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Le Serpent du Sani

Km 28’738, Sani Pass, Afrique du Sud.

Frontière du Lesotho, 2’873 mètres d’altitude. Le toit de l’Afrique (paraît-il).

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Le Serpent du Sani

« Lorsque la solitude devient une amie. Une amie, plus que ça, une confidente.                           Une confidente qu’un jour tu as haïs, tu as craint. Puis que tu as appris à connaître pius à aimer. A s’aimer soi-même.

Puis enfin, une addiction… »

Olivier RochatSanipass, le 1er avril 2016.

Une histoire de superlatifs

En voyage, on solitude. En solitude, on voyage avec soi-même. En soi-même, on apprend, petit à petit, à relativiser.

Relativiser.

Un mot doux qui empêche les maux moins doux. Parfois.

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Relativiser…

Aujourd’hui, j’ai voyagé. Aujourd’hui, j’étais seul sur la route. Aujourd’hui, sur des pentes à donner des frissons à un eskimau, j’ai voyagé avec moi-même. Mais pourtant aujourd’hui j’ai surtout appris à superlativiser.

Superlatif.

Parce que ça rime avec Sani, superlatif.

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ça rime avec Sani, superlatif.

Une route toute fofolle, c’est le moins qu’on puisse dire, la route du col du Sani.

Presque un monstre qui a chaque virage, sur la fin, t’envoie en peu de son venin. Alors tu vacilles un peu plus. Et puis un genou à terre, un pied du moins, tu te mets à pousser. Pousser Cargo, caillou après caillou, jusqu’au virage d’après. Au caillou suivant qui,généralement, te paraît plus gros que le précedent. Mais dans les faits, c’est toi qui est de plus en plus petit.

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un genou à terre, un pied du moins, tu te mets à pousser. Pousser Cargo, caillou après caillou, jusqu’au virage d’après.

Alors tu baisses ton regard sur le bas de la pente, celle qui donne sur cette énorme vallée d’où tu viens. Tu apperçois cette interminable route qui s’en va entre les collines puis disparaît quelque part. Au loin. Là où les superlatifs ne sont que poésie…

Waw! Quelle vue!!!

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Tu apperçois cette interminable route qui s’en va entre les collines puis disparaît quelque part. Au loin. Là où les superlatifs ne sont que poésie…

 

Et puis te reprends ton chemin. Face au vent qui aujourd’hui soufflait du nord. Un vent comme je n’en ai rarement eu mais qui m’aura bien trouvé. Les 8 derniers kms du col du Sani, c’est plus de 900 mètres d’ascensions. les 2 derniers kms probablement 300 avec un passage maximum à 25%. Monstrueux! disais-je. Mais quand tu y a joutes le vent, de face, violent… ça devient presque épique.

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Les 8 derniers kms du col du Sani, c’est plus de 900 mètres d’ascensions.

Ou lorsque tes lunettes de soleil se transforment en lunettes de protection a chaque bourrasque qui t’envoie poussière et petits cailloux qui te fouettent là où ils peuvent. Il m’a fallu près d’une heure pour terminer le dernier km alors que jusque là j’avais presque tout fais sur la selle, fièrement. La dernière ligne droite au moins 3 voitures se sont arrêtée pour me prendre en photo et me féliciter. Ambiance un peu bizarre.

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Un dernier regard sur cette incroyable vallée. Magnifique vallée. Puis le col, enfin. Un poste de frontière. Me voici au Lesotho.

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Me voici au Lesotho

Le vent puissant qui semble tout balayer sur son passage et toutes végétations de se déveloper. Les quelques habitants du coin me regardent, les yeux sortant à peine de leurs grands bonnets.

Parfois la tête entièrement recouverte d’une cagoule. Un trou pour les yeux, la bouche… Un énorme manteau. Me voici au royaume des montagnes, sur le toit de l’Afrique. Ou appelle ça comme tu veux. Mais c’est magnifique.

Et ce mot, magnifique, ici ce n’est pas un superlatif.

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magnifique, ici ce n’est pas un superlatif.

Mais encore…

Le col du Sani est un col routier qui relie le Lesotho à l’Afrique du Sud à travers les montagnes de Drakensberg. Le point le plus haut de la route  culminant à 2’873 mètres d’altitude, le col du Sani est le plus haut col d’Afrique du Sud.

