Km 16’765, Dar es Salaam, Tanzanie.
La troisième étape de mon voyage se termine et ce soir j’ai posé mon compteur. 5’497 km! Voici donc la distance entre Addis Abeba et Dar es Salaam… soit 900 km de plus que prévu, encore une fois. Et c’est avec 4000 km et 1 mois de plus que prévu a l’origine que je rejoins Dar es Salaam, sur les bords de l’océan indien et tout proche de la mythique zanzibar. Et bordel de dieu, j’ai eu mon visa pour le Malawi!!! Ce matin déjà, en moins de temps que je n’aurai jamais imaginé. Et qui plus est d’une durée de 3 mois à partie du jour d’entrée à condition d’y entrer dans le mois qui vient (jusqu’au 3 juin).
Le Malawi et moi, une histoire qui dure
Toutes les personnes qui me connaissent un peu savent l’attachement et l’intérêt que j’ai pour le Malawi, petit pays d’Afrique australe. En 2002 je découvre le Malawi à travers un exposé à faire pour l’école. En rendant mon exposé, je continue à m’intéresser au pays, à ses coutumes, et même à sa langue principale, le Chichewa, que j’apprends un peu à travers un miraculeux livre français-chichewa sorti quelques semaine avant cette improbable rencontre (probablement le seul livre de traduction français-chichewa qui existe): « Parlons Chichewa, langue et culture du Malawi », par Pascal J. Kishindo et Allan Lipenga, édition l’Harmattan sorti en 2004. Aujourd’hui, ravagé par quelques millions de tournements de page, le livre à perdu de sa splendeur mais réside toujours dans mon coeur. Dans sa partie poète probablement.
Bref, avec le temps, l’adolescence, le début du travail, une passion naissante pour les sorties à vélo, le Malawi est peu à peu mis de côté. Cependant l’idée d’un jour le rejoindre à vélo demeure, persiste, grandit puis enfin devient réalité. Le 1er juin lorsque j’arrive à Dar es Salaam, voici 260 jours que je suis sur la route. Malgré les détours le Malawi n’est plus très loin mais un seul problème persiste encore: l’obtention du visa!
En effet le Malawi est probablement le pays le plus accessible du continent africain pour tous les voyageurs occidentaux. Même sans passeport on peut y entrer car une simple carte d’identité suffit et on y entre de la même manière que dans n’importe quel pays de l’union européenne (pour les européens bien sûr). Parmi les pays occidentaux seul les autrichiens et les suisses ont en effet besoin d’un visa au préalable. Pour eux (donc pour moi) le visa, d’une valeur variant de 70 à 100 US Dollars, est à faire au préalable dans leur pays d’origine. En cas de voyage itinérant je n’ai pas trouvé la moindre information concrète, parcourant blog, forum et site internet depuis longtemps. De plus voilà plus de 2 mois que j’essayais d’atteindre l’ambassade du Malawi à Dar es Salaam, sans succés. Finalement la seule information que j’ai eue je l’ai eue la semaine dernière et elle était mauvaise: elle me disait que l’ambassade était en fait fermée.
Les derniers kilomètres de la troisième étape
C’est donc plein de doutes et fatigué que j’arrive a Dar es Salaam, principale ville de Tanzanie du haut de ses 4-5 millions d’habitants et situé sur les côtes de l’océan indien. Mais la pluie, au moins, ce matin s’est arrêtée. Vent de face, les yeux brûlants à cause de la poussière mais plein d’espoir puisqu’il en faut, je me lance donc à l’assaut de l’ambassade du Malawi à peine entré dans la ville de 5 millions d’habitants qu’est Dar es Salaam.
Un premier pas au Malawi
En 20 minutes je trouve l’ambassade (une « High Commission » en fait). Et là, première bonne surprise, il se trouve qu’elle est ouverte et en plus, délivre des visas d’entrée au Malawi. Je découvre alors l’administration malawite, héritage anglais.
Après quelques fouilles dès l’entrée, je reçois mon badge et en 5 minutes une feuille de demande de visa. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y a pas foule. J’ai donc tout loisir d’argumenter avec la très sympathique, mais trop sérieuse, secrétaire (devrais je dire « Mama »?)., habillé à la manière d’Angela Merkel, cheveux mi-longs plaqué et le teint noir charbon.
