Km 17’748, Tukuyu, Tanzanie.
écrit du 19 juin 2015
De retour au milieu des bananiers… Incroyable Tanzanie! !! Après 4 journées inoubliable sur les hauts plateaux des Kipengere Mountains et le belle traversée du parc national de Kitulo, difficile de revenir sur terre, de s’échapper entre deux bus et 3 motos ou encore de ne pas s’énerver devant les courantes arnaques. Mais rassurez vous, il fait beau. Il fait chaud, et après 200 jours en Afrique les arnaques je cours aussi vite qu’elles. Seulement ce matin je me réveillais avec le givre et… une mer de brouillard incroyable en bas de moi, Le lac Malawi caché quelque part en-sous cet quelques…2’500 mètres plus bas. Oui avec le givre et maintenant me voici au milieu des bananiers dans un décor pas si loin de l’Ouganda alors que ce matin, et hier et avant hier également, le décor c’était plutôt le Canada. La Mongolie. A la limite peut être Scandinavie… Oui pendant 4 jours c’était les montagnes de Kipengere, une escale hors du temps…
Entre montées et cailloux
En effet 4 jours de route pour 200 kilomètres de pistes caillouteuses et difficile avec des moyennes de pédalage très lente, flirtant avec les 8 km/h. Mais ça en valait la peine. Ca en valait le détour, quelques galères, et le côté pas très glamour.
Et 8 cols au passage. 8 petits cols sur des routes aussi mauvaises que raides, construites en cailloux intenables qui s’enfuient sous tes roues, construites par des ignorants, des pentes à 20%… Bon dieu mais où sont les virages? Et là tu vois débouler un car remplis de monde et surtout de femme et de gamins. Il attaque la pente sans aucune visibilité sur ce qui pourrait venir et pire que tout, sans aucune possibilité de freiner puisque les cailloux s’en vont et tout ce qui les touches par avec. Là si tu te trouves sur sa route, celle du car, qui que tu sois, riche ou pauvre, Mzungu ou du coin, père ou gamin, restera rien.
A près de 3’000 mètre d’altitude…
Bref… encore une fois l’Afrique va mal! Mais par miracle tout le monde est vivant. Plus de peur que de mal. Parce qu’on est en Afrique et si tout y est difficile tout est possible. L’Afrique est un miracle. Un miracle désordonné qui ne se réalise que lorsque tu n’as pas d’attentes. heureusement j’en avais pas. Mais le givre tu vois je l’attendais pas ce con là.
Justement de soir en soir, dans ma tente, il fit plus froid. Le premier soir, coucher de soleil magnifique à plus 2200 mètres d’altitude proche du village de Kipengere. 3 couches sur moi. Le deuxième soir un peu plus bas, dans un trou. Humide. Terrible au pied d’une pente vertigineuse qui me réchauffa dès le matin d’une nuit qui n’avait rien d’africaine. Le 3ème soir au pied des bois entre deux vaches et un âne qui visiblement crevaient de froid… Un ciel magnifiqu et premier givre. Là au matin le Nutella (oui ca réchauffe les matière grasse) était cailloux. Comme ma route qui soudain, après un dernier col, devint presque Toundra… nous voici sur les hauts plateaux de Kitulo. Énorme.
A 2’rrivé à 2’900 mètres d’altitude les forêts avaient disparu, les champs aussi. Plus de villages à l’horizon. Enfin, un sentiment vivant de liberté. Juste le vent, puissant, qui a chaque montée semblait vouloir me refuser. Finalement dans ce décor qui n’avait rien d’africain, vint une falaise et de la une vue imprenable sur la pleine. Celle du lac Malawi, trop lointain pour l’apercevoir. Puis une mer de brouillard qui se leva, cachant l’improbable forêt que je surplombais depuis ce haut plateau venu d’un autre continent.
Alors vint l’improbable village de Kikundo. Probablement le plus beau village que j’ai vu depuis l’Éthiopie avec ces petites maisons construites en bambous, toit de chaume. Un petit portail en bambou relie par des lianes. Le tout parfois posté a l’orée de cette improbable falaise qui versait plusieurs centaines de mètres en contrebas. Propre hormis la rue centrale. Par moment on aurait qu’Astérix et Obélix n’étaient pas loin…
Et C’est au pied de kikundo que passa notre dernière nuit sur les hauts plateaux de Kitulo. Bière et tomates a l’apero, riz, épinard et tomates au menu, biscuit au dessert. Simple. Et cette vue simplement dominante.
En direction des bananiers et du Lac Malawi
Mais c’est dominé par le froid qu’au petit matin, bien avant le soleil, je me réveille. La bouteille de Bière laissée hier soir à côté de la tente est blanche de givre… presque autant que moi. Il doit faire -3°C. Ce que pourtant les villageois de Kikundo ne semblent pas apercevoir. En effet les touristes ils ne connaissent pas. En traînant dans le village de Kikundo c’est donc patates cuites a la cendres pour un déjeuner mémorable au milieu de cette petite famille, pauvre mais généreuse, qui soudain nous invita.
Alors vint la descente. Les bananiers remplacerent la toundra. Le temps d’une pause. Le temps d’un écrit. Le lac Malawi cette fois c’est sûr est juste en bas…
Quelques photos en plus:
Olivier Rochat