchott le vent nous balaie. Rien ne le freine. Il nous bouffe littéralement et, parfois, nous roulons de nuit car il y souffle moins fort.

Après Nouakchott le vent nous balaie. Rien ne le freine. Il nous bouffe littéralement et, parfois, nous roulons de nuit car il y souffle moins fort. (Photo par Pedro Alonso)

Ainsi l'enfer débute. Ainsi l'enfer nous ouvre sa porte. Nous ouvre sa gueule.

Ainsi l’enfer débute. Ainsi l’enfer nous ouvre sa porte. Nous ouvre sa gueule. (Photo par Pedro Alonso)

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Enfin, nous débutons l’Adrar, une région plus intéressante, chargée d’Oasis et de montagnes. (Photo par Pedro Alonso)

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Tergit, notre premier oasis. Nous nous y reposerons 1 jour.

Entre les oasis, des dunes nous entourent. Le sable est projeté sur notre route, formant des gonfles importantes, déblayées régulièrement.

Entre les oasis, des dunes nous entourent. Le sable est projeté sur notre route, formant des gonfles importantes, déblayées régulièrement. (Photo par Pedro Alonso)

 le magnifique village de Tounghad, village aux maisons de pierre entourant un oasis en flanc de montagnes

Le magnifique village de Tounghad, village aux maisons de pierre entourant un oasis en flanc de montagnes.

Mais la route pour parvenir à ces lieux isolés n'est jamais facile. Les rivières asséchées sont pleines d'un sable profond. Après de nombreuses collines, il nous faut pousser!

Mais la route pour parvenir à ces lieux isolés n’est jamais facile. Les rivières asséchées sont pleines d’un sable profond. Après de nombreuses collines, il nous faut pousser! (Photo par Pedro Alonso)

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Après le sable, ce sont les cailloux qui nous freinent.

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Le passe Nouatil nous offre quelques merveilleux panoramas.

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Nous avons suffisamment d’espace. Pour nous seul…ou presque.

La route de Choum nous offre encore quelques beaux panoramas ainsi qu'un couché de soleil époustouflant.

De retour sur le goudron, la route de Choum nous offre encore quelques beaux panoramas…

La route de Choum nous offre encore quelques beaux panoramas ainsi qu'un couché de soleil époustouflant.

…ainsi qu’un couché de soleil époustouflant.

Enfin c'est sur le toit d'un train considéré comme le plus long du monde que nous quittons l'Adrar. Il transporte chaque jour d'énormes quantité de minerai de fer. Nous passerons 15 heures sur le haut des minerais.

Enfin c’est sur le toit d’un train considéré comme le plus long du monde que nous quittons l’Adrar. Il transporte chaque jour d’énormes quantité de minerai de fer. Nous passerons 15 heures sur le haut des minerais.

Le train peut mesurer jusqu'à 3 kilomètres de long.

Le train peut mesurer jusqu’à 3 kilomètres de long.

Mais la Mauritanie sait aussi accueillir. Nous y passons nos deux dernières nuit en (très) bonnes compagnies, choyés comme rarement.

Mais la Mauritanie sait aussi accueillir. Nous y passons nos deux dernières nuit en (très) bonnes compagnies, choyés comme rarement.  (Photo par Pedro Alonso)

Olivier Rochat

Mauritanie: à nous le Sahara

 Km 55’013, Nouakchott, Mauritanie.

L’Afrique à vélo, leçon numéro 1: sortir des itinéraires traditionnels.

L'Afrique à vélo, leçon numéro 1: sortir des itinéraires traditionnels.

L’Afrique à vélo, leçon numéro 1: sortir des itinéraires traditionnels.

Je ne vais pas y aller par 4 chemins ces dix premiers jours de route en Mauritanie n’ont pas été beau ou sympathique ni même agréable. Beaucoup plus que ça, ils ont été fabuleux. Accueillant. Venteux. Spectaculaire. Et changeant. Bienvenus, même, tant ils ont apporté un souffle nouveau sur mon périple.

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Je ne vais pas y aller par 4 chemins ces dix premiers jours de route en Mauritanie n’ont pas été beau ou sympathique ni même agréable. Beaucoup plus que ça, ils ont été fabuleux. Accueillant. Venteux. Spectaculaire. Et changeant.

