Le long de la Ring Road

Km 39’671, Abong, Cameroun.

C’est dans la région du nord-ouest que j’ai passé mes derniers jours au Cameroun.

Une région particulière puisqu’avec sa voisine du sud-ouest ce sont les deux seules régions anglophones du Cameroun, les 8 autres  étant essentiellement francophones.

Mais plus que ça c’est aussi une région montagneuse que j’ai traversé en découvrant notamment la spectaculaire et relativement isolée Ring Road. Une route dont le nom vient de sa forme puisque cette dernière effectue une boucle à l’intérieur de la région du nord-ouest.

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c’est aussi une région montagneuse que j’ai traversé

 

Durant 4 journées, mes dernières au Cameroun, je vais découvrir une région magnifique, autant par les paysages que par sa culture, son accueil malgré quelques « mauvaises surprises » et la crise qui coupe les régions anglophones du reste du pays, ainsi que par de belles rencontres. De celles qu’on oublie pas.

Mais avant la « plongée finale », longue descente aussi raide que spectaculaire, vers la « fournaise » nigériane et le retour en plaine , j’ai pu profiter à fond de mon retour sur la route pour terminer mon aventure camerounaise par une note, devrais-je dire une mélodie, harmonieuse. Une aventure qui aura débuté difficilement et se sera terminée de manière beaucoup, beaucoup plus positive.

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pour terminer mon aventure camerounaise par une note, devrais-je dire une mélodie, harmonieuse.

Au pied de la Ring Road: les pistes, la poussière, les paysages…

C’est sur les pistes que je me dirige sur la Ring Road. Redescendu en altitude, je découvre de belles montagnes en quittant la ville multiculturelle de Foumban. Sur ces piste ultras poussiéreuses, pour la première fois de tout mon voyage, la poussière est telle que sur l’une des nombreuses montées qui chevauchent ces collines j’aperçois une voiture « embourbée » dans la poussière. Devrais-je dire « empoussiérée » ?

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Devrais-je dire « empoussiéré » ?

A travers cette paisible campagne camerounaise j’ignore encore que ce pays me réserve bien des surprises puisque c’est sans crier gare que soudainement,  dans un village, on s’exprime en anglais. J’ai l’impression d’avoir changé de pays, il n’en est rien. 5 mois après mon retour en francophonie, alors à Brazzaville, me voici de retour, brièvement, en Afrique anglophone. L’anglais étant parlé dans les régions du sud-ouest et nord-ouest.

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A travers cette paisible campagne camerounaise

Après 2 ans en anglophonie il m’avait fallu plusieurs semaines pour arrêter de rêver en anglais puis ce n’est que récemment que je me suis aperçu qu’à nouveau, je pense en français.

Toujours est-il que me voici au pied des montagnes, j’aperçois ma piste s’élancer au milieu d’elles, toujours avec cette impressionnante couche de poussière qui m’oblige à pédaler avec les yeux et la bouche constamment recouvert ainsi qu’à laver ma chaîne tous les 30 kilomètres environs. Au-delà, cette dernière devient extrêmement sèche et chaque coup de pédale apporte son désagréable grincement, son usure et les vitesses ne passe plus très bien.

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cette impressionnante couche de poussière qui m’oblige à pédaler avec les yeux et la bouche constamment recouvert ainsi qu’à laver ma chaîne tous les 30 kilomètres environs.

Autour les paysages sont magnifiques et s’enjolivent kilomètre après kilomètre.

Chargé je glisse sur les pentes, parfois raide, de ces montagnes qui m’obligent à pousser lentement  mon Cargo sous une chaleur torride. Il me faudra près de 2 heures pour grimper 10 kilomètres. J’arrive à Jakiri, je débute enfin la Ring Road.  Bref retour sur le goudron…

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Autour les paysages sont magnifiques et s’enjolivent kilomètre après kilomètre.

Edwin

Dès lors montées et descentes vont se suivre sans interruptions jusqu’au Nigeria. Parfois goudronnées, souvent poussiéreuse ou caillouteuse, la Ring Road m’emmène à travers ces paysages splendides, au-delà des 2’000 mètres d’altitude, ou les nuits sont fraîches et les journées agréables.

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Parfois goudronnées, souvent poussiéreuse ou caillouteuse, la Ring Road m’emmène à travers ces paysages splendides, au-delà des 2’000 mètres d’altitude, ou les nuits sont fraîches et les journées agréables.

C’est en fin d’après-midi que je rejoint Kumbo, une des plus grande ville se trouvant le long de la Ring Road. Située à plus de 1700 mètres d’altitude, la ville me rappelle un peu le Lesotho et ces paysages montagneu. Cherchant un lit pour la nuit je me dirige vers l’église catholique lorsque j’aperçois, par hasard, un Coffee Shop le long de la route.

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Kumbo, une des plus grande ville se trouvant le long de la Ring Road.

Epuiser et disposant d’un peu de temps avant que la nuit ne tombe je m’arrête. Je découvre alors Edwin, qui gère le Coffee Shop et son épouse.

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Tout de suite je partage d’intéressantes discussions avec Edwin qui s’applique à développer l’économie locale avec son Coffee Shop. Du simple jus d’Ananas au café local qui remplacent sodas et autres boissons industriels au fromage maison, disposé généreusement sur ces pizzas cuites au feu de bois ou en « toast au fromage fondu » en passant par une salade au  les légumes locaux, encore une fois. Sans oublier son pain et autres pâtisseries, toujours cuites au feu de bois.

