La 1’000 ème Heure

Km 16’998, Melela Kololo, Tanzanie.

C’est avec une vue surprenante sur le dos mouillé de mon frère qui me dépassait d’une cinquantaine de mètres, qu’entre deux camions, j’ai pédalé la 1000 ème heure depuis Lausanne.  1000 heures sur la route… à la façon d’un pauvre centime immatériel qui cumulé devint pièces, billets puis milliers, en cumulant d’insignifiante secondes les unes après les autres me voici avec 1000 heures à faire fumer le bitume sous mes roues. Me voici aussi, toujours, en Tanzanie. L’énorme Tanzanie qu’il y a un mois déjà je découvrais pour la toute première fois. Un mois en Tanzanie, déjà…

DSCF0896

Entre deux camions, j’ai pédalé la 1000 ème heure depuis Lausanne.

En quittant Dar es Salaam

Et enfin, ce matin, après 2 jours de route atomisant, la Tanzanie a remis son beau costume. Ou plus objectivement Dar es salaam est derrière moi, et même suffisamment loin pour me laisser respirer. En effet la sortie de Dar es Salaam fut probablement l’une des routes les plus dangereuses empruntée durant ce voyage. De nombreuses voitures se déplaçant à toutes les allures possibles, des camions énormes fonçant sur la lointaine mais enfermée Zambie (sans accès a la mer donc desservie par la Tanzanie), des cars surbondés traversant la Tanzanie jusqu’à Mbeya (sud-ouest du pays) à vive allure en se faufilant entre les camions… Les 2 premières journée passée sur la route avec mon frère ne furent pas de tout repos. Combien de fois ai-je senti le vent d’un camion sur mes oreilles? Ce bruit énorme me frôlant et l’impression pas fausse de n’être rien face à de telles géants, et qu’un simple écart de route me rendraient bouillies.

DSCF0857 (2)

Combien de fois ai-je senti le vent d’un camion sur mes oreilles? Ce bruit énorme me frôlant et l’impression pas fausse de n’être rien face à de telles géants, et qu’un simple écart de route me rendraient bouillies.

Avec mon frère

Heureusement, les tanzaniens, toujours aussi timides la plupart de temps, ne sont pas du genre d’écarts de route, ainsi je suis toujours vivant! Je dirais même plus NOUS sommes toujours vivant puisque c’est bel et bien avec mon frère que je pédale et ce pour les 2 prochaines semaines au moins.

Un frère que pour la première depuis toujours je peux me permettre de regarder avec un peu d’expérience. Enfin « expérience » est probablement exagéré mais c’est avec amusement que je me rends compte que ce qui pour moi, après 6 mois en Afrique, est devenu banal, blasant ou normal, est pour lui comme débarquer dans un autre monde bien différents. Les coupures de courants, la même nourriture ou presque chaque jour, les gens qui te disent BONJOUR, les « mama » au rire porteur de bonne humeur, les mangues qui ont un vrai goût de mangues -de même que les ananas ou les papayes -, les discussions avec des inconnus que tu ne comprends pas mais que tu fais genre que oui avant de t’apercevoir qu’ils ne se comprennent pas eux même, une vérité et des différences qui dérangent face à nos certitudes d’européens bien encadrés, une hygiène de vie à 1000 lieues de la notre et plein d’autre choses indéfinissable et souvent, avec le recul, tellement rigolote et qui pour moi sont juste un quotidien.

DSCF0835

les mangues qui ont un vrai goût de mangues -de même que les ananas ou les papayes -,

Mais un frère qui après 2 timides journée aujourd’hui à pris les devant, me laissant contempler son dos mouillé de transpiration sous se soleil radieux et fatiguant durant cette longue journée de plus de 100 kilomètres. Reste la gestion et ce soir a l’heure ou les footeux s’apprêtent à tapper dans le ballon pour faire bander le monde entier et l’Afrique en premier (Viva Barca!!!), grand frère dors déjà.

DSCF0903

a l’heure ou les footeux s’apprêtent à taper dans le ballon pour faire bander le monde entier – et l’Afrique en premier – (Viva Barca!!!), grand frère dors déjà.

Alors j’écris ma millième heure sur la route avant d’aller rejoindre les villageois entassé dans une petite salle contenant une petite TV retransmettant les riches et beau footeux. Devant pareille aubaine-regarder la finale de la champions league en Tanzanie- je cours déjà, l’entrée est à. ..500 shillings tanzaniens. Soit 25 centimes d’euros même pas.

Bref disais-je  le chiffre du jour c’est 1000. Comme 1000 heure sur la route au jour 265. Un chiffre qui tu la compris ne change rien. L’Afrique n’a pas besoin de moi le seul qui change, école ou pas, c’est moi. Quant à mon frère il dort déjà…

DSCF0886

 

Et à la fin c’est toujours Barcelone qui gagne. Peu importe les footeux, moi je continue ma route… Et ce matin grand-frère est toujours là…

Et n’oublie pas Tanzanie Tanzanie… c’est juste de la poésie.

 

Olivier Rochat

Laisser un commentaire