-« Un visa s’obtient en 4 jours normalement, parfois plus! », me dit-elle. « C’est l’ambassadeur qui décide. » Là ma première impression est qu’il décide à la tête du client. Dans 4 jours on arrive au weekend et l’idée d’attendre une semaine de plus ici ne m’enchante guère, mais bon au moins le visa s’obtient. Je m’assoie (assied?) et patiemment j’attends les instructions.
Après vérification de ma demande de visa par la gentille -mais trop sérieuse- secrétaire- une chose cloche sur ma demande de visa: je n’ai pas d’adresse d’hôtel à Dar es Salaam. Après de multiples explications j’arrive à faire comprendre que je voyage à vélo et que ce soir, ben dormir c’est encore une équation et par conséquent il m’est impossible de donner une adresse d’hôtel a Dar es Salaam (mais à quoi ça sert de donner une adresse d’hôtel a Dar es Salaam pour obtenir le visa du Malawi? ). Quand au résidentiel malawite que je suis censé connaître il s’appellera « Stephan Gossman », allemand résidant a Lilongwe et possédant un numéro de téléphone que je viens d’inventer ( pour obtenir les visas on est souvent censé connaître quelqu’un vivant dans le pays où l’on veut voyager et ainsi donner une adresse et un numéro de tléphone. Une adresse et un numéro de téléphone qui souvent sont celles d’un(e) habitant(e) imaginaire) ce que la gentille – mais trop sérieuse – secrétaire a bien compris. Sans pour autant m’en faire pars.
Finalement j’insiste avec le sourire, car selon moi 4 jours pour un tampon c’est quand même long non? Mais la gentille -mais trop sérieuse- secrétaire a bien du mal à comprendre que je n’ai pas (encore) de chambre d’hôtel ni d’adresse à Dar es Salaam puisque j’y arrive à l’instant. Le code doit être respecté. Heureusement, vu qu’il n’y a pas foule, (je suis le seul dans la salle d’attente ce matin là) elle m’envoie directement chez l’ambassadeur qui est le plus a même de choisir si oui ou non -et en combien de temps- ce visa me sera délivré. J’entre dans alors dans la salle de travail de Monsieur l’ambassadeur du Malawi à Dar es Salaam.
Entrant dans une pièce plus climatisée qu’un frigo -sérieusement j’avais jamais vu ça- me voici maintenant face a Monsieur l’ambassadeur du malawi, un petit homme timide et souriant. Et un peu antipathique quand même. Dans un premier temps il me demande ce que je fais ici, pourquoi etc… Là je lui montre mon intérêt pour le pays, mon voyage et l’aide qui en ressort…
-« Oui Sir, je traverse l’Afrique à vélo! » lui dis-je.
-« Wow it’s taf! And you are not tired? » Me répond t’il.
– » Ben oui mais je me repose de temps à autre. .. « avant de continuer sur quelques mots de Chichewa, la langue du Malawi que j’avais apprise (enfin quelques mots) lorsque j’avais 15 ans.
« Tsiku, ndidzapita ku malawi »: Un jour j’irai au Malawi…
» L’espace d’un instant, dans ce véritable frigo mais lieu de travail du sympathique Monsieur l’ambassadeur du Malawi à Dar es Salaam, je suis redevenu ce gosse de 15 ans qui avait un rêve. Un rêve plus fort que tout, que l’amour et que la mort. Un rêve sorti de moi, durant des mois puis des années, un rêve guère banal et incertain, peu logique mais magnifique, quasi magique. Un rêve aussi qui pour une fois en était un et au bout du compte, plus fort que tout, que l’amour et que la vie.
Et même que la maladie. Un rêve simple mais guère banal: rejoindre le Malawi à vélo. En partant de chez moi! ». Soit Lausanne en Suisse.
Monsieur l’ambassadeur du Malawi à Dar es Salaam me demande alors si j’ai de quoi payer sur moi, je m’exécute. 100 US Dollars. C’est le prix à payer!!! Oui, C’est cher, mais pas plus que prévu et pour moi le Malawi n’a pas de prix. Tous mes amis d’enfance savent a quel point je m’étais attaché et intéressé a ce pays durant mon adolescence, allant jusqu’à a en apprendre les bases du Chichewa, langue principale – et nationale- du Malawi parlée par la majorité des 17 millions d’habitants du Malawi (ainsi que dans quelques régions de la Zambie voisine).
