De la vallée des Baobabs aux paysages scandinavien: à travers le sud de la Tanzanie

Km 17’508, Njombe, Tanzanie.

Voici maintenant 40 jours que je suis en Tanzanie. 40 jours mais également plus de 2’650 kilomètres de pédalé, ce qui fait de la Tanzanie le pays dans lequel j’ai le plus pédalé de tout mon voyage, devançant dorénavant la Turquie et ses 2’342 kilomètres. Et avec tout ce trajet en Tanzanie inutile de dire que les paysages ont bien changé depuis mon entrée depuis le plus petit Rwanda. Les longues vertes plaines Massai ont laissé places aux secs et froids hauts plateaux, le nuageux Kilimandjaro a laissé place à un soleil brûlant quant à l’océan indien il sera bientôt remplacé par le Lac Malawi que j’ai en lignes de mire. Ce soir c’est dans la petite ville de Njombe que je me repose, toujours en compagnie de mon frère qui m’accompagne depuis Dar es Salaam pour 3 semaines ensemble. Cela dit y arriver ne fût pas une partie de plaisir. Entre le vent de face, les ascensions ( nous voici maintenant à près de 2’000 mètres d’altitude) et la folle circulation c’est soulagé que nous avons atteint cette petite ville montagneuse prêt à en découdre avec la « haute » montagne et les belles piste du parc national de Kitulo.

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Les longues vertes plaines Massai ont laissé places aux secs et froids hauts plateaux

Sur l’une des routes les plus dangereuses d’Afrique

De retour sur les hauts plateaux, entre paysages à couper le souffle et circulation à couper en deux, c’est toujours sur l’une des plus dangereuses routes d’Afrique que nous continuons notre chemin. En effet, cette route est un axe routier très important reliant la Zambie à Dar es Salaam, principal pôle économique de la Tanzanie et plus grand port de l’océan indien de la région. C’est par là qu’arrive bon nombre de marchandises qui seront ensuite acheminées, en camions, en direction de l’ouest du pays et même jusqu’en Zambie et au Malawi. C’est donc de gros camions qui nous dépassent en permanence durant les 200 premiers km, après quoi nous atteignons la ville de Morogoro où une partie du trafic s’en va sur Dodoma, la capitale de la Tanzanie. Mais plus que les camions, très chargé mais très lent la plupart du temps, ce sont les cars qui sont le plus dangereux. Bondés, ils nous dépassent à des vitesses folles, parfois arrivant en groupe et se faufilant entre les camions ou autres jeeps même lorsqu’il n’ont aucune visibilité sur une éventuelle voiture venant en face. Heureusement la route est revêtue et c’est bien vivant mais les oreilles bourdonnantes que nous nous éloignons peu à peu de Dar es Salaam.

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entre paysages à couper le souffle et circulation à couper en deux, c’est toujours sur l’une des plus dangereuses routes d’Afrique que nous continuons notre chemin.

La surprenante vallée des baobabs 

Après la traversé du parc national de Mikumi et un peu de repos chez  Joseph nous avons entamé la belle montée sur les hauts plateaux.

Après une première montée de plusieurs kilomètres à travers une verte et épaisse forêt nous arrivons dans l’inattendue vallée des baobabs. Quelque chose d’unique et inoubliable. Pédaler au milieu de baobabs de toute les tailles, mais souvent plus large que haut, restera un grand moment. Plantés là les uns à côtés des autres avec leur forme unique et leurs branches qui terminent la tête de l’arbre comme le ferait les racines sur d’autres espèces, ils sont uniques. Presque magique. Et inoubliables. Pour la première fois depuis longtemps je savoure vraiment l’instant de pédaler dans ces conditions. Le vent est avec nous pour la première fois depuis longtemps, la route est vallonnée mais jamais raide laissant de belles vues sur les montagnes et notamment celles du sauvage parc national d’Uzungwa où, en contrebas de la route, quatre éléphants se déplacent gentiment. Lent et noble, ils marchent tranquillement le long de la rivière qui délimite la limite du parc national d’Uzungwa.

