Km 38’114, Pokola, Congo-Brazzaville.
Après avoir rejoint Bétou, tout au nord du Congo-Brazzaville, ou j’ai pu passer 5 jours de repos avec Massimo et Simone, deux italiens qui travaillent pour la compagnie Likouala Timber, je suis revenu sur mes pas. En effet la situation en centrafrique, bien que plutôt stable, m’a poussé à rebrousser chemin et essayer une fois de plus à apercevoir des gorilles.
Si j’aurai eu la chance d’en apercevoir deux de plus, sans compter quelques uns que j’ai entendu s’enfuir le long de la route, c’est un autre élément qui est est venu m’imposer sa présence. Une présence plutôt désagréable, celle de la poussière.
Le retour de la saison sèche
Malgré les distances entre chaque point de ravitaillement (entre 80 et 200 km la plupart du temps), les animaux sauvages rencontrés (gorilles, chimpanzé, serpents vénimeux et léopard entre autre) le plus pénible aura finalement été… la poussière.
En effet quelques jours après la dernière pluie, une épaisse couche de poussière recouvrait la route. Si le traffic n’est pas énorme dans ces régions, de nombreux grumier parcourent ces routes. Il s’agit de gros camions transportant le bois de cette énome forêt tropicale en direction des gros centres urbains ou le bois sera traité.
Chaque camion qui passe dégage alors une fine poussière qui vient recouvrir la route jusqu’à plusieurs mètres de hauteur. Parfois, lorsque la poussière est grande, il devient impossible de voir quoi que ce soit. Mes lunettes de soleil, utilisée ici comme protection, se recouvrent de poussière et il me faut les laver tous les 2-3 camions. Après chaque camion la poussière reste suspendue quelques instants en l’air et parfois ce dernier est difficilement respirable durant plusieurs minutes.
Camion après camion, mon corps se recouvre lui aussi de poussière. Une fine poussière sèche qui se fixe sur tout mon corps, en particulier mes cheveux qui changent de couleurs. En début de saison sèche les températures sont également très élevées, et bien que l’humidité baisse au courant de la journée (40-50%), elle reste suffisante pour donner des températures ressentie supérieur à 40°C. En pédalant dans ces conditions je me mets vite à transpirer.
L’eau qui sort à la surface de mon corps recouvert de poussière se mélange avec cette poussière, formant une sorte de pâte boueuse sur le visage ou les bras.
A la fin de la journée, la bouche terreuse, les yeux piquants, je me rend à l’évidence: me voici redevenu poussière.
Olivier Rochat