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Le versant sud-africain n’est pas asphalté  ce qui rend un côté épique à son ascension dont les derniers kms sont un véritable mur. Les vues tout au long de l’ascension sont de plus en plus surprenantes et belles. La route  est la seul liaison routière entre l’Afrique du Sud et le Lesotho à travers les Drakensberg.

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les derniers kms sont un véritable mur.

 

Au sommet du col on trouve le plus haut pub d’Afrique. Et, soi-disant, le plus hôtel. Cependant je me souviens bien avoir dormi dans la petiti ville de Nefas Mewcha, en Ethiopie, à une altitude de 3’120 mètres. On y trouvait bars, restaurants et hôtels. Et Nefas Mewcha n’est pas la ville la plus haute d’Afrique non plus.

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Au sommet du col on trouve le plus haut pub d’Afrique.

Parti de Scottburgh, au bord de l’océan indien, quelques jours auparavant, il m’a fallu grimper plus de 1’500 mètres et rejoindre le sud des paisibles montagnes de Drakensberg avant même de débuter l’ascension du col.

Dès lors la région n’a plus grand chose à voir avec les bords de l’océan indien. La fraîcheur est de mise en en ce début d’hiver.

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le sud des paisibles montagnes de Drakensberg

L’ascension du col du Sani débute pourtant très gentiment et la piste ne commence qu’une vingtaine de km avant le sommet. Cependant km après km la piste devient de plus en plus raide et de moins en moins souvent entrecoupée de replat. Le tout dans un décor souvent époustoufflant.

 

 

A 16 km de l’arrivée au col, une première vue lointaine sur la route  se serpentant jusqu’au col donne une idée impressionnante des plus de 1’000 mètres qu’il reste à grimper.

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une idée impressionnante des plus de 1’000 mètres qu’il reste à grimper.

 

Cependant ce n’est qu’une fois le poste de frontière sud-africain passé, 8 km avant le col, que l’ascension débute réellement. Il reste alors encore 900 mètres à grimper d’une piste qui deviendra de plus en plus difficile. Jusqu’au 2 dernier km qui a eux seul grimpent de près de 300 mètres d’altitude en quelques virages.

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une piste qui deviendra de plus en plus difficile

 

Tout au long de l’ascencion les belles vues sont légions et les derniers kms,  un peu raide pour être justement apprecié (les nombreux cailloux s’en vont sous les roues -et même sous les pieds- ) n’en resteront pas moins inoubliables.

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Tout au long de l’ascencion les belles vues sont légions

 

A l’entame du Lesotho, l’ascension du col du Sani reste et restera un grand moment.

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A l’entame du Leostho

Olivier Rochat

Long Tom panorama

 Km 27’594, Sabie, Afrique du Sud.

Après être resté finalement une semaine complète à Lydenburg, j’ai repris ma route en direction du Swaziland. Pour ce faire c’est le col du Long Tom qui fut sur ma route dès les premiers kms. Un col spectaculaire offrant de nombreuses vues panoramiques mais aussi beaucoup d’humidité. Entre nuage et ciel bleu, surpris par des trombes d’eau lors de la descente, la traversée de l’escarpement du Drakensberg par ce col fut un réel délice et à plusieurs reprises et pour plusieurs raisons je me suis senti pédaler dans les Alpes…

 

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Entre nuage et ciel bleu

Le col du Long Tom sur wikipédia

Le col du Long Tom, en anglais Long Tom Pass, est un col de montagne routier qui relie les villes de Lydenburg à Sabie dans la province du Mpumalanga en Afrique du Sud

Il doit son nom à la présence d’un canon creusot 155mm surnommé Long Tom lors de la retraite des Boers au cours de la Seconde Guerre des Boers en 1900. Le canon tira ses derniers coups en direction des troupes britanniques de ce lieu.

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Le point culminant de la route du Long Tom pass est situé à 2’150 mètres d’altitude.

Il est l’un des plus haut col de la province de Mpumalanga est certainement le plus connu et plus panoramiques. Le point culminant de la route du Long Tom pass est situé à 2’150 mètres d’altitude.
Il est avec le col Robbers l’un des principaux passages est-ouest à travers le Grand Escarpement du Drakensberg.

