Gamin de rien

Km 10744, Mersa, Ethiopie.

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Les gamins d’Ethiopie reste, pour tout cycliste qui s’aventure en Ethiopie, une aventure en soit.
Depuis mon arrivée en Ethiopie, voici déjà deux semaines, je découvre un pays magnifique. Magnifique certes mais pauvre certainement. La misère est quotidienne ici et les gamins, m’apercevant, ne se font pas prier pour me courir après et me demander de l’argent avec leur Money! Money! incessant. Parfois ils s’écrient youyouyou ou alors Farenje. Ce qui signifie étranger. De temps en temps, je leur donne un crayon, un caramel ou un ballon. Ensemble c’est alors quelques instants émouvants, la rencontre de deux mondes. Mais il arrive que les plus teigneux me lancent des cailloux et me poursuivent sur plusieurs kilomètres avec une énergie démentielle. S’en est devenu très fatiguant. Plus fatiguant que les routes pentues de l’Ethiopie certainement. Et puis J’ai aussi reçu une tomate et un coup de pied. Ainsi les gamins d’Ethiopie restent, pour tout cycliste qui s’aventure en Ethiopie, une aventure en soit. Mais pas que… Pour moi j’en ressors ce texte. Parce que le gamin, qu’il soit riche ou rien, c’est notre avenir. Notre demain…

 

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La Chinese Road, sur les hauts plateaux éthiopiens

Km 10709, Weldiya, Ethiopie.

 

 

Au coeur de la région de l’Amhara

Perchée sur les tout hauts plateaux éthiopiens,  serpentant les falaises pour y monter puis pour y redescendre après de nombreux km a plus de 3000 mètres d’altitude, d’une longueur de 300 km pour une altitude maximale de 3552 mètres, c’est la chinese road, seconde plus haute route asphaltée du continent africain. Il existe bien quelques routes carrossables plus hautes qui traversent notamment les Simiens mountains et le mont Tulu (Ethiopie), mais en terme de bitume roulable correctement et reliant deux vallées, la chinese road est la seconde plus haute route d’Afrique après celle des Bale Mountains (3’600 mètres d’altitude).

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la chinese road

 

En route pour les montagnes

En quittant Bahir Dar le 26 février 2015, j’ai reçu ma première… tomate. Paf ! En plein sur ma jante… ça change des cailloux. Et dire qu’après on me court après en me demandant… à manger. Oui l’Ethiopie est ainsi. Toujours aussi belle, mais toujours aussi… Ethiopie. L’Ethiopie est Ethiopie et il faut y aller pour comprendre ce qu’être Ethiopie veut dire. Car l’Ethiopie est fière. Fière, fière, fière… Fière d’être Ethiopie. Fière d’être éthiopien. Fière d’être éthiopienne. Mais n’oublions pas que l’Ethiopie a vaincu le colon italien pour obtenir son indépendance. D’où cette fierté légitime. L’Ethiopie reste ainsi le seul pays d’Afrique avec le Liberia a n’avoir jamais été colonisé d’ou une grande fierté qui en ressort ce qui se ressens fortement a travers la population.

Toujours est-il que moi, colon parait-il, je n’ai pas fini. Non je n’ai pas fini de recevoir des cailloux, je n’ai pas fini d’être un Farenje, je n’ai pas fini d’être ébloui par ce pays, de grimper, de transpirer, de manger des injera et de boire des jus de mangues-avocats. Non j’en ai pas fini avec l’Ethiopie ! En fait je viens juste de commencer. Et ça risque de durer un peu.

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Nil (la chute) et hauts plateaux (l’intro)

Km 10’333, Bahir Dar, Ethiopie.

Entre le Nil et moi c’est une longue histoire. Une histoire qui dure depuis plus de 2 mois et 4’300 kilomètres. En voici la chute…

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Entre le Nil et moi c’est une longue histoire. Une histoire qui dure depuis plus de 2 mois et 4’300 kilmoètres. En voici la chute…

La chute du Nil… A 36 kilomètres de Bahir Dar, se trouvent les chutes du Nil. Superbe à admirer malgré le « peu » d’eau qui y coule en ce mois de février. En effet c’est la saison sèche en Ethiopie, la saison des pluies étant de juillet à mi-septembre. Mais peu importe moi je profite de quelques jours de repos à Bahir Dar donc je fais un peu de tourisme et c’est avec grand plaisir que j’ai pu admirer le Nil une toute dernière fois. Avant de le retrouver, peut-être en Ouganda, sous le nom de Nil Blanc… En effet, entre le Nil et moi c’est une longue histoire. En voici déjà la chute. A défaut de fin… Enfin on verra bien.  En Afrique tout n’est que probabilité.

