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10’000 km (notion d’émotion difficile)

Km 10’000, Méka, Ethiopie.

Au jour 159, alors traversant mon 12 ème pays et après plus de 560 heures de pédalages, j’ai pédalé cette après-midi le 10’000 ème km depuis Lausanne, Suisse.

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le km devint col, pays puis continent…

Une goutte de plus, un km de plus, un centime de plus… goutte après goutte la goutte devint flaque puis océan. Le km devint col, pays puis continent, le centime, immatériel je le rappelle, devint pièce et puis billet, et cumulé devint millier.
Et me voici en Éthiopie. J’ai pas fini de transpirer. En fait je commence juste de grimper. Et ces gosses qui courent, courent, derrière moi par « millier »…

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Difficile

Difficile de trouver sa place dans un pays comme celui-là. Un pays comme l’Éthiopie. Un pays qui m’a fait tant rêver par sa beauté. Un pays qui a connu famine et guerre, toujours misère, le pays des ignorés. Ces réfugiés que j’aperçois chez moi, sur qui l’on crache, et leur misère que l’on se cache. Parce que c’est plus facile.
Notre vie est tellement difficile. Suffit de voir, on se plaint tous de la météo.

Oui pour moi c’est difficile. Difficile à 25 ans de découvrir le monde tel qu’il est. Difficile de dire ma vérité telle qu’elle est. Telle que je la vis. Telle que je la ressens. Difficile de regarder cette femme me regarder, se faire belle pour moi dans l’espoir de quelques sous. Prête à tout. Se prostituer. Difficile quand tu viens d’un pays comme le mien… Qui a l’arrogance des tout grand. Mais n’en a ni la taille ni le talent. Si ce n’est beaucoup d’argent. Mais qui est toujours là pour t’expliquer la vérité. Celle d’une bulle protégée au milieu de l’humanité.

Difficile…

Difficile de refuser les sourires de cette misère, celui de cette mère. De ce gosse et son caillou qui me courent après.
Difficile de m’arrêter de pédaler dans un pays comme celui-là. Comme l’Éthiopie…
Difficile de vouloir être quand tu viens du paraître.
Difficile d’oser dire « difficile » en parlant de soit quand tu viens d’où je viens et que tu vois ce que je vois…

Reste l’émotion, celle que je deale à ce gosse avec un crayon que je lui donne, et son sourire qui soudain me surprend.

Reste l’émotion, pour ne jamais abdiquer. L’émotion de nos vies, notion d’infini défini. Celui de l’émotion. Elle t’emmène à travers le monde. D’où que tu viennes. Où que tu ailles. L’émotion n’est pas définie. Elle est infinie. Te surprend au tournant et ne te lâche plus…

L’émotion…

Olivier Rochat

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10’000 km après Lausanne… reste l’émotion!