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Et cette fois on peut le dire: nous avons quitté l’Afrique noire. Et non sans quelques journées délicieuses longeant le fleuve Sénégal en guise d’adieu. Quittant là la route goudronnée et avec elle le trafic et le contrôle -toujours bienveillant certes- des policiers, nous longeons ainsi le fleuve Sénégal, apercevant, 5 jours après l’avoir quitté, les terres du Sénégal, plus fertiles et « développées », qui émergent sur l’autre rive. Pour la dernière fois.

 Le fleuve Sénégal. Un fleuve qui sépare le Sénégal de la Mauritanie.

Le fleuve Sénégal. Un fleuve qui sépare le Sénégal de la Mauritanie. (photo par Pedro)

Une frontière marquante pour un vrai changement

Il faut comprendre que la plupart des frontières d’Afrique ne sont bien souvent ni culturel ni géographique, résultat des colonies qui, il y a environ un siècle, se sont partagé l’Afrique à la manière dont l’on se partage un gâteau d’anniversaire. Encore que les parts -du gâteau- sont généralement plus égales. Ces frontières ne prennent en compte ni les langues ni les ethnies locales. Ces dernières se retrouvent ainsi séparée. À gauche de la frontière on parle le Peul. À droite aussi. Mais une fois à l’école ceux de droites parleront l’anglais, ceux de gauches le français (exemple). Plus tard un passeport éloignera plus encore ce peuple, ou un autre, appartenant aujourd’hui à différentes nations tout en étant, objectivement, le même peuple. Ainsi passer une frontière c’est souvent changer de langues  » coloniales », de monnaies, de réseau téléphonique ou de produits de consommation, pour tous résultats « d’importation culturel ». Pourtant, bien souvent, le peuple, la langue locale, reste la même. Les ethnies, les langues, les cultures africaines ne sont si peu prisent en compte dans ce découpage du continent que leurs frontières sont très fictives voire indéfinissable. Les peuples se mélangent, plus encore que les religions qui voient les mosquées pousser en face des églises dans des villages à majorité animistes (!). Le principe de nation tel que nous le connaissons aujourd’hui est un principe aussi récent qu’occidental, pour le moins non-africain. C’est pourquoi, peut-être, l’africain tel que je le vois et vit semble s’identifie d’abord à son continent, l’Afrique, avant de s’identifier à sa nation. Aux yeux du monde, l’africain est bien souvent africain bien avant d’être ivoirien, sénégalais, burundais ou tchadien. Je pense qu’il est avant tout Peul, Yoruba, Massai, Chewa, Sénoufo ou j’en passe. La tribu -ethnie- d’origine compte plus que la nation.

 

En Mauritanie c’est un peu différent. En tout les cas, ça l’a été pour nous. Pour moi.

 

Au sud de ce dernier, le Sénégal, le sahel. Au nord, la Mauritanie, le Sahara

Au sud de ce dernier, le Sénégal, le sahel. Au nord, la Mauritanie, le Sahara

La Mauritanie est donc séparée du Sénégal par un fleuve, le fleuve Sénégal. Au sud de ce dernier, le Sénégal, le sahel. Au nord, la Mauritanie, le Sahara. Une frontière géographique, mais culturel également bien que les peul et wolofs, très présents au Sénégal, sont aussi présent en Mauritanie et notamment le long de ce fleuve que nous longeant durant une semaine, ne l’apercevant qu’épisodiquement. Dès que la route nous éloigne du fleuve, les paysages deviennent extrêmement arides, les arbres se raréfient, nous apercevons même nos premières dunes, et les villages sont souvent peuplés de maures vivant dans de grandes tentes pointues, souvent décorées, ressemblant aux nomades.

Dès que la route nous éloigne du fleuve, les paysages deviennent extrêmement arides,

Dès que la route nous éloigne du fleuve, les paysages deviennent extrêmement arides,

Lorsque nous replongeons le long du fleuve la végétation augmente, de même que champs et cultures, nous trouvons quelques légumes. Les villages sont construits de magnifiques maisons de terres cuites et peuplés, à grande majorité, de Peul. Nous, nous avons le droit de serrer la main aux femmes.