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Les chutes du Nil de près

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Bipolaire

Km 10’128, Azezzo, Ethiopie.

Bipolaire

Oui l’Ethiopie est ainsi: bipolaire. Entre le haut et le bas. Le riche et la misère… Moi je l’ai rêvée, je l’ai voulue, je l’ai désirée, j’y suis allé et je l’ai eue! Et maintenant que l’ai et que je la vois, ben je la vis. L’Ethiopie. Je la vis…

Bipolaire, entre la beauté de ses femmes, la stupidité de ses gosses, le partage que j’ai avec chacun de ses hommes, sa population qui, folle, gambade le long des route aux pentes à 1000 %, sa misère et ses hôtels de luxe à 8 dollars…L’Ethiopie est bipolaire. Entre le très haut et le très bas. Mais l’Ethiopie ne paraît pas. L’Ethiopie est. Elle est là, vivante et pas qu’un peu. Blessante parfois, touchante souvent. Belle, tout le temps. Et même bipolaire et incompréhensible, moi elle me plaît ainsi.

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10’000 km (notion d’émotion difficile)

Km 10’000, Méka, Ethiopie.

Au jour 159, alors traversant mon 12 ème pays et après plus de 560 heures de pédalages, j’ai pédalé cette après-midi le 10’000 ème km depuis Lausanne, Suisse.

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le km devint col, pays puis continent…

Une goutte de plus, un km de plus, un centime de plus… goutte après goutte la goutte devint flaque puis océan. Le km devint col, pays puis continent, le centime, immatériel je le rappelle, devint pièce et puis billet, et cumulé devint millier.
Et me voici en Éthiopie. J’ai pas fini de transpirer. En fait je commence juste de grimper. Et ces gosses qui courent, courent, derrière moi par « millier »…

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Difficile

Difficile de trouver sa place dans un pays comme celui-là. Un pays comme l’Éthiopie. Un pays qui m’a fait tant rêver par sa beauté. Un pays qui a connu famine et guerre, toujours misère, le pays des ignorés. Ces réfugiés que j’aperçois chez moi, sur qui l’on crache, et leur misère que l’on se cache. Parce que c’est plus facile.
Notre vie est tellement difficile. Suffit de voir, on se plaint tous de la météo.

Oui pour moi c’est difficile. Difficile à 25 ans de découvrir le monde tel qu’il est. Difficile de dire ma vérité telle qu’elle est. Telle que je la vis. Telle que je la ressens. Difficile de regarder cette femme me regarder, se faire belle pour moi dans l’espoir de quelques sous. Prête à tout. Se prostituer. Difficile quand tu viens d’un pays comme le mien… Qui a l’arrogance des tout grand. Mais n’en a ni la taille ni le talent. Si ce n’est beaucoup d’argent. Mais qui est toujours là pour t’expliquer la vérité. Celle d’une bulle protégée au milieu de l’humanité.

Difficile…

Difficile de refuser les sourires de cette misère, celui de cette mère. De ce gosse et son caillou qui me courent après.
Difficile de m’arrêter de pédaler dans un pays comme celui-là. Comme l’Éthiopie…
Difficile de vouloir être quand tu viens du paraître.
Difficile d’oser dire « difficile » en parlant de soit quand tu viens d’où je viens et que tu vois ce que je vois…

Reste l’émotion, celle que je deale à ce gosse avec un crayon que je lui donne, et son sourire qui soudain me surprend.

Reste l’émotion, pour ne jamais abdiquer. L’émotion de nos vies, notion d’infini défini. Celui de l’émotion. Elle t’emmène à travers le monde. D’où que tu viennes. Où que tu ailles. L’émotion n’est pas définie. Elle est infinie. Te surprend au tournant et ne te lâche plus…

L’émotion…

Olivier Rochat

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10’000 km après Lausanne… reste l’émotion!