Alors demeure cet instant d’invasion, cet instant permission. Ici face aux éléphants le fade, l’ennui, le stress a disparu. Ou comment quatre être pourtant si différents peuvent me sortir d’une réalité parfois si fragile. Celle d’un continent face au mien. Celle du blanc face au noir. Disons-le, tout simplement. La réalité de l’éléphant que j’aperçois est bien plus belle que celle que vis au quotidien. De cette égalité qui n’existera jamais plus qu’elle n’a jamais existé. Un éléphant… au fond si banal mais parfois si vital…

Juste pour oublier

Heureusement ici là route est bien construite et chaque côté à sa délimitation pour piéton ou vélo. C’est donc sans trop se soucier de cette dangereuses circulation qui nous côtoient que nous nous laissons admirer cette incroyable forêt de baobab.

A nouveau, nous découvrons de beaux paysages.

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nous arrivons dans l’inattendue vallée des baobabs

 

Après cette impressionnante et intimidante traversée  c’est un véritable col que nous avons grimpé pour rejoindre enfin les hauts plateaux où pour la 1ère fois depuis longtemps le vent frais soufflant du sud m’a permis d’enfin me sentir à la montagne. A 1’500 mètre d’altitude la nuit fût bien froide sous nos tente mais peut être la plus belle depuis que mon frère m’a rejoins. Les cailloux ronds ont remplacé les baobabs, le vent s’est remis à souffler fréquemment et plus fort qu’avant. Nous voici maintenant sur les hauts plateaux! La montagne ressemble au Jura de chez moi, verte et caillouteuse mais sans ces extrêmes que je côtoyaient lors de mes sorties alpines. Plus plates

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la nuit fût bien froide sous nos tente mais peut être la plus belle depuis que mon frère m’a rejoins.

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Retour en montagne

Face au vent et face au froid malgré le soleil brûlant on se croirait presque au Canada.
De superbes paysages encore une fois pourtant bien loin de l’imaginaire que j’avais de cette région de la Tanzanie.
J’ai encore bien du mal à m’imaginer que quelques centaines de km plus au sud c’est le lac Malawi, bleu et chaud.

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en retournant a 2000 mètres d’altitude c’est tout un climat qui a changé.

Mais en retournant a 2000 mètres d’altitude c’est tout un climat qui a changé. De grandes forêts d’eucalyptus plantés quelques temps après l’indépendance, de vastes marais, un vent violent… les massai ont disparu. L’océan indien? C’est comme s’il n’avait jamais existé. Ici on se croirait presque en Scandinavie.

Ainsi pas facile de pédaler en Tanzanie. Pourtant malgré la pauvreté des villages, souvent à peine doté d’électricité, les contrôles de police alimentent nos conversations. En effet, vétu d’un costume blanc façon commandant de bord les policiers ont beaucoup d’argent à se faire avec leur petit radar mouvant car sur cette route rares sont les véhicules circulant au dessous de 100 km/h. Les amendes, fixées a 30’000 shillings (15 dollars), sont les mêmes pour toutes infractions. Sauf pour les cars dont les compagnies s’arrangent pour avoir le droit de rouler à toute vitesse. Partant du lac Malawi ou de la Zambie les cars, bondés, foncent alors en direction de Dar es Salaam. Klaxonnant presque en permanence, ils nous dépassent en zigzaguant ente les camions plus lent et ne pas avoir aperçu d’accident reste pour moi un réel mystère. Cela dit mes doutes sont vérifié: 900 morts en 2015 sur cette… des chiffres hallucinant mais compréhensible quant l’on voit comment circule ces cars dégénéré sur cette route qui si elle est bien large au début devient de plus en plus fines et en mauvais états plus on s’éloigne de Dar es Salaam.

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900 morts en 2015 sur cette… des chiffres hallucinant mais compréhensible quant l’on voit comment circule ces cars dégénéré.