Les villages sont construits de magnifiques maisons de terres cuites et peuplés, à grande majorité, de Peul.

Les villages sont construits de magnifiques maisons de terres cuites et peuplés, à grande majorité, de Peul.

En quittant la route nationale, nous retrouvons aussi cette campagne si accueillante -et belle- que nous aimons tant. Une piste, bonne, nous mène villages après villages au milieu d’un sahel aride dont la vie, l’eau, tourne essentiellement autour du fleuve Sénégal. Les maisons de terres cuites au fenêtre basse savent rester fraîche même en pleine journée, et les belles mosquées qui les dominent donnent à ces villages un réel attrait, un bonheur pour les yeux.

 Une piste, bonne, nous mène villages après villages au milieu d'un sahel aride

Une piste, bonne, nous mène villages après villages au milieu d’un sahel aride

Au soir, nous demandons à passer la nuit dans un village. Pour ainsi faire et respectant les traditions locales, nous demandons à parler au chef du village. Les enfants, curieux et amusé, nous y mènent. Dès lors la situation sort presque de tout contrôle, les enfants nous communiquant leur joies sans réfléchirs. Ils me baptisent « Neymar », et c’est sous des Neymar! Neymar ! Neymar ! que nous traversons le village. Amusé et un brin taquin, Pedro, en bon madrilène, continue avec un « Hala Madrid » que les enfants reprennent  en cœur, et ce jusqu’à ce nous rencontrions enfin le chef du village qui nous accueille en grande pompe, provoquant un attroupement de dizaines et dizaines d’enfants.

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Les enfants, curieux et amusé, nous y mènent. Dès lors la situation sort presque de tout contrôle,

Ce soir-là, partagé avec ces villageois dans ce village magnifique bordant le fleuve Sénégal, je le vit, intérieurement parlant, de manière très intense. Très forte. Nous partageons ensemble, comme toujours, le repas. Assis autour d’un grand bol de nourriture, riz, macaronis ou thieboudiène (plat typique sénégalais), plongeant à tour de rôle notre main dans cet énorme bol. En quittant ce village, nous en sommes conscient, nous quittons cette culture là. Nous quittons le sahel. Cette soirée, vécue tant de fois en Afrique noire, sera peut-être la dernière.

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Ce soir-là, partagé avec ces villageois dans ce village magnifique bordant le fleuve Sénégal, je le vit, intérieurement parlant, de manière très intense. Très forte.

A nous le Sahara

En effet, pour rejoindre Nouakchott, la capitale de la Mauritanie, nous empruntons un détour. La plupart des cyclistes rencontrés empruntent la route de la côte, qu’on nous dit ennuyante. Mais en empruntant ce détour de plus de 300 kilomètres à l’intérieur des terre, l’ennui ne sera définitivement pas de la partie. Bien au contraire.

 

En empruntant ce détour de plus de 300 kilomètres à l'intérieur des terre, l'ennui ne sera définitivement pas de la partie. Bien au contraire.

En empruntant ce détour de plus de 300 kilomètres à l’intérieur des terre, l’ennui ne sera définitivement pas de la partie. Bien au contraire. (photo par Pedro)

À mesure que nous nous éloignons du fleuve, nous nous rapprochons du Sahara. Ce détour nous permet également de ne pas prendre le vent en pleine face. Il vient du nord-est, nous allons au nord-ouest. Mais plus que ça et bien vite de superbes dunes, spectaculaires et fantastiques, bordent notre route. Les voici qui traversent notre route, goudronnée heureusement, qui foncent sur Nouakchott.

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Les voici qui traversent notre route, goudronnée heureusement, qui foncent sur Nouakchott.

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rbes dunes, spectaculaires et fantastiques, bordent notre route

Pour 3 jours nous allons pénétrer l’un des décors les plus spectaculaire que j’ai pu voir directement depuis une route goudronnée. Les villages sont nombreux, parsemés de tentes aux toits -souvent- bleus et maisons souvent colorées. Ils nous facilitent grandement la tâche puisque nous pouvons nous y abriter du vent, nous reposer corps et esprit tout en rencontrant les locaux qui nous invitent souvent à manger.