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en passant par une salade au les légumes locaux, encore une fois

Finalement c’est chez Edwin que je passerai ma nuit avant de reprendre ma route et de retrouver les pistes montagneuse de cette Ring Road qui aujourd’hui m’emmène à plus de 2’000 mètres d’altitude.

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Les funérailles

C’est par surprise que je croise, à la sortie du village de Takum, Grec, un australien qui fait le tour de l’Afrique en 4X4 et qui a « ramassé » un backpackers anglais, Sam, le long de la route ainsi que Dietmar et son amie, venus d’Allemagne, qui eux aussi font le tour de l’Afrique en 4X4. Ensemble ils ont traversé le Nigeria, ou je vais, et ils m’invitent à passer la journée avec eux. Ils sont déjà installés en bordure de forêt ou le chef du villages leur a donnée son autorisation. Ce dernier les a invités, dans l’après-midi, aux funérailles qui ont lieu ce jour-là.

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Le long de la Ring Road

A ne pas confondre avec le deuil, les funérailles se déroules plusieurs mois ou années après le décès de la/les personne-s décédées. Il y a bon nombre d’inviter et c’est une manière de se retrouver en leur mémoire, faire la fête.
Chacun amène donc un ou plusieurs présents et ce jour-là les funérailles ont lieu en mémoires de toutes les personnes décédées dans le village en 2016. Il n’est pas 14 heures lorsque nous nous y rendons et, déjà, l’alcool coule à flot. On y trouve beaucoup de monde et après qu’on nous aie offert du riz, on nous invite à entrer dans une petite pièce ou porter des chaussures qui ne sont pas totalement renfermées sont interdites. Soit pieds nu, soit en chaussures. A l’intérieur se trouvent une trentaine de personnes et un homme, celui qui organise ces funérailles, se tient assis à l’entrée et salue chaque personne qui y entre. Ensuite on nous offre à boire : le vin de palme. Heureusement pas trop fort.

Oui heureusement car lorsqu’on me sert on me remplit mon bol avant de me faire comprendre qu’il me faut le boire cul sec. Ensuite on me ressert. J’observe alors de nombreux hommes terminer leurs verres deux ou même trois fois avant de laisser repartir celui qui sert. Il n’est pas quinze heures et la cérémonie durera jusqu’au lendemain…

A l’extérieur nous entendons maintenant les femmes qui se mettent à danser en entonnant de magnifique chant. De jeunes hommes arrivent et séparent maintenant la foule qui semble effrayée. L’un deux porte un masque et des habits qui me font penser à ceux d’un sorcier. Il se met alors en chasse de quelqu’un, dans cette foule qui se disperse, et l’emmène à l’intérieur de la maison et nul ne sait vraiment ce qu’il en adviendra.

Voici les liens des sites de Grec:

The Road chose me

Et de Dani et Dietmar:

Dani und Didi in Africa

 

En direction du Nigeria

Je découvre encore pour deux jours cette région magnifique et l’accueil, notamment à Nkambe ou je passe ma dernière nuit au Cameroun.

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Je découvre encore pour deux jours cette région magnifique et l’accueil, notamment à Nkambe ou je passe ma dernière nuit au Cameroun.

Malgré la beauté de ses paysages et l’accueils de ses habitants, la région du nord-ouest traverse une crise politique depuis de longues semaines déjà.

En effet depuis plusieurs mois les manifestations vont bon train contre le gouvernement qui imposent ses lois sans démocraties aucune. Ecoles et universités sont fermées depuis de longues semaines déjà etlorsque je m’y rends internet est coupé depuis 3 semaines. Le but de cet action étant notamment de priver la population de communiquer et divulguer ses pensées et informations via réseaux sociaux, bloquant également une grande partie l’économie locale et isolant la région encore un peu plus du reste pays.

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Malgré la beauté de ses paysages et l’accueils de ses habitants

Malgré tout je me laisse aller aux paysages et à l’accueil. En quittant Nkambe je bifurque sur le nord plutôt que de revenir sur l’ouest pour y terminer la boucle de la Ring Road.

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entamant alors une descente monstrueuse, aussi raide que spectaculaire avec des passages proche des 20%

Ainsi je fonce directement sur le Nigeria, entamant alors une descente monstrueuse, aussi raide que spectaculaire avec des passages proche des 20% m’obligeant à descendre de mon vélo pour ne pas chuter. La pente étant trop raide pour me permettre de freiner correctement. Glissant sur la possuière, les cailloux et essayant tant bien que mal de ne pas chuter dans certains des impressionnant trous formés par la saison des pluies et durci par la saison séche, j’arrive tant bien que mal à Abungché ou une simple rivière me sépare du Nigéria.

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j’arrive tant bien que mal à Abungché ou une simple rivière me sépare du Nigéria.

Une nouvelle aventure commence.

Mais encore… quelques photos prises le long de la Ring Road

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Hé oui, on charge

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Un morceau d’intestins pour reprendre des forces?

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Kumbo vu de l’intérieur

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Dernière montagne avant la plaine

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De retour en plaine, direction le Nigeria.

Olivier Rochat

 

 

 

 

 

 

 

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