Je sors mon billet de 100 dollars et la gentille secrétaire, toujours trop sérieuse, se met a le froisser dans tous les sens pour finalement me dire que la texture n’est pas la même que les dollars qu’elle possède. Je crois rêver, mon rêve emporté par un billet de 100 Dollars US qui n’a pas la texture désirée!!!?!!! Je lui sors alors mon 2éme -et dernier- billet de 100 US dollars. Pour le même résultat. Mes dollars, pourtant de 2009, ne lui conviennent pas! J’avais déjà entendu que pareille mésaventure était arrivée a d’autres voyageurs qui s’étaient vu refusé leur visa à Maputo (Mozambique) car ils possédaient des Dollars de 2004.
Je fait signe d’aller en chercher d’autres dans mon sac avant de revenir, en fait, avec le même billet.
-« Oh this one looks better! », avance la gentille secrétaire, pathétique pour l’occasion.
Elle prend mon billet de 100 dollars, le paiement est fait. Monsieur l’ambassadeur me colle son autocollant sur mon passeport, j’ai mon visa. Le Malawi est à moi!
Après 13 ans d’attente, le moment tant attendu est venu, j’ai obtenu mon visa pour le Malawi. Alors que je m’attendais à l’attente, de la paperasse et autre régles administrative à la con, voir un possible refus ou une attente d’une semaine comme c’est parfois le cas, arrivé à 11h11 à l’ambassade, je suis reparti à 12h12… le visa pour le Malawi dans les mains!
En attendant le Malawi, mon frère me rejoint
Ainsi se termine cette troisième étape. La note finale est la plus belle que je pouvais espérer et qui plus est sans difficulté: l’obtention précoce du Visa pour le Malawi -en tout cas beaucoup mieux et plus rapide que tout ce que j’avais lu sur les forums et autres blog-. Et oui j’ai joué et cette fois j’ai gagné! En quelque sorte.
D’autant plus que vu qu’une bonne nouvelle ne vient jamais seule mon frère me rejoins ce soir et a l’instant où j’écris ce mot (17h54 en Tanzanie) je m’apprête à aller le chercher à l’aéroport. Ensemble c’est près de 4 semaines que nous allons partager à travers la Tanzanie et peut être, vu que le visa est finalement facile à obtenir même pour les suisses, jusqu’au lac Malawi. Plus qu’un rêve ou qu’une aventure humaine, partager ça avec mon frère est unique et inestimable pour moi. Le rush des 10 derniers jours c’était donc pour le rejoindre mais les 925 kilomètres pédalé durant ces 10 jours en ont valu la peine.
Le meilleur est à venir. Maintenant place aux retrouvailles, au repos, au lavage et mise à neuf du vélo (mon frère ne venant pas les mains vides), a la découverte de Dar es Salaam et surtout, bientôt et enfin, au sud de la Tanzanie et au Malawi.
Le mot de la fin
Mon frère m’a bien rejoint à Dar es Salaam. Ayant obtenu son visa pour le Malawi en une heure à peine, nous nous apprêtons à (re)prendre la route ensemble, en direction du Lac Malawi. C’est donc plein d’entrain et d’un souffle nouveau que je continue. Cependant, désirant profiter un peu plus de mon frère et du bien de sa présence, les articles seront probablement mis de côté durant les prochaines semaines. Mais ne vous inquiétez pas je suis en de bonne main!
En route pour Malawi!
Olivier Rochat
Bonjour ! Je pars au Malawi dans un mois et je n’ai pas commencé la procédure pour le visa alors je m’inquiète. En combien de temps l’avez-vous obtenu ? Par voie postale ?? Merci beaucoup 🙂
Désolé je viens de relire attentivement cette fois votre article, vous l’avez donc otebnu à l’arrivée, mais apparemment la législation à change et ce n’est plus possible… ?
Bonjour, alors étant de nationalité suisse j’ai du faire mon visa en ambassade,à Dar es Salaam pour 100 USD mais quand j’y suis retourné en novembre 2015 je l’ai fait à la frontière depuis la Zambie pour 75 USD. NOrmalement il est possible de l’obtenir à l’aéroport, en tout cas si vous êtes françaises ca ne devrait pas causer de souci mais je sais que normalemen les suisses et autrichiens doivent le faire au préalables contrairement aux autres ressortissants d’europe de l’ouest. Maintenant il est normalement possible de l’avoir à l’aéroport, c’était le cas encore très récessement et je n’ai pas entendu parler de nouvelles législations. Une fois sur place on peut le prolonger facilement pour 2 mois supplémentaiare pour 5000 kwachas/mois (6-7 euros) à Mzuzu, Lilongwe, Blantyre et Likoma au bureau d’immigration. Bon voyage