Les villages sont nombreux, parsemés de tentes

Les villages sont nombreux, parsemés de tentes

 nous pouvons nous y abriter du vent

nous pouvons nous y abriter du vent

Les dunes, quant à elles, nous plongent dans un Sahara fantastique. Les buissons qui les habitent parfois nous rappellent au sahel. Les maures qui peuples la région à l’Afrique du nord. La route nationale, jonchée de trous à certains endroits, au danger fréquent des routes africaines. Et les innombrables collines que nous traversons nous apportent vues et difficultés. Je suis éblouis, estomaqué parfois, et je m’avoue me demander parfois outre je suis.

 

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Les dunes, quant à elles, nous plongent dans un Sahara fantastique

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Les buissons qui les habitent parfois nous rappellent au sahel

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Les maures qui peuples la région à l’Afrique du nord (photo par Pedro)

La route nationale, jonchée de trous à certains endroits, au danger fréquent des routes africaines

La route nationale, jonchée de trous à certains endroits, au danger fréquent des routes africaines

les innombrables collines que nous traversons nous apportent vues et difficultés.

les innombrables collines que nous traversons nous apportent vues et difficultés. (photo par Pedro)

Demeure cette impression aussi prenante qu’incertaine, celle d’avoir changé de monde.

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Demeure cette impression aussi prenante qu’incertaine, celle d’avoir changé de monde.

(photo par Pedro)

En attaquant le plus grand désert chaud du monde, le Sahara (près de 15 fois la France), nous débutons une partie difficile de notre périple. D’autant plus que nous l’affrontons depuis le sud, alors que le vent vient généralement du nord (plus ou moins). Une partie charnière et inévitable. Une sorte de fantasme pour moi. Ce désert demeure à mes yeux aussi fascinant que certains de ses recoins sont impénétrables.

(photo par Pedro)

En attaquant le plus grand désert chaud du monde, le Sahara (près de 15 fois la France), nous débutons une partie difficile de notre périple. (photo par Pedro)

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Sa traversée, pourtant, a débuté de manière éblouissante.

Olivier Rochat

Sahel

Km 44’497, Kaya, Burkina Faso.

Tout au long de ma route au Burkina Faso de nombreuses personnes m’auront touché de par leur simple et authentique bienveillance à mon égard, transformant cette région magnifique du Burkina Faso en véritable coup de coeur tant les jours que j’y ai passé ont été agréable et magnifique.

Après le tropical Togo, j’ai rejoins le désertique Sahel, pour le meilleur et en sourires.

Olivier Rochat, Dori, le 11 juin 2017.

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Le soleil se lève au Sahel

De plus en plus aride

Dès mon entrée dans ce pays d’Afrique de l’ouest -mon 5ème- j’ai continué à monter au nord est du pays et chaque jour se voyait plus sec, plus aride que le précédent. Les arbres se faisaient de plus en plus rare laissant apparaître de nombreux arbustes épineux entourant mes pistes poussiéreuse où parfois les impressionnants baobabs, fleuri en cette saison, m’offraient des paysages agréable et surprenant.

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des paysages agréable et surprenant

À ce moment l’herbe n’était plus seulement jaunie, elle avait déjà disparu. J’étais au Sahel dans une région qui aura été un véritable coup de coeur : celle où vit le peuple Peul.

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Les paysages sont de plus en plus arides et poussiéreux à mesure que je monte au nord.

Ici pas de goudron et très peu d’occidentalisation. Si ce n’est par quelques motos qui me passent,me demandant bien souvent d’où je viens, où je vais. Et parfois, lorsque les pistes le permettent, un bus surchargé d’affaires et d’Hommes dans un désordre éblouissant.

Mais la majeure partie du trafic que je croise ici c’est les vélos. Innombrables à l’approche de chaque régions peuplées, j’y croise femmes et hommes, jeunes et vieux, chrétiens et musulmans. Et puis c’est également le retour des ânes qui transportent parfois d’impressionnantes charges tirant de petites charrettes souvent guidées par de jeunes enfants.

