De retour sur la route

Km 39’151, Bangangté, Cameroun.

Après un mois de pause à Yaoundé pour cause de paludisme, ce n’est qu’à la fin du mois de Janvier que je pédale mes premiers kilomètres de l’année 2017. Direction l’Afrique de l’ouest et en premier lieu l’ouest du Cameroun. Après plusieurs mois et milliers de kilomètres en pleine forêt tropicale, je la quitte enfin. J’entame mes derniers jours en Afrique centrale.

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plusieurs fois par jour on me demande à me prendre en photo, à tel point que j’en prendrai presque la grosse tête

Voici un article écrit sur la route, le 2 février 2017:

Quel bonheur de se retrouver sur la route après plus d’un mois de pause.

En me dirigeant sur l’ouest du pays, je découvre un Cameroun différent de celui que j’avais pu découvrir jusqu’alors. A quelques dizaines de kilomètres de la région anglophone du Cameroun, on m’aborde tantôt en anglais, tantôt en français. Pour ma part je me dois de dire que peu à peu je me sens à l’aise dans ce pays qui visiblement regorge d’énérgie et de curiosité. « Du courage, du courage » me dit-on la plupart du temps depuis le bord de la route, comme pour m’encourager face aux pentes qui mène gentiment mais sûrement sur les montagnes de l’ouest.

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face aux pentes qui mène gentiment mais sûrement sur les montagnes de l’ouest.

Et puis une nouvelle situation s’offre à moi dans mon rapport avec les locaux. Une situation très rarement vécue jusqu’alors, si ce n’est avec certains des touristes croisés en Namibie ou en Afrique du Sud: les photos. En effet plusieurs fois par jour on me demande à me prendre en photo, à tel point que j’en prendrai presque la grosse tête. Mais malgré cette curiosité on prend la peine de me demander, comme hier ou traversant un petit marché ou l’on vend oranges et papayes, un jeune m’offre spontanément une orange, qu’il découpe en 6 afin que j’en suce les différents quartiers. « Ca te donnera des forces » me dit-il. S’ensuit une discussion sympathique ou peu à peu les jeunes assis aux alentours viennent se mêler. Nous voici rapidement tout un petit groupe. « Tu vas au Gabon pour voir la CAN? » (La CAN est la coupe d’afrique des nations de football qui se déroule actuellement au Gabon voisin et le Cameroun y joue les demi-finales ce soir) me demande un jeune homme. « Non non je vais à l’ouest et toi, tu vas au Gabon voir les Lions indomptables? »

« Oui, je vais y aller? » continue t’il. Un peu surpris je lui demande comment va t’il y aller, par la route?

« Non j’y vais en hélico » ajoute-t’il. « En hélico??? » « Oui en hélico » termine t’il l’air sérieux, bien qu’il a surtout l’air de ne pas comprendre ce qu’il dit… Et puis on demande à me prendre en photo. J’accepte à condition de pouvoir moi aussi prendre ma photo.

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Malgré tout cette dernière est suffisamment large et c’est tranquillement que je m’enfonce dans les collines de l’ouest qui deviennent montagnes

Très vite je décide de retourner sur la route principale, fatigué par les nombreux kms de pistes ultra poussièreux qui m’ont mené du nord du Congo au centre du Cameroun précédemment. J’y retrouve un peu de facilité. Les marchés sont fréquents, de petits restaurants vendent ces « fameuses » omelettes-spaghetti ou de la viande de brousse. J’y goute pour la première fois du hérisson. Accompagmé de banane plantin ce n’est pas mauvais.

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la « fameuses » omelette-spaghetti

Puis un panneau m’indique, non sans inquiétude, qu’ici les routes sont dangereuses: ICI 18 MORTS est écrit sur le bord de route…

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un panneau m’indique, non sans inquiétude, qu’ici les routes sont dangereuses

Malgré tout cette dernière est suffisamment large et c’est tranquillement que je m’enfonce dans les collines de l’ouest qui deviennent montagnes. Pour la première fois depuis près de 5 mois, je dépasse l’altitude de 1000 mètres et c’est les jambes en compote, loin de mon niveau de forme, que j’arrive dans la ville de Bangangté. Peu à peu je retrouve gout a la route, a la simplicité qui en découle, les rapports si particuliers avec les locaux et bien loin des préjugés véhiculés, entre autres, par les médias.

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Pour la première fois depuis près de 5 mois, je dépasse l’altitude de 1000 mètres

En demi-finale de la Coupe d’Afrqieu des Nations

Ce soir les Lions indomptables du Cameroun jouent les Black Stars du Ghana pour une place en finale de la CAN, dimanche contre l’Egypte. On a sorti les maillots mais malgré la soif de victoires des Lions Indomptables, la pression ne se fait pas du tout sentir, les camerounais sont déjà sûr de leur victoires: « on va les taper », ça ne fait aucun doute » me dit-on régulièrement, malgré l’obstacle plus que respectable que constitue l’équipe du Ghana, finalistes sortant, dont les résultats sur ces 10 dernières années n’ont rien à envier à ceux du Cameroun.

Au vu de cette CAN que j’ai trouvé assez décevante et qui me rappelle le dernier EURO ou le beau jeu est sorti perdant face aux équipes dominées, ce Cameroun là a toute ses chances. Mais pourtant il y a deux semaines, à l’entame de la CAN, on ne donnait pas cher de cette équipe camerounaise qui a vu 8 joueurs refuser leurs séléctions. Aujourd’hui en demi-finale et déjà championne dans la tête de beaucoup, et bien qu’il faudra attendre quelques heures afin de savoir si elle va réellement continuer sa course vers le titre qui se jouera dimanche, c’est certainement la fête que l’on s’apprête à faire.

Il n’en fait aucun doute…Et de cette manière nous sortirons tous vainqueurs.

Olivier Rochat

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