Nyungwe et les pistes ensoleillées du sud du Rwanda

Km 14’793, Kibungo, Rwanda.

Nous voici (Stephan et moi) maintenant à seulement 60 kilomètres de la frontière tanzanienne. Après une sorte de Tour du Rwanda ou nous sommes arrivés par le Nord, descendu au centre, remonté sur le nord-ouest, descendu au sud par le Lac Kivu et traversé le sud du pays d’ouest en est en direction de la Tanzanie, l’impatience nous gagne de retrouver un terrain plus plat. En effet lors de mes 11 jours au Rwanda les kilomètres de plats ont été presque inexistants. C’est donc avec de nouveaux cols que nous avons continué notre route après la difficile longée du Lac Kivu. A travers le difficile mais superbe Parc National de Nyungwe dans un premier temps puis par les pistes du sud… avec le retour du soleil!

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les pistes du sud… avec le retour du soleil!

La forêt tropicale de Nyungwe

C’est à travers le parc Nationale de Nyungwe au sud du Rwanda que nous avons continué notre route. Surplombant de près le Lac Kivu et le Congo à l’ouest ainsi que le Burundi au sud, nous avons donc traversé le pluvieux parc nationale de Nyungwe où il pleut plus de 2’000 millimètres  de pluies chaque année.

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C’est à travers le parc Nationale de Nyungwe au sud du Rwanda que nous avons continué notre route

 

Le Parc National de Nyungwe est la plus large forêt tropicale humide de l’Afrique. Elle couvre plus de 1 000 km² et son altitude varie de 1 600 à 2 950 mètres. On y trouve plus de 240 espèces d’arbres, 140 espèces d’orchidées, 275 espèces d’oiseaux dont 24 sont endémiques, 13 espèces de primates, des léopards, des golden cats (chats dorés), des sangliers, des servals et des antilopes noires. De plus, la « controversée » source du Nil serait située au nord-est du parc. Un projet de réinsertion des éléphants est à l’étude, car depuis leur disparition, la forêt est envahie par les lianes et les plantes grimpantes qui étouffent les arbres. Les pachydermes se nourrissant de celles-ci, ils pourront ainsi rétablir l’écosystème.

La forêt de Nyungwe est également considéré comme le « poumon du Rwanda ».

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La forêt de Nyungwe est également considéré comme le « poumon du Rwanda ».

Sur la route

 

En quittant les difficiles routes longeant le Lac Kivu nous espérions un peu plus de plat… il n’en fut rien. En effet à travers le Parc Nationale de Nyungwe nous n’avons fait que grimper et descendre, atteignant une altitude maximale de 2550 mètres tout de même. Dès l’entame nous avons commencé à grimper sur plusieurs kilomètres avec des passages à 10%. Après quelques kilomètres ainsi nous avons enfin pénétré la forêt, impressionnante, épaisse… presque impénétrable.

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Après quelques kilomètres ainsi nous avons enfin pénétré la forêt, impressionnante, épaisse… presque impénétrable.

 

Cela dit nous n’avons aperçu que peu d’animaux sauvages, hormis une véritable horde de singes d’une quinzaine d’individus. Traversant la route juste devant nous a vive allure ce fut impressionnant de les voir ensuite sauté d’arbre en arbre à travers l’épaisse forêt de Nyungwe.

A défaut  de photos, voici déjà une petite vidéo:

Petite vidéo des singes dans la forêt de Nyungwe

Pour le reste, à part de nombreux bruits d’oiseaux, je n’aurai eu droit qu’au spectacle impressionnant d’un ver de terre de près (plus?) de 50 cm de long. Au début j’ai cru que c’était un serpent… Mais non: c’était bien un simple ver de terre.

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Un ver de près de… 50 cm de long… au début j’ai cru que c’était un serpent…

Une nuit dans la forêt de Nyungwe

Après la belle vue des singes, la nuit tombantes, nous avons décidé de tenter le coup et dormir dans la forêt. S’enfilant alors dans un petit sentier nous avons trouvé un emplacement nous permettant de planter notre tente sans trop de souci et presque au plat. Finalement la nuit se passera sans trop de souci si ce n’est la violente pluie qui durera toute la nuit.

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S’enfilant alors dans un petit sentier nous avons trouvé un emplacement nous permettant de planter notre tente sans trop de souci et presque au plat.

S’enfilant dans nos tentes sans en redemander, épuisé, refroidi, dormir ne fut pas compliqué malgré les bruits d’oiseaux et quelques cris de singes lointains. De plus, la belle vue que nous avons depuis nos tentes nous rafraîchit encore un peu plus: en effet nous voici à plus de 2’400 mètres d’altitude, une impressionnante vallée descends quelques centaines de mètres en dessous de nous et au loin, très loin, nous apercevons le Lac Kivu à côté duquel nous pédalions hier encore. Nous le surplombant maintenant de plus de 1’000 mètres.

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au loin, très loin, nous apercevons le Lac Kivu à côté duquel nous pédalions hier encore. Nous le surplombant maintenant de plus de 1’000 mètres.

 

Le Burundi en feu, nous décidons de le contourner

Le lendemain matin c’est sans surprise que nous enchaînons montées et descentes sans répits jusqu’à la sortie du Parc Nationale et un dernier col à 2’500 mètres d’altitude. Après quoi nous plongeons enfin en direction de la ville de Butare, plus très loin du Burundi.

 

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nous plongeons enfin en direction de la ville de Butare, plus très loin du Burundi.

