Km 53’917, Mbaké Kayor, Sénégal.
Après une pause à Dakar, ma vie « routière » a repris les devants. Avec cette fois un vrai adieu à l’Afrique sub-saharienne, Dakar étant ma dernière capitale de cette partie du continent, bien que Nouakchott, capitale de la Mauritanie et dernière d’Afrique de l’ouest pour moi, se trouve sur mon chemin. Mais Nouakchott, c’est déjà le Sahara. Au-delà duquel ce sera l’Afrique du nord.
Peuplée de plus de 3 millions d’habitants, plus développée -selon moi- que la majorité des villes d’Afrique de l’ouest que j’ai découvert (Accra et Abidjan mis à part), Dakar n’en reste pas moins chaotique. Son trafic dangereux lancé dans tout les sens et à toutes les allures, du gros 4X4 de luxe à la charrette en passant par les bus bondés et les voitures de sport, m’a rappelé que le vrai danger ici – et à travers le monde en général – ce n’est pas le terrorisme, les guerres, le climat ou les vols. C’est la circulation. Mais l’histoire ne m’est que trop bien connue, je ne l’ai que trop racontée, aussi je ne vais la répéter. J’ai survécu au trafic et si Dakar me fut -parfois- douce, c’est avant tout, et presque uniquement, grâce aux rencontres et moments partagés. Autant le dire tout de suite, le retour en Afrique rurale, je l’attendais. C’est celui que je préfère.
L’air plus respirable des campagnes remplaçant celui pollués des villes, les invitations à manger incessantes remplaçant les incessantes demandes d’argent, les 2 roues 4 pattes des charrettes remplaçant celui des 4 roues motrices, les villages chantant la vie remplaçant ces villes où les chants s’étouffent bien -trop?- vite dans le brouhaha général. Pourtant, je m’avoue un certain attachement, certes bref et relatif, à ces grandes villes qui, en toute objectivité, ne m’ont rien d’agréable et surtout pas en Afrique.
Peut-être que pour faire plus que voir l’Afrique, oserais-je dire la vivre, il faut passer de l’un à l’autre. Peut-être que j’ai besoin de ces moments de pollution chaotique, ce mode « survie » où la jungle est routière et où vivre est devenu, en soit, une compétition, pour mieux apprécier l’essentiel, ces petits moments qui font tout, que je retrouve dans chacun de ces villages où l’eau se cherche au puits, où l’on dit bonjour. Où chaque petite chose coûte un effort mais personne n’est endetté. Où la vie semble avoir gardé un peu du peu de sens que nous arrivons parfois à lui donner.
Ces villes, celles de plusieurs millions d’habitants, me fascinent, à la manière d’un serpent avalant sa proie vivante, autant qu’elles m’effraient. Je ne les aimes pas. Parfois pas du tout. Mais j’aime ne pas les aimer. Les craindre. Me laisser attraper, survivre à leur venin, puis m’enfuir à nouveau. Autrement dit, je suis content d’être parti. Bizarrement, je serai content d’y revenir. L’Afrique est un tout dont je n’ai pu saisir qu’une infime partie. Quelques grains de sables au milieu du Sahara, tout au plus. Mais chaque grain de sables est essentiel à ce tout. Dakar en fut une dune entière, il m’est temps d’en découvrir d’autres.
Mais en laissant Dakar derrière moi je m’attaque au Sahel. Cette bande de terre séparant le sud du Sahara du reste du continent, de la Mauritanie à l’Érythrée (Soudan ?). La végétation y devient plus relative, formée d’innombrables épineux qui font de chaque sortie de route, pour un bivouac sauvage par-exemple, un suicide en crevaison. Ou presque. Nous vivons la saison sèche et le peu d’herbe qui survit encore à pris la couleur de la poussière mais les paysages totalement plats de cette partie du Sénégal se laissent dominer par l’un des roi d’Afrique : le baobab.
Cet arbre qui, selon la légende, trop orgueilleux, n’accepta de cesser de grandir. Il voulait toucher le ciel. Se montrer le plus haut, le plus beau, le plus fort. Dieu, cherchant plus d’égalité dans le monde qu’il avait créé, décida de le punir. Il le déracina et le planta dans l’autre sens, « tu peux continuer de grandir si tu veux, mais tu le feras dans le sol! ». C’est pourquoi il a de si petites branches malgré son tronc énorme. Ses « racines en l’air » ne sont pas à la hauteur de son tronc majestueux, presque humiliant pour les autres végétaux survivant tant bien que mal dans ces contrées arides.
Épargné, jusque là, par l’Harmattan, vent soufflant du nord qui balaie toute l’Afrique de l’ouest, j’ai rapidement rejoint Pedro, avec qui je vais traverser le Sahara et sa solitude, le vent, et retrouver l’Afrique du nord, plus de 3 ans après l’avoir quitté. Pedro m’attendait depuis Noël avec Rita et Fernando dans le village de Ndem où se tient un projet écologique. Rita et Fernando ont quitté le Portugal voici 1 an et demi pour découvrir l’Afrique à vélo. toujours dans la bienveillance du village de Ndem et de ses habitants.
Une manière bien douce de quitter Dakar et aborder ce challenge mental qui s’annonce.
Vous pouvez suivre Rita et Fernando sur leur page facebook biciculturindo
Olivier Rochat
Tout d’abord Bravo pour toutes ses aventures et meilleurs voeux pour l’année 2018.
Nous avons un ami marocain guide de montagne qui habite à Marrakech qui pourrait te rencontrer au Maroc es-tu intéressé d’avoir ses coordonnées ? si oui nous te les donnons.
Bises pour la suite et bon vent .Sylvie Jaquet