Km 46’271, Bouna, Côte-d’Ivoire.
L’Aventure continue en Côte-d’Ivoire, pays de verdure pour l’instant. Pays 25 sur le continent africain, dans lequel j’y pédale, peu après mon entrée, mon 40’000ème kilomètres sur le continent africain. Je me dirige dorénavant vers l’Atlantique.
Voici un petit résumé après mes premiers jours de route:
Voici 4 jours que je pédale en Côte-d’Ivoire où averses et soleil prennent sans cesse le relais l’un de l’autre. La saison des pluies continuent.
Et si les paysages n’en sont que plus agréables, savanes verdoyantes et végétations omniprésentes, les routes non goudronnées, elles, n’en sont que plus défoncées.
Après Ferkessedougou, ville du nord du pays, je m’embarque en direction du parc national de la Comoé. Je le contourne par le nord et découvre aussi une région de la Côte-d’Ivoire relativement isolée, aux routes défoncées et par conséquent, aux villages isolés.
Tout au long de la route se suivent les postes de gendarmerie, et les gendarmes toujours curieux de mon voyage et désireux…de me prendre en photo.
On est bien loin ici du pays « moderne » que beaucoup me décrivent à tel point que certaines routes sont quasiment impraticable autrement qu’en deux roues.
Curieux, les ivoiriens m’abordent ou me saluent dans chacun des villages que je traverse, parfois même du haut de leur moto.
« Hé le blanc d’où viens tu? » me lance-t-on dans un village.
« Ah moi je suis de Suisse! Je parcours l’Afrique à vélo ».
» C’est un suissien (!), c’est un suissien (!) « chuchote un homme derrière moi.
« Et quand tu rentreras tu seras milliardaire » ajoute un autre.
« Milliardaire ? Qui sait, si j’écris un livre… »
« Ah moi c’est sûr je l’achèterai ton livre », ajoute-t-il. « Mais il me faut ton nom, comme ça je le retrouverai ton livre ».
« Olivier. Moi c’est Olivier Rochat »
« D’accord, moi c’est comme le président: Mon nom c’est Ouattara. Alassane Ouattara. »
Et après quelques salutations supplémentaires je laisse cet homme, homonyme du président ivoirien, derrière moi et garde un peu de sa spontanéité pour aborder le prochain village ou/et poste de gendarmerie.
Les collines s’enchaînent, les unes après les autres, aux portions sableuses suivent les flaques d’eau large comme la route et seul le bruit rauque des crapauds,aux abords des marais, dépassent le chant plus fin des cigales. Quelques babouins viennent par deux fois s’ajouter à ce faux silence, celui des savanes, et parfois celui d’une moto pétaradante vient me rappeler qu’ici et là se trouvent quelques villages.
Et puis de cet après-midi canicule soudain surgissent les nuages, apportant au ciel de nouvelles couleurs. Et lorsque le vent se lève, lorsque la poussière se mêle à l’air des savanes, pas besoin d’être météorologue pour comprendre que bientôt, spontanément, l’orage va éclater. Alors, dans le premier village que j’aperçois je m’arrête. Je quitte ma route conscient que ce village, fait de maisons de terre au toit de pailles où seules quelques tôles ondulées et des bâches bleues viennent rappeler une importation de l’extérieur, est mon principal, si c’est unique, salut.
Déjà les habitants regarde ce martien, enfin ce « suissien », se diriger chez eux mais tous on déjà compris ce qu’il vient faire là : s’abriter.
La spontanéité de la solidarité devance celle de la curiosité et c’est sur une chaise, à l’abri, que je répondrai aux innombrables question que me posent sans cesse les ivoiriens.
Et si l’orage se fera encore attendre un peu ce soir, c’est ici, matelas dans une maison de terre, que je passerai ma nuit. Non sans avoir goûté, pour la 1000ème fois peut-être, à la pâte de maïs accompagnée d’une sauce épicée qui alimente la majorité des savanes africaines et dont la principale variante est plus de nom que de goût.
Et le lendemain -aujourd’hui-, je retrouve le goudron. Et avec lui, certainement, une autre Côte-d’Ivoire.
Olivier Rochat