Sadani, entre l’enfer et le paradis

Km 16’696, Bagamoyo, Tanzanie.

J’ai rejoins l’océan indien

Entre l’enfer et le paradis, se trouve le parc national de Sadani – comme ça vous êtes prévenu-. Probablement mon plus gros moment de solitude de ce voyage, couplé à de beaux moments de quiétude. C’est en effet sous la pluie que j’ai enfin atteint l’océan indien. Mais c’est dans la boue, le sable mouillé ou parfois dans l’eau (tout simplement) que je l’ai longé, non sans apercevoir mes premières girafes, quelques hordes de babouins et pleins de belles choses, dans un paysage de Safari. Ainsi durant plus de 2 jours j’ai longé l’océan indien sur près de 200 km de pistes et si à l’instant où j’écris ce message (31 mai 2015) le calme est revenu, ce ne fût pas toujours le cas.

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Entre l’enfer et le paradis, se trouve le parc national de Sadani

L’océan indien, enfin!!!

Après avoir quitté le Kilimandjaro j’ai continué mon chemin en direction de l’océan indien. Pour cela j’emprunte une grosse route qui finalement s’avérera être moins terrible que prévue (je m’attendais à une grosse circulation insupportable et dangereuse). Sur 325 kilomètres je vais longer un petit massif montagneux sur ma droite (est) et les steppes Massai sur ma gauche. Les vues n’ont rien d’exceptionnelles mais sont plutôt agréable quant à la route, parfaitement asphaltée presque tout du long, elle n’est pas surbondée comme imaginé. Sans grand relief mis à part quelques petites collines ma seule difficulté sera le vent de face, qui venant de l’océan indien sera de plus en plus fort au fil des jours. Mais j’arrive sans encombre dans la ville de Muheza. Là, alors à une quarantaine de kilomètres de l’océan indien je décide de rejoindre Dar es Salaam par les côtes et non pas par l’énorme route principale. Par conséquent j’emprunte une piste qui longe l’océean indien en direction de Dar es Salaam, traversant notamment le parc national de Sadani.

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J’emprunte une piste qui longe l’océean indien

Après n’avoir rencontré la pluie que brièvement durant les 6 derniers jours, je quitte Muheza confiant, près à m’élancer sur les pistes. Cependant l’humidité est bien plus pesante et les 27°C matinal sont écrasant. Finie les grandes plaines massai, place maintenant à une épaisse végétation, les cocotiers et bientôt quelques plages de sable fin.

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place maintenant à une épaisse végétation

La première heure sur les pistes est agréable malgré l’humidité, une piste pas toujours facile et quelques petites montées et descentes. Mais c’est après un peu plus d’une heure que tout se gâte. Le ciel s’assombrit mais heureusement j’ai déjà parcouru plus de la moitié des 43 kilomètres menant à l’océan indien lorsque la pluie débute. La deuxième moitié sera bien autre…La pluie violente et me prenant au dépourvu. Sans possibilité de m’abriter je roule maintenant sur une piste dont chaque côté de la route se remplit peu à peu d’eau, formant comme un petit ruisseau. Puis la route en terre devient plus molle et de fréquentes flaques d’eau se forment et lorsque la route n’est pas jonchée de cailloux qui la maintienne « solide », elle devient boueuse. Je découvre alors la réalité des côtes tanzanienne de l’océan indien où la saison des pluies n’est pas tout à fait terminée, contrairement aux autres parties du pays qui retrouvent peu à peu soleil et bientôt la sécheresse. De plus cette année la saison a été particulièrement forte et début mai les côtes ont été inondées à plusieurs reprises. Depuis l’eau s’est bien retirée mais le sol est encore bien humide.

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la route en terre devient plus molle et de fréquentes flaques d’eau se forment et lorsque la route n’est pas jonchée de cailloux qui la maintienne,

Heureusement la route est bonne sur la majorité du parcours et j’arrive tout de même à Pangani pour ma toute première rencontre avec l’océan indien. La pluie ne cessant, je m’arrête une bonne partie de l’après-midi, découvrant un joli petit village de bord de mer. Et c’est en Ferry que je quitte Pangani. Ici un bras de mer rentre dans les côtes et la forte végétation empêche la construction d’une route pour le contourner. Par conséquent un bateau transportant voitures, simples passagers et marchandises fait l’aller-retour plusieurs fois par heure. Là je paie mon billet 200 shillings tanzanien, soit à peine 10 centimes d’euros. Après quelques minutes de traversées à peine, je me retrouve de l’autre côté, prêt à entamer la longue route en direction de Dar es Salaam.

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un bateau transportant voitures, simples passagers et marchandises fait l’aller-retour plusieurs fois par heure.