Après un nouveau bivouac sauvage, sans pluie mais sous une épaisse brume, nous atteignos la ville de Butare. D’ici nous devions rejoindre le Burundi. Cependant la situatin au Burundi s’enflamme de jour en jour et ce puis plus d’une semaine déjà:

Pierre Nkurunziza, président du Burundi depuis août 2005 a brigué un troisième mandat à la présidence du Burundi. Le 25 avril 2015, il est désigné candidat à l’élection présidentielle du 26 juin 2015 par le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD), ce qui provoque des heurts et les protestations de l’opposition. Depuis la situation ne cesse de s’envenimer et les manifestations de ces derniers jours, interdites par le gouvernement, ont vu notamment plusieurs morts et des dizaines de blessés suites aux tirs à balles réelles des policiers sur les manifestants. La radio principale, accusée de monter le peuple à la rebéllion, a récemment été supprimée par le gouvernement. C’est donc une atmosphère très tendue qui règne au Burundi, l’un des pays les plus pauvres d’Afrique et détruits par les guerres depuis de nombreuses années déjà.

Logiquement nous décidons de ne pas nous y aventurer et de le contourner. Mais pour cela nos devont revenir un peu au nord et deux routes s’ouvrent à nous:

1. revenir à Kigali par la route principale et effectuer et très grand détour

2. traverser le sud du pays par la campagne en empruntant des pistes dont nous ne connaissons en aucun cas la qualité en cette saison des pluies.

Après quelques réflexions nous choisissons de continuer par les pistes, le profil des collines environnantes étant hautes que celle de la route de Kigali.

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Après quelques minutes de réflexions nous choisissons de continuer par les pistes

 

 

Le retour du soleil

A travers les belles pistes du sud du Rwanda, j’ai l’impression que petit à petit, la saison des pluies nous tournent le dos. A mesure que nous avançons, le terrain sur lequel nous roulons est de plus en plus sec et si les nuages sont encore là le soleil quant à lui est enfin là!

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le terrain sur lequel nous roulons est de plus en plus sec et si les nuages sont encore là le soleil quant à lui est enfin là

Trois jours sans pluies, malgré l’épaisse brume matinale. Autant dire que c’est agréable, d’autant plus sur ces pistes dont nous craignons de nous retrouver embourbé une fois ou l’autre. Et puis nous découvrons un Rwanda un peu plus « plat », ou du moins avec des montées moins longues et moins raide. En approchant des villages souvent les enfants nous courent après nous demandant ces « money money » répétitifs. La région est pauvre et les gamins sont parfois juste habillé « au haut » ou portent des habits sales et troués mais les gens, dans l’ensemble, reste accueillant et disponible dès que nous demandons un service, que ce soit de l’eau ou un endroit pour y planter notre tente (école, église, pré).

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La région est pauvre et les gamins sont parfois juste habillé « au haut » ou portent des habits sales et troués

 

Nous apercevons les lacs Sake et Mugesera, notre route se faufilant entre les deux. La route reste belle malgré la difficulté. Stephan souffrant de maux de ventre ce n’est pas non plus facile mais petit à petit, nous nous approchons de la Tanzanie.

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Nous apercevons les lacs Sake et Mugesera, notre route se faufilant entre les deux.

A deux, à deux pas de la Tanzanie

Voici maintenant 9 jours que Stephan et moi pédalons ensemble. Pour moi qui ai l’habitude de pédaler seule cette nouvelle façon de voyager est une grande première. Cela dit je m’entends bien avec Stephan et malgré nos attentes et besoins différents notre rythme est à peu près le même et c’est sans peine que nous continuons notre route ensemble. Mais après tout ce temps passé seul sur la route (aujourd’hui 5 mai 2015 est mon… 233ème jour sur la route) j’avais pris mes habitudes, mes envies et mes libertés, celle de m’arrêter ici où là, discuter avec un inconnu, jouer un instant avec un gamin ou je ne sais qu’elle autre « fantaisie ». En voyageant avec Stephan c’est aussi l’occasion pour moi d’aller au rythme de l’autre, d’avoir un compagnon pour partager le soir avant d’aller coucher ou au petit-déjeuner. Et c’est surtout une sécurité de plus.

 

Parfois je m’impatiente un peu de reprendre mes grandes journée pédalières, libre et égoîste n’écoutant que moi, vivant la sensation, l’instant, écrivant le vécu et non pas le vu, terminant ma route à la tombée de la nuit lorsque ce n’est pas en pleine nuit, profitant de ma folie sans risquer de la transmettre à personne… Cela dit nos routes vont bientôt se séparer, encore quelques centaines de kilomètres ensemble…Après quoi Stephan continuera sur le sud de la Tanzanie et le Malawi alors que moi, une fois n’est pas coutume, j’entamerai un détour de plus en direction du Kilimandjaro puis de l’océan indien…

D’ici là c’est donc à deux que je continue mon chemin. 

« Soudain un violent orage éclate, des cordes tombent sur la petite ville de Kibungo. Chanceux, nous nous étions juste arrêté avant. La saison des pluies n’a semble t’il toujours pas dit son dernier mot… »

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j’avais pris mes habitudes, mes envies et mes libertés, celle de m’arrêter ici où là, disctuer avec un inconnu, jouer un instant avec un gamin ou je ne sais qu’elle autre « fantaisie ».

 

Pour voir le blog de Stephan: cliquez ici

C’est écrits en allemand mais les photos sont bien d’Afrique!!!

Olivier Rochat

 

 

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