Chaouen

Km 61’078, Chefchaouen, Maroc.

À 50 kilomètres de la méditerranée et 100 de l’Espagne, Chefchaouen m’offre une dernière pause sur le continent africain. Un dernier regard bleuté venu casser la nostalgique mélancolie qui accompagne mes pas depuis plusieurs semaines déjà. Un dernier repos, un dernier plaisir, en cette semaine qui devrait, et sera, être la dernière sur le continent africain. Au dernier lundi suit le dernier mardi, au dernier tajine suit un autre dernier, il est presque temps de casser enfin l’ambiance nostalgique qui m’habite, cachant même la tristesse et la joie qu’accompagne ce sentiment partagé d’excitation et d’appréhension, pour enfin franchir la mer, traverser la méditerranée.

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Les maisons y sont, presque toutes, peintes en bleu, offrant une atmosphère particulière

Mais à 600 mètres d’altitude, perché dans les montagnes du Rif, je m’égare dans les rues abruptes de la Médina, la vieille ville, si particulière de « Chaouen ». Les maisons y sont, presque toutes, peintes en bleu, offrant une atmosphère particulière, peut-être unique, à celui qui s’égare dans ces ruelles aux allures de labyrinthes.

Chefchaouen m'offre une dernière pause sur le continent africain.

Chefchaouen m’offre une dernière pause sur le continent africain.

Je me lève à l’aube pour profiter de la quiétude de l’heure (5h30) et m’égarer simplement à travers les ruelles désertes de Chaouen.

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Je me lève à l’aube pour profiter de la quiétude de l’heure (5h30)

Mais ce n’est pas tant pour l’agréable fraîcheur de l’heure, ni pour profiter d’une de ces longues journée débutée avant l’aube, les plus belles à mes yeux, que je me lève ainsi tôt. Non, c’est parce que Chaouen, ses habitants, ses touristes, dorment encore.

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Chaouen, ses habitants, ses touristes, dorment encore.

À cette heure matinale seuls quelques chats traînent dans les ruelles, régnant en maîtres, silencieux et nonchalant, de la Médina. Je m’évade alors de rues en rues, grimpant d’un escalier à l’autre, attendant patiemment que les façades rendue bleus sombre par les instants de l’aube se transforment en bleu ciel sous l’éclat lumineux de l’astre montant qui nous a permis la vie. Et, peu à peu, la vie, justement, refait surface, on se réveille. Une boutique ouvre, puis une femme passe, transportant un énorme sac, un homme qui part aux affaires. Les façades bleutées s’éclaircissent enfin face au soleil montant toujours plus haut dans le ciel.

seuls quelques chats traînent dans les ruelles, régnant en maîtres

seuls quelques chats traînent dans les ruelles, régnant en maîtres

Si le bleu est une couleur, à Chaouen il en est 1000. Des milliers de tons du clair au ciel, rappelant la mer en ces montagnes, qui tournent parfois au violet, ou suis-je trahit par l’ombre de ce vignoble surplombant la rue? Le vert qu’y glisse ses feuilles vient d’un éclat transformer cette ruelle en un tableau, un Van Gogh, un Picasso, et les pots de fleurs, orange, jaune, rouge, viennent apporter encore des traits éclatant à ce festival de couleurs bleuté, cet arc en ciel.

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les pots de fleurs, orange, jaune, rouge, viennent apporter encore des traits éclatant à ce festival de couleurs bleuté, cet arc en ciel.

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Quelques gamins apportent leurs oranges, une table et puis on presse le fruit et se dresse déjà quelques stands de jus d’orange alors qu’en face une porte, toujours bleue, s’ouvre laissant place à différentes formes d’arts locaux.
Mais plus de Choukran ni de Salam pas plus que de Bonjour, on me parle en anglais. Me voici bientôt coincé parmi un groupe de touriste russes s’étalant sur une ruelle entière alors que plus loin ce sont des asiatiques, ma connaissance quasi nulle de ce vaste continent ne me permettant pas de leur donner une nationalité je vais les appeler ainsi, qui prennent d’assaut un escalier. À tour de rôle on se photographie.

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Je m’évade alors de rues en rues, grimpant d’un escalier à l’autre, attendant patiemment que les façades rendue bleus sombre par les instants de l’aube se transforment en bleu ciel sous l’éclat lumineux de l’astre montant qui nous a permis la vie.

 

Le Maroc est de contraste. Dans ses montagnes reculées, l’âne y est encore un moyen de transport. À Chaouen, on fait la queue pour prendre en photo un escalier.

Les rues se remplissent et les chats, qui régnaient en maître il y a une heure encore, se faufilent entre les jambes et les murs, cherchant de la nourriture pour les plus audacieux. Une fuite pour les autres. Ils ne règnent plus en maître en témoigne ce chaton crevé qui gît au sol, comme écrasé par le diable. Tristement peut-être, cela ne me touche guère. Oh je l’aurai bien sauvé, mais il est trop tard. Et bien souvent en Afrique l’Animal, lorsqu’il n’est pas sacré ou utilisé pour le travail, est traité comme le terme qui l’y renvoie, un animal. L’Animal naît animal, et meurt animal. L’Animal est animal. N’en déplaise aux russes qui l’aperçoivent juste après moi.
L’oeuvre, terrible s’il en est, probable d’un scooter, le seul type de véhicule motorisé que j’ai vu circuler dans ces ruelles.

Plus loin une famille de mexicain, si je me fie au maillot que porte le père, se prend en photo devant cette porte décorée où je passe pour la troisième fois au moins alors que l’espagnol, la langue, devance parfois l’anglais. Au fond l’Espagne est s’y proche qu’on peut y venir en week-end depuis les villes du sud de pays et je l’entends résonner souvent dans les discussions qui tournent autour de moi ou lorsqu’un marocain me salue d’un « Hola ».

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Chaouen me semble suffisamment grande et belle pour attirer plein de monde

De Madrid à Tokyo, de Moscou à Mexico, Chaouen à quelques airs d’international lorsque « retentit » midi. Le soleil est maintenant brûlant et les multiples bleus des façades et autres escaliers s’éclaircissent à la lumière de juillet. Les rues abondent de monde et les souks, toujours si vivants et colorés, m’étouffent. Il est temps pour moi de battre en retraite et de retrouver mon auberge et ma chambre, bien marocaine quant à elle. La fraîcheur y est conservée mais l’eau si glacée que j’attendrai le plus chaud du jour pour me rafraîchir.

On m’interpelle quelques fois encore. On me propose un guide, du hachich, sans trop insister. Chaouen me semble suffisamment grande et belle pour attirer plein de monde, mais suffisamment petite pour ne pas s’y perdre et me laisser respirer un minimum.

Je m’égare l’esprit qui, devenu trop subjectif pour m’en apprendre plus, n’insiste guère et me laisse bercer par la douceur qu’est la vie lorsqu’on a le temps de la contempler.

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je me laisse bercer par la douceur qu’est la vie lorsqu’on a le temps de la contempler.

Olivier Rochat

 

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