J’ai rendez-vous avec moi

Km 31’845, Rosh Pinah, Namibie.

-Roche et poussière, de sable et de terre-

De retour en Namibie, c’est d’abord le long du Fish River Canyon, deuxième plus grand canyon au monde, que j’ai repris ma route avant de continuer le long de la rivière Oranje dans une région désertique. La particularité principale du fleuve Oranje est qu’il le plus long fleuve d’Afrique du Sud et prend forme au Lesotho, dans les montagnes du Drakensberg. Il y a deux mois je traversais justement le fleuve Oranje qui délimitait alors la frontière entre l’Afrique du Sud et le Lesotho à travers les belles montagnes du Drakensberg. Deux mois plus tard je le retrouve ici en Namibie. Les montagnes ont laissé place au désert, un désert traversé par ce fleuve qui agit, ici, un peu comme un Oasis. En le suivant en direction de la mer je me retrouve contre le vent, soufflé par le sable et la poussière. Mais plus que ça c’est l’espace qui prédomine ici, la solitude, les nuits étoilées.

J’ai rendez-vous avec moi…

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la solitude, les nuits étoilées. J’ai rendez-vous avec moi…

Rochet et poussière, de sable et de terre.

Une rivière au milieu du désert. La rivière que l’on nomme « Oranje ». Oasis pour amener un peu plus de beauté à un pays qui l’est déjà tant.

Un vent qui m’envoie le tout à la face.

Face à la poussière, le sable et la terre, j’avance à petit pas, péniblement. Durement.

Mais sûrement.

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La rivière que l’on nomme « Oranje »

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Face à la poussière, le sable et la terre, j’avance quand même.

Mètre après mètre. C’est le désert, le néant. L’infini. Ou presque.
Et pourtant c’est si beau. C’est si grand. C’est si mieux.

Mètre après mètre je m’enfonce dans le désert…

Je me sens maître.

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Tout cet espace il est pour moi. Pour moi seul. J’ai même pas besoin de le partager avec les quelques êtres vivants que je croise de temps en temps. Seulement des babouins. Un oiseau qui s’enfuie au loin.

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Un 4X4 qui m’envoie poussière à la gueule…

Mmm…« !Bonjour » pensais-je, en vain. Le 4X4 est déjà loin.

Déjà le soleil s’en va. Il est presque 5 heures. « C’est trop tôt bon Dieu! ». Je quitte en cet instant l’oasis donné par la rivière Oranje.

L’ombre formée par les montagnes me surprend. Le soleil est couché. Il n’est pas 5 heures.

La nuit n’en sera que plus longue. N’en sera que plus belle.

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Tout cet espace il est pour moi.

Y a t’il un plus beau qu’une journée de vélo en Namibie?
La Nuit peut-être, peut être plus belle encore.

A travers elle je découvre l’immensité de l’univers et en me plongeant dans son infini à lui, je fini toujours par me perdre dans le mien. L’infini de mon être.

Au plus profond de moi.

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La nuit n’en sera que plus longue. N’en sera que plus belle.

L’univers est futile face à l’immensité qui est en moi.

Le mien est éternel. Il m’appartient.

Il fait nuit, il fait sombre.

Les étoiles apparaissent les unes après les autres. Elles ont rendez vous ce soir.

Et moi j’ai rendez vous avec elle.

Une histoire de vitesse, vraiment?

« Mais comment fais-tu pour aller vite? « , me demandais hier un cycliste hollandais qui « compétivais » à travers l’Afrique. Un camion le suivait avec son matériel, ainsi leger il ne portait rien. 200 km au quotidien. C’est une moyenne.

Je terminais de manger mes Beans, le thé chauffait. C’est qu’on boit moins quand on boit chaud. Une histoire de digestion, je crois.

« Comment fais-je pour aller vite? « Je riais dans ma tête, le visage sans la moindre expression.

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C’est pourtant bien simple: je ne vais pas vite! »

 

« C’est pourtant bien simple: je ne vais pas vite! »lui repondis-je. « Mais je vais bien. »

Et au fond, pourquoi aller vite? L’éternel est si beau, l’éternel est si bien, l’éternel est si plein mais pourtant si court. Presque éphémère.

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L’éternel est si beau, l’éternel est si bien, l’éternel est si plein mais pourtant si court.

Et l’Eternel est fini, en courant tu l’accèleres. Et sais-tu que l’Eternel est namibien? Et que Namibie parce qu’Eternité? philosophais-je…

Il ne le savait pas. Il courait…

Il avait pitié de moi.

« Ce soir je serai à la frontière sud-africaine » continua-til, à 140 km de cette dernière.

« Et demain tu y pedaleras » savais-je.

Un « Pôvre fou! » trottait dans ma tête, pensée malhonnête.

Oui parfois nos pensées nous trahissent, ainsi, malhonnête, je l’ai pensé pour un instant.

En ce même instant d’ailleurs il était déjà loin, l’hollandais.

Mirroir d’autrefois. Mirroir de chez moi.

Il fait nuit. Il fait sombre.

Les étoiles sont là, elles sont au rendez vous ce soir.

Moi aussi.

Déjà je me perds à travers elles, l’infini qu’elles forment, l’infini qu’elles nous renvoient. L’immensité de la nuit.

Et bientôt je me perds dans le mien. Dans l’immense qui est en moi.
La pensée. L’infini qu’elle m’offre.

Au fond de lui, au fond de moi le ciel n’existe plus. Les étoiles ont disparu. Avalée par ce « moi » intérieur qui agit comme un boulimique au milieu de la nuit.

Comme un Trou Noir agit au milieu de l’Univers.

Je suis seul. J’ai mangé le ciel. J’ai mangé l’Univers.

Ce soir j’ai rendez vous avec moi…

Une fois de plus, avec l’immensité qui est en moi…

DSCF1370Olivier Rochat

 

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