Après une dernière nuit de toute beauté et plus de 700 kilomètres nous quittons cette belle route cimetière en direction des montagnes du nord du lac Malawi: les montagnes de Kipengere Range. Ici c’est des pistes et de la vie sauvage qui nous attend ainsi qu’une nouvelle ascension a plus de 2500 mètres d’altitude. Après quoi il sera temps de rejoindre, enfin, le lac Malawi, troisième lac d’Afrique par sa superficie et possédant l’une des eaux les plus claires du monde ainsi que le plus grand nombre de poissons vivant uniquement dans un lac avec plusieurs milliers d’espèces multicolores, paradis des aquariophiles.

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Après une dernière nuit de toute beauté

 

Reste toujours cette étrange, en Afrique le ridicule ne tue pas! Car ce que l’on appellerai chez moi communément « ridicule » ici forme l’esprit dirait-on et peu importe souvent nous croisons des vélos on va dire différent. De vieux vélos qu’en Europe on appellerait vélo de filles. Conduit par un homme d’âge mûr, soulier du Dimanche, pantalon noir et chemise rose. Noble. Et au fond tellement ridicule mais ici si banal. L’homme d’âge mûr sort sa pompe, pompe et repompe d’une énérgie folle. En Europe comment dire? ah oui on se paie des vestes à 500 francs juste pour avoir l’air de plaire… Pourtant moi c’est cet homme, pourtant si ridicule dans mon pays, qui me plait. Simplement car naturel et en aucun cas superficiel. Au contraire de cette voiture incroyable, une limousine repeinte  avec des flammes et autre dessins… C’est aussi ça l’Afrique: des goûts douteux mais jamais jugé… 

Et les doutes qui s’en vont au fil des désillusions…

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este toujours cette étrange, en Afrique le ridicule ne tue pas, le ridicule forme l’esprit dirait-on

Mais là encore, lors des 60 kilomètres nécessaires pour rejoindre Njombe, nous découvrons des paysages bien loin de ceux à quoi nous nous attendions. De grandes forêts, un vent de face froid et pénibles puis soudain, sur notre droite, d’énormes plantations de thés. Durant plusieurs kilomètres  nous apercevront ces énormes champs et nous comprenons alors pourquoi depuis ce matin les jeeps que nous croisons sont toujours occupées par un blanc et pourquoi nous avons aperçus soudainement plus de mécanisations. En effet tracteurs, moissonneuses batteuses et autres machines industriels sont présentes alors qu’avan tout ou presque se récoltait à la main. Ici le gouvernement a misé sur l’économie, l’agriculture, le thé, les forêts d’eucalyptus…

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soudain, sur notre droite, d’énormes plantations de thés.

 

C’est ainsi que nous sommes arrivé hier soir à Njombe, à près de 2’000 mètres d’altitude. Soleil brûlant mais vent violent il était temps de se reposer un peu.

Et ce matin en sortant dans la rue, une rue pour l’occasion grise d’un ciel grisailleux et d’une température presque glaciale, c’est un immense cortège de chants religieux qui nous a coupé la route. Chantant, dansant, en gris ou orange selon les groupes, devancé d’un bus où chantait un homme au haut parleur, portant différents drapeaux, c’est dans une ambiance de festival religieux que nous nous sommes réveillés. Et alors que se termine mon 9ème mois sur la route nous nous sommes soudain rappelé qu’aujourd’hui c’est Dimanche et que Dimanche c’est le jour de Dieu. Et qu’ici plus qu’ailleurs les religions sont bien présentes.

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Ce matin c’est un immense cortège de chants religieux qui nous a coupé la route.

Olivier Rochat

Une réflexion au sujet de « De la vallée des Baobabs aux paysages scandinavien: à travers le sud de la Tanzanie »

  1. Hannelore Preuss et Micha

    Nous suivons toujours avec beaucoup de plaisir et intérêt ton VOTRE voyage. Je suis émue de vous voir ensemble, une belle fratrie, et le partage est grande. Bonne continuation les DEUX. Hannelore avec Micha

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