Sous la pluie, le soleil puis les moustiques

Et puis après quelques kilomètres le long de l’océan indien sur une piste pas trop mauvaise, j’ai atteint la belle plage d’Ushoto. Au début c’était juste du sable mouillé à peine mixé à de la terre de temps à autre. Puis la pluie a redoublé et enfin je suis arrivé a la plage d’Ushoto. Magique! Entouré de cocotier monstrueusement haut j’ai pu profiter d’une bière et d’un poisson péché sous mes pieds avant de me laisser bercer par l’océan indien. La je pensais qu’après la difficile et humide journée que je venais de traverser le meilleur était à venir. Sauf que cette nuit la, il ne s’est jamais vraiment arrêter de pleuvoir.

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J’ai enfin pu profiter d’une bière et d’un poisson péché sous mes pieds avant de me laisser bercer par l’océan indien

La suite? Pas facile, surtout pour la tête. La pluie, violente, m’accompagne dès le matin. Heureusement elle ne dure qu’une heure avant de laisser place à un ciel de plus en plus bleu. Sur des pistes détrempées mais en relativement bon état je continue, découvrant de joli et sauvage paysages dont la seule circulation sont des motards et cyclistes locaux.Parfois j’aperçois d’énorme cocotier, très impressionnant je dois dire. Mais après toute cette pluie les moustiques n’en demandaient pas tant et s’est dévoré de toutes parts que je continue tant bien que mal.

 

 

A travers le parc national Sadani

La route, sableuse, est jolie et parfois j’aperçois d’énorme cocotier ainsi que d’autres arbres bi-formes presque « serpent ». Très impressionnant je dois dire. Mais lorsque les nuages disparaissent la chaleur augmente et avec toute cette humidité pédaler devient compliqué, d’autant plus que mon porte bagage cède. En effet un boulon cède, une visse dévisse et me voici bien embêté. En attendant de pouvoir le réparer correctement (une simple visse fera l’affaire certes), je continue en le raffistollant, ne trouvant rien pour réparer sur place.C’est donc chancelant que je continue avant, enfin,d’arriver au moment tant attendu, la traversée du Parc National de Sadani.

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j’aperçois d’énorme cocotier ainsi que d’autres arbres bi-formes presque « serpent ».

Le ciel tient toujours bon lorsque je m’embarque à travers les 44 kilomètres du parc, en fin d’après-midi. La piste, devenue très sableuse, reste néanmoins bonne mais soudain, sur ma droite, j’aperçois quelques têtes suspendues en haut d’un long coup!  Magnifique! Mes premières girafes!!! Je m’arrête histoire d’observer tout ça et soudain elles se mettent à traverser la route juste devant moi. Impressionnant!!! Puis quelques kilomètres plus loin, toujours en découvrant de beaux paysages, c’est maintenant des babouins en veux tu en voilà que j’aperçois, le tout, donc, dans un décor de safari. Et sur une route toujours acceptable.

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Magnifique! Mes premières girafes!!!

Le soir je passe une sympathique soirée avec les habitants du petit village de pêcheurs de Sadani. Histoire d’oublier que la pluie, au soir, avait recommencé. Et qu’au petit matin elle venait à peine de s’arrêter.

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Au matin, bien que d’un ciel sec c’est sur une route sableuse et très humide, je continue ma route à travers le parc national de Sadani. Agréables, sauvages, y apercevant à nouveaux quelques groupes de babouins, les 20 premiers kilomètres sont de toute beauté. Mais c’est à la sortie du parc que tout se gâte. En effet, j’entre dans une région marécageuse et les violentes pluies du mois de mai ont inondé la région alors que les pluies persistante de fin mai, plus tardive que prévu, ont empêché le retrait total de l’eau et la route est restée très très très humide. Humide, c’est le moins que l’on puisse dire.

 

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40 kilomètres les roues en enfer, une envie de fini, mais les pieds bien sur (en) terre, pas si loin d’un paradis. Celui de Sadani!

Il me reste alors près de 40 kilomètres de pistes, soit dit en passant: 40 kilomètres les roues en enfer, une envie de fini, mais les pieds bien sur (en) terre, pas si loin d’un paradis.Celui de Sadani! Des côtes de l’océan indien. Celui d’hier et demain. 

Heureusement les gens étaient souriant!

Du sourire d’ailleurs il m’en fallu pour traverser ces pistes boueuses, surtout lorsque la pluie se manifesta à nouveau. Mais avec beaucoup de patience et énormément de bonne volonté j’ai vu la « fin »…

C’est donc bien vivant et des souvenirs pleins la tête après près de 200 kilomètres de pistes le long de l’océan indien que j’ai rejoins le bitume et Bagamoyo.

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Magique! A nouveau!!!

Magique! A nouveau, avec cette fois le soleil en toile de fond!

Me voici maintenant à 70 km de Dar es Salaam, principale ville de Tanzanie et fin de cette troisième étape.Une étape qui commençait joliment à tirer en longueur et entamée il y a plus de 5400 kilomètres sur les hauts plateaux éthiopiens (Addis Abeba)…

En espérant que cette fin d’étape marque la fin de cette saison des pluies qui commence à se faire longue.

Pour le reste on pédalera.

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Pour le reste on pédalera.

 

Olivier Rochat

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