Juste écrit

Km 21’288, Chimoio, Mozambique.

Juste un cri, juste écrit. Comme ça, au bord de la route. Au Mozambique. Mais pas si loin du Zimbabwe. Posé dans un resto halal où je cherche en vain à trouver des solutions introuvée pour recharger mon téléphone portable à l’humeur changeante. Mais pas chargeante. Juste écrit c’est simple et simplement juste écrit. Du bord de la route.

Le voici:

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En quelques heures à peine le Mozambique à quelques peu perdu de sa splendeur.

Le Zimbabwe n’est plus très loin mais le soleil, lui, a disparu.
Ainsi c’est surpris que ce matin je m’éveille au milieu d’un climat froid, ma tente chahutée par un vent tempétueux et ces nuages, sombres et épais, qui semble vouloir s’installer pour le restant de la journée.

Je me surprend à reprendre ma route en veste. C’est peu dire que je commençais à m’acclimater au 35°C quotidien dont l’humidité du Zambèze m’offrait de longue et interminable journée transpirante. Certes, elle avait bien diminué depuis 3 jours et la traversée d’une longue forêt aussi sauvage qu’agréable à pédaler…

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ces nuages, sombres et épais, qui semble vouloir s’installer pour le restant de la journée.

Sans transitions, aucune.

Mais en grimpant sur le Zimbabwe je suis surpris de découvrir des champs verts, des arbres aux feuilles bien vivante et un climat pour le moins différent de celui vécu depuis le centre du Malawi en tout cas. Ici la pluviométrie annuelle semble être bien plus élevée, suffisamment pour rendre les prés vert, ou presque, en saison sèche.

La pluie d’ailleurs n’est pas si loin, comme me le rappellent ces nuages rempli d’humidité, cet air soufflé, ce vent que l’on pourrait confondre avec l’annonce de l’arrivée d’un orage. Mais non, la pluie ne tombe pas. Elle semble mais ne vient pas. Voici 3 mois, 104 jours en ressortant mon journal de bord, 104 jours que je ne l’ai vu tomber. Je l’attend pour novembre, quelques part entre Windhoek et Pretoria, peut-être au Botswana (il pleut au Botswana?). Mais si elle vient là, aujourd’hui, je ne m’en plaindrai pas. Mais bon les nuages sont là, je devrais dire: il va neiger!.

Non moi c’est plutôt les espaces, ou leur disparition, qui me poussent à geindre. Merde… fini cette belle et sauvage, certes chaude, traversée du centre du Mozambique. Fini les bivouacs trouvé en l’instant, à s’endormir aux bruits des oiseaux, la tête au ciel étoilé d’Afrique, l’un des plus beaux qui soit. Lire un roman, enfin quelques chapitres, le poser, puis s’en aller rejoindre Morphée à peine inquiété par les bêtes, Nyala, Impala ou je ne sais quel autres « daims africains », qui viennent traîner à côté de ma tente. Attirer par la bouffe.

Fini la longue attente « pédalière » d’entre deux villes. 115 km pour trouver de quoi bouffer, juste demander de l’eau au locaux, trouver, éloigné, un marché. Se remplir les sacoches de bananes et continuer, jamais dérangé, à peine amuser (par un gamin sur son vélo qui me fait la course), jusqu’à la prochaine ville.

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Un morceau de pain bien mieux cuit que ce qui se fait de bien chez moi

Fini la belle arrivée tant attendue. Trouver un endroit, enfin, pour se restaurer. Essayer de trouver à qui parler car ce sera la seule fois de la journée. Se laisser regarder les différents mets, riz au safran, riz à ci ou a ça, poulet comme ci ou comme ça, sans compter le reste, faire le marché, une goyave, un ananas, une pastèque pour rêver. Une banane au kg et quelques tomates pour continuer… Un morceau de pain bien mieux cuit que ce qui se fait de bien chez moi, le tour est joué.

 

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une goyave, un ananas,

Se divaguer au marché coloré, à l’accent latin, se doucher les yeux aux femmes du Mozambique, les plus belles en tout point. Ni eau chaude ni savon, juste regarder. La poussière à disparu… Face à elles il n’y en a jamais eu.

Prendre les hommes en photos. A voir ils aiment ça. Continuer mon chemin une centaine de kilomètres jusqu’à la prochaine ville, au prochain marché coloré.

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Prendre les hommes en photos

 

Combler solitude en pédalant car oui je pédale quand je suis seul et non pas l’inverse. Car depuis toujours il n’y a qu’entouré que je me sens isolé…

Mais fini tout ça, car maintenant les espaces ont disparu, ou ont changé. Place aux vents, aux nuages… On se croirait presque sur les hauts plateaux pluvieux du Kenya…

50 US Dollars!!! J’ai cru rêver quand c’est ce qu’on ma demandé, hier soir, pour une simple chambre d’hôtel… Au Malawi pour 5 dollars j’avais presque la même mais je payais toujours moins car c’est suffisant. Au pire pour 2-3 dollars j’avais un coin tranquille pour y planter ma chambre, une douche pour me laver et même, lorsqu’elle fonctionnait, de l’électricité. Une fois, une seule, j’aurai payé plus de 4 dollars pour dormir. Sans pour autant dépasser les 5.

Non sérieux 50 US à ce prix là je reste une semaine de plus!

Finalement j’ai trouvé ou ouvrier sur un chantier dont le chef parlait Chichewa.

-Ndikufuna kugona pano!

Et c’est parti pour un long, très long, trop long protocoles qu’un petit billet aura écourté. J’avais pas l’humeur hier soir.

Mais ce matin non plus. Encore moins.

Le chef de chantier est toujours là. La route monte, le Zimbabwe n’est plus si loin. Demain matin probablement. Les femmes elles aussi sont toujours là mais sans espaces, sous les nuages, elles ne chantent plus. Je passe tout droit, bien que pas douché. Je ne les vois pas. Il fait trop froid.

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Le chef de chantier est toujours là.

Le Mozambique, fière et élégant, plein de bonne manières et très vivant, déjà, se consume.. Moi je consomme, je pédale, je continue. Je photo. J’écriture.

Mais aujourd’hui les espaces ont disparu. Je suis toujours entouré donc isolé…

Et qui plus est, je me suis levé du mauvais pieds…

 

Mais demain il fera beau, peut-être même chaud. Car un jour de gris en Afrique, c’est un jour isolé. Plus que moi dans cet Afrique qui facilement m’ouvre les bras. Mais surtout lorsque je me suis levé du bon pied.

Pressé, énervé. Tu payeras un billet.

Souriant de tout en temps, les oranges aux marché on t’offrira…

Ici ma seule attente c’est d’en avoir le moins possible…ça tombe bien car il fait gris. Je n’attends rien. Et bien que le soleil reviendra, en Afrique il n’y a rien que j’aime moins qu’un africain qui porte un bonnet…

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Olivier Rochat

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