 Sur la route 

Cette fois ça y est la pluie est de retour. Voici 4 jours qu’il pleut régulièrement et que le soleil a bien du mal a se montrer. Autant le dire, voici 4 jours que je ne l’ai plus vu.
Mais si les 3 derniers jours je les ai passé bien au chaud a Lydenburg où je serai finalement resté une semaine entière, aujourd’hui c’est en pleine descente du Long Tom pass que je me suis fait avoir. Trempé jusqu’au os à près de 2000 mètres d’altitude sans possibilité de m’abriter. Même pas un arbre « C’est que de l’eau », je me plaisais de répondre à Tanya qui me demandait si je pédalais sous la pluie…
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les paysages n’en sont que plus beau et me rappelle mes préférées: les Alpes.

N’empêche… j’ai redecouvert ce que c’est d’être mouillé ET d’avoir froid. 9 mois de soleil australe ça calme!
Mais je me dois de dire que je ne vais m’en plaindre. Bien que je me passerai volontier des trombes d’eau qui viennent et s’en vont me surprennent à tout moment, les paysages n’en sont que plus beau et me rappelle mes préférées: les Alpes.
Celles où tu passes d’un col à l’autre changeant de vue tous les 100 mètres où les yeux éblouis de vues panoramiques au soir tu t’endors en attendant demain.
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où tu passes d’un col à l’autre changeant de vue tous les 100 mètres où les yeux éblouis de vues panoramiques au soir tu t’endors en attendant demain.

Les Alpes et cet incertitude météorologique constante. Commencer un col au soleil. Enchaîner les virages sous les nuages. Une tempête de neige au sommet avec vue sur la vallée d’où tu viens toujours ensoleillée elle. Redescendre sous la pluie. Trouver une auberge pour me rechauffer ce qui reste de mes doigts et cette envie brève de crever lorsque survient ma détestée: la débattue.
Saloperie.
Un chocolat chaud. Une éclaircie. Il est temps de repartir.
Et repartir juste au dessus d’une mer de brouillard qui rend ce col magique et dont la fin en pleine mer de brouillard, trempé par la simple humidité de ce dernier, me rappelle que c’est bien réel.
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trempé par la simple humidité de ce dernier, me rappelle que c’est bien réel.

Mais toujours vivant, dans les faits plus qu’avant, je termine en me disant: le prochain c’est pour quand?
Et là généralement le prochain n’est pas pour demain. Le prochain c’est maintenant.
Alors de la furka je passes au nufenen mais je sais bien que s’il neigeait au sommet du premier ce sera certainement pire au second. Mais j’y vais. De l’autre côté c’est le Tessin.
Heureusement ce sera soleil au sommet. Mais ce n’est pas de la chance. C’est les Alpes. Et déjà le Tessin. En route pour les grisons…
Encore je continue sur la vallée d’après, le col prochain où cette route serpentant la montagne n’a rien de magique, tout lui vient de l’humain. Mais pourtant un seul pouvoir, profond, celui de me rendre vivant.
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cette route s n’a rien de magique, tout lui vient de l’humain. Mais pourtant un seul pouvoir, profond, celui de me rendre vivant.

 Les Alpes.
 Et l’incertitude de l’imagination face au souvenir. La même que je vis dans ces montagnes aujourd’hui, à l’autre bout du monde. En Afrique.
Tellement en Afrique d’ailleurs que la neige ne s’est pas pointée, la mer de brouillard n’était qu’un petit lac qui me surpris quelques fois. La débattue est restée dans les Alpes, mon vélo pesait 30 kg de plus et un col dans la journée c’est suffisant.
Mais les virages étaient là. Le soleil, les nuages, la pluie sous ce ciel dansant aussi. Des panoramas poétique. Et cette route qui tel un serpent me mène quelque part. Je sais pas vraiment où…
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Le soleil, les nuages, la pluie sous ce ciel dansant . Des panoramas poétique

Cette route qui toujours n’a rien de magique. Elle tient tout de l’humain.
Mais pourtant un seul pouvoir, profond, celui de me rendre vivant.
C’est déjà ça…
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A l’autre bout du monde

Olivier Rochat