Km 51’655, Salikénié, Sénégal.
Entre la découverte de la Guinée (Conakry) et de sa voisine, la Guinée-Bissau, je me suis permis une minuscule parenthèse sénégalaise. Une première entrée longue de 200 kilomètres longeant la frontière bissau-guinéenne, avec pour but premier de longer un parc national puis découvrir un peu du sud du Sénégal. Le tout favorisé par le fait qu’en possession d’un passeport Suisse, comme c’est le cas pour la majorité des pays occidentaux, je n’ai plus besoin d’obtenir un visa au préalable. Un simple tampon, gratuit, m’est accordé à la frontière et m’autorise à séjourner jusqu’à trois mois au Sénégal.
« Trop facile » ai-je envie de dire, surtout quand l’on sait quels documents sont demandés (une liste longue comme le bras) au ressortissant africain pour obtenir un visa cour séjour dans la zone Schengen, visa qui leur sera très souvent refusé sans motif valable, les ambassades n’ayant jamais eu besoin de motif valable pour refuser un visa, tel que je l’avait vécu moi-même avec les ambassades angolaises. Trop facile, certes. Mais je ne vais m’en plaindre, c’est certain.
Si je n’aurai pas vu grand monde le long de ce parc national, mis à part quelques singes, je me serai régalé des pistes traversant la campagne sénégalaise. Pistes pourtant bien loin de ce que je pouvais m’imaginer d’un pays qu’on me décrit souvent comme l’un des plus développé de toute l’Afrique francophone.
Pistes certes plutôt bien revêtue, bien mieux que celles d’hier en Guinée (en même temps…), mais qui surtout m’ont mené à travers un coin de pays, tout à l’est de la Casamance, intact et authentique au fourmilière géante, puis traversant une rivière sur une barque tirée à la corde, croisant des charrettes chargée de foin tirée par de jeunes gamins le long d’innombrables villages au petite maisons de terres rondes au toit de paille.
Sans oublier quelques passages le long de cette piste devenue sentier où mes sacoches avant me servent de protection pour mes jambes, à la façon de protège tibias, face aux grandes herbes, plantes et branches qui me fouettent durant plusieurs kilomètres lorsque le sentier s’amincit.
Ajoutez-y quelques sympathique rencontres avec les habitants, certainement peu habitué à voir passer des touristes dans ce coin de pays où certains villages s’atteignent difficilement en voitures, et vous avez là quelques choses de très agréables. Bien qu’en découvrant ces villages habité par le même peuple que je croisais hier en Guinée, les Peuls, je me rend compte, et pas pour la première fois, à quel point de nombreuse frontières en Afrique ne sont qu’un résultat des colonies, sans aucune écoute des cultures, langues, tribues et autres faits locaux. Imaginez qu’on vienne dans votre région, que l’on y tire une ligne. Au nord de celles-ci: le Sénégal, francophone. Au sud: la Guinée-Bissau, lusophone. Difficile, par la suite, de s’y trouver -et construire- une identité.
Mais ce Sénégal-ci n’était qu’une mise en bouche puisque c’est bien en Guinée-Bissau que je me rend.
« Vous n’avez pas votre visa? Les suisses en ont besoin! » Me demande l’officier sénégalais.
Un peu surpris mais à peine, je lui explique que j’ai appelé l’ambassade sénégalaise à Genève, qui m’a confirmé que je n’avais pas besoin de visa puis que me suis même rendu à l’ambassade de Sénégal à Conakry où l’on m’a confirmé la même chose.
Surpris de ma réponse mais loin d’être de mauvaise fois, l’officier me crois lorsque je lui dit que c’est une nouvelle loi de mars 2017, tel que l’ai lu sur le site officiel du Sénégal. Il appelle donc les responsables de l’immigration à Dakar qui confirme mes dires. L’information n’était visiblement pas encore arrivée dans cette région du pays. Je ne serai pas venu pour rien. L’officier tamponne mon passeport. Il me laisse partir, me souhaitant bon voyage.
Presque trop facile. Je ne m’en plaindrai pas. Mieux même : je reviendrai.