Km 14’483, Nyashakame, Rwanda.
-A deux-
Après 2 jours de repos à Kigali, où j’ai pu découvrir une ville construite sur plusieurs collines, très propre, sérieuse et très sûre, j’ai repris la route en direction de l’ouest du Rwanda mais cette fois accompagné de Stephan, rencontré deux jours auparavant à Kigali. Ensemble nous prévoyons de découvrir les montagnes du Rwanda avant de rejoindre la Tanzanie ou nous nous séparerons, Stephan plongeant sur le sud alors que je me dirigerai vers l’est du pays et l’océan indien. Mais avant cela place donc aux 1000 collines du Rwanda, à commencé par les alentours du Lac Kivu.
Le lac Kivu en 2-3 mots, selon wikipédia…
« Le lac Kivu est l’un des grands lacs d’Afrique.
Le lac Kivu se déverse par la rivière Ruzizi, qui alimente au sud le Lac Tanganyika. Il a gagné une triste notoriété lors du génocide du Rwanda de 1994, de nombreuses victimes y ayant été jetées. Il couvre une superficie totale de 2 700 km2 et se situe à une altitude de 1 460 mètres au-dessus du niveau de la mer et est l’un des trois lacs méromictiques d’Afrique.
Au fond du lac, environ 500 m de sédiments recouvrent le socle cristallin précambrien. Au nord du lac, des anomalies magnétiques sont dues à d’anciens épanchements volcaniques1. la salinité approche 4°/°° au fond du lac.
C’est dans ce lac que l’on trouve Idjiwi la plus grande île à l’intérieur du continent africain avec une longueur de 40 km et une superficie de 285 km2. »
Sur la route
Au matin du lundi 27 avril 2015, nous nous embarquons, Stephan et moi, à travers les montagnes du nord du Rawanda
Enchaînant trois cols compris entre 1400 mètres et 2500 mètres d’altitude la route pour rejoindre Gisenyi, au nord du lac Kivu, ne fut pas facile malgré le très bon revêtement des routes, toujours sans trou mais « cent bosses.
De plus c’est avec de fréquentes averses que nous parcourons les près de 170 kilomètres nécessaires pour rejoindre le port de Gisenyi. Heureusement mais également des moments plus frais et difficile, notamment lors des 1000 mètres de descentes du dernier col jusqu’au bord du lac Kivu.
Sur l’eau
Finalement, après avoir passé une superbe nuit sur les bords du lac, nous avons pris, tôt le matin, un bateau de Gisenyi à Kibuye, au nord-est du Lac, nous permettant ainsi d’éviter les 90 km de pistes défoncées (paraît-il) pour rejoindre cette petite ville.
Durant trois heures la traversée du Nord-Est du lac Kivu fut belle et agréable, découvrant un peu le quotidien des habitants du coin qui utilise fréquemment ce bateau pour rejoindre Kibuye ou d’autres villages côtier difficile d’accès par la route.
La plupart des passagers emportaient avec eux bon nombres de marchandises, allant de la caisse de salades au sac de charbons énorme. Entassés sur le pont ce ne fut pas rassurant de recevoir les gilets de sécurité. .. Cependant la traversée du Lac fût tranquille et parfois belle, apercevant alors les côtes montagneuses (côté Rwanda) ou l’île d’Idjiwi (sous gouvernement congolais) ainsi que bon nombres de bateau de pêcheurs (devrais je dire barque? ).
Pagayant difficilement pour tirer le gros filet qui regroupait 3 barques, les pauvres pêcheurs, galériens pour le coup, galérais pour tirer cette embarcation frileuse. En quête de poissons pour gagner quelques sous, se payer quelques bières ( femmes? ) et survivre un peu plus longtemps, la vie ne semble pas être facile pour les pêcheurs du lac Kivu…
Pays tranquille et sérieux mais très souriant le Rwanda est, jusqu’à maintenant, plutôt plaisant..malgré les cols et la pluie, certes entrecoupées d’éclaircie. Ainsi nous passons une nuit juste à côté d’une église dans le village de Mubuga. Au matin nous participons, curieux, à la messe. Durant un peu plus d’une demie-heure nous découvrons avec plaisir les chants qui accompagnent les belles paroles du prêtre qui généreusement nous avait laissé planter notre tente gratuitement tout en nous apportant du bon pain, de l’eau pour se laver et du thé pour se réchauffer. Ce dernier étant toujours le bienvenu lors de ces nuits fraîches et pluvieuses.
Un mois qui s’en va, un autre qui prend le pas, mais la boue, elle, était bien là…
Après la messe du village de Mubuga, nous reprenons la route, confiant, serein, et reposé…Nous voici arrivé, déjà, aux portes du mois de Mai…
« Avril, déjà, se termine. A vrai dire devrais je dire « loin des records mais bien dans la moyenne »: 1812 km de pédalé ce mois-ci.
Ce matin pourtant en regardant Stephan se démener dans la boue je me suis dit qu’on est quand même des sacré con, loin des records mais plus que la moyenne. La route montait en petit lacets quelques centaines de mètres à peine au dessus du lac Kivu, c’était 9 heure du mat’, 1 heure qu’on était parti… on avait pas fait 3 km.
La boue grimpait sur les roues et se coinçait sous le pare boue à force de s’accumuler. Moi ça fait un moment que j’l’ai balancé ce pare boue,alors c’est les freins qui prenaient, la boue cumulait, et j’avais plus besoin de freiner. Par contre pour avancer j’arrivais presque plus non plus. Ah ça c’est sacrément con…
et puis de temps en temps y avait ces gamins qui nous rejoignaient, au début ils répétaient « give money give money! » puis en s’apercevant de notre « connerie » ils disaient « Mzungu Mzungu » (ce qui signifie « homme blanc », « étranger » en langue bantoue d’Afrique de l’est -kiswahili, kinyarwanda, chichewa, luganda, etc…-) et se piaffaient de rire en nous voyant. Certains finissèrent par essayer de nous pousser… ils avaient probablement pitié de nous.
Bref… on avait pas fait 3 km. On voulait rentrer chez nous ^^
Ils avaient pitié de nous…
« Heureusement ça n’a duré « que » 5 km…Là c’était roulable. A 8 km/h. Puis les nuages ont peu à peu disparu et en début d’après midi, le tarmac est revenu… grimpant col après col la difficile « longée » du lac Kivu a continué, belle, relativement sauvage et finalement tranquille.
Alors au soir, avec plus de… 7 heures de pédalage sur 1 jour et une après-midi pour seulement 80 kilomètres (mais 2000 mètres de dénivellation positive tout de même), avril s’est terminé. Pour moi bien loin de là où il avait commencé.
En effet j’ai changé d hémisphère, quitté le Kenya, traversé l’Ouganda, découvert un peu du Rwanda, mais aussi pété 3 rayons, chuté dans un rond point… bref avril avec plus de 25 jours pluvieux (enfin « 25 jours avec de la pluie », il ne pleut jamais toute une journée en cette saison mais presque tous les jours), il était temps qu’il se termine.
Le temps passe, les jours filent…et la Tanzanie, déjà, se profile…
Olivier Rochat
Bravo ! Je vous admire !