Contre le vent

Km 32’019, Aus, Namibie.

Après la solitude et la beauté des pistes namibienne, notamment le long de la rivière Oranje et en admirant le Fish River Canyon, le vent s’est levé et a soufflé contre moi. Les pistes ont laissé place au goudron, les canyon et autres émerveillement… à l’ennui. Le début d’un long chemin de croix, les premiers kms de 1’000 kms contre le vent.

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e vent s’est levé et a soufflé contre moi.

 

« En roulant contre le vent, j’ai l’impression de rouler contre moi-même, contre mon plaisir et ma liberté.

Ce désert, ces plaines que je traverse, d’émerveillements deviennes ennui, de plaisir deviennent souffrances et de liberté deviennent prison.

En quittant Rosh Pinah voici deux jours je pensais que la partie serait plus facile, j’en retrouvais le goudron, pour 170 km environ.

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Je retrouvais le goudron, pour 170 km environ.

Il n’en fut rien, grâce aux vent. Ce vent qui lorsqu’il souffle avec moi me fait sentir le ciel, voler, liberté. je suis invincible. Mais ce même vent qui lorsqu’il souffle contre moi, me fait toucher terre, ramper, prisonnier. Je me sens cible.

Quelle Merde!

Pourtant j’étais prévenu, cela fait partie du jeu, mais depuis 3 jours il est dur de retrouver motivation.

En arrivant à Aus en début d’après-midi je réalise que je suis à presque 1’500 mètres d’altitude, soit plus de 1’000 mètres plus haut qu’en quittant Rosh Pinah. Je me rend compte que cet interminable faux plat à au moins le mérite de me mener quelques part, « à d’autres altitudes », ainsi la suite n’en sera que plus facile. Enfin je vais cesser de monter.

Lors de ma chute de l’autre jour, surpris par les petites « vaguelettes » formées par le vent et les voitures sur cette route sableuse, j’en ai cassé mon porte bagage.

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bien heureux de trouver de quoi ressouder mon porte bagage

Là encore bien heureux de trouver de quoi ressouder tout ça à Rosh Pinah et continuer l’aventure un peu plus sereinement.

Ici à Aus je découvre un village, devrais-je dire hameaux, où l’on trouve pourtant presque plus que dans certaine ville africaine des pays voisins. Un petit supermarché (au prix exorbitants) et un hôtel de luxe (standars européens tout du moins) pour combler l’essort du tourisme en Namibie. Entre les grands espaces namibiens se cachent d’étonnants « trésors »… La Namibie est bien partiulière.

Le charme n’est pas vraiment culturel, oh oui les gens sont gentils, mais peu attachants. Non le charme c’est le pays, les paysages, la route…

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le charme c’est le pays, les paysages, la route…

 

Epuisé, surtout psycholigiquement, je décide de m’arrêter boire une bière fraîche dans cet hôtel et je me retrouve… avec du wifi.
L’histoire me fait sourire, du wifi je n’en trouvais pas, ou si difficilement, dans des villes de plusieurs millions d’habitants et ici j’en trouve au milieu de rien.

Le touriste est le Roi… Au milieu de ma solitude je souris en comparant le sahara que je traversais hier et le Namib qui me vit aujourd’hui. L’un comme l’autre on leur livre de Foi. Pour le premier c’est le Coran, pour le second…les guides touristiques. Et moi qui ne possède ni l’un ni l’autre, je me dois de garder la Foi. La mienne n’est pas écrite dans un livre, mais je la vis mètre après mètre. La Route. Mon Chemin.

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u milieu de ma solitude je souris en comparant le sahara que je traversais hier et le Namib qui me vit aujourd’hui

Avant de retourner sur les pistes, en direction du Namib et des dunes de Sossusvlei, je profite d’un camping, d’une douche qui sera la première de la semaine.

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Au camping de Aus avec deux campeurs sud-africains qui m’ont généreusement invité pour un barbecue (Braai)

Une semaine riche entamée aux alentours du fish river canyon, sur des pistes un peu sableuse, puis en suivant le fleuve Oranje et la végétation « oasis » qui le suit au milieu de ces montagnes désertiques.

Enfin, fait rarissimes dans ces régions, c’est la pluie qui me surpris alors que je campais dans le désert, au sud de la petite ville minière de Rosh Pinah. Au matin il me restait une dizaine de km de pistes d’un sable devenu lourd, souvent impossible à pédaler.

Les nuages qui couvrais le ciel furent les premiers que j’apercevais depuis mon retour en namibie. aujourd’hui cela fait 8 jours que j’y suis, ce furent les seuls.

« la première pluie de l’année », me répondaient un habitant de Rosh Pinah lorsque je lui demandait si ‘est normal qu’il pleuve en mai.

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« la première pluie de l’année », me répondaient un habitant de Rosh Pinah lorsque je lui demandait si ‘est normal qu’il pleuve en mai.

« la première pluie depuis plus d’un an » me répondait un autre. Conscient de la chance que j’avais je savourais l’instant en pénétrant Rosh pinah sur une route redevenu goudron. Je pédalais fièrement dans une flaque d’eau.

Ici le touriste est le Roi, mais malgré les mines de zinc et de diamants, le seul or qui soit en Namibie, c’est l’eau.

L’eau c’est la vie…

Et ce soir j’ai droit à son évolution humaine pour m’endormir: une bonne bière fraîche.

A plus de 600 km de windhoek, tout en piste, j’aperçois sur ma carte 6 points de ravitaillement sûr, dont 3 dans les 200 derniers kms.

Pour boire ma prochaine bière… il faudra pédaler.

D’ici là, bonne nuit…

En rêvant, espoir fou, que le vent décide enfin de s’arrêter!

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Olivier Rochat

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