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J’y croise femmes et hommes, jeunes et vieux, chrétiens et musulmans

Une étouffante chaleur

Ici on vit tranquillement. Et j’essaie d’en faire de même et lors de mes premières journées au Burkina le climat, de toute manière, ne m’a pas vraiment laissé le choix. De plus de 30 degré au plus « froid » de la nuit à bien au delà de 40 en pleine après-midi, il faut apprendre à se gérer, à s’écouter et parfois se protéger pour ne pas prendre de risque inutile. Ainsi bien souvent mes après-midi se passent dans l’ombre que je trouve le long de ma route, au marché d’un village, dans une petite épicerie où alors au pied d’un arbre où dans un lac où j’en profite pour y faire lessive et me dépoussiérer un peu.

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Parfois je me repose au pied d’un arbre où dans un lac où j’en profite pour y faire lessive et me dépoussiérer un peu.

Dans cette région isolée où rares sont les blancs à s’y aventurer j’aurai partagé de nombreux instants sympathiques avec les locaux souvent amusé et surpris de ma présence. Curieux, on m’aborde régulièrement, soit directement sur la route, soit dans les villages que je traverse où il m’est difficile de pouvoir communiquer en français, de nombreux villageois ne le parlant simplement pas.

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Un village isolé du Sahel

Des rencontres touchantes, simples et amusantes

Dans un marché Peul, où l’on échange chèvre et achète tissus coloré dans un désordre amusant, je profite d’un coca pour me rafraîchir un peu. Je m’arrête. Salue le commerçant qui ne parle peu le français. Je m’assieds et lorsque je me retourne j’aperçois des dizaines d’enfants et ados , peut-être 100, entourant mon vélo. Le tout dans un calme tranchant avec la curiosité naturelle et compréhensible des jeunes enfants. Ici le vélo est LE moyen de transport par excellence mais rassurez-vous, ce n’est pas par choix de vie ou soucis d’écologie et la situation me rappelle parfois celle vécue au Malawi, seule pays africain pouvant « concurrencer  » le Burkina dans ce domaine. Pour beaucoup il est le seul moyen de transport accessible aussi on l’utilise non seulement pour se déplacer mais également pour transporter d’importante charge -le vélo est alors poussé, parfois sur plusieurs km, car beaucoup trop lourd – où parfois comme taxi. Aussi beaucoup de jeunes me regardent avec envie mais toujours en me respectant Et ce genre de scène sera monnaie courante au Burkina Faso.

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Ici, comme dans le reste des régions rurales d’Afrique, l’anonymat n’existe pas.

Vous l’aurez compris ici, comme dans le reste des régions rurales d’Afrique, l’anonymat n’existe pas. On vous salue, on vous aborde et parfois on vous demande de l’argent, un cadeau et jamais on ne se retrouve seul. Ou si rarement. Mais au Burkina plus qu’ailleurs j’ai été surpris par la bienveillance des gens à mon égard, Comme c’est souvent le cas dans les régions musulmane, beaucoup plus accueillantes en mon expérience, mais également dans les régions qui n’ont qu’un contact limité avec les étrangers, qu’ils soient touristes, travailleurs humanitaires ou venu par simple souhait de rentabilité. Dans ces cas là la curiosité des locaux à votre égard est bien souvent plus authentique et beaucoup moins guidées par l’intérêt économique -éventuelles – apportée par le fait d’avoir un ami blanc.

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Je peux traverser cette rivière seul, mais instantanément on vent le proposer de l’aide. Certains marchents plusieurs centaines de mètres.

Parfois de jeunes enfants viennent me serrer la main puis repartent timidement. Une autre fois je profite d’un lac en pleine après-midi pour me rafraîchir et bien sûr je ne passe inaperçu. Dès qu’ils m’aperçoivent venir en direction du lac les jeunes hommes qui s’y baignent se figent et me fixent quelques instants, intrigués par ce blanc qui vient se baigner la, tout comme eux. Arrivé au bord du lac je les salue simplement et ils me répondent, commencent à sourire et peu à peu se font moins timide. Mais lorsque je m’avance j’ai maintenant une trentaine de regard figé sur moi, qui m’épient avec curiosité. Il faut quelques instants pour que l’atmosphère se détende un peu et pour que la spontanéité reprenne le dessus et que s’installe entre nous une sorte de jeu, les plus jeunes plongeant sous l’eau brune pour essayer de me toucher sans que je les attrape. Un jeu qui me rappelle celui qui nous jouions à l’école et dont le nom a du être interdit je crois : qui a peur de l’homme noir. Ici c’est qui a peur du blanc. Le tout finira dans les rires et amusements de ces rencontres particulière de deux qui cultures qui se croisent sans pouvoir communiquer plus que quelques mots, instaurant une communication gestuelle, parfois simple jeu de regard entre des Hommes curieux les uns pour les autres et dont la spontanéité prend le pas sur toute forme d’organisation possibles.

 Ici c'est qui a peur du blanc. Le tout finira dans les rires et amusements de ces rencontres particulière de deux qui cultures qui se croisent sans pouvoir communiquer plus que quelques mots

Ici c’est qui a peur du blanc. Le tout finira dans les rires et amusements de ces rencontres particulière de deux qui cultures qui se croisent sans pouvoir communiquer plus que quelques mots.

De retour sur la route je m’arrête au puits histoire de me ravitailler et c’est peut-être le lieu le plus fréquenté, celui dont la vie de ces communauté dépends. L’eau c’est la vie et elle n’est pas courante. Non c’est en marchant qu’on la porte. Plusieurs litres sur la tête et ce sont les enfants ou adolescents, lorsque ce n’est pas les femmes, qui sont le plus souvent chargé de pousser la pompe pour en sortir l’eau que les femmes porteront au village. Ici le confort est illusion pour beaucoup, un rêve pour certains, un souvenir pour moi.

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ce sont les enfants ou adolescents, lorsque Ce n’est pas les femmes, qui sont le plus souvent chargé de pousser la pompe pour en sortir l’eau

On vit finalement avec le strict mininum mais sans manquer de rien. On dort sur une natte, parfois sur un banc, on mange pour se nourrir et non pas par plaisir du goût et puis il n’y a pas de système social mais la famille le remplace et faute d’électricité -hormis dans les plus gros village- même les TV se font rare. Aussi rare peut-être que les SDF et plus que jamais les habitants mélangent ce paradoxe, celui de vouloir partir tout en sachant, inconsciemment, se contenter de ce qu’ils ont.

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Plusieurs litres d’eau sur la tête

Une région proches de zones dangereuses

Presque l’entier de la population se retrouve au chômage c’est à dire sans salaire n’y aide du gouvernement aussi chacun survit comme il peut, en vendant du riz au marché, improvisant une cafétéria où le nescafé en poudre demeure le roi, en faisant frire des beignets dans la rue ou troquant ses biens contre d’autres. J’ai sous les yeux n’ont pas un autre monde qui défile mais peut-être bien une autre époque.

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J’ai sous les yeux n’ont pas un autre monde qui défile mais peut-être bien une autre époque.

Pourtant tout au long de ma route au Burkina Faso de nombreuses personnes m’auront touché de par leur simple et authentique bienveillance à mon égard, transformant cette région magnifique du Burkina Faso en véritable coup de coeur tant les jours que j’y ai passé ont été agréable et magnifique.

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Véritable coup de coeur tant les jours que j’y ai passé ont été agréable et magnifique.

 

D’une douceur inattendue à cet instant du voyage, comme pour me rappeler peut-être que l’Afrique ce n’est pas encore terminé pour moi et qu’il va me falloir garder l’esprit ouvert si je ne veux pas passer ces derniers mois en simple traversée. Une douceur paradoxale elle aussi avec de nombreuses parties du Sahel qui aujourd’hui compte parmi les plus dangereuse qu’un voyageur puisse traverser. Mais comment l’attitude des gens que je croisent peut-elle trancher autant avec celle de ceux qui les terrorisent, un peu plus au nord ?

 

Lorsque je rejoins Dori, petite ville du Sahel, je sais bien que ma remontée Sur le nord, ce détour là, s’arrête ici. La situation ne me permet pas de continuer sereinement et de toute manière la police ne me laisserait jamais passer. Comme prévu je redescend au sud, direction Ouagadougou la capitale. Je laisse déjà le Sahel, magnifique et prenant, derrière moi.

Et avec lui c’est beaucoup de sourire que je laisse derrière moi également.

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Je laisse déjà le Sahel, magnifique et prenant, derrière moi. Et avec lui c’est beaucoup de sourire que je laisse derrière moi également.

Olivier Rochat