Le désert vert

Km 34’800, Djambala, Congo-Brazzaville.

Un désert au Congo? vous étonnerez-vous. Pas étonnant qu’il soit vert dans cette région.  Allez, ne vous imaginez pas non plus le Sahara, il s’agit d’un plateau rempli de collines sableuse. Un sable recouvert… d’herbe verdoyante, parfois de petits buissons, d’ou le titre de cet article. La traversée, ou plutôt l’arrivée, des plateaux par  ce « désert vert »  a donné une certaine ampleur à cette aventure au Congo-Brazzaville. En effet j’y ai roulé pendant près de 2 jours sur une route magnifique qui longe les crêtes des collines amenant des montées et descentes incessante. Et entouré d’un paysage unique dans mon voyage. Un moment très particulier, si proche de la forêt tropicale, mais si différent.

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Le « désert vert »

Je retrouve ma solitude

Après 10 jours passé avec Pedro, nous nous sommes séparé. En effet j’avais initalement prévu de retourner à Brazzaville pour y faire mon visa pour le Cameroun, avant de revenir sur le Gabon par la suite, alors que Pedro a finalement décidé de le faire directement à Libreville, la capitale gabonaise, puisque la frontière a enfin daigné se rouvrir. Mais ce n’est que provisoire puisqu’avec la bonne entente que nous avons partagée, nous prévoyons de nous retrouver plus tard, d’ici quelques semaines, au Cameroun probablement.  Si tout va bien.

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Je retrouve ma solitude

C’est en bordure de la forêt équatoriale que nous avons repris nos chemins solitare, à plus de 500 km de Brazzaville. Cependant, pour revenir dans la capitale congolaise j’ai du faire un grand détour puisque la région du Pool, régulièrement en proie a des combats, à vécu quelques jours de tension dernièrement, amenant la mort de 4 policiers. Si, par manque d’information, j’avais traversé cette partie du pays en quittant Brazzaville, y revenir équivaudrait à prendre certains risque inutiles, surtout à vélo.

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Le désert vert, un détour qui vaut la peine…

La seule solution qui s’offrait à moi était de contourner le Pool pour atteindre Brazzaville par le nord. Pour cela je dois me rendre dans la région des plateaux. Une région qui se trouve au centre du Congo-Brazzaville et isolée s’y je prends en compte le versant qui m’y amène. En effet il faut traverser une région que les habitants de la région appellent  « désert ». En réalité il s’agit de collines verdoyantes et sans forêt, sauf parfois au pied des collines. Une des particularité de ces collines est qu’elles sont faites de sables, le climatest y est plus sec que sur les forêts qui l’entoure, notamment au nord et à l’ouest. Heureusement la route est, quant à elle, faite de latérite, une roche rouge, permettant ainsi d’avoir une route roulable à vélo, et non pas sableuse.

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La route est, quant à elle, faite de latérite, une roche rouge, permettant ainsi d’avoir une route roulable à vélo, et non pas sableuse.

Mais qu’elle solitude

Durant plus de 100 km je me retrouve a grimper des collines incessantes dont parfois l’état de la route m’oblige à pousser mon Cargo. Pas un village, pas un point deau et pas une seule âme humaine pour plus d’un jour, sur une durée de 106 km. La forêt équatoriale me parait si loin, mais pourtant c’était hier.

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C’est en « attaquant » la première colline que je quitte, soudainement, la forêt équatoriale que je laisse derrière moi

La nuit, après un coucher de soleil magnifique, j’ai maintenant droit à tout cet espace pour moi. Pour moi seul… Comme ce fut souvent le cas en Egyote, au Botswana ou en Namibie. Mais le décor est cette fois différent.

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La nuit, après un coucher de soleil magnifique, j’ai maintenant droit à tout cet espace pour moi. Pour moi seul…

Pas de pluie le lendemain mais un épais brouillard le matin, amenant de l’humidité. Humidité difficile lorsque le soleil surgit, dès 9 heures, beaucoup plus tôt que dans la forêt. Un  » petit » 30°C m’apparaît comme un bon 40, en quelques km je m’épuise, transpirant incessamment. La route n’apparaissant pas sur les cartes je me fie au renseignement des locaux qui mindique des distances raccourcies par rapport a la réalité. Il me reste alors 1 litre d’eau pour les 35 derniers km. Impossible de trouver de l’ombre… sauf sous les nuages s’ils j’arrivent à m’y trouver dessous.

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Impossible de trouver l’ombre

Le reste ne sera que gestion, arrivant a Kebara, le premier villagea après ce  » désert « , épuisé, ne trouvant plus de force pour faire fonctionner mes muscles déshydratés. Les 6 derniers km de montée, terrible mais entouré d’une savane verte et magnifique, furent vécu comme entre deux eaux, entre enfer et paradis. Certaine partie de la montée sont trop sableuse pour être pédalée, d’autre suffisamment pour raide pour m’obliger à devoir pousser mon Cargo. Pourtant en arrivant au sommet de cette dernière colline, la plus longue et dure de tout ce désert -et de tout le Congo-Brazzaville pour ma part- je découvre un autre climat, en plus du panorama qui m’entoure.

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Certaine partie de la montée sont trop sableuse pour être pédalée, d’autre suffisamment pour raide pour m’obliger à devoir pousser mon Cargo.

Les nuages reprennent immédiatement leurs places,juste au-dessus de ma tête comme de coutume depuis mon arrivée au Congo-Brazzaville. La vie humaine refait son apparition et de nouveaux villages accompagnent mon chemin les uns après les autres. Et comme bien souvent depuis mon arrivé dans ce pays je les traverses à travers les   » « bonjour Papa « ,  » ça va ?  » et autre signe de bienveillance qui donnent à ces villages isolés, sans éléctricite ni richesse, presque oublié du monde « moderne », quelque chose de fort et touchant, une simplicité matérielle qui offre une richesse, tout autre, aux rapports humains si particulier de cette partie du monde où chaque soir, dormant chez l’habitant, je découvre l’hospitalité des locaux. L’hospitalité de ceux qui n’ont rien, ou presque, mais qui donne tout.

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en arrivant au sommet de cette dernière colline, la plus longue et dure de tout ce désert -et de tout le Congo-Brazzaville pour ma part- je découvre un autre climat, en plus du panorama qui m’entoure.

Alors que le pays semble tourner au ralenti, l’hospitalité me semble fonctionner en accéléré. Pas un soir sans lit, pas un soir sans eau pour me laver. Pas plus de 5 minutes pour trouver ou me loger.

Les quelques scènes surréaliste passée dans des commissariat de police corrompu n’y changeront rien. Le compliqué de la bureaucratie n’enlève rien à la facilité que m’offre les villageois.

Ni à la beauté naturelle de ces régions éloignées des grands centre et ports commerciaux.

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a beauté naturelle de ces régions éloignées des grands centre et ports commerciaux.

Direction Brazzaville

Le lendemain et avec plus 900 km de pistes au Congo-Brazzaville, je retrouve  le goudron. Avec un certain plaisir, bien que ces dernières semaines de pistes furent magnifique.

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mes derniers km de pistes furent pédalé dans une boue collante, fatiguante

En effet le violent orage d’hier soir avait laissé des traces et mes derniers km de pistes furent pédalé dans une boue collante, fatiguante, à laquelle sont venus s’installer les « fueros ». Des petits moustiques difficilement visible qui viennent littéralement te sucer, laissant parfois de bien pénibles démangeaison sur les jambes, les bras et tout ce qu’ils ont pu piquer. Avec l’humidité de ce matin, impossible d’y échapper. J’en ai gagné quelques trace de sang sur le bas des jambes. Au moins ils ne transmettent pas la malaria. C’est déjà ça.

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les « fueros ». Des petits moustiques difficilement visible qui viennent littéralement te sucer

La suite, jusqu’à Brazzaville, consistera en une route goudronnée et généralement plate, entrecoupée, tous les 100 km à peine, d’une longues descentes de plusieurs km offrant la encore de belles vues, puis, de l’autre côté de la rivière, une montée semblable. Avant de reprendre un chemin plus plat et ennuyant, heureusement accueillant que seul quelques orages et « nid de poulets » viennent pértuber de temps en temps.

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Un « nid de poulets » comme on dit ici. Heureusement il n’y en avait pas beaucoup des comme ça.

Mais encore

Cette route aussi spectaculaire qu’inatendue aura donc été une belle découverte, surprenante et inoubliable. Pour la situer géographiquement, elle se trouve entre Zanaga et Djambala, deux villes séparées de 180 km.

10 km au sud de Zanaga, en direction de Brazzaville se trouve un village nommé Ingoumina. Ici il faut prendre sur la gauche et Oubiti, situé  10-15  km après Ingoumina. C’est là qu’il faudra se ravitailler en eau puisqu’ensuite il n’y a rien jusqu’à Kébara, 105 km plus loin. Quelques km après Oubiti il faut prendre sur la gauche (ne pas suivre Kimba-Kindamba), ensuite il n’y a plus de carrefour jusqu’à Kébara.

Si vous voyager à vélo il faut prévoir suffisamment d’eau (une dizaine, un peu moins si pous pensez le faire en un jour) parce que la route n’est pas si facile, avec des collines incessantes. Quelques part ne sont pas roulable à vélo car trop sableux, bien qu’ils sont rares. Il faut aussi généralemen plus chaud que dans la forêt équatoriale et il est très difficile de trouver de l’ombre. Fait non négligeable à vélo.

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Cette route aussi spectaculaire qu’inatendue aura donc été une belle découverte, surprenante et inoubliable.

SI vous décidez de passer une (ou plusieur) nuit là-bas -je vous le conseille- vous aurez droit à l’appaisante solitude de la région. Le bruit des grillons, des oiseaux, pour principal compagnon.

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Le bruit des grillons, des oiseaux, pour principal compagnon.

Quelques photos en vrac

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